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DOCUMENT de TRAVAIL
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Un modèle radioconcentrique pour l'analyse
des espaces ruraux périurbains
Florence GOFFETTE-NAGOT*
Décembre 1995
* Char de recherche au LATEC (URA 342 - CNRS)
Un modèle radioconcentrique pour lanalyse
des espaces ruraux périurbains*
Résumé
La recherche des facteurs de la riurbanisation, phénomène qui a fortement contribué à la
croissance démographique des espaces ruraux français depuis vingt-cinq ans, amène à poser la
question des déterminants de la localisation résidentielle dans les espaces ruraux dactifs ayant un lieu
de travail urbain. Il est nécessaire, pour pondre à cette question, de transposer les modèles de
localisation résidentielle habituellement employés à léchelle de la ville - qui sont à la base du courant
de la Nouvelle Economie Urbaine - aux espaces périurbains. Lespace auquel on s’inresse se
différencie en effet à la fois des espaces urbains et des espaces ruraux vus sous langle de la
production agricole. Mais on montre qu’il peut être analysé en conservant le même raisonnement que
pour les espaces urbains. Cette tranposition cessite toutefois ladoption dhypothèses spécifiques,
qui sont synthétisées dans un système déquations simultaes. Au-delà des résultats concernant les
déterminants de la riurbanisation qu’on peut tirer des estimations de ce sysme, le travail mené
permet des réflexions sur la pertinence du modèle radioconcentrique utilisé, de façon nérale, puis
plus précisément en ce qui concerne les espaces ruraux.
Summary
Research on périurbanisation’s factors, a phenomenon that has greatly contributed to the
demographic growth of french rural areas for the last twenty-five years, leads us to ask about the
determinants of residential location in rural areas of people working in a town. In order to answer this
question, it is necessary to transpose residential location models usually used at the scale of the town
- models which are the basis of the New Urban Economics school - to periurban areas. The area we
are interested in is differentiated both from urban and rural areas seen from the agricultural production
point of view. But we show that it can be analysed in the same manner as urban areas. However, this
transposition requires the adoption of specific hypotheses, which are synthesized in a simultaneous
equations model. Beyond the results concerning the periurbanization’s determinants that can be
derived from the estimations of this model, this work allows us to think about the relevance of the
concentric model used, in general, and more precisely concerning rural areas.
Mots-clefs : Espaces ruraux, riurbanisation, économie spatiale, Nouvelle Economie Urbaine,
systèmes déquations simultanées.
Key-words : Rural areas, counterurbanization, spatial economics, New Urban Economics,
simultaneous equation systems.
* Une première version de ce papier a été présentée au colloque de l’ASRDLF à Toulouse, les 30-31 août et
1" septembre 1995, à l’occasion de l’attribution du Prix Philippe Aydalot.
Le regain démographique qui touche les communes rurales depuis vingt-cinq ans en France,
et qui a été obser de façon similaire dans la plupart des pays occidentaux, est considéré comme une
mutation dans la fon d'occuper l'espace (Cavailhès et al., 1994). Une partie des phénomènes à
l'origine de cette croissance démographique est identife : il s'agit de migrations d'actifs, qui
choisissent de résider dans une commune rurale tout en conservant un emploi en ville, constituant un
mouvement nommé en France « riurbanisation ». Ce mouvement est manifeste dans l'observation
directe des mobilis résidentielles (Bonvalet, Fribourg, 1990 ; Goffette-Nagot, 1994), mais
transparaît également par le biais des changements qui lui sont liés : augmentation des migrations
alternantes entre communes urbaines et rurales, vague de construction de maisons individuelles au-
delà du front d'urbanisation.
Ce phénomène de périurbanisation s'étend de plus en plus loin des centres urbains et doit
être pris en compte lors de la planification de l'implantation des équipements publics. Il induit en outre
une croissance des emplois dans les espaces qu'il touche et constitue de la sorte une des bases du
développement économique des espaces ruraux (Schmitt, 1995b). Ainsi, la périurbanisation n'est pas,
comme on le laisse parfois entendre, réductible à une transformation des communes rurales en simples
villages-dortoirs. C'est ce qui explique l'importance de la riurbanisation dans les préoccupations
d'aménagement du territoire et amène à poser la question des déterminants de la périurbanisation.
On peut aborder cette question sous l'angle microéconomique, en cherchant les déterminants
des choix de localisation résidentielle des actifs ayant un lieu de travail urbain. C'est la problématique
qui a été retenue dans le travail présenté ici et la question ainsi posée fait référence aux moles de la
Nouvelle Economie Urbaine (NEU). En effet, l’objectif de ces moles est de déterminer la
localisation résidentielle déquilibre des nages à l’intérieur de la ville. Cette dernière est supposée
être un espace homogène, posdant un centre unique où sont situés tous les emplois, et parcouru par
un réseau de transport radial. Les ménages se localisent de façon à maximiser leur utilité sous
contrainte, sachant quils supportent un coût de transport vers leur lieu de travail, fonction de la
distance au centre, et quils sont en concurrence pour l’occupation du sol. Ce cadre dhypothèses
simple permet en particulier dexpliquer la décroissance des rentes foncières urbaines au fur et à
mesure de léloignement du centre.
Il s'agit donc de transposer ce type d'approche, conçu initialement pour analyser lespace
urbain, pour l'appliquer au choix de localisationsidentielle dans les espaces périurbains. Nous
crirons, dans une premre section, cette transposition, ainsi que les hypothèses quelle amène à
poser. Nous aboutissons de la sorte à un modèle de localisation résidentielle en zone périurbaine, dont
la construction et les résultats destimations seront présentés dans la seconde section. Enfin, ce travail
tend à montrer quun élargissement du domaine dapplication des modèles de la NEU est possible, et
que les espaces ruraux périurbains se conforment au schéma radioconcentrique prédit par ces modèles.
Ces réflexions feront lobjet dune troisième section.
2
I. LA TRANSPOSITION D'UN MODÈLE URBAIN
AUX ESPACES RURAUX RIURBAINS
Avant de décrire la transposition à effectuer pour passer dun modèle urbain à un modèle
adapaux espaces riurbains, il est utile de rappeler en quoi les moles urbains sont eux-mêmes
ritiers dune problématique élaborée initialement pour analyser lespace agricole : les modèles de la
NEU sont en effet dans la filiation directe du modèle radioconcentrique de Von Thünen, l’ensemble
constituant ce quon peut appeler le « paradigme thiinenien ». Ce rappel nous permettra de situer notre
analyse par rapport à lensemble de ce courant.
1.1. Du modèle agricole de Von Thünen à la Nouvelle Economie Urbaine
Le cadre dhypothèses simple présen en introduction est commun à lensemble des
moles de localisation résidentielle qui fondent le courant de la NEU - courant dont Fujita (1989) et
Papageorgiou (1990) ont propo les formalisations les plus achees et dont on trouvera des
synthèses dans Derycke (1992 ; 1995) ou Gannon (1994). Ces hypotses concernant l'espace placent
ce courant théorique dans la filiation directe du mole de Von Thünen : celui-ci analysait la
localisation des systèmes de production agricole, au sein dun espace isotrope, par rapport à une ville-
marché qui en constitue le centre, léloignement à la ville engendrant des cts de transport des
denrées agricoles. C'est pourquoi on considère que la NEU fait partie du « paradigme thiinenien »
(Huriot, 1994). Dans les deux cas, dans le cadre d'un modèle radioconcentrique, on cherche à analyser
les variations spatiales de la rente foncre et de l'intensité de l'usage du sol, la principale variable
explicative étant la distance par rapport au centre.
D'autres caractéristiques, comme lutilisation dune méthode hypothético-déductive ou
l’hypothèse dallocation des terres à l’utilisation offrant la plus forte rente, montrent la continuité
existant entre les modèles de la NEU et le modèle thiinenien, mais on discerne également certains
points de rupture (Baumont, Huriot, 1995). En particulier, le passage du modèle thiinenien au modèle
qui fonde la NEU se fait par changement de l'objet d'analyse, puisqu'on passe « des champs à la
ville ». L'espace considéré n'est plus celui qui entoure une ville-marc : on s'intéresse cette fois
uniquement à la structure interne de la ville, le point de rence devenant le centre-ville, autour
duquel les ménages qui y ont un emploi cherchent à se localiser. Comme par un effet de zoom, on se
focalise donc sur ce qui, dans l'analyse de Von Thünen, était considéré comme un point, un espace
sans épaisseur, une boîte noire.
Cette transposition implique naturellement un changement des cagories d'agents
considérées : il ne s'agit plus de la localisation des agriculteurs, mais de celle des résidents1. On peut
cependant montrer que le choix qui est fait, dans les moles de la NEU, de se placer dans une
optique privilégiant la consommation n'est pas directement exigé par la transposition touchant l'objet
d'analyse, puisquon pourrait tout aussi bien analyser la structuration de lespace résidentiel du point
de vue de la production des logements (Baumont, Huriot, 1995). Un renversement de point de vue
1 Pour l'essentiel, puisque Alonso (1964) considère également d'autres cagories d'agents, dans sa recherche d'un
équilibre spatial général, qui en fait, dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, ne peut exister quen
labsence de coûts de transport (Starrett, 1978).
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