L'élément comportemental unitaire est le neurone, et il existe trois sortes de neurones, les plus nombreux et de
très loin étant les neurones intermédiaires. Un circuit cérébral peut être schématisé par un neurone sensoriel
(interface d'entrée) excitant un réseau opératoire de neurones intermédiaires effectuant une analyse de signal,
dont la sortie débouche sur un neurone moteur (interface de sortie).
Un autre candidat à l'unité fonctionnelle est la microcolonne. Si le neurone isolé est une unité fonctionnelle
indiscutable en certaines régions du système nerveux central comme la moelle épinière, il est fort possible qu'au
niveau du cortex cérébral, l'unité fonctionnelle soit un groupement de 110 neurones. Comme par ailleurs, la
digitalisation* des influx est constamment restaurée, il est fort possible que le nombre d'unités fonctionnelles
dotées d'une signification dans le cerveau n'atteigne pas le milliard.
L'organisation cérébrale générale est décrite commodément au travers de trois cerveaux distincts :
- le cerveau des relations avec le corps propre qui renseigne sur les équilibres corporels, mais également adapte
ces équilibres aux exigences des réponses comportementales. Le contrôle des dépenses énergétiques, la vigilance
générale, le plaisir, sont importants à considérer sur le plan cognitif.
- le cerveau des relations avec l'environnement qui analyse les données des interfaces perceptives d'entrée,
prépare les réponses des interfaces motrices de sorties. C'est ce cerveau qui est le plus modifié par les données de
mémoire.
- le cerveau de l'arbitrage et de la gestion qui s'interpose anatomiquement et fonctionnellement entre les deux
cerveaux précédents pour régler au mieux le comportement, intégrant les données des expériences passées et
préparant un gain futur d'autonomie.
B) La Conscience et la Subjectivité
La subjectivité et la conscience sont des notions complexes qui peuvent mieux s'étudier en envisageant de
nombreuses facettes.
1. Les Facettes de la Subjectivité.
Une subjectivité constitutive est dessinée par des réseaux qui relient entre eux les éléments d'un système.
- un réseau d'interactions internes est indispensable pour transmettre déséquilibres et rééquilibres à l'ensemble
des constituants. Une boucle externe peut venir s'ajouter, opposant l'organisation interne constante et un
environnement variable, ce qui traduit un autre aspect de subjectivité.
- un réseau d'informations circulantes entre éléments, selon une organisation holographique, vient doubler les
interactions internes.
- le réseau autopoiétique* assure un renouvellement continu du moi qui finalise une grande partie de l'activité du
système, par lui et pour lui.
La subjectivité réapparaît dans une finalité qui fait de l'adaptation de l'ensemble du système à l'environnement, le
but essentiel de l'activité interne.
~ Le développement relève tout autant de cette adaptation car il traduit des corrections permettant une meilleure
adaptation.
~ Cette adaptation définit une finalité interne. Pour un observateur extérieur, un système peut paraître avoir une
action concertée sur l'environnement, traduisant une finalité externe mais cette finalité est également reliée à la
finalité interne qui est premiŠre. De ce fait, tout système inclut dans un ensemble conserve intégralement sa
subjectivité et sa finalité propre. Le système immunitaire est un excellent exemple qui masque, derrière une
fonction de neutralisation des antigènes, le maintien de l'équilibre interne du réseau immunitaire.
Le "cogito ergo sum" traduit bien le sentiment que la conscience d'être est fondamentalement relié à la pensée,
dont le support le plus habituel est le discours intérieur. Le fait que nous pensons dans la langue que nous avons
apprise, est compatible avec le fait que la conscience de soi pourrait être une donnée apprise.
~ La subjectivité du discours peut être renforcée avec de gros risques d'autonomie fonctionnelle*. Inversement,
le dialogue, la vérification expérimentale traduisent une boucle externe qui tisse un système de relations avec
l'environnement, sans pour autant altérer la subjectivité du discours.
Très longtemps, la décision a été réduite au droit du prince. Inversement, la théorie de jeux de von Neumann a
fait de la décision, la conclusion d'une évaluation. Entre ces deux approches, il y a place pour la décision à
risques, subjective, imposée par la rationalité restreinte.
~ Le choix apparemment intuitif d'une stratégie traduit une expérience antérieure o— échecs et succès ont été
mieux mémorisés que les raisons d'échec ou de succès.