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montr´e, de fa¸con brillante, Maxwell et Boltzmann, `a la fin du XIXesi`ecle, dans le cas des
gaz en cr´eant la physique statistique : on retrouve la loi exp´erimentale des gaz tr`es dilu´es de
Boyle-Mariotte et mˆeme celle de van der Waals pour les moins dilu´es, `a partir des collisions
entre particules. Effectivement, peu importe le comportement individuel des atomes devant
l’accumulation statistique dˆu au grand nombre de particules.
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Evidemment, c’est surtout en biologie, science sp´ecialis´ee de la vie, que la complexit´e des
interactions rend la pr´evision difficile, car, il est vrai, dans ce domaine, rien jusqu’`a maintenant
n’a pu ˆetre mis en ´equation.
Constatant cette grande difficult´e dans la pr´ediction, en raison de la complexit´e, Laughlin
l’interpr`ete comme la fin du r´eductionnisme, lequel r´ep´etons-le consiste en une vision hi´erar-
chis´ee des lois depuis le niveau fondamental microscopique jusqu’au niveau macroscopique, le
lien se faisant par les interactions entre entit´es ´el´ementaires et par la statistique. Cette fin du
r´eductionnisme ne doit pas ˆetre confondue avec celle de la physique, comme l’ont envisag´e de
grands physiciens, notamment Richard Feynman (Prix Nobel en 1975, pour sa contribution
`a la synth`ese ´electrofaible) et Leon Cooper (Prix Nobel en 1972 pour son interpr´etation de
la supraconductivit´e) ; dans ce contexte, certains astrophysiciens, n’h´esitent pas `a envisa-
ger la Th´eorie du Tout, dans laquelle s’ach`everait la derni`ere synth`ese, celle de la physique
quantique et de la relativit´e G´en´erale.
Avec la th´eorie de l’´emergence, Laughlin propose au contraire d’abandonner une fois pour
toutes la piste r´eductionniste pour expliquer et maˆıtriser les ph´enom`enes macroscopiques
observ´es, ceux qui nous entourent et ceux cr´e´es par l’homme.
II.2 D´eveloppement de la pens´ee de Laughlin
Dans son ouvrage, Laughlin d´eveloppe, avec une forte conviction, ses id´ees sur l’´emergence, en
r´ep´etant plus qu’il ne d´emontre, et en profitant de l’occasion pour nous livrer des anecdotes
qui le confortent dans sa propre conception de la physique et de la vie.
Nous avons retenu dans son argumentaire quelques phrases significatives, `a contenu scienti-
fique certain, mais `a interpr´etation parfois discutable.
1. Loi de fronti`ere
Page 29 : ”Les lois importantes que nous connaissons, sans aucune exception, sont d’heureuses
d´ecouvertes et non des d´eductions.”
Commentaire : Certes, mais elles n’ont pas toutes le mˆeme degr´e d’universalit´e.
Exemples
1) Les lois de Kepler se d´eduisent de loi fondamentale de la dynamique et de la force d’at-
traction universelle.
2) L’invariance de la vitesse de la lumi`ere est une d´eduction et non une d´ecouverte : l’exp´e-
rimentateur Albert Michelson est mort anti-relativiste en 1931, sans d´ecouvrir la relativit´e,
qu’un jeune penseur Albert Einstein d´eduisit en 1905, non d’une exp´erience mais d’une g´eniale
synth`ese intellectuelle qui fait honneur `a l’esprit humain.
3) On d´eduit la loi des gaz parfaits d’une analyse statistique des collisions. Mieux encore
qu’expliquer, on pr´edit la valeur de la constante dans l’expression de l’entropie d’un gaz
parfait (formule de Sackur-T´etrode), ce que confirme l’exp´erience.
2. Vivre avec l’incertitude
Page 40 : ”... l’exactitude des constantes fondamentales est un effet collectif qui se produit
en raison d’un principe d’organisation.”
Commentaire : En physique, on admet l’existence de quelques constantes fondamentales, la
constante d’Einstein c, la constante de Planck h, la constante de gravitation G, la charge