Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 3 - mai-juin 2009
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Revue de presse
(110 mn) à celle du 18fluoro-déoxyglucose
(20 mn) et parce qu’il est plus spécifiquement
capté par les tumeurs neuroendocrines.
L’étude princeps a été publiée en 2001 (1).
Dans une série comportant 17 patients, les
auteurs ont montré que le PET scan F-Dopa
avait une sensibilité très nettement supé-
rieure (65 %) au PET scan FDG (29 %) et à
l’OctréoScan® (57 %) pour la détection des
tumeurs endocrines digestives. L’équipe de
médecine nucléaire de l’hôpital Tenon a tout
récemment publié son expérience de l’utili-
sation du PET scan F-Dopa pour la détection
des tumeurs endocrines digestives dans un
groupe de patients pour lesquels les autres
investigations localisatrices s’étaient révélées
infructueuses ou douteuses (2). Une série
de 101 PET scan F-Dopa a été réalisée chez
78 patients atteints de tumeur endocrine
digestive histologiquement démontrée
(23 tumeurs carcinoïdes iléales, 26 tumeurs
digestives non carcinoïdes : pancréatiques,
gastroduodénales, rectales ou vésiculaires) ou
suspectée sur des arguments dont la solidité
(tableau clinique et biologique évocateurs,
métastases) ne faisait pas mettre en doute ce
diagnostic. Les résultats les plus démonstra-
tifs concernent les tumeurs carcinoïdes. Pour
ce groupe de tumeurs, le PET scan F-Dopa a
une spécificité de 100 % et une sensibilité
de 97 %. Ses valeurs prédictives positive et
négative sont respectivement de 100 % et
de 97 %. Les auteurs proposent que le PET
scan F-Dopa soit l’examen de visualisation
isotopique de première ligne pour la locali-
sation des tumeurs carcinoïdes. Dans cette
stratégie, le coût élevé de l’examen serait en
partie contrebalancé par l’économie réalisée
grâce à la réduction du nombre d’actes de
médecine nucléaire (le patient est présent
3 heures pour le PET scan F-Dopa, contre
plusieurs étapes réparties sur 2 à 3 jours
pour les autres examens isotopiques) et à
l’éviction d’autres examens de localisation.
Particulièrement intéressant pour la détection
des tumeurs carcinoïdes, le PET scan F-Dopa
apparaît moins performant dans celle des
autres tumeurs neuroendocrines digestives.
Si la spécificité de l’examen reste très bonne
(100 %), la sensibilité l’est beaucoup moins :
53 % pour les tumeurs neuroendocrines
occultes, 28 % pour les tumeurs non carci-
noïdes. C’est donc pour la localisation des
tumeurs carcinoïdes que l’indication de la
réalisation d’un PET scan F-Dopa apparaît
la plus intéressante. Le coût de l’examen
(6 000 euros) est néanmoins un facteur limi-
tant d’importance. Il amène à se demander
si le PET scan F-Dopa doit représenter le
seul examen isotopique pour localiser les
tumeurs carcinoïdes ou s’il doit être réservé
aux tumeurs non clairement identifiées par
les autres techniques d’imagerie (radiologi-
ques ou isotopiques) ? Cette dernière option,
logique sur le plan de la démarche médicale,
ferait alors tomber l’argument de réduction
de coût lié à la réalisation d’un seul examen
localisateur (le PET scan F-Dopa) et aux moin-
dres contraintes pour le patient, qui ne se
déplace qu’une seule fois pour sa réalisation.
Sur la base des résultats de cette étude, il
semble qu’une forte présomption de tumeur
carcinoïde digestive devrait faire privilégier
la première attitude, et ce d’autant que la
réalisation du PET scan F-Dopa comme exa-
men isotopique de première ligne influe sur
les modalités de prise en charge du patient.
A contrario, ce n’est qu’en dernière ligne que
cet examen isotopique devrait logiquement
être réalisé si la nature tumorale suspectée
est bien endocrine et non carcinoïde.
J.M. Kuhn, service d’endocrinologie
et maladies métaboliques, CHU de Rouen.
1.Hoegerle S et al. Nuklearmedizin 1999;38:127.
2.Montravers F et al. Clin Endocrinol 2009;94:1295-301.
Les inhibiteurs de tyrosine kinase :
un nouvel espoir pour le traitement
des tumeurs neuroendocrines
Les phéochromocytomes malins sont des
tumeurs neuroendocrines de mauvais pro-
nostic car très peu sensibles aux radio- et aux
chimiothérapies classiques. Les inhibiteurs
de tyrosine kinase (TyrK) sont une nouvelle
classe d’agents pharmacologiques utilisés en
oncologie pour leurs effets antiprolifératif et
antiangiogénique. Ces inhibiteurs bloquent
la transduction du signal lors de l’activation
de récepteurs à TyrK, tels que les récepteurs
de l’EGF ou du VEGF. Une équipe américaine
rapporte un cas de maladie de von Hippel-
Lindau qui se manifeste chez une patiente par
un carcinome rénal bilatéral, une tumeur pan-
créatique et un phéochromocytome malin
exprimant les récepteurs du VEGF, de l’EGF
et du PDGFβ. L’administration durant 6 mois
(6 cycles de 28 jours) de sunitinib, un puissant
inhibiteur de TyrK, a réduit d’environ 60 % les
taux circulants de normétanéphrine et de
chromogranine A, reflétant une baisse de
l’activité sécrétoire du phéochromo cytome.
Le sunitinib a également diminué la taille des
masses tumorales (– 50 % pour les tumeurs
rénales, – 38 % pour la tumeur pancréati-
que, – 21 % pour le phéochromocytome).
L’inhibiteur de TyrK a amélioré l’état général
de la patiente : réduction de la pression arté-
rielle, une reprise de poids et diminution des
douleurs abdominales. Cette étude montre
que les inhibiteurs de TyrK sont des outils
pharmacologiques prometteurs pour le
traitement des tumeurs dans le cadre d’une
maladie de von Hippel-Lindau.
E. Louiset, laboratoire de différenciation
et de communication neuronale et neuroendocrine
(DC2N), unité mixte Inserm U413, EA4310, IFRMP23,
université de Rouen, Mont-Saint-Aignan.
•Jimenez C et al. J Clin Endocrinol Metab 2009;94:386-91.
Le mieux (glycémique) peut-il
devenir l’ennemi du bien (-être) ?
Une importante étude menée conjointement
en Australie et en Nouvelle-Zélande chez
plusieurs milliers de patients hospitalisés en
unités de soins intensifs (USI), publiée dans
le New England Journal of Medicine (1), remet
en question le dogme de l’effet protecteur de
la normoglycémie stricte sur le pronostic du
patient fragile admis en USI. Depuis les études
monocentriques menées par Van den Berghe
et al. (2, 3), la prise en charge de l’hypergly-
cémie en USI a été profondément repensée
dans le sens du renforcement et de la géné-
ralisation des protocoles d’insulino thérapie
intensifiée, qui, dans ces études, amélioraient
drastiquement le pronostic vital des patients
hyperglycémiques en USI chirurgicale (2) et
en USI médicale (3). Ainsi, des références
de normoglycémie stricte (80-110 mg/dl)
ont été adoptées dans les USI du monde