les diabétiques, le taux atteignait 7,4 %/an. Le risque est
d’autant plus important que la perfusion est anormale : il
est pour les hommes de 1,8 %/an en cas d’hypoperfusion
moyennement anormale à 5,5 % en cas d’hypoperfusion
très anormale (1,4 % et 7 % respectivement pour les fem-
mes). Enfin, pour les femmes diabétiques, le risque de
décès est plus élevé que pour les hommes, quel que soit le
degré d’anomalie de la perfusion [10].
Les facteurs prédictifs d’événements coronaires sont
l’intensité de l’hypoperfusion, le nombre de segments et
l’étendue du territoire atteints (figures 3A et 3B). D’autre
part, l’étude de populations à effectifs importants a précisé
le rôle des différents événements coronaires et de distin-
guer leur survenue en fonction du sexe.
Événements coronaires
chez des patients ayant
une prévalence élevée
de maladie coronaire
La cardiologie nucléaire a été utilisée comme un outil
participant à la décision de faire une coronarographie
chez les patients présentant une prévalence de maladie
coronaire moyenne. L’utiliser comme moyen d’évaluer le
pronostic, indépendamment de la connaissance des lé-
sions anatomiques, conduit à évaluer des patients dont la
prévalence de maladie coronaire est plus élevée.
Gibbons et al. [2] ont suivi pendant 3 ans ± 2 ans,
4 649 patients ayant un score de Duke après épreuve
d’effort les classant dans une zone à risque intermédiaire.
Ces patients ont eu une scintigraphie de perfusion nor-
male. Cinquante sept pour cent d’entre eux avaient une
épreuve d’effort avec angor ou signes électriques, 14 %
avaient un angor typique dans la vie quotidienne et
24,5 % un angor atypique. La survie cardiaqueà1anétait
de 99,8 %, à 5 ans de 99 % et à 7 ans de 98,5 %. La survie
sans infarctus était respectivement de 99,7 %, 97,8 %, et
96,6 %. La survie sans infarctus ni revascularisation était
respectivement de 98,2 %, 91,1 % et 87,1 %. Sachant que
le taux de mortalité après revascularisation est supérieur à
1 %, il est donc peu probable que la revascularisation
augmente la survie de ces patients à score de Duke inter-
médiaire, scintigraphie normale et ventricule gauche non
dilaté.
Un autre travail de Hachamovitch et al. [11] portant
sur 1 270 patients, non coronariens connus, présentant
une très forte prévalence de maladie coronaire (> 85 %) a
analysé le pronostic en fonction de la scintigraphie après
épreuve d’effort ou test pharmacologique à l’adénosine.
Les facteurs de risque étaient significatifs : 19 % de diabé-
tiques, 56 % d’hypertendus, 48 % de dyslipidémies, 95 %
d’angor typique. Quatre-vingt-quatorze pour cent avaient
un électrocardiogramme interprétable et 16 % un stress
positif. Le suivi était de 2,2 ans. La scintigraphie était
normale dans 47 % des cas, le taux de décès cardiaque de
0,6 %, et celui de décès cardiaque ou infarctus de 1,3 %.
Le taux de d’événements coronaires grave était de 7 % en
cas de scintigraphie fortement anormale (5,4 % après
effort et 9 % après adénosine).
Cette approche permet de classifier un grand nombre
de patients dans la zone à bas risque évitant ainsi des
coronarographies. D’autre part, cette stratégie est supé-
rieure tant sur le plan du coût que de l’identification du
risque à celle qui ne comporte qu’une épreuve d’effort
simple.
Étude simultanée de la fraction
d’éjection du ventricule gauche
(FEVG), des volumes
et de la perfusion pour l’appréciation
du pronostic
La FEVG est considérée comme un facteur majeur du
pronostic. Depuis l’apparition de la tomographie couplée
à l’électrocardiogramme, la technique donne accès à
l’analyse combinée de la perfusion et de la fonction ven-
triculaire gauche. La première étude de Sharir et al. [12]
du Cedars Sinai Hospital a porté sur 1 680 patients suivis
pendant 569 ±106 jours. Pendant cette période, il y a eu
156 événements coronaires (9,5 %), se répartissant en 39
décès (2,3 %), 16 infarctus du myocarde (0,95 %) et 101
revascularisations au delà du 60
e
jour post-scintigraphie.
Les facteurs indépendants de prédiction des événements
coronaires étaient la perfusion et le volume télésystolique
(VTS), alors que les facteurs indépendants prédictifs de
décès cardiaque étaient la FEVG et le VTS. Une FEVG
inférieure à 45 % et un VTS supérieur à 70 mL stratifiaient
les patients en groupe à haut risque. Un VTS inférieur à
70 mL est associé à une mortalité faible (0,4 %/an), même
en cas d’hypoperfusion sévère alors qu’un VTS supérieur à
70 mL avec une hypoperfusion sévère ou modérée est
associée à une forte mortalité (8,7 % et 7,5 %/an) [12].
Une perfusion normale est associée à un taux de
mortalité très faible (0,3 %/an), alors qu’une hypoperfu-
sion modérée ou sévère est associée à une mortalité plus
importante (2,4 % et 3,7 %/an). Une FEVG inférieure à
45 % et des anomalies perfusionnelles sévères ou modé-
rées étaient associées à une mortalité élevée (9,2 % et
5,7 %/an). Une FEVG supérieure à 45 % était associée à
une mortalité faible (1 %/an) quel que soit le degré
d’hypoperfusion. Une FEVG inférieure à 45 % et des
anomalies de perfusion sévères ou modérées étaient asso-
ciées à une forte mortalité (8,2 % et 7,5 %/an). Une per-
fusion normale est associée à une faible mortalité (1 %/an)
indépendamment du VTS.
À FEVG identique un VTS supérieur à 70 mL identifiait
les patients à plus haut risque que ceux dont le VTS est
inférieur à 70 mL.
mt cardio, vol. 2, n° 2, mars-avril 2006 227
Revue
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