LE GÉNOCIDE ARMÉNIEN
Dès l’Antiquité a existé un royaume d’Arménie conquis par les Romains en 75
avant J.-C., puis par les Arabes en 636. Au XIXesiècle, les Russes installés dans le
Caucase se voulurent les protecteurs des Arméniens de l’Empire ottoman, qui étaient
favorables aux tsars chrétiens; nombreux furent alors ceux qui passèrent en Russie cau-
casienne. Cette minorité de l’Empire était donc suspecte aux yeux des responsables
ottomans. Les premiers massacres commencèrent en 1894-1896, puis en 1909 où dans
la région de Dana 30000 personnes trouvèrent la mort.
La politique de «turquification» conduisit les autorités du massacre au génocide. À
partir d’avril 1915, l’élite politique et intellectuelle arménienne de Constantinople fut
massacrée, puis le peuple arménien systématiquement exterminé jusqu’en 1920. Ce
génocide coûta la vie à 1,5 million de personnes sur les 2,3 millions d’Arméniens vivant
en Turquie. En masse, des réfugiés partirent pour l’Iran, le Caucase, la Syrie et
l’Occident. Les bolcheviks créèrent en 1922 la république socialiste soviétique d’Arménie
qui réclama en 1936 à la Turquie les districts de Kars et d’Ardahan.
LE GÉNOCIDE KURDE
Les Kurdes, sunnites d’origine indo-européenne, pasteurs guerriers semi-nomades,
ont toujours lutté pour leur indépendance (principautés indépendantes aux Xeet
XIesiècles, république éphémère en Irak en 1945).
Le traité de Sèvres de 1920 envisagea la création d’un état kurde, mais le traité de
Lausanne en 1923 n’en fit plus mention. Les Kurdes subissaient ainsi le sort des
Arméniens. Établis dans le Kurdistan, en
Turquie orientale, en Arménie ex-sovié-
tique, dans le nord-ouest de l’Iran, dans le
nord-est de l’Irak, ils ont été persécutés
par tous leurs voisins désunis.
Des révoltes sévèrement réprimées
eurent lieu en Irak en 1922, 1931 (juste
après l’indépendance) et 1945; en Turquie,
en 1925, 1930, 1937. À la fin des années
1950, la résistance nationaliste kurde est
incarnée par Mustapha al-Barzani.
De 1961 à 1967 et de 1974 à 1975, des
combats si meurtriers se déroulèrent
dans les montagnes que l’on a pu parler
de génocide kurde. Surtout lorsqu’après
l’accord irako-iranien du 6 mars 1975,
l’Iran ferma sa frontière du Kurdistan privant de refuge la résistance kurde écrasée dans
le sang. Une partie des Kurdes d’Irak est déportée vers le sud. Barzani dénonça ce géno-
cide et en appela aux Nations unies.
Il meurt en 1979 aux États-Unis alors que la révolution irakienne provoque un revif du
nationalisme kurde.
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Mustafa al-Barzani
Né  en  1903  d’une  grande  famille  de
Barzan,  à la  pointe  septentrionale  de
l’Irak, ce montagnard dirige la  révolte
des Kurdes  menés  par  les Barzani  en
1931, signe  en 1945  l’accord recon-
naissant l’éphémère État kurde en Irak,
avant  de  fuir en  Iran, puis  treize  ans
après en Union soviétique.
La révolution irakienne de 1958 le
ramène au pays où il fonde le PDK
(Parti démocratique du Kurdistan). Bar-
zani  mène  la révolte  kurde  contre  le
gouvernement irakien de 1961 à 1970.