
GÈNÉTHIQUE VOUS INFORME
Lettre Gènéthique, 37 rue des Volontaires 75725 Paris cedex 15
contact@genethique.org - www.genethique.org
Imp rIm er Ie : PRD - N° ISSN 1627.498
Embryon DECRYPTAGE
L’article de Cell
Azim Surani) qui travaillent depuis des années sur les cellules
souches et plus particulièrement sur les questions plus fondamen-
une perspective d’application aux infertilités, mais plutôt une meil-
leure connaissance des phénomènes génétiques, épigénétiques et
cellulaires, mis en jeu dans la formation de la lignée germinale, dans
l’embryon.
pu obtenir chez la souris, en 2012, des cellules germinales primor-
diales en appliquant un facteur appelé « BMP4 » à des cellules
« iPS » (cellules souches pluripotentes induites) qui sont des cellules
de la peau reprogrammées pour avoir la totipotence d’une cellule
embryonnaire. Ces cellules germinales primordiales pouvaient don-
cellules iPS (donc de la peau humaine) paraissait alors à portée
reproduire cette technologie chez l’homme n’avaient pas réussi : on
n’avait pu obtenir à partir des iPS que quelques cellules germinales
De nouvelles recherches
-
potentes humaines (cellules souches embryonnaires ou cellules
iPS) ont une pluripotence plus faible (dite « engagée ») que les
cellules souches pluripotentes de souris (qui ont une pluripotence
ils ont donc appliqué à des cellules souches pluripotentes humaines
un milieu spécial, le « medium 4 », qui a transformé ces cellules en
cellules pluripotentes de type « naïf », comme le sont les cellules
souches pluripotentes de souris. Et ils ont publié ce résultat en 2013.
Puis ils sont passés au stade suivant et ont appliqué la méthode de
Mitinori Saitou à ces cellules pluripotentes humaines de type « naïf ».
Et ils ont bien obtenu les cellules primordiales germinales humaines
aujourd’hui dans la revue Cell. Toutefois, si A. Surani et ses collègues
avaient bien prévu d’arriver à ce résultat, une surprise leur était tout
de même réservée : car le facteur qui préside à l’orientation des
cellules vers la lignée des cellules primordiales germinales, chez
l’homme, SOX17, n’a pas ce rôle chez la souris.
La réussite d’A.Surani et de ses collègues n’est qu’une première
étape sur la route menant à l’obtention de spermatozoïdes et d’ovo-
cytes humains à partir des iPS. Il est probable que ces chercheurs
poursuivent maintenant leur étude en explorant les stades suivants
de la gamétogénèse, avec le passage des cellules primordiales ger-
-
claré que ni lui, ni ses collaborateurs, ne se jugeaient prêts « à faire ce
plongeon » chez l’homme à cause des trop grandes inconnues que
le domaine humain.
Des conséquences éthiques
La possibilité de produire des gamètes fonctionnels des deux sexes
génétiques à partir d’iPSCs humaines est de fait préoccupante. Elle
est hautement discutable sur le plan éthique. Elle ouvre la porte non
seulement au « clonage reproductif », universellement condamné,
mais que bien peu de législations interdisent, mais encore à tous les
fantasmes reproductifs qui peuvent passer par l’imaginaire humain :
depuis l’enfant pour couples homosexuels jusqu’à l’enfant sans pa-
rent commandité par quelque entreprise et mis au monde par une
« grossesse pour autrui ». De plus, comme les cellules somatiques
destinées à être reprogrammées en iPSCs pour en faire des gamètes
pourraient être obtenues subrepticement d’une personne non vo-
lontaire, à son insu, il serait possible par ce moyen à une personne
célibataire d’avoir un enfant d’un donneur sans que celui-ci le sache.
Le grand perdant, comme toujours dans le domaine des procréa-
monde sans tenir compte de sa liberté et de ses droits.
■
, Pr. Maurice Mimoun
Ed. Albin Michel
Lu pour vous
Depuis de longues années le professeur Mimoun, chef du service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique de l’hôpital Saint-
Louis à Paris et du Centre de traitement des brûlés, est habitué à déer la mort. L’accompagnement d’un de ses amis, atteint d’un
cancer, va bouleverser tous ses repères. Il revient dans ce livre sur le cas de nombreux patients, et plonge le lecteur dans le quotidien du
médecin, ses décisions, ses doutes. Un essai, qui en quelques pages, rappelle que chaque situation est unique, que «tout bascule pour
presque rien», que «le mort» est nalement «heureux de vivre», qu’on ne peut pas tout prévoir et qu’«on verra bien demain»...
La réussite
d’A.Surani n’est
qu’une première
étape sur la route
menant à l’obten-
tion de spermato-
zoïdes et d’ovocytes
humains à partir
des iPS.
Le 24 décembre dernier, la revue Cell a publié les résultats des
travaux d’une équipe de chercheurs de l’Institut Weizmann
de Rehovot en Israël. Ils ont réussi à obtenir des cellules ger-
minales primordiales humaines, précurseurs des ovocytes et des
spermatozoïdes, en les dérivant de cellules souches pluripotentes
humaines, qui avaient été modifiées à cet effet afin qu’elles aient
une pluripotence plus forte (dite « naïve » ou « fondamentale »).
Des gamètes humains articiels créés à partir de cellules
souches ?
→