LA LETTRE DU CHIRURGIEN4
I
l est généralement reconnu que le traitement de
l’adénocarcinome de l’endomètre est avant tout
chirurgical. Cette chirurgie doit obéir autant que
possible aux impératifs carcinologiques (contle loco-
gional +++).
Elle doit permettre de recueillir des informations
pronostiques. Le principal problème rencontré par
le chirurgien est celui de l’âge avancé des patientes
concernées, qui présentent souvent des tares médi-
cales source de comorbidité. Il est donc impératif de
privilégier les interventions chirurgicales assurant des
suites aussi simples que possible. La voie coeliovaginale
représente une bonne solution. Pourtant, c’est la voie
laparotomique qui est utilisée dans plus de 95 % des
cas (10), probablement du fait de chirurgiens généraux
ou gynécoloques non rompus à la coeliochirurgie.
Bilan préthérapeutique et orabili
de la patiente
L’examen clinique permet de suspecter une atteinte
paramétriale. L’extension locorégionale repose sur : le
scanner abdominopelvien, qui permet de suspecter une
atteinte ganglionnaire pelvienne et à l’ IRM abdomino-
pelvienne, qui apprécie au mieux le degré d’invasion du
myotre : c’est devenu l’examen de rence. Depuis
1988, la FIGO a adopune stadification fondée sur les
dones de la chirurgie, avec étude de la pièce d’hys-
térectomie et des ganglions éventuellement prélevés
(encadré 2).
L’une des particularis du cancer de l’endomètre est de
survenir sur un terrain fréquemment débilité, eut égard
à l’âge souvent avan des patientes. L’état néral de la
femme conditionne donc la thérapeutique, influeant
non seulement sur l’indication mais aussi la technique
n
opératoire. La consultation anesthésique préopératoire
revêt ici une importance particulière. Le taux d’opéra-
bilité varie de 75 à 96 % dans les stades I (1).
Si une intervention est décie, elle doit respecter un
certain nombre de critères, quelle que soit la technique
retenue :
cytologie péritonéale systématique, sa positivité faisant
passer la stadification de I à IIIa ; exploration minutieuse
du ritoine avec inspection, voire palpation sysma-
tique de tout l’abdomen ; prélevement de toute zone
anormale ; hysrectomie totale imrative, du fait de
la fréquence d’envahissement du col urin, finissant
le stade II FIGO (environ 10 % des cas ; en revanche, le
dogme de l’hysrectomie extrafasciale, qui a longtemps
prévalu, n’est pas étapar la littérature ; annexectomie
impérative, l’atteinte annexiellefinissant le stade III
FIGO (environ 5 % des cas, de mauvais pronostic) ;
exérèse vaginale : contrairement au cancer du col utérin,
la colpectomie n’est pas indispensable ; exérèse paramé-
triale : d’aucun intérêt dans les stades I, elle se discute
dans les stades II, en tenant compte du contexte médi-
cal (obési, tares médicales augmentant la morbidité
chirurgicale) ; omentectomie : recommandée dans les
formes papillaires séreuses.
Place de la lymphanectomie
pelvienne
La place de la lymphadénectomie pelvienne (LP) est
discutée. Elle ne présente a priori pas d’intérêt, aucune
étude randomie n’ayant évalson effet sur la survie.
Son rôle est avant tout de cerner un sous-groupe de
patientes nécessitant des traitements adjuvants spéci-
fiques.
La fréquence de l’envahissement ganglionnaire pelvien
n
Cancer de lendomètre stade 1 :
privilégier la voie coelioscopique
Le cancer de lendomètre, d’origine glandulaire dans la très grande majori des
cas, représente le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme (4 600 cas/an
en France). C’est le cancer le plus fquent du pelvis. Il survient géralement en
postménopause, après 65 ans dans plus de 50 % des cas. Son incidence est en
augmentation, il est en général diagnostiqué à un stade précoce et son pronostic
est alors bon. Les récidives ne sont cependant pas rares (environ 15 %), même
en cas de traitement adéquat, d’autant plus quil existe des facteurs de mauvais
pronostic (encad 1). La mise au point d’aujourd’hui se limite au traitement
chirurgical, et uniquement dans les formes pcoces.
Dr Eric Sebban
Chirurgien gycologue
et oncologue
Ancien assistant Service de chirurgie
Institut Gustave Roussy (Villejuif)
partement de chirurgie
gycologique, mammaire et
carcinologique
Clinique Hartmann (Neuilly).
14
GENESIS - N°145 - Janvier 2010
DR
Létat général
de la femme
conditionne la
thérapeutique,
influençant non
seulement sur
lindication mais
aussi la technique
opératoire.
«
»
Encad 1 : Cancer de lendomètre,
facteurs pronostics
type histologique :
adénocarcinome/carcinome
adénosquameux/carcinome
à cellules claires/adénocarcinome
papillaire/carcinome secrétoire
grade tumoral
profondeur d’invasion myométriale
atteinte ganglionnaire
métastases annexielles
envahissement vasculaire
extension au col
est d’environ 10 % dans les stades I, il peut dépasser
30 % dans les stades II. En contrepartie, il est difficile
de déterminer préciment la morbidité spécifique de
la LP :
- complications morragiques et rarement urétérales
en peropératoire,
- matomes, lymphocèles et fistules urinaires en posto-
ratoire, avec un taux de complications de l’ordre de
10 %
(3)
, majoré par une radiothérapie antérieure et une
obéside la patiente.
Les SOR (Standards, Options and Recommandations,
cancer de l’endomètre, FNCLCC 2001) n’ont pas réelle-
ment fini la place du curage pelvien dans le traitement
chirurgical du cancer de l’endomètre :
Standard: pas de standard
Options : pas de curage pelvien s’il existe des facteurs
histologiques préopératoires de mauvais pronostic
cessitant une irradiation pelvienne adjuvante (grade
3, infiltration du myotre > 50 %)
Recommandations : la lymphadénectomie pelvienne ne
sera alie que si l’état ral de la patiente le permet,
et qu’elle est de réalisation aisée.
Quelle voie d’abord ?
- La laparotomie (médiane sous-ombilicale ou d’trans-
versale sus-pubienne) reste la plus utilisée ; elle permet
dealiser tous les gestes techniques, mais au prix des
inconvénients propres à la laparotomie : hospitalisation
prolongée, accidents thromboemboliques +++, cica-
trice.
- La voie vaginale exclusive ne représente pas le « gold
standard », pour plusieurs raisons : exploration abdomino
pelvienne malaisée, difficulté d’associer une annexecto-
mie à lhystérectomie, curage pelvien impossible. Elle est
donc réservée à la population « à haut risque anesthési-
que et chirurgical », pour laquelle la voie coelioscopique
est contre-indiquée.
- Dans ces conditions, l’intervention cœliochirurgicale
(9)
a un important essor dans le traitement chirurgical
du cancer de l’endotre. Elle connt peu de vraies
contre-indications, somme toute relatives : abdomen mul-
ticicatriciels et/ou volumineux utérus fis. L’insuffisance
respiratoire et l’osité ont été écares de cette liste :
les patientes à risque post-laparotomie éle (phbite
et embolie pulmonaire, probme pariétal) béficient
grandement de la laparoscopie, qui permet une ouver-
ture pariétale limitée et une mobilisation active plus
rapide.
Une des précautions à respecter est de limiter la posi-
tion de Trandelenbourg peropératoire pour éviter le
risque d’hypercapnie. On privilégie désormais l’open
lioscopie, qui prévient les accidents vasculaire liés à
l’introduction de trocards.
L’hystérectomie, également réalisable par voie vagi-
nale, peut être effectuée par coelioscopie ; elle rend
l’annexectomie associée plus simple que par voie vagi-
nale exclusive. L’exploration abdomino-pelvienne est
de très bonne qualité.
L’accès à l’espace rétropéritonéal est aisé et exsangue,
n
que la patiente soit ou non obèse.
La voie cœliovaginale est donc une technique fiable en
termes de qualité du prélèvement ganglionnaire et de
faible morbidité (7). Sa supériorité par rapport à la lapa-
rotomie classique se confirme dans tous les domaines :
qualide l’intervention, suites opératoires, complica-
tions potentielles à court et à long terme, aspects éco-
nomiques (diminution des coûts globaux par duction
+ des dues d’hospitalisation).
Surveillance du cancer
de l’endomètre trai
Les cidives loco gionales et rales surviennent au
cours des 3 premières années dans 80 % des cas, à type
de cidives centropelviennes ou de tastases. Dans ces
conditions, la surveillance clinique rapprochée a-t-elle un
intérêt ? Les examens complémentaires systématiques
améliorent-ils la survie ?
Les récidives, quelles qu’elles soient, sont de mauvais
pronostic, avec des survies inférieures à 30 %. Elles
sont en géral symptomatiques (8). De plus, les patien-
tes asymptomatiques chez lesquelles une récidive est
découverte par examen systématique n’ont pas une
meilleure survie.
Il n’existe pas d’études prospectives randomisées mon-
trant l’intérêt d’une telle surveillance ; quant aux étu-
des rétrospectives, elles ne retrouvent pas de béfice
en terme de survie au dépistage des récidives ou des
tastases.
Les examens complémentaires systématiques ont un
intérêt limité dans le dépistage des récidives chez les
patientes traitées. En effet, les seules récidives curables
sont les cidives vaginales isoes, celables par le seul
examen clinique. On peut donc se contenter d’un examen
gynécologique régulier, couplé à des examens complé-
mentaires en cas de besoin. On ne doit néammoins pas
gliger l’inrêt psychologique pour la patiente d’un
examen clinique ou d’examens compmentaires nor-
maux. Dans tous les cas de figure, la mammographie
doit être systématique et annuelle. n
n
stade 0 : tumeur in situ
stade I : tumeur limitée à l’endomètre
stade IA : limitée à l’endomètre
stade IB : invasion inférieure ou égale à
la moitié du myomètre
stade IC : invasion supérieure à la moitié
du myomètre
stade II : tumeur envahissant le col
stade IIA : atteinte glandulaire de
l’endocol
stade IIB : atteinte de l’ensemble du
stroma du col
stade III : tumeur étendue hors de
l’utérus, limitée au pelvis
stade IIIA : atteinte de la séreuse et
ou cytologie péritonéale positive et ou
atteinte des annexes
stade IIIB : métastases vaginales
stade IIIC : métastases pelviennes et ou
atteinte des ganglions lombo aortiques
stade IV : tumeur avec métastases à
distance
stade IVA : atteinte de la vessie et/ou du
rectum
stade IVB : métastases à distance
incluant des atteintes ganglionnaires
abdominales et ou inguinales
GENESIS - N°145 - Janvier 2010 • 15
DR
Place de la lymphadénectomie
lomboaortique
La LLA systématique n’est pas recommandée du fait de
l’importance du geste, du terrain souvent débilité et de la rareté
de l’atteinte lomboaortique. Elle peut être réalisée en cas de
cancer à haut risque métastatique (cancer papillaire séreux,
grade 3, métastase ganglionnaire pelvienne avérée).
En revanche, l’adénectomie sélective d’un ganglion suspect peut
être proposée.
1. Piana L, Boubli L et al. J.Gynecol.Obstet.
Biol.Reprod 1986, 15, 347-54
2. Creasman WT, Morrow CP et al. Cancer
1987, 60, 2035-41
3. Lanciano RM, Greven KM. Gynecol.Oncol
1995, 57, 135-7
4. Scribner DR, Walker JL et al. Gynecol.Oncol
2001, 83, 563-68
5. Giannice R, Susini T, et al. Cancer 2001,
92, 2562-68
6. Delaney CP, Fazio VW et al. BR. J. Surg
2001, 88, 1533-8
7. Querleu D, Leblanc E, Castelain B. Ann.Surg
1994, 48, 930-5
8. Berchuch A, Anspach C, Evans AC et al.
Gynecol.Oncol. 1995, 59, 20-24.
9. Childers JM, Surwitt EA. Gynecol.Oncol.
1992 ; 45: 46-51.
10. Blanc B et coll. Pelvimag, n° 65 mars
2009
RÉFÉRENCES
La laparotomie reste la voie la plus utilisée ; elle permet de réaliser tous les gestes techniques,
mais au prix des inconvénients propres à la laparotomie : hospitalisation prolongée, accidents
thromboemboliques ou cicatrices.
Classification FIGO (1988)
La classification FIGO repose
sur les dones de l’intervention
chirurgicale et détermine en
partie la nature des traitements
complémentaires
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