Le rôle du secteur informel dans l`intégration régionale

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Le Rôle du ‘’Secteur Informel’’ dans l’intégration régionale en Afrique
Résumé
La littérature présente le secteur informel comme une économie résultant de la défaillance en
matière de règlementations de l’Etat, et donc où des pressions (fiscales et autres) doivent être
exercées en vue de son « recadrage » de la part de l’Etat central. Mais, les observations
empiriques, surtout dans le cas des pays de l’Asie et d’Afrique Subsaharienne peignent un tout
autre tableau de la situation du monde informel.
Bien souvent, l’on fait l’hypothèse que le secteur informel se développe en opposition à la
politique économique et sociale du gouvernement (qui pour sa part est incapable de la
maîtriser), et il est le plus souvent présenté comme un facteur limitant la croissance, pour un
niveau de pression fiscale et réglementaire donné.
Or, l’exemple du dynamisme et de la performance du secteur informel dans l’ASEAN nous a
montré combien de fois la compréhension et la maîtrise du fonctionnement du secteur in formel
peut conduire à des effets d’entrainement en amont et en aval du développement économique et
social des pays. Ce cas intéressant des pays de l’ASEAN est édifiant à tout point de vue. Dans
certains pays, de l’ASEAN, le secteur informel constitue un facteur d'intégration de la
population active sur la base d'un potentiel de petites entreprises dont les responsables qualifiés
ont des comportements d'entrepreneurs dynamiques.
La situation des pays de l’Afrique Subsaharienne, qui disposent déjà de certaines bases
intéressantes, peut leur permettre très tôt d’emprunter l’exemple des pays de l’ASEAN, à
condition que certains progrès soient réalisés.
Le présent papier fait tout d’abord l’état des lieux du secteur informel dans certains pays de
l’Afrique, puis présente ensuite la réalité de ce secteur telle qu’il se présente dans les pays de
l’ASEAN, pour enfin réaliser une inférence aux Etats de l’Afrique ; en insistant sur le fait que
le secteur informel se situe au cœur d'un contexte macro-économique où l'on retrouve l'État, le
marché, les acteurs et au cœur d'un processus de régionalisation qui concerne les pays des
zones économiques concernées.
Mots clef : Secteur informel, Afrique Subsaharienne, Régionalisation, Développement
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Abstract
The literature shows the informal sector as an economy who result on government failure to regulate,
and when much pressure (tax and another) must be used in case to he’s control by the central
government. But, the empirical observation, especially the case of Asian and African sub-Saharan
country, shows another board of informal sector situation.
Most of the time, the hypothesis is that the informal sector grows in opposition of government economic
and social politic (as far as he’s concerned is unable to control that), and he is often show as a factor
who limited economic growth, for some level of tax and regulation.
Now, the example of the performance and the dynamism of the informal sector in ASEAN country
shows us how many the comprehension and the control of informal sector can lead to the entrainment
effect upstream and downstream the economic and social development of countries. This interesting
case of ASEAN countries is edifying for all. In some ASEAN country, the informal sector constitutes an
integration factor of active population on basis in small and medium-sized businesses, whose managers
qualified, have dynamic manager behaviors.
The situation in African sub-Saharan country, which has some interesting bases, can allow them earlier
to take ASEAN country example, on condition that certain progress be realize.
This paper, first, presents the situation of informal sector in some African countries, second presents the
informal sector as he is in ASEAN countries, and finishes to show how the informal sector in African
countries can take example on this case, to insist to precise that the informal sector is on the heard of
macro-economy context when is the State, the market, the actors, and on the heard of regionalization
process who concern the countries of economic area minded.
Key words: Informal sector; African Sub-Saharan; Regionalization; Development
Introduction
L’inexorable marche des pays vers une ‘’société de consommation de masse’’ passe par une
complexification des différentes structures qui les composent. Cette complexification suppose
aussi que certaines composantes de ces structures échappent au comportement ‘’normal’’ défini
et approuvé par le pays.
Dans les pays africains, les problèmes inhérents à cette ‘’marche’’ sont d’autant plus cruciaux
que le secteur informel, l’une des plus importantes composantes de leurs économies n’a jamais
réellement occupé la place qui est la sienne.
En général, le secteur informel, renvoie le plus souvent à une réalité traduisant un ensemble de
petits producteurs inorganisés et qui opèrent en marge de l’économie moderne. Dans la plupart
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
des pays (surtout développés), l’importance et le rôle du secteur informel sont mineurs. Les
législations et les règle du jeu de la production et du commerce sont telles que peu de places
sont réservées à la pratique de l’économie que l’Etat ne contrôle pas.
Mais, dans les pays d’Afrique la réalité est tout autre. Elle l’est davantage si l’on s’intéresse de
plus près au cas des pays d’Afrique au sud du Sahara.
En effet, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, le dynamisme du secteur informel contraste
avec l’atrophie du secteur moderne. De plus, dans ces pays, de petits exploitants coexistent
avec des réseaux bien structurés et d’autres entreprises qu’on pourrait qualifiées de « gros
informel », c'est-à-dire celles qui sont politiquement bien connectées.
Le secteur informel occupe une position centrale dans le processus de croissance et de
développement économique de l’Afrique. Mais cette position, quand elle n’est pas bien
comprise, est tout simplement marginalisée ou mal exploitée, pour en faire un atout plutôt,
qu’un motif de répression et de tentatives d’anéantissement remarquées dans ces pays.
Dans cet article, nous nous sommes intéressés à la compréhension du secteur informel en
Afrique, en vue d’en tirer différents enseignements pour qu’il puisse jouer un rôle déterminant
dans le processus d’intégration des pays africains.
Après une présentation du secteur informel en Afrique, nous allons analyser son rôle dans le
processus d’intégration régionale en Afrique (comparaison faite à d’autres exemples tirés
d’autres régions du monde).
1. Présentation du secteur informel en Afrique
Nous allons faire cette présentation en nous intéressant aux réalités que présente le secteur dans
quelques régions significatives d’Afrique. Nous allons d’abord procéder à une définition de
secteur informel, ensuite passer à la présentation du secteur informel en Afrique
a. Définition et compréhension du secteur informel africain
Le concept du «secteur informel» a fait l'objet de diverses interprétations depuis sa mise en
place par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans les années 1970 le cadre de son
«Programme mondial pour l'emploi". Depuis, ce concept a fait l'objet d’une évolution, et il est
notable qu’il n'existe pas de définition unique de «secteur informel».
Plusieurs théories ont été créées sur les origines et sur les caractéristiques du secteur informel et
de «l'informalité» par définition, relatif à la discipline de recherche où le sujet a été abordé, par
exemple l'économie, la sociologie, des statistiques, le droit etc. La caractérisation du secteur
informel s’appuie souvent sur les activités et les relations de travail, les modes d'emploi etc.
Il existe plusieurs définitions du concept de secteur informel. Deux nous paraissent pertinentes :
Primo: le secteur informel est l'ensemble des activités économiques qui se réalisent en
marge de législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent a la Comptabilité
Nationale.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Secundo: le secteur informel est l'ensemble des activités qui échappent à la politique
économique et sociale, et donc a toute régulation de l'Etat.
Dans tous les cas, les deux définitions se rejoignent car elles soulignent l'idée de fraude.
En générale, on peut dire que le «secteur informel» se réfère à l'activité économique en dehors
de la réglementation étatique.
Paradoxalement, ce secteur censé se soustraire du contrôle de l'Etat fonctionne allègrement au
vu et au su de tous. Complaisance ? Ambiguïté de l'Etat ? Des trois secteurs connus (primaire,
secondaire, tertiaire), dans quelle catégorie classer l'informel dans la mesure où toutes les
activités des trois secteurs y sont représentées ?
Dans presque tous les pays en développement, le secteur informel se compose d’un large
segment du marché du travail caractérisé par des faibles niveaux de capital, des faibles
compétences, de la difficulté à accéder aux marchés organisés et à la technologie, les revenus
faibles et instables ainsi que des mauvaises et imprévisibles conditions de travail.
En outre, le secteur informel doit être clairement démarqué des activités économiques illégales
telles que le commerce des drogues, le crime organisé ou le marché noir.
En regard des parts d’économie qui sont considérées comme «secteur informel», ils existent des
différences considérables entre les pays, les régions et au sein de nombreux métiers et les
limites entre les entreprises et activités formelles et informelles ne sont pas toujours clairement
définis. En outre, le secteur informel ne se limite pas aux zones urbaines parce qu’il existe aussi
en milieu rural.
Malgré ces différences, plusieurs traits typiques ont été identifiés pour le secteur informel1:
• Le manque de protection juridique pour les travailleurs en matière de services sociaux et du
travail ;
• L'accès limité aux marchés réglementés et aux subventions ;
• Les frais d'intérêt élevés pour les prêts conduisant aux coûts d'investissement élevés ;
• Généralement, la propriété personnelle et celle d’entreprise ne sont pas séparées ;
• L’organisation se repose sur la famille, sur les relations ethniques et / ou religieuse ;
• Les contrats ne sont pas conclus par écrit ;
• Le nombre élevé des travailleurs féminins ;
• Le travail des enfants ;
• Le profit est souvent consommé directement, donc rarement réinvesti.
En générale, dans le secteur informel, la production de subsistance et les parts officielles ou
réglementés de l'économie d'un pays sont interdépendants. Le secteur informel n'est pas
informel tel qu’on le pense, puisque les codes de conduite entre les travailleurs, les
entrepreneurs, les clients et les fournisseurs sont communs et il est souvent difficile de faire la
distinction entre les activités formelles et informelles.
1
OIT, cf. overwien, 2007, p.9
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Ainsi, l'idée selon laquelle les activités du secteur informel sont nécessairement extra-légales
ou illégales est à relativiser. Ce résultat signifie alors une possibilité en même temps de travail
formel et informel.
En Afrique occidentale, il est généralement reconnu que le tissu industriel est essentiellement
constitué d'un grand nombre de micro, petites et moyennes entreprises opérant dans le secteur
informel».
Comme dans la majorité des pays du continent et d'autres régions en développement, le secteur
informel dans l'Afrique occidentale est généralement considéré comme une partie importante
des économies des pays respectifs, qui est dû surtout à cause de sa taille:
Le secteur informel est estimé d’absorber 61% de la population urbaine active en Afrique2,
c’est pourquoi il est un point important dans l’économie nationale, car il est une source de
revenu, de travail ainsi qu’une stabilité sociale.
Pour cela, les entreprises informelles doivent être incluses dans les agendas et programmes des
gouvernements et des associations professionnelles de manière plus intense.
Il n'existe pas de statistiques précises sur les innombrables petites entreprises, des ateliers et
magasins etc., qui constituent le secteur informel dans la région. Cependant, elles sont
généralement réputées d’avoir la fonction d’incubateur du développement des entreprises et de
la création d'emplois.
On estime que le secteur informel en Afrique représente 93% des emplois créés dans les années
19903.
Le secteur informel en Afrique, comme dans d'autres parties du monde en développement, a été
considéré comme un peu accidentel, un résultat temporaire de la transition vers une économie
moderne.
Le fardeau de la colonisation, la performance économique déficiente pendant la phase
postcoloniale et des politiques incohérentes concernant les «ajustement structurel» a conduit à
la marginalisation et l'appauvrissement d'un nombre de personnes qui ont eu recours à des
moyens alternatives en vue de créer des revenus de subsistance. Cette situation s’est encore
aggravée par «l’héritage colonial d'exclusion».
Souvent les cadres réglementaires dans les pays africains constituent également des obstacles
créés par l’état pour ceux qui travaillent dans le secteur informel.
Contrairement à la croyance commune, la non formalisation de l'économie en Afrique est en
fait croissante, et il y a plusieurs raisons pour cela :
Au cours des années 1990, les économies africaines rencontraient un ralentissement général qui
a conduit à une pauvreté croissante. Le fardeau d’une dette extérieure élevée- qui avait triplé
entre 1980 et 1996 - a abouti à 25% du PIB et consommé par l'amortissement de la dette. Cela
2
3
Maldonado, 1999, cf. Kanté, 2002, p.1
Ibid., p10
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
limitait fortement les ressources disponibles de réduire la pauvreté et des investissements à long
terme pour soutenir la croissance économique. Le ralentissement et la croissance faible du PIB
ont été un point important pour l’augmentation du chômage et par conséquent la croissance du
secteur informel.
Entre 1973 et 1993, le secteur informel a « absorbé» une grande partie du travail excédentaire,
tandis qu’en même temps le secteur formel a baissé ses capacités.
C'est une des raisons principales qui explique la croissance et la taille du secteur informel
actuellement.
Une autre raison de la croissance du secteur informel dans les pays africains est l'urbanisation.
En effet, l'urbanisation est un résultat de la migration, soit des zones rurales soit d'autres pays
aux grandes villes et leur périphérie afin de trouver un emploi et des meilleures conditions de
vie. L'urbanisation est également un produit des crises structurelles dans le secteur de
l’agriculture en Afrique.
Bien que le secteur informel s’accroisse, le nombre d'emplois disponibles n’augmente pas parce
que «la croissance du secteur informel" en Afrique signifie généralement qu’au lieu des
possibilités d'emploi, le nombre des unités économiques et des entrepreneurs individuels
s’accroit. Par conséquent, les travailleurs du secteur informel dans les pays africains travaillent
habituellement de façon indépendante.
Mais si c’est le cas, ils emploient rarement plus qu’un ou deux travailleurs et les activités
économiques sont souvent limitées aux entreprises familiales.
Le plus grand groupe au sein de l'économie informelle dans les pays africains est le secteur
d’artisanat qui se compose comme suit: l’alimentation, la construction, bois et meubles, le
métal, les vêtements et les textiles, l'hygiène ainsi que des services tels que les salons de
coiffure ou la réparation automobile.
Souvent les employés du secteur public, par exemple de santé ou de l’éducation, recourent au
secteur informel où ils exercent des activités similaires à leur profession afin de gagner un
revenu supplémentaire car souvent leurs salaires ne sont pas suffisants pour mener une vie
décente.
Il est prouvé que le secteur informel n'est pas un phénomène temporaire dans lequel les
travailleurs attendent d'entrer dans l'économie formelle et seront finalement absorbés par
l'économie formelle, si elle se développe suffisamment pour offrir des chances signifiantes.
C’est un domaine d’activité pensé et muri par des catégories d’acteurs bien structurés et qui se
plaisent dans leur métier.
b. Etat des lieux du secteur informel africain (atouts et limites)
Le secteur informel en Afrique occupe une place prépondérante dans toutes les structures
sociales et économiques de toutes les régions du continent. Son rôle et son importance ne sont
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
plus à démontrer, au vue du nombre très important d’acteurs qu’il embrasse, ainsi que sa part
dans la production nationale.
L’état des lieux se fera en présentant la situation du secteur informel dans quelques pays phare
d’Afrique où le secteur informel est considérablement implanté.
En Tunisie, une enquête menée par l’Institut National des Statistiques (INS) en 2002, permet de
faire l’état des lieux sur l’ampleur du secteur informel dans divers domaines de ce pays4.
D’abord, au niveau de l’emploi, l’effectif des personnes employées par les micro-entreprises du
secteur informel est estimé à 433.036 emplois avec une forte composante masculine (84,1%).
Cet effectif représente 19,7% de l’emploi non agricole (2.203.000 occupées) tel qu’il est évalué
par l’enquête nationale sur l’emploi de 2002.
Un peu moins du cinquième des emplois couverts (18,1 %) appartient aux entreprises des
secteurs de l’industrie et de l’artisanat, alors que 45,5% de ces emplois sont effectués dans des
activités commerciales et de réparation. Les secteurs de services occupent environ 33,6% de
l’ensemble des effectifs employés.
Par ailleurs près de 64,3 % des emplois sont occupés par des personnes qui gèrent leurs propres
unités en tant qu’indépendants (44,9 %) ou patrons et associés (19,4%), alors que les salariés ne
représentent que 23,9 % des effectifs employés et les apprentis sont dans une proportion de
4,5%. Le reste des effectifs (7,3 %) sont des emplois non salariés et sont constitués d’aides
familiaux.
Il y a lieu de noter aussi que les trois quarts des emplois (75,3%) sont concentrés dans les
entreprises de 1 ou 2 employés, alors que 21,7% des emplois sont situés dans des entreprises de
3 à 5 emplois.
Les entreprises restantes qui représentent un écart de l’ordre de 3%, correspondent à des
entreprises de plus de 6 emplois même si au départ le champ de l’enquête est limité aux
entreprises de moins de 6 salariés.
Ensuite, concernant les salaires, le salaire moyen calculé sur la base des 103 244 salariés
dégagés par l’enquête est estimé à 219 Dinars par mois, soit environ 1,1 SMIG (évalué à 204
Dinars en 2002). Le salaire mensuel moyen des femmes (157 Dinars) ne représente que 67,7%
du salaire moyen des hommes.
L’examen des résultats par activités fait apparaître un salaire mensuel moyen plus important
dans le secteur du transport (302 Dinars) soit 1,4 la moyenne obtenue par l’enquête.
D’un autre côté, la comparaison des salaires au SMIG fait ressortir que 48,4% de l’ensemble
des salariés identifiés ont un salaire inférieur au SMIG, alors que cette proportion est de l’ordre
des trois quarts (77,2%) pour les femmes et 42,2% pour les hommes. Par ailleurs, un quart des
effectifs des salariés ont un salaire compris entre une fois et 1,25 fois le SMIG, alors que le
reste des salariés ont un salaire supérieur à 1,25 fois le SMIG.
Enfin, en tenant compte de l’âge des salariés, il y a lieu de noter que :
4
INS, 2002
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
- Le salaire augmente régulièrement avec l’âge pour plafonner à partir de la tranche 40 à 49
ans.
- Le salaire au mois est le plus fréquent
- La rémunération des salariés représente seulement 15,6% de la valeur ajoutée en raison de la
prépondérance des catégories des indépendants, des patrons, des associés et des aides
familiaux.
Finalement, la production des micro-entreprises dans cette enquête est de l’ordre de 3583,5
millions de dinars dégageant ainsi une valeur ajoutée 2425,1 millions de dinars. Cette valeur
ajoutée contribue à concurrence de 8,5% à l’ensemble de valeurs ajoutées de 2002, soit 8,1%
du PIB. Le ratio en terme d’emplois correspondant se situe à 15,2% de l’emploi global.
Si l’on considère le secteur informel hors agriculture et y compris les autres composantes de
l’économie non observée (travail à domicile, commerce ambulant, chantiers de bâtiment…), sa
valeur ajoutée se chiffre à près de 7480 millions de dinars en 2002.
La part des micro-entreprises avoisine 32,5% de l’ensemble de l’activité informelle.
Par rapport à la production, le secteur des micro-entreprises se caractérise par un taux de valeur
ajoutée de l’ordre de 68%. Ce taux est plus élevé que celui calculé pour les mêmes activités du
secteur moderne.
La valeur ajoutée dégagée par emploi s’établit à 5600 dinars en moyenne, elle varie de 4418
dinars au niveau de la métallurgie et travail des métaux à 7021 dinars dans les transports et
communications.
En conclusion, on dira que la Tunisie expérimente donc un système socio-économique d’un
type nouveau, dans lequel un vaste secteur informel toléré voire encouragé par les autorités se
substitue aux formes de protection sociale défaillantes. On en vient alors à un système dualiste
à la Lewis, mais sous une forme renouvelée : le secteur moderne fonctionne suivant des normes
qui exigent une productivité élevée pour faire face aux réglementations multiples, aux
contraintes de l’ouverture internationale, et au fardeau fiscal et social.
Cependant, les recettes budgétaires sont détournées du filet de sécurité sociale vers lequel elles
devraient en principe être affectées (absence de protection effective contre le chômage). Le
secteur informel capte alors toute la population qui ne parvient pas à respecter les normes
minimales du secteur formel. Ces activités sont à productivité faible et sont principalement
orientées vers les non-échangeables, mais elles permettent la survie de la population « exclue
de l‘emploi formel », et elles fournissent en même temps aux salariés du secteur formel des
biens et services de consommation à un prix réduit (et dans une forme correspondant
socialement aux coutumes traditionnelles) par rapport aux prix du secteur moderne.
Au Maroc, la croissance économique des années 2002 n’a pas semblé suffisante pour répondre
respectivement à la croissance démographique et la croissance de la population active. Le pays
s’est trouvé alors confronté au principal défi de créer suffisamment d’emplois pour le nombre
de personnes entrant sur le marché du travail chaque année.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Avec un nombre croissant de femmes entrant sur le marché du travail, la croissance de la
population active est encore plus élevée que la croissance démographique.
Même si en 2003 et 2004, 380.000 emplois ont été créés, près d'un tiers n'ont pas été payés. On
estime que depuis 2002, chaque année, quelque 15 pour cent des personnes entrant sur le
marché du travail ne trouvent pas d'emploi et sont forcés à accepter un travail non rémunéré ou
d’exercer des activités informelles. Le chômage est plus élevé parmi les personnes qualifiées
que parmi ceux qui ont peu ou pas de qualification, parce qu’il semble que le marché du travail
favorise la sous-qualification, notamment en raison de la nécessité de maintenir les coûts de
travail au plus bas afin d’augmenter la compétitivité5.
Un autre grand problème est la pauvreté qui est particulièrement répandue en milieu rural :
Quinze pour cent de la population totale au Maroc a été estimé de vivre en dessous du seuil
national de pauvreté en 2007.
La structure du marché du travail marocaine est caractérisée par un nombre de personnes qui
travaillent à leur compte et par une diminution de la proportion de salariés du secteur formel
aux zones urbaines et rurales. 42 pour cent vivent dans les milieux ruraux où plus que la moitié
des personnes actives travaillent dans des entreprises familiales ou sont en apprentissage en
2004, selon le rapport de l’AFD. Cette tendance accélère le développement du pays vers le
secteur informel.
L'existence d'un secteur informel n'est pas nouvelle au Maroc:
En effet, plusieurs études ont été menées pour analyser le phénomène depuis 1984, montrant
que le pays a pris conscience de l'importance de ce segment économique assez tôt. La première
enquête sur le secteur de construction civil a montré que dans ce segment particulier quelques
52 pour cent de travailleurs ont été employé de manière informelle. Très peu d'entreprises sont
conformes aux obligations fiscales et sociales. Il est probable que cette proportion soit restée à
peu près la même jusqu'à ce jour en raison des mesures inefficaces d'enregistrement des
entreprises.
Dans l'industrie, le commerce et les services qui ont été l'objet d'enquêtes dans les années 1988
et 1997, il a été révélé que plus de 25% des emplois sont informels et que ces activités
informelles sont principalement effectuées par les travailleurs indépendants, les employeurs ou
associés (54%) tandis que les employés formels ne représentent que 30%. Cela souligne la
nature autonome des activités informelles.
Une autre enquête a analysé le secteur informel non agricole. Ce secteur particulier a contribué
à 17% à la création de revenus au Maroc. Les entreprises du commerce et de la réparation
constituent la plus grande contribution à la création de revenu.
En Côte d’Ivoire, le secteur agricole est l’employeur principal du pays avec une absorption de
plus de 60% de la population active6. Les conséquences du dernier conflit politique ont touché
5
6
Rapport de l’AFD, 1999 et 2004
OEA, 2008)
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
très fortement les petites et les moyennes entreprises, ce qui signifie une autre menace pour
l'emploi formel mais aussi informel.
Dans toute l'Afrique, le marché du travail de la Côte d'Ivoire avait connu des difficultés depuis
les années 1980. En raison de la réduction du secteur formel, l’emploi était diminué dans tous
les secteurs également, surtout dans la construction et dans les services publics. Beaucoup de
travailleurs ont trouvé un emploi au secteur informel qui a connu un taux de croissance annuel
de 5,7 à 7% entre 1975 et 19907.
La plupart des recherches récentes sur le secteur informel en Côte d'Ivoire se basent sur une
enquête de 1998 sur les travailleurs dans les secteurs de la construction et de l’industrie textile
dans la ville d'Abidjan.
Cette enquête révèle certains aspects du travail informel dans le pays. Elle a découvert que
seulement les hommes travaillent dans la construction et que les femmes qui travaillent dans
l'industrie textile étaient soit des travailleurs non rémunérés ou soit des apprentis qui paient une
taxe.
Les travailleurs rémunérés avaient des contrats à durée déterminée de trois mois. La
rémunération dans les deux secteurs avait été structurée en fonction des compétences requises
de la tâche effectuée.
La plupart du temps, les travailleurs ne reçoivent pas de prestations supplémentaires telles que
l'assistance en cas de maladie ou dans le cas d'accident du travail. Ceux qui payent pour leur
apprentissage ne sont pas rémunérés pour leur travail, mais en lieu et place, ils payent leurs
employeurs pour la fourniture de la formation technique. La durée de l'apprentissage a été trois
ans en moyenne. En général, l’enquête a révélé que l'accès au travail dans les métiers de la
construction et du textile informel est fondé sur les liens sociaux, initiés par des liens
familiaux, du quartier des gens, etc.
En plus, l'enquête souligne que l’obstacle majeur à l'enregistrement officiel des entreprises
informel en Côte d'Ivoire est le temps nécessaire pour achever le processus d’enregistrement.
Les entreprises informelles ont déclaré qu’un meilleur accès au soutien financier est le plus
important pour l'enregistrement officiel.
Au Bénin, il est difficile de se prononcer statistiquement sur la situation du secteur informel car
ce pays ne surveille pas son secteur informel. Il est donc difficile de définir avec précision l'état
actuel du secteur dans les zones urbaines et rurales. Toutefois, reposé sur les données compilées
par l'Agence Française de Développement (AFD) en 2006, il est possible de donner un aperçu
des caractéristiques du secteur informel béninois.
Fondamentalement, le secteur fait partie d'une économie qui croît sans cesse, mais qui est
dépendante du marché mondial du coton et des politiques commerciales et douanières du
Nigeria et une conséquence de la pauvreté persistante.
7
Gaufryau et Maldonado, 1997, cf. Guichaoou, 2006, p.6
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Le secteur informel du Bénin représente une tendance de la non formalisation du marché du
travail. Plusieurs indicateurs confirment cette thèse: Entre 1992 et 2002, le nombre de
personnes qui travaillent «indépendant» est augmenté de 60,5% à 70,2%.
L'emploi dans le secteur informel est resté constant à plus de 90%, tandis que l'emploi dans les
entreprises du secteur formel a diminué et en 2007 il était à 0,2% de la population active.
L’emploi dans le secteur public, dans les entreprises publiques et dans les organisations sans
but lucratif a été respectivement de 2,9%, 1% et 0,7% en 2007 (OEA, 2011). En conséquence,
la caractéristique principale de la population active du Bénin est qu'elle est essentiellement
informelle et agricole. Comme explication, on pourrait évoquer entre autres, des politiques de
l'ajustement structurel des années 1990. Ces mesures ont mené à la privatisation et à la coupure
du service public. Les licenciements ont forcé beaucoup de salariés à travailler au secteur
informel tandis que le secteur formel a échoué à créer des emplois.
L’essentiel des activités du secteur informel dans ce pays se concentrent dans le commerce
(surtout) et l’artisanat.
En effet, la proximité du géant de l’est (le Nigéria), avec sa production du pétrole, fait naitre et
nourrit la commercialisation en contrebande de ce bien. Ce commerce occupe une très grande
part de la population active et une majorité écrasante des activités informelles au Bénin. Selon
certaines enquêtes non encore publiées, le chiffre d’affaire annuel véhiculé par cette activité
approcherait le un cinquième du PIB national soit environ 200 milliards de CFA
2. Rôle du secteur informel africain dans l’intégration régionale
a. Un exemple de réussite tiré des pays asiatiques
La place occupée par le secteur informel dans bon nombre d’économie ne cesse de s’agrandir
de jour en jour. En Asie, et surtout en Asie du Sud-Est, le débat a évolué et a connu d’avancées
non négligeables.
Il faut reconnaitre que la littérature a évolué sur le rôle du secteur informel dans une économie.
En effet, plusieurs travaux montrent que les activités du secteur informel peuvent être
compatibles avec les mécanismes de l'économie de marché ; on y trouve des éléments de
l'économie pure walrasienne. En outre, les échanges informels trouvent leur source dans les
disparités des politiques économiques, financières, monétaires, commerciales distinctes selon
les pays. Les activités informelles se déploient sur des espaces frontaliers, à partir de réseaux
marchands différenciés par ethnies, et structurés depuis longtemps. Sur la base de solidarités
ethniques et d'échanges régionaux, le comportement des acteurs n'est pas irrationnel mais
s'insère dans un cadre communautaire de référence. Est-ce l'une des raisons pour lesquelles
toute volonté « d'officialiser l'informel » a échoué ? L'économie informelle dégage finalement
des ressources et représente un facteur de décollage économique qui, s'il n'est pas suffisant, n'en
est pas moins réel.
Chaponnière (1994) évoque, à propos des caractéristiques de la croissance économique
asiatique, la légalisation des activités commerciales qui subsistaient dans l'illégalité. L'acteur
économique asiatique peut ainsi déployer son esprit d'initiative d'autant qu'il bénéficie de
conditions macroéconomiques initiales favorables : économies protégées, interventionnisme
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
étatique avec un rôle efficace d'orientation des ressources vers des projets à long terme
(révolution verte, développement des infrastructures), politique de substitution aux
importations à partir de stratégies cohérentes, clairement définies8, liberté d'entreprendre, taux
de change adapté aux conditions du marché, mécanismes du marché non bridés. Il trouve donc
dans le secteur informel des espoirs de réussite.
Il faut bien évidemment distinguer le petit artisanat, le petit commerce de rues, les multiples
services à faible rentabilité des activités informelles plus porteuses et qui créent de substantiels
profits. Sur la base « des circuits financiers clos », des circuits ethniques et des clubs divers (où
se côtoient chefs d'entreprise, hommes d'affaires, décideurs politiques ; citons à ce sujet
l'exemple de la Pacific Economie Cooperation Conference créée en 1980), les conditions
d'accumulation sont réunies.
Dans les pays de I'asean (hors Singapour), les statistiques industrielles ne saisissent uniquement
que les emplois formels soit le tiers des « actifs industriels ». Le reste relève du secteur
informel ou des « cottages-industries » (industries rurales). Alors « qu'en Afrique on dénonce le
caractère parasitaire des activités informelles, dans le Sud-Est asiatique, on constate qu'elles se
développent de façon soit indépendante, soit complémentaire (confection à domicile) »9.
Pourtant, elles sont confrontées à de nombreux risques, source d'incertitudes.
Les petits commerçants les affrontent en délocalisant leurs affaires.
Comme le précisent très justement Evers et Mehmet10 easy entry often results in quick exit (une
activité nouvelle est rarement durable). La notion de risque, dans le cas du secteur informel,
peut s'apparenter à la probabilité d'atteindre (ou non) la « survie ».
L'informel indonésien : réduire les risques
Le secteur informel en Indonésie, qui serait l'un des plus grands du monde, reste un secteur
d'activités économiques d'échelle réduite, à dimension familiale ou établi sur la base d'un
réseau d'amis. Le commerce, l'artisanat, la petite production industrielle et les services divers
constituent l'essentiel des activités.
Les risques et les incertitudes portent sur les fluctuations des conditions du marché, la pression
culturelle où la redistribution des profits aux parents ponctionne la source des investissements,
les difficultés d'ordre comptable (bonne estimation des coûts, des revenus, du profit, échec à
imputer le coût du travail de l'acteur principal), une dépréciation rapide du capital
d'exploitation. Conscient que ces aléas ne constituent pas une source de croissance économique
mais davantage une stratégie de survie, le département de la planification a fixé comme objectif
l'accroissement des niveaux de productivité et de revenus des travailleurs du secteur informel
tout en lui préservant sa capacité d'absorption du facteur travail. La volonté des acteurs n'est
donc pas découragée : ils travaillent de longues heures (chaque jour du mois, et plus de dix
heures par jour pour un tiers d'entre eux), ils diversifient leurs opérations et recherchent des
revenus complémentaires, notamment dans l'agriculture.
A côté de ces activités de survie, on trouve des commerçants plus « performants » qui
développent des stratégies personnelles, synonymes de débrouillardise : ils ont créé par
8
J. Trotignon, 1993
Chaponnière, op. cit.
10
H.-D. Evers, O. Mehmet, 1994.
9
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
exemple « l'économie de l'emporter comptant » (cash and carry economy). Les relations de
crédit sont évitées à partir d'achats et de ventes en très petites quantités.
De fait, ils minimisent l'inventaire par des réapprovisionnements quotidiens. Le profit obtenu
est donc rapidement réintroduit dans le circuit économique et échappe ainsi au partage avec les
proches, amis ou membres de la famille. En outre, des coopératives se sont créées et une partie
des commerçants cherche à accéder aux institutions bancaires formelles. D'autres ne sont plus à
leur compte mais vendent des biens et services en commission. Ce qui ressemble ici à une
activité de petite taille, à de « l'auto-emploi » est en fait davantage le maillon d'une opération de
grande échelle. Evers et Mehmet (op. cit.) citent cet exemple d'un grand commerçant qui
possédait 11 camions et 45 pelleteuses, dont l'entreprise était classée statistiquement comme
comptant une cinquantaine d'auto-employés assistés par des membres de la famille. Par certains
aspects, on trouve là des éléments de sous-traitance où une activité informelle au sein d'un
marché local permet de déployer des activités à un niveau national ou régional.
Le recours aux polyactivités
Le souci d'anticiper les risques peut encore consister à multiplier les activités. He11 évoque à ce
propos le recours aux polyactivités qui, à leur tour, s'inscrivent sur un espace interrégional.
L'auteur les analyse à partir des liens entre le marché du travail, le marché des biens et services
et le marché financier.
La situation économique des zones agricoles est d'une importance cruciale pour les
performances du secteur informel. Un accroissement de la productivité et une baisse de la
pression démographique dans ces zones signifient un moindre recours au facteur travail ; le
volume de la quantité de travail inemployée doit alors être absorbé par le secteur informel. Si,
en revanche, le niveau de salaire du secteur formel est assez élevé pour attirer la quantité de
travail excédentaire, la pression de l'emploi dans le secteur informel s'atténue. L'anticipation de
la hausse du niveau de salaire dans le secteur formel peut donc inciter les travailleurs agricoles
à immigrer. Au niveau macro-économique, cela revient à analyser la division du travail entre le
secteur agricole, le secteur formel et le secteur informel. En Asie, on assiste à une extension des
activités non fermières dans les zones rurales, laquelle freine l'émigration vers les villes. En
1984, 34,7 % du revenu total des propriétaires fermiers étaient issus d'activités non fermières.
En Corée, en 1979, l'emploi non fermier représentait 65 % de l'emploi total en zone rurale.
La taille des marchés régionaux asiatiques est en mesure d'offrir des débouchés aux entreprises
formelles et informelles. Les moyens de transport et les infrastructures de commercialisation
sont en général adaptés aux exigences des échanges ; de même, les infrastructures financées par
l'aide extérieure sont une source réelle d'intégration. De fait, les marchés situés à un niveau
local ne sont pas isolés des niveaux national ou régional au sein desquels les entreprises
utilisent leurs avantages comparatifs. Elles conquièrent ainsi des marchés domestiques puis des
marchés d'exportation. La petite taille des entreprises, source de divisibilité, de flexibilité,
d'adaptation rapide aux conditions de marché, tout en étant insérées dans un réseau d'échanges
et de commercialisation à une échelle plus vaste, est un avantage considérable pour leur
croissance économique.
11
Y. He, 1993.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Des réseaux financiers « informels » mais efficaces
Le marché informel est une source importante de financement du secteur informel. En Asie, la
complémentarité entre les petites et les grandes entreprises permet aux premières de profiter
des conditions de crédit obtenues par les secondes. Dans une étude relative aux tontines
africaines et asiatiques, Lelart12 constate que les pratiques financières informelles asiatiques
sont davantage orientées vers la disponibilité du crédit que ne peuvent l'être les pratiques
financières informelles africaines. Les emprunts peuvent être opérés auprès de la famille, des
amis, du propriétaire, du commerçant ainsi qu'auprès des prêteurs professionnels, ou l'usurier
(money lender) ou auprès des compradores, c'est-à-dire ceux qui accordent des crédits au nom
d'une banque mais sous leur responsabilité. Les tontines asiatiques ont une vocation
économique où les fonds sont utilisés pour l'investissement.
Dans certains pays, on distingue d'ailleurs les tontines d'entraide des tontines commerciales,
auxquelles correspondent les Muyins et les Kyes en Corée, les tontines personnelles et les
tontines d'affaires en Thaïlande, les tontines d'épargne ou de consommation et les tontines
d'affaires aux Philippines. Ces dernières relèvent d'entrepreneurs qui ont besoin de financer leur
entreprise. Ils s'arrogent souvent le premier tour et peuvent encore recourir aux tontines à
enchères. Cette pratique originale, principalement en vigueur en Chine, se rencontre également
dans bon nombre de pays asiatiques. Seuls, les Bamiléké au Cameroun recourent à des modes
de financement proches des tontines à enchères.
L'organisation des tontines asiatiques est ainsi devenue un véritable métier ; elles sont gérées
exactement comme une entreprise quelle que soit leur taille.
Selon Lelart, il s'agit de véritables institutions financières. Les responsables politiques leur ont
d'ailleurs accordé un cadre légal à partir duquel leur activité peut se développer. On retrouve
donc ici une organisation structurée qui, initialement informelle, peut ensuite s'étendre sans que
les autorités essaient de la remplacer par des organismes bancaires. Il est vrai que de tels
réseaux commerçants et financiers, chinois notamment, n'en sont plus au stade de
l'apprentissage tant ils sont implantés depuis des millénaires. Autour de la diaspora chinoise, les
échanges sont intenses. C'est là une différence fondamentale avec l‘Afrique Subsaharienne où
la régionalisation est plus « institutionnalisée »
b. Une inférence pour les pays africains
A partir du cas des pays de l’Asie du Sud-Est, les pays du continent africain peuvent tirer des
enseignements en vue de rendre optimale l’action du secteur informel pour leur développement
économique et social. Quelle en est donc la situation en Afrique ?
Des marchés étroits et administrés
La taille des marchés africains est conditionnée par les bas revenus. En outre, les moyens de
transport sont inadaptés. On trouve donc beaucoup de petits « sous-marchés » limités en
volume et en extension spatiale. La constitution d'un processus de régionalisation permettrait à
court et moyen terme de multiplier les échanges de biens et services différenciés de part et
12
M. Lelart, 1995
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
d'autre des économies nationales. Les potentialités d'exportation ouvrent des perspectives aux
micro-entreprises, formelles et informelles. L'exemple des productions maraîchères et fruitières
dans l'ouest du Cameroun sous l'impulsion des Bamiléké est à cet égard révélateur. Leur
dynamisme dans un contexte de solidarité ethnique leur permettait dans les années 80
d'exporter vers les pays frontaliers, dont le Gabon. Assurément, des moyens de transport
adaptés et des échanges libérés des contraintes douanières ne pourraient que favoriser une telle
activité.
Par ailleurs, les tontines jouent un rôle financier majeur. Mais, à la différence des tontines
asiatiques, les tontines africaines ont plutôt une vocation sociale où les fonds sont d'abord
utilisés pour la consommation, excepté quelques cas récents au Bénin et au Togo. Plus que le
recours au marché financier informel, ce sont davantage les limites de la taille du marché qui
posent problème. Elles sont liées au niveau de l'épargne domestique, laquelle dépend à terme de
la croissance économique ou, globalement, des performances économiques nationales. Les
conditions macro-économiques dans lesquelles évoluent les micro-entreprises informelles
africaines méritent davantage de flexibilité.
Avec He, on peut suggérer par exemple une réduction des charges administratives sur les
entreprises informelles et faire en sorte que l'environnement économique soit plus favorable à
l'expansion de leurs activités. A ce propos, les pays qui ont entamé des réformes, en matière de
taux d'intérêt par exemple, semblent connaître de meilleures performances économiques. De
même, dans une étude comparative avec l'Equateur et la Tunisie, Lecomte, Morisson et
Solignac13 évoquent le cas de la Thaïlande où la fiscalité est plus simple puisque l'impôt sur les
entreprises, à lui seul, représente 90 % de la charge fiscale totale et où, depuis, la TVA s'y est
substituée avec une exception pour les petites entreprises non assujetties. La règle
institutionnelle ne s'applique pas uniformément. Dans une autre étude, les auteurs relèvent à
propos du Niger que la fiscalité est plus ou moins insupportable selon la conjoncture
économique. En cas de crise, les règles institutionnelles sont inadaptées (prélèvements fixes,
législation du travail...) de sorte que la plupart des micro-entreprises sont incapables de les
respecter à moins de faire faillite.
Le rôle inadapté de l'État
Dans quelle mesure les réformes nécessaires (financières, fiscales, etc.) sont-elles
envisageables ? Sans doute doivent-elles être précédées d'une réforme politique où la logique
de l'accumulation, source de croissance économique, se substituerait à la logique de l'économie
de rente, source de gaspillage. Cela passe par une économie de marché bien plus qu'une
économie administrée et par un appui aux micro-entreprises, tant formelles qu'informelles (du
moins à moyen terme pour ces dernières). Ces deux propositions ne sont pas incompatibles dès
lors que l'on considère que l'économie de marché a besoin de règles, de contrats, de
conventions et d'un État qui puisse les faire respecter ; ce n'est pas tant moins d'État qu'il faut
rechercher en Afrique Subsaharienne mais davantage une intervention qui repose sur la volonté
de favoriser les mécanismes du marché. Comme s'interroge fort justement Maldonado14,
13
14
Lecomte, С Morisson, H.-B. Solignac, 1993.
Maldonado, 1995.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
comment intensifier l'apport du secteur informel au développement sans en étouffer son
dynamisme ?
L'auteur, qui atteste du rôle d'intégration et de régulation sociale du secteur informel, étudie le
Programme d'appui aux petits producteurs urbains d'Afrique francophone (le PAPPU) mené par
le BIT et le PNUD.
L'expérience du Bénin à partir de 1988 semble positive puisqu'elle associe un instrument
financier (les mutuelles), un outil de promotion technique et productive (les bases d'appui), une
stratégie des débouchés commerciaux (élargissement et diversification des marchés) et, surtout,
la promotion de groupements socioprofessionnels autonomes (un nouvel acteur social).
Dans une étude sur la compétitivité en Asie et en Afrique, Barbier15 montrait lui aussi, il y a dix
ans, que la politique étatique, tant à propos des conditions de fonctionnement des marchés que
du secteur informel, était une source d'extension des activités du marché local au marché
national voire au-delà ou, au contraire, un obstacle au développement de toute initiative.
L'auteur présentait plusieurs études de cas dont celle du cacao en Côte-d'Ivoire et en Malaisie,
celle du riz à Madagascar et en Thaïlande et celle de l'huile de palme en Côte-d'Ivoire et en
Malaisie.
L'isolement du secteur informel
Les divers exemples concrets cités montrent que ce ne sont pas les dotations factorielles
initiales ou les conditions naturelles qui expliquent les écarts de compétitivité entre l'Asie et
l'Afrique mais bien plus le cadre plus ou moins réglementaire auquel sont assujetties les
activités de production et de distribution. De fait, le dynamisme des activités, officielles ou non,
s'en trouve renforcé ou pénalisé ; les acteurs « du bas » sont incités à travailler plus ou, à
l'opposé, amenés à satisfaire uniquement leurs besoins ; les organisations telles que les tontines
sont prêtes à se développer et à s'orienter vers de véritables institutions de crédit ou, au
contraire, sont davantage soucieuses de faire face aux besoins primaires de consommation et/ou
d'épargne, par précaution. Au lieu de produire pour satisfaire le marché intérieur afin d'exporter
ensuite au sein d'une filière locale-nationale-régionale-mondiale, les micro-entreprises
africaines se replient sur elles-mêmes et restent isolées. Elles ont donc peu de chances de
maîtriser la connaissance nécessaire et d'acquérir la capacité de construire des réseaux de
distribution régionaux puis mondiaux qui limiteraient leurs coûts de transaction. On voit mal
dans ce contexte les chances de satisfaire les conditions d'un processus de régionalisation. Les
relations entre individus-entreprises, marchés-organisations et État ne sont pas suffisamment
articulées en Afrique Subsaharienne. S'il est vrai que les conditions extérieures y sont moins
favorables qu'en Asie du Sud-Est (les pays asiatiques évoluent dans la zone la plus peuplée du
monde et la plus dynamique), qu'ils ne bénéficient pas de la proximité de zones de négoce et de
places financières (Singapour, Hong-Kong), que le Japon et les États-Unis n'y ont pas
fortement investi, certains handicaps relèvent des politiques économiques et sociales retenues
qui apparaissent mal adaptées aux conditions locales et nationales. Non coordonnées, elles
entraînent encore des duplications de projets concurrents et peu viables. Et pourtant, depuis
près de quarante ans, de nombreux organismes à vocation régionale ont été créés dans le but de
15
J.-P. Barbier, 1989.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
satisfaire les échanges commerciaux, de favoriser l'intégration des activités de transformation,
industrielles et de services, d'accéder davantage aux technologies extérieures. Mais les
comportements nationaux, trop frileux, dans un contexte de crise économique et financière
depuis les années 80, ont éloigné un peu plus le processus de régionalisation. L’Afrique
Subsaharienne est finalement confrontée à une fiscalité trop lourde, à un accès au crédit
difficile et cher, à des taux de change surévalués, à des appuis aux producteurs insuffisants ou
mal ciblés, le secteur informel y est mal perçu, insuffisamment aidé, et les capacités
d'exportation restent trop limitées pour exercer un effet levier et stimuler la croissance. Or, ces
capacités existent. Elles peuvent être valorisées à l'échelon local puis régional à partir, entre
autres, des potentialités du secteur informel. Pour ce, il conviendrait que se crée une symbiose
entre les activités informelles et les formes multiples de sous-traitance telles qu'elles existent en
Asie du Sud-Est et qui conduisent à de nombreux échanges entre l'informel et le formel. Cela
reviendrait à promouvoir le rôle des petites entreprises familiales et communautaires en liaison
avec des groupes industriels de sorte que l'espace régional soit en phase avec l'espace mondial.
L'une des raisons pour lesquelles l'Asie a réussi à concilier le rôle et l'intervention de l'Etat avec
le marché tient, pour Chaponnière16, à l'existence des divers liens associant l'État, les
entreprises, les réseaux formels mais aussi informels. L’Afrique Subsaharienne semble
s’éloignée de cette réalité alors que des liens communautaires existent, que les tontines sont
nombreuses, que les solidarités ethniques sont réelles et que les activités informelles ne
demandent qu'à bénéficier d'un environnement plus favorable. Mais, de toute évidence, les
contraintes exercées par l'Etat sont excessives ou plutôt mal adaptées. Abernethy17 montre que,
dans les pays d’Afrique Subsaharienne, la part du secteur public dans l'emploi salarié non
agricole était passée de 40-45 % à 50-55 % au cours des années 80 ; cette part est de 36 % en
Asie, de 27 % en Amérique latine. On sait par ailleurs que les prélèvements des caisses de
stabilisation sont élevés. Si les taux moyens officiels de protection nominaux directs des
exportations agricoles étaient de 20,5 % en Côte-d'Ivoire, au Ghana et en Zambie entre 1960 et
1984, ils étaient en moyenne de 14,6 % en Corée du Sud, en Malaisie, au Pakistan, aux
Philippines, au Sri Lanka et en Thaïlande. Cela expliquait en partie les écarts de compétitivité
au profit de l'Asie du Sud-Est. Le retard ainsi accumulé ne peut guère favoriser le dynamisme
de l'agriculture ni, à terme, la croissance du secteur secondaire. En Asie du Sud-Est, on a vu les
effets de la révolution verte sur l'ensemble de l'agriculture ; le secteur agricole vivrier, libéré de
la contrainte alimentaire, a pu s'articuler à un secteur d'exportation source de recettes en
devises. En Afrique Subsaharienne, le paradoxe vient du fait que les agriculteurs ne demandent
rien d'autre qu'un environnement économique interne plus favorable à leurs activités et plus
stable dans le temps. Les circuits de commercialisation Bamiléké informels n'ont guère de «
leçon » à recevoir de l'Administration. Leur filière depuis l'Ouest camerounais (stade de la
production) jusqu'à Douala (stade de la commercialisation) en passant par diverses petites villes
intermédiaires (stade de la transformation) mériterait des routes et des entrepôts pour assurer la
conservation des produits maraîchers et fruitiers.
L'État peut assumer un tel rôle afin d'orienter les ressources vers des projets à long terme.
16
17
J.-R. Chaponnière, 1993.
1988, in He et Renard, op. cit.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
Conclusion
L'échec des tentatives d'intégration régionale en Afrique Subsaharienne tient en partie à
l'incapacité des États de respecter et de faire respecter les règles établies. Le commerce
clandestin, les échanges frontaliers favorisés par la différenciation des taux de change, le
détournement des mécanismes de compensation, des coûts de transaction élevés du fait du
nombre des intermédiaires sont autant de facteurs qui pénalisent le processus d'intégration. Dès
lors que celle-ci n'est pas un jeu à somme nulle, il faut que les inégalités engendrées soient
minimales et il faut éviter les attitudes de « passager clandestin ». Cela exige des institutions
supranationales respectées, ce qui n'est pas le cas en Afrique Subsaharienne. Par ailleurs, les
structures sociales, les réseaux et les solidarités ethniques peuvent renforcer l'efficacité des
organisations économiques. Dans ces conditions, les institutions peuvent fournir la structure
d'incitation d'une économie18.
Il semble donc souhaitable de favoriser les activités commerciales existantes - même si elles
sont informelles, de substituer à une réglementation administrative pesante et floue une
législation adaptée au droit des affaires, un arbitrage fiable en cas de litige, une fiscalité stable
qui ne pénalise pas les acteurs producteurs et une gestion des affaires publiques saine.
Associées à une politique de développement des infrastructures, ces nouvelles orientations
auraient le mérite de créer un environnement macro-économique et politique stable, vis-à-vis
duquel les investisseurs étrangers sont toujours très sensibles. De ce point de vue, les pays
d'Asie du Sud-Est ont bénéficié du rôle du Japon au sein de la zone qui est le premier client
et/ou fournisseur pour la plupart des pays de I'ASEAN ; en 1990, les échanges japonais
représentent 38 % des échanges des pays de I'ASEAN avec toute l'Asie et 21 % de leurs
échanges totaux.
Cette situation est bien entendu liée à la proximité régionale qui crée des débouchés
réciproques. Mais c'est avant tout à partir d'une osmose entre le secteur agricole et la petite
industrie que certains pays asiatiques ont dégagé des ressources pour développer un secteur
exportateur diversifié. C'est encore à partir d'une reconnaissance des acteurs « du bas » que ces
mêmes pays ont connu des rythmes de croissance soutenus.
Quelles sont les perspectives aujourd'hui ? Dans le cadre de la mondialisation, d'une part, de la
régionalisation, d'autre part, l'Afrique Subsaharienne peut encore se marginaliser. Mais elle
peut aussi relever les défis.
Divers progrès peuvent être cités : les restrictions aux échanges ont été considérablement
réduites ces dix dernières années comme en témoignent la diminution sensible de l'écart entre
les taux de change officiels et parallèles, et la tendance à la simplification des systèmes de
change.
Alors qu'en 1960, 6 pays sur 23 non membres de la zone franc et de la zone rand appliquaient
un système de change unifié, ce nombre est passé à 12 au milieu de 1994. Aujourd’hui des
progrès considérables sont réalisés au sein des zone économiques et sociales d’intégration
18
North, 1991.
Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique
régionale telles que l’UEMOA ou la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, la CEMAC et la SADC
en Afrique Centrale et Australe.
L'intégration plus évidente de l'Afrique du Sud à l'économie régionale et mondiale peut
contribuer à stimuler le dynamisme du commerce et de la croissance dans toute l'Afrique
australe et au-delà, d'autant que les Africains se situent dans la continuité des alliances
interethniques (le Yoruba du Bénin est-il un étranger au Nigeria ? le Mina au Togo se sent-il
étranger au Bénin ou au Ghana ? de même que le Haoussa au Niger ou le Peul un peu partout
?). Enfin, certaines décisions semblent être en rupture avec les pesanteurs sociopolitiques,
comme la création de l'observatoire économique commun – ‘’Afristat’’ - qui a pour mission de
produire des statistiques fiables, l'ouverture de pôles régionaux de formation pour les cadres des
administrations économiques et financières ou encore le projet de développer des universités
sur une base régionale (ce qui s'apparente au réseau européen Socratès).
Ce sont là des « facteurs d'intégration par les institutions et par les règles »19 qui devraient
laisser plus de libertés aux initiatives économiques et favoriser le processus de régionalisation.
19
M. Lelart, 1996a; M. Lelart, 1996
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