Septembre 1998 5
Préambule
L’extrême importance de l’éducation dans
la vie de lhomme et son influence toujours
croissante sur le développement de la
société moderne sont pour le Concile œ-
cuménique lobjet dune réflexion attentive.
En vérité, les conditions dexistence dau-
jourdhui rendent à la fois plus aisées et plus
urgentes la formation des jeunes ainsi que
l’éducation permanente des adultes. Les
hommes, en effet, dans une conscience aiguë
de leur dignité et de leur responsabilité,
souhaitent participer chaque jour plus active-
ment à la vie sociale, surtout à la vie écono-
mique et politique. Les merveilleux progrès
de la technique et de la recherche scienti-
fique, les nouveaux moyens de communica-
tion sociale, leur donnent la possibilité dans
le moment où ils jouissent de loisirs accrus,
daccéder plus aisément au patrimoine cultu-
rel et spirituel de lhumanité, et de senrichir
mutuellement grâce aux relations plus
étroites qui existent entre les groupes et
entre les peuples eux-mêmes.
Aussi sefforce-t-on partout de favoriser
toujours plus l’éducation; les droits primor-
diaux de lhomme à l’éducation, spécialement
ceux des enfants et des parents, sont re-
connus et les documents officiels en font état
[voir encadré, p. 7]. Devant la croissance
rapide du nombre des élèves, on multiplie de
toutes parts et on perfectionne les écoles, on
crée dautres institutions éducatives. Des
expériences nouvelles développent les mé-
thodes d’éducation et denseignement. Des
efforts de grande valeur sont accomplis pour
procurer ces biens à tous les hommes,
quoiquun grand nombre denfants et de
jeunes ne reçoivent même pas encore une
instruction élémentaire et que tant dautres
soient privés de l’éducation véritable qui dé-
veloppe à la fois la vérité et la charité.
Le 28 octobre 1965, le Pape Paul VI a
promulgué le texte final de la Déclaration sur
l’éducation chrétienne (Gravissimum educationis
momentum) que les Pères de Vatican II avaient
voté (2 290 voix pour et 35 contre) le même
jour. Nous présentons ici le texte intégral de
cette Déclaration qui, depuis le Concile, a
toujours été pour l’Église catholique un
document de référence pour toute réflexion sur
la vision chrétienne de l’éducation.
Appelée à assurer le développement de la personne
humaine, l’Église collabore avec tous ceux qui
promeuvent les droits de lhomme à l’éducation.
En même temps, elle répond aux besoins des chrétiens
qui désirent une éducation qui leur permette de vivre
pleinement le don de la foi et de rendre témoignage
de lespérance qui est en eux.
Le lieu privilégié de cette éducation est la famille et les
parents sont les principaux éducateurs. Mais laide de
la société civile et, dans le cas des familles chrétiennes,
de l’Église, est indispensable. L’Église remplit sa mission
éducative par divers moyens : la catéchèse, les divers
mouvements d’Église et surtout les écoles catholiques,
lesquelles jouent un rôle capital dans la formation
culturelle, civique, morale et religieuse des jeunes.
Cet engagement de l’Église sexerce à tous les niveaux
(jusqu’à luniversité) et dans tous les domaines.
Les Pères du Concile ont discuté le schéma sur
l’éducation pendant la troisième session, du 17 au 19
novembre 1964. Le texte final a été remanié pour
répondre aux réactions des Pères qui voulaient tenir
compte du fait que la majorité des jeunes ne
fréquentaient pas d’écoles catholiques et que l’école
n’était pas le seul moyen d’éducation. La Déclaration
finalement votée reste sur un plan général et laisse aux
Conférences épiscopales la tâche de réaliser les
adaptations aux conditions de chaque région.
Traduction française de la Déclaration publiée dans Concile
œcuménique Vatican II : Constitutions, Décrets, Déclarations,
Éditions du Centurion, 1967. Titre de Questions actuelles.
RÉSUMÉ
PERSPECTIVES
FICHE DE LECTURE
L’éducation et
la personne humaine
6 Questions actuelles
Mais, pour sacquitter de la mission que lui a
confiée le Seigneur qui la fondée, dannoncer
à tous les hommes le mystère du salut et de
tout édifier dans le Christ, notre sainte Mère
l’Église doit prendre soin de la totalité de la
vie de lhomme y compris de ses préoccupa-
tions terrestres, dans la mesure où elles sont
liées à sa vocation surnaturelle. Elle a donc un
rôle à jouer dans le progrès et le développe-
ment de l’éducation. Cest pourquoi le Concile
proclame certains principes fondamentaux de
l’éducation chrétienne, spécialement en ce
qui touche la vie scolaire. Une commission
spéciale devra, après le Concile, les dévelop-
per plus en détail. Les Conférences épisco-
pales auront à en faire lapplication en tenant
compte des circonstances locales. ()
Droit universel à l’éducation
1. Tous les hommes de nimporte quelle
race, âge ou condition, possèdent, en tant
quils jouissent de la dignité de personne, un
droit inaliénable à une éducation qui réponde
à leur vocation propre, soit conforme à leur
tempérament, à la différence des sexes, à la
culture et aux traditions nationales, en même
temps quouverte aux échanges fraternels
avec les autres peuples pour favoriser lunité
véritable et la paix dans le monde. Le but que
poursuit la véritable éducation est de former
la personne humaine dans la perspective de
sa fin la plus haute et du bien des groupes
dont lhomme est membre et au service des-
quels sexercera son activité dadulte.
Il faut donc, en tenant compte du progrès
des sciences psychologique, pédagogique et
didactique, aider les enfants et les jeunes
gens à développer harmonieusement leur ap-
titudes physiques, morales, intellectuelles, à
acquérir graduellement un sens plus aigu de
leur responsabilité, dans leffort soutenu pour
bien conduire leur vie personnelle et la
conquête de la vraie liberté, en surmontant
courageusement et généreusement tous les
obstacles. Quils bénéficient dune éducation
sexuelle à la fois positive et prudente au fur
et à mesure quils grandissent. De plus, quils
soient formés à la vie sociale de telle sorte
que, convenablement initiés aux techniques
appropriées et indispensables, ils deviennent
capables de sinsérer activement dans les
groupes qui constituent la communauté hu-
maine, de souvrir au dialogue avec autrui et
dapporter de bon cœur leur contribution à la
réalisation du bien commun.
De même, le Concile proclame le droit pour
les enfants et les jeunes gens d’être incités à
apprécier sainement les valeurs morales avec
une conscience droite et à les embrasser dans
une adhésion personnelle, et, tout autant, à
connaître et aimer Dieu plus parfaitement.
Aussi, demande-t-il instamment à tous ceux
qui gouvernent les peuples ou dirigent l’édu-
cation de faire en sorte que jamais la jeunesse
ne soit privée de ce droit sacré. Il exhorte les
fils de l’Église à travailler généreusement
dans tous les secteurs de l’éducation, spécia-
lement pour hâter la diffusion des bienfaits
dune éducation et dune instruction conve-
nables, pour tous, dans le monde entier.
L’éducation chrétienne
2. Devenus créatures nouvelles, en renais-
sant de leau et de lEsprit-Saint, appelés
enfants de Dieu et l’étant en vérité, tous les
chrétiens ont doit à une éducation chrétienne.
Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la
maturité ci-dessus décrite de la personne
humaine, mais principalement à ce que les bap-
tisés, introduits pas à pas dans la connaissance
du mystère du salut, deviennent chaque jour
plus conscients de ce don de la foi quils ont
reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en es-
prit et en vérité (cf. Jn 4, 23) avant tout dans
laction liturgique, soient transformés de façon
à mener leur vie personnelle selon lhomme
nouveau dans la justice et la sainteté de la vé-
rité (Ep 4, 22-24) et quainsi constituant cet
homme parfait, dans la force de l’âge, qui réa-
lise la plénitude du Christ (cf. Ep 4, 13), ils ap-
portent leur contribution à la croissance du
Corps mystique. Quen outre, conscients de
leur vocation, ils prennent lhabitude aussi bien
() En France,
lexemple le plus
récent de cette
« application »
aux circonstances
locales des
principes
de l’éducation
chrétienne est le
Statut de
lenseignement
catholique,
promulgué
dans sa forme
définitive
le 11 mars 1996
(voir plus loin,
p. 21-25).
Tous les hommes de n’importe
quelle race, âge ou condition,
possèdent un droit
inaliénable à une éducation
qui réponde à leur vocation.
Septembre 1998 7
et sociale, de leurs enfants. La famille est
donc la première école des vertus sociales
nécessaires à toute société. Mais cest sur-
tout dans la famille chrétienne, riche des
grâces et des exigences du sacrement de ma-
riage, que dès leur plus jeune âge les enfants
doivent, conformément à la foi reçue au bap-
tême, apprendre à découvrir Dieu et à lhono-
rer ainsi qu’à aimer le prochain; cest là quils
font la première expérience de l’Église et de
lauthentique vie humaine en société; cest
par la famille quils sont peu à peu introduits
dans la communauté des hommes et dans la
peuple de Dieu. Que les parents mesurent
donc bien limportance dune famille vraiment
chrétienne dans la vie et le progrès du peuple
de Dieu lui-même.
La tâche de dispenser l’éducation qui re-
vient en premier lieu à la famille, requiert
laide de toute la société. Outre les droits des
parents et ceux des éducateurs à qui ils
confient une partie de leur tâche, des respon-
sabilités et des droits précis reviennent à la
société civile en tant quil lui appartient dor-
de rendre témoignage à lespérance qui est en
eux (cf. 1 P 3, 15) que daider à la transforma-
tion chrétienne du monde, par quoi les valeurs
naturelles, reprises et intégrées dans la pers-
pective totale de lhomme racheté par le
Christ, contribuent au bien de toute la société.
Cest pourquoi le Concile rappelle aux pas-
teurs des âmes le grave devoir qui est le leur
de tout faire pour que tous les fidèles bénéfi-
cient de cette éducation chrétienne, surtout
les jeunes qui sont lespérance de l’Église. ()
Les responsables de l’éducation
3. Les parents, parce quils ont donné la vie
à leurs enfants, ont la très grave obligation de
les élever et, à ce titre, doivent être reconnus
comme leurs premiers et principaux éduca-
teurs. Le rôle éducatif des parents est dune
telle importance que, en cas de défaillance de
leur part, il peut difficilement être suppléé.
Cest aux parents, en effet, de créer une at-
mosphère familiale, animée par lamour et le
respect envers Dieu et les hommes, telle
quelle favorise l’éducation totale, personnelle
() Cette
expression,
employée par
les Pères du
Concile, a été
reprise maintes
fois dans les
documents de
l’Église sur la
pastorale de la
jeunesse et par
Jean-Paul II lors
des Journées
mondiales de la
jeunesse. (Voir,
« La jeunesse :
lespérance de
l’Église »,
Questions
actuelles [hors
série n°7 de la
Documentation
catholique)],
février 1997.)
Nous présentons ici des
extraits de la Déclaration
universelle des droits de
lhomme et de la Déclaration
des droits de lenfant
(adoptées par lassemblée
générale des Nations Unies
le 10 décembre 1948 et le
20 novembre 1960) qui
affirment toutes les deux le
droit universel à l’éducation :
Déclaration des droits
de l’homme
Article 16 :
1. Toute personne a droit à
l’éducation. L’éducation doit
être gratuite, au moins en ce
qui concerne lenseignement
élémentaire et fondamental.
Lenseignement technique
et professionnel doit être
généralisé; laccès aux études
supérieures doit être ouvert en
pleine égalité à tous en fonction
de leur mérite.
2. L’éducation doit viser au
plein épanouissement de
la personnalité humaine et
au renforcement du respect
des droits de lhomme et
des libertés fondamentales.
Elle doit favoriser la
compréhension, la tolérance et
lamitié entre toutes les nations
et tous les groupes raciaux
ou religieux, ainsi que le
développement des activités
des Nations Unies pour le
maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité,
le droit de choisir le genre
d’éducation à donner à leurs
enfants.
Déclaration des droits
de lenfant
Principe VII :
Lenfant a droit à une
éducation qui doit être gratuite
et obligatoire au moins aux
niveaux élémentaires. Il doit
bénéficier dune éducation qui
contribue à sa culture générale
et lui permette, dans des
conditions d’égalité des
chances, de développer
ses facultés, son jugement
personnel et son sens des
responsabilités morales
et sociales, et de devenir un
membre utile de la société.
Lintérêt supérieur de lenfant
doit être le guide de ceux
qui ont la responsabilité de son
éducation et de son orientation;
cette responsabilité incombe en
priorité à ses parents.
Lenfant doit avoir toutes
possibilités de se livrer à
des jeux et à des activités
récréatives, qui doivent être
orientés vers les fins visées par
l’éducation; la société et les
pouvoirs publics doivent
sefforcer de favoriser la
jouissance de ce droit.
LE DROIT UNIVERSEL À L’ÉDUCATION
8 Questions actuelles
ganiser ce qui est nécessaire au bien commun
temporel. Elle a, entre autres tâches, à pro-
mouvoir l’éducation de la jeunesse de mul-
tiples manières. Elle garantit les devoirs et
les droits des parents et dautres personnes
qui jouent un rôle dans l’éducation; elle leur
fournit son aide dans ce but. Selon le principe
de subsidiarité, en cas de défaillance des
parents ou à défaut dinitiatives dautres
groupements, cest à la société civile, compte
tenu cependant des désirs des parents, das-
surer l’éducation. En outre, dans la mesure
où le bien commun le demande, elle fonde ses
écoles et institutions éducatives propres.
Les tâches éducatives concernent enfin, à un
titre tout particulier, l’Église : non seulement
parce que, déjà, en tant que société également
humaine, il faut lui reconnaître une compé-
tence dans le domaine de l’éducation, mais sur-
tout parce quelle a pour fonction dannoncer
aux hommes la voie du salut, de communiquer
aux croyants la vie du Christ et de les aider par
une attention constante à atteindre le plein
épanouissement de cette vie du Christ. Àses
enfants, l’Église est donc tenue, comme Mère,
dassurer l’éducation qui inspirera toute leur
vie de lesprit du Christ; en même temps elle
soffre à travailler avec tous les hommes pour
promouvoir la personne humaine dans sa per-
fection, ainsi que pour assurer le bien de la so-
ciété terrestre et la construction dun monde
toujours plus humain. ()
Moyens variés au service
de l’éducation chrétienne
4. Dans laccomplissement de sa mission
éducative, l’Église, soucieuse dutiliser tous
les moyens appropriés, se préoccupe en par-
ticulier de ceux qui lui sont propres. Le pre-
mier est la formation catéchétique qui éclaire
et fortifie la foi, nourrit la vie selon lesprit du
Christ, achemine à la participation active et
consciente au mystère liturgique et incite à
laction apostolique. Mais l’Église fait grand
cas des autres moyens éducatifs qui appar-
tiennent au patrimoine commun de lhuma-
nité et peuvent beaucoup pour cultiver les
esprits et former les hommes; elle sefforce
de les pénétrer de son esprit et de les porter
à un niveau supérieur. Ce sont notamment
les moyens de communication sociale, les
multiples organismes qui ont pour objet le
développement du corps et de lesprit, les mou-
vements de jeunesse et surtout les écoles.
() Le document
officiel le plus
récent qui
développe ces
thèmes est
« L’école
catholique au
seuil du
troisième
millénaire »
(lettre de la
Congrégation
pour l’Éducation
catholique datée
de décembre
1997) dont nous
présentons un
extrait plus loin,
p. 33-38.
Le 20 novembre 1989, lONU
a adopté la Convention sur
les droits de lenfant. Les
signataires de ce document,
dont la France, acceptent et
affirment les visées de
l’éducation qui y sont
exprimées dans larticle 29 :
1. Les États parties conviennent
que l’éducation de lenfant doit
viser à :
a) Favoriser l’épanouissement
de la personnalité de lenfant
et le développement de ses
dons et de ses aptitudes
mentales et physiques, dans
toute la mesure de leurs
potentialités;
b) Inculquer à lenfant le
respect des droits de lhomme
et des libertés fondamentales,
et des principes consacrés dans
la Charte des Nations Unies;
c) Inculquer à lenfant le
respect de ses parents, de son
identité, de sa langue et de ses
valeurs culturelles, ainsi que le
respect des valeurs nationales
du pays dans lequel il vit,
du pays duquel il peut être
originaire et des civilisations
différentes de la sienne;
d) Préparer lenfant à assumer
les responsabilités de la vie
dans une société libre, dans un
esprit de compréhension, de
paix, de tolérance, d’égalité
entre les sexes et damitié entre
tous les peuples et groupes
ethniques, nationaux et
religieux, et avec les personnes
dorigine autochtone;
e) Inculquer à lenfant le
respect du milieu naturel.
2. Aucune disposition du
présent article () ne sera
interprétée dune manière qui
porte atteinte à la liberté des
personnes physiques ou
morales de créer et de diriger
des établissements
denseignement, à condition
que les principes énoncés
au paragraphe 1 du présent
article soient respectés et que
l’éducation dispensée dans
ces établissements soit
conforme aux normes
minimales que l’État aura
prescrites.
Pour le texte intégral de cette Convention,
voir DC 1990, n°2000, p. 167-176.
LA VISÉE DE L’ÉDUCATION SELON LONU
Le Concile exhorte donc les chrétiens, quil
sagisse de découvrir des méthodes pédago-
giques et une meilleure organisation des
études, ou bien de former des maîtres capables
d’éduquer convenablement les jeunes, à offrir
spontanément leur concours et, surtout par les
associations de parents, à suivre et à soutenir
tout le travail de l’école, en particulier, l’édu-
cation morale qui doit y être donnée.
Éducation morale et religieuse
à l’école
7. En outre, dans la conscience quelle a du
très grave devoir de veiller assidûment à
l’éducation morale et religieuse de tous ses
enfants, l’Église se doit d’être présente, avec
une affection et une aide toute particulière,
aux très nombreux enfants qui ne sont pas
élèves dans les écoles catholiques. Elle as-
sure cette présence à la fois par le témoi-
gnage de vie de leurs professeurs et direc-
teurs (••), laction apostolique de leurs
camarades et surtout par le ministère des
prêtres et des laïcs qui leur transmettent la
doctrine du salut avec des méthodes adaptées
à leur âge et aux circonstances, et les aident
spirituellement par toutes sortes dinitiatives,
suivant les circonstances de temps et de lieu.
Mais aux parents, elle rappelle le grave
devoir qui leur incombe de faire en sorte, au
besoin dexiger, que leurs enfants puissent
bénéficier de ces secours et progresser dans
leur formation chrétienne au rythme de leur
formation profane. Aussi, l’Église félicite-
t-elle les autorités et les sociétés civiles qui,
compte tenu du caractère pluraliste de
la société moderne, soucieuses du droit à
la liberté religieuse, aident les familles à as-
surer à leurs enfants dans toutes les écoles
une éducation conforme à leurs propres prin-
cipes moraux et religieux.
Importance de l’école
5. Entre tous les moyens d’éducation,
l’école revêt une importance particulière; elle
est spécialement, en vertu de sa mission, le
lieu de développement assidu des facultés
intellectuelles; en même temps elle exerce le
jugement, elle introduit au patrimoine cultu-
rel hérité des générations passées, elle pro-
meut le sens des valeurs, elle prépare à la vie
professionnelle, elle fait naître entre les
élèves de caractère et dorigine sociale diffé-
rents un esprit de camaraderie qui forme à
la compréhension mutuelle. De plus, elle
constitue comme un centre où se rencontrent
pour partager les responsabilités de son
fonctionnement et de son progrès, familles,
maîtres, groupements de tous genres créés
pour le développement de la vie culturelle,
civique et religieuse, la société civile et enfin,
toute la communauté humaine.
Devoirs et droits des parents
6. Les droits et devoirs, premiers et inalié-
nables, d’éduquer leurs enfants reviennent
aux parents. () Ils doivent donc jouir dune
liberté véritable dans le choix de l’école. Les
pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger
et de défendre les libertés des citoyens,
doivent veiller à la justice distributive en
répartissant laide des fonds publics de telle
sorte que les parents puissent jouir dune
authentique liberté dans le choix de l’école de
leurs enfants selon leur conscience.
Cest encore le rôle de l’État de veiller à
ce que tous les citoyens parviennent à parti-
ciper véritablement à la culture et soient
préparés comme il se doit à lexercice des
devoirs et des droits du citoyen. L’État doit
donc garantir le droit des enfants à une édu-
cation scolaire adéquate, veiller à la capacité
des maîtres, au niveau des études, ainsi qu’à
la santé des élèves, et dune façon générale
développer lensemble du système scolaire
sans perdre de vue le principe de subsidia-
rité, donc, en excluant nimporte quel mono-
pole scolaire. Tout monopole de ce genre est,
en effet, opposé aux droits innés de la
personne humaine, au progrès et à la diffu-
sion de la culture elle-même, à la concorde
entre les citoyens, enfin au pluralisme
qui est aujourdhui la règle dans un grand
nombre de sociétés.
() Sur ce droit
(et devoir) des
parent, voir
surtout les
encadrés aux
pages 7 et 16 et
lextrait de
Familiaris
consortio sur
« le ministère
éducatif des
parents »,
présenté plus
loin, p. 14-19.
(••) Sur
limportance que
l’Église accorde à
ce témoignage,
cf. « Le laïc
catholique,
témoin de la foi
dans l’école, sa
manière de vivre
cette identité et
sa formation »
(voir « Pour aller
plus loin »,
p. 38).
Cest encore le rôle de l’État
de veiller à ce que tous
les citoyens parviennent
à participer véritablement
à la culture.
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