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Un cadre d’analyse approprié :
la « théorie de la Base » ou la prise en compte
de l’économie résidentielle
La « théorie de la Base » propose une grille d’analyse des dynamiques territoriales qui s’ap-
puie sur l’évaluation du volume et de la provenance des revenus disponibles sur un territoire
(les revenus « basiques »). Elle repose sur l’idée que le développement d’un territoire dé-
pend de deux faits générateurs :
Le premier fait générateur : capter des revenus tirés de l’extérieur
Suivant le postulat de la théorie de la Base, le premier fait générateur de développement
pour un territoire renvoie à sa capacité à capter des revenus tirés de l’extérieur. Un premier
champ d’action possible revient, dans cette optique, à chercher à accroître les revenus dits
de la Base « productive » correspondants aux revenus tirés de l’exportation de biens et
services produits localement. Une telle stratégie privilégie une optique de développement
plutôt exogène qu’endogène et constitue, bien souvent, la modalité d’intervention privilé-
giée des collectivités et de leurs partenaires en matière économique.
Mais cette approche n’épuise pas l’étendue des modes de captation de revenus extérieurs
puisqu’une part significative et grandissante des flux de revenus entrants sont indépen-
dants des capacités productives du territoire. Ils proviennent du paiement des retraites et
des salaires versés aux actifs résidant sur le territoire mais travaillant hors du territoire (les
navetteurs), de la présence de résidents secondaires une partie de l’année, de touristes de
passage... L’existence de ces revenus - dits de la Base « résidentielle » - qui irriguent les
territoires indépendamment de leur capacité productive pointe, dès lors, l’intérêt d’ouvrir la
réflexion économique sur les facteurs d’attractivité résidentielle et touristique des teritoires,
dans une perspective de captation et/ou de rétention de ces revenus. Pour être complet, il
faut aussi tenir compte des revenus tirés de la présence de fonctionnaires : il s’agit des reve-
nus dits de la Base « publique » ; ainsi que de l’ensemble des revenus sociaux de transferts
dont bénéficient les habitants (allocations chômage, aides sociales diverses,...) qui compo-
sent les revenus dits de la Base « sociale ».
Le deuxième fait générateur : faire circuler sur le territoire les revenus captés à l’extérieur
La création de richesses et d’emplois supplémentaires provient ensuite de la capacité du
territoire à réinjecter les revenus captés à l’extérieur dans l’économie locale. Les revenus
captés sur l’extérieur sont du pouvoir d’achat qui, par le biais de la demande en produits et
services exercée par les résidents, permet de susciter à son tour de l’activité et des emplois
dits « domestiques », selon un mécanisme keynésien bien connu de multiplicateur de dé-
pense de consommation (les revenus dépensés localement suscitent la création d’emplois
et de revenus qui sont eux-mêmes, pour partie, injectés dans l’économie locale, etc.). Les
dépenses réalisées en dehors du territoire représentent à cet égard une évasion monétaire
pour le territoire en question se traduisant in fine par un « manque à gagner » en termes
d’activités et d’emplois locaux. Cette approche conduit alors à poser le regard sur les effets
d’entraînement générés par les revenus présents sur le territoire.