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Fiche d’information sur les perturbateurs endocriniens : le Mercure
Source : www.sabotage-hormonal.org. Mise à jour : février 2010
Nom de la substance Mercure
Précisions : composés Le mercure existe sous trois formes :
-le mercure élémentaire : élément liquide argenté, brillant et volatil
qui dégage une vapeur incolore et inodore à la température de la
pièce ;
-le mercure inorganique : élément formé lorsque le mercure
élémentaire est combiné à d'autres éléments comme le soufre, le
chlore ou l'oxygène afin de créer des composés connus sous le
nom de sels de mercure ;
-le mercure organique : composés, comme le méthylmercure,
formés lorsque le mercure élémentaire est combiné à du carbone.
(Santé Canada, 2008).
Synonymes ou abréviations Hg (Méthylmercure : MeHg)
No. CAS Mercure : 7439-97-6
Méthylmercure : 22967-92-6
Formule moléculaire et
structure
Type d’utilisation Principaux producteurs d’émissions de mercure (INRP et Santé
Canada, cité dans Trip, L. 2001et Ravi, A. 2006))
Production du chlore pour l’industrie des pâtes à papier (cathode
de mercure – principale source de contamination industrielle dans
les années 1970), et de la soude;
le secteur des mines (extraction de l’or en particulier) et des
fonderies (métaux);
le secteur de l’énergie électrique d’origine thermique (centrales
thermiques alimentées au charbon - principale source mondiale);
les installations d’incinération de déchets urbains et de déchets
médicaux;
fabrication d’amalgames dentaires, d’appareils de mesure et de
régulation, de contrôles et commutateurs électriques, piles,
éclairage et autres emplois.
Volume produit par l’industrie Des données de 2002 évaluent la production mondiale de mercure à
environ 2000 tonnes métriques annuelles, la moitié provenant de
l’extraction et l’autre moitié d’autres sources (récupération-recyclage).
Toutefois la quantité réelle est probablement beaucoup plus grande :
tous les pays ne publient pas leurs chiffres de production, ce qui
explique l’incertitude(PNUE, 2002, p. 119). A elle seule, l’extraction
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minière à petite échelle pourrait représenter de 650 à 1 000 tonnes de
mercure consommées par an (Ravi, A. 2006).
Si les systèmes de collecte et de recyclage étaient en place, le
mercure que l’on peut récupérer dans les déchets et les produits en fin
d’usage pourrait suffire aux besoin mondiaux (PNUE, 2002).
Émissions :
L’estimation des émissions mondiales de mercure d’origine
anthropique, toute sources confondues, est très difficile ; une
estimation donnait 3000 tonnes en 2002 (PNUE, 2002)
En 1995, environ 12 tonnes de mercure ont été rejetées directement
dans l’atmosphère par les industries et les entreprises canadiennes
(source : INRP, cité dans Trip, L., 2001). De 1995 à 2003, les
émissions anthropiques de mercure au Canada ont diminué pour
atteindre au total un peu moins de sept tonnes, surtout à cause de
l'amélioration des procédés dans l'industrie minière des métaux
communs. (Environnement Canada (1))
La consultation de la base de données de l’INRP indique que 277 sites
industriels rejettent du mercure et ses composés au Canada, en 2006.
Il faut noter que le mercure est aussi relâché dans l’environnement par
des sources géologiques naturelles telles des rochers, le sol, les
évents marins et des volcans (Environnement Canada (1) ; Schröeder,
W., 2002).
Produits dans lesquels on
retrouve la substance Thermomètres
Ampoules et tubes fluorescents
Amalgames au mercure pour obturations dentaires
Piles
Certaines crèmes éclaircissantes pour la peau
Certaines crèmes et onguents antiseptiques
Certains vaccins
Certaines gouttes pour les yeux
Exposition Transport par l’air et l’eau : Le mercure est relâché dans
l’environnement sous forme de vapeur et voyage sur de longues
distances par les courants atmosphériques, ou sous forme solide dans
l’eau et le sol.
Ingestion : L’absorption humaine de mercure se fait majoritairement
par la consommation de poissons d’eau douce ou de produits de la
mer contaminés, sous la forme méthylmercure (EWG, 2008). Le
méthylmercure, facilement absorbé par la digestion, se répartit dans
tous les tissus du corps, peut atteindre le cerveau et traverser la
barrière placentaire, et est en partie excrété par les sécrétion biliaires
(EFSA, 2008).
Inhalation : L’absorption de mercure sous forme inorganique peut
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aussi se faire par les poumons. Le mercure va alors dans les reins et
dans une faible mesure, dans le foie (EFSA, 2008).
Réglementation applicable (Canada, É-U, Europe, autres)
Globalement, les pays industrialisés (USA, Europe, Canada) réglementent l’utilisation, l’importation, les
rejets de mercure et en encouragent la substitution. Toutefois, l’usage du mercure dans des conditions
dangereuses pour la santé humaine et non contrôlée se fait dans beaucoup de pays d’Afrique, d’Asie et
d’Amérique du Sud. Le PNUE, en 2007, estimait que les efforts actuellement déployés à l'échelle
mondiale pour réduire les risques qu'entraîne le mercure ne sont pas suffisants (Environnement Canada
(2)).
Canada :
La Loi canadienne sur la protection de l'environnement, 1999 (LCPE, 1999), inclut le mercure dans
les substances toxiques qui font l’objet d’une surveillance et de mesures (Environnement Canada,
(2)). Pour plus de détails consultez la Stratégie de gestion du risque pour les produits contenant du
mercure (Environnement Canada, 2006), ou encore le document intitulé Mesures de gestion du risque
proposées pour les produits contenant du mercure (Environnement Canada, 2007), et les résultats de
la consultation publique sur cette stratégie (Environnement Canada, 2008).
Normes d’exposition s’il y a lieu (Canada, É-U, Europe, autres)
La dose hebdomadaire tolérable de mercure (concernant essentiellement le méthylmercure absorbé dans
l’alimentation), préconisée en 2003 par l’OMS, est de 1,6 μg/kg/pc/semaine1, soit 0,23 μg/kg/pc/jour, en
tenant compte à la fois de l’importance du poisson dans la nutrition et de la protection du foetus exposé
via les aliments consommés par la mère (OMS, 2003).
Toutefois, les doses de référence ou recommandations concernant l’exposition au méthylmercure sont
de :
- aux États-Unis : 0,1 μg/kg pc/jour (0,7 μg/kg pc/semaine) (EPA, 2001) ,
- au Canada : 0,47 μg/kg pc/jour pour les adultes (soit 3,29 μg/kg pc/semaine) et 0,2 µg/kg p.c./ jour
pour les enfants et femmes en âge de procréation (soit 1,4 μg/kg/pc/semaine) (Santé Canada, 2008).
- Normes fixées par Santé Canada (Santé Canada, 2007): La concentration maximale acceptable pour le
mercure dans les poissons commerciaux est de 0,5 partie par million (ppm), incluant le thon en conserve.
Toutefois, une concentration maximale acceptable de mercure de 1,0 ppm s'applique depuis 2007 aux
espèces suivantes: thon, requin, espadon, escolar, voilier et hoplostète orange, frais ou congelés. Les
concentrations de mercure dans ces espèces se situent de façon générale entre 0,5 et 1,5 ppm, sauf le
thon en conserve qui en contient généralement moins, ce qui amène Santé Canada à recommander de
limiter leur consommation.
- Recommandation de Santé Canada concernant la consommation de poisson :
-Requin, espadon et thon frais ou congelé : Adulte : jusqu'à 150 grammes par semaine. Toutefois, les
femmes enceintes ou qui prévoient le devenir et celles qui allaitent doivent limiter leur consommation
à 150 grammes par mois ou moins. Les enfants de 5 à 11 ans peuvent en consommer jusqu'à 125
grammes par mois et les enfants de 1 à 4 ans doivent limiter leur consommation à 75 grammes par
mois ou moins.
1Note : L’abréviation pc signifie poids corporel.
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-Thon blanc en conserve : La femme enceinte ou qui prévoit le devenir et la femme qui allaite peuvent
consommer jusqu'à quatre portions de thon blanc en conserve par semaine. Une portion du Guide
alimentaire équivaut à 75 g, 2 ½ onces, 125 ml ou ½ tasse. L'enfant de un à quatre ans peut
consommer une portion ou moins de thon blanc par semaine. L'enfant de cinq à onze ans peut
consommer jusqu'à deux portions de thon blanc par semaine. (Note : d’après le même avis de Santé
Canada, les autres espèces de thon sont en moyenne moins contaminées par le mercure).
L’ensemble des lignes directrices de Santé Canada concernant la limitation de l’exposition au mercure
dans différents milieux et activités peut être consulté auxQuestions 17 (Consommation du poisson) et 59
du document du site internet : http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/mercur/index-
fra.php.
La substance est-elle
persistante? Le mercure est un élément chimique qui ne peut pas se décomposer ni
se dégrader pour former des substances inoffensives. Lorsqu'il est
rejeté dans l'environnement par des sources anthropiques, il peut
circuler dans l'atmosphère pendant très longtemps. (EFSA, 2004)
Étant donné qu'il s'agit d'un élément, le mercure n'est pas
biodégradable. Il se convertit en ses diverses formes par un éventail
de transformations biogéochimiques et abiotiques et lors du transport
atmosphérique. Bien que la forme et la disponibilité du mercure pour
les organismes vivants puissent changer avec le temps, on retrouve
encore cet élément persistant dans l'environnement. (Environnement
Canada (1))
La substance est-elle
facilement éliminée par
l’organisme?
Le corps humain se débarrasse de la moitié d’une quantité de mercure
ingérée dans une période d’environ deux mois (EWG, 2008).
La substance s’accumule-t-elle
dans l’organisme? Le mercure se bioaccumule dans la chaîne alimentaire, principalement
sous sa forme méthylmercure. Il s’accumule en particulier dans les
tissus musculaires des organismes aquatiques et marins, pour arriver
jusqu’à l’humain par le poisson consommé (Environnement Canada).
Le corps humain peut aussi accumuler du mercure dans les tissus du
cerveau, de la thyroïde et des reins, en particulier suite à l’exposition
au mercure inorganique (mercure sous forme vapeur).
Le mercure va s’accumuler à de plus fortes concentrations dans le
sang du foetus que dans le celui de la femme enceinte (ATSDR,
1999).
Résumé des conclusions des mesures des effets de la substance
Le méthylmercure, que le corps absorbe six fois plus facilement que le mercure inorganique, utilise des
cellules qui forment normalement une barrière contre les toxines pour se déplacer dans le corps. Il peut
traverser la barrière hémato-encéphalique et la barrière placentaire et réagir directement avec les cellules
embryonnaires et les cellules du cerveau. Ses effets sont particulièrement ressentis dans les reins et les
systèmes neurologiques. Bien que de faibles niveaux ne soient pas directement mortels pour certains
organismes, les effets toxicologiques comme une diminution de la reproduction, de la croissance, du
neurodéveloppement et de l'aptitude à apprendre, associée à des troubles du comportement, peuvent
accroître le taux de mortalité et le risque de prédation de certaines espèces sauvages.(Environnement
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Canada (1))
Animaux :
Les études récentes montrent que la contamination par le méthylmercure affecte les systèmes
endocriniens et reproducteurs de populations de poissons et d’oiseaux prédateurs, compromettant leur
reproduction. La contamination d’oiseaux et de mammifères atteint des niveaux de toxicité entraînant des
problèmes neurologique et la mort dans certains endroits (Madison, 2006). On a établi une corrélation
entre les concentrations de mercure dans le sang et les niveaux des espèces prédatrices. Une enquête
sur la concentration de mercure dans les huards dans cinq régions des États-Unis et du Canada indique
que les concentrations de mercure dans le sang augmentent quand on se déplace de l'ouest vers l'est, et
que l'on trouve les niveaux les plus élevés dans la partie du sud-est du Canada. On pense que des
niveaux élevés de mercure nuisent à la reproduction du huard et sont également à l'origine des problèmes
de croissance. Ces problèmes entraînent inévitablement une augmentation du taux de mortalité et une
diminution du taux de natalité et, par conséquent, une réduction de leur population naturelle.
De plus, on a trouvé du mercure dans des mammifères prédateurs comme la loutre du centre-sud de
l'Ontario. On estime que les niveaux élevés de mercure trouvés dans la loutre pourraient conduire à une
mortalité précoce en raison de la toxicité et des modifications du comportement.La gravité des effets
toxiques est liée au degré d'exposition, et peut varier d'une déficience légère à l'infécondité ou la mort.
(Environnement Canada (1).
Des études sur différents animaux dont la panthère de Floride montrent une forte probabilité que le
mercure, en association avec d’autres contaminants (PCB, organochlorés, famille du DDE...), joue un rôle
dans des problèmes de reproduction, d’immunosuppression, et de perturbation endocrinienne.
(Facemyre, C.F., 1995)
Des études en laboratoire sur des rats montrent que l’exposition conjointe au méthylmercure et aux PCBs
affecte certaines fonctions motrices, et diminue la secrétion de certaines hormones thyroïdiennes de la
génération dont les mères ont été exposées. (Roegge, C.S., 2005)
Humains :
L’exposition via les amalgames dentaires ne semble pas être, actuellement, considérée comme un
danger pour la santé humaine : « Les dernières observations n'indiquent pas que le mercure, sous forme
d'amalgame, présente un risque pour la santé humaine de la population en général » (Environnement
Canada, 2007). Des revues d’études récentes ne montrent pas d’effets visibles sur la santé de
l’exposition au mercure par les amalgames dentaires. (Brownawell AM, 2005), mais certains auteurs
insistent sur l’hypothèse que le mercure des amalgames participe à l’exposition au méthylmercure ingéré
(Björnberg, K.A., 2006).
L’exposition alimentaire au méthylmercure chez les adultes, incluant de faibles doses, peut engendrer des
troubles neurologiques (déficit dans la motricité fine, la coordination, l’attention, la mémoire verbale), ce
qui a été étudié sur différentes populations à travers le monde (Lebel et al., 1996 ; Dolbec, J., 2000 ;
Yokoo, E.M., 2003 ; Carta, P., 2003).
L’exposition occupationnelle de travailleurs aux vapeurs de mercure inorganique aurait un lien avec de
possibles perturbations dans les secrétions thyroïdiennes et sexuelles, mais toutes les études ne
concordent pas (Mc Gregor, A.J., 1991 ; Barragard, L., 1994).
Les populations les plus susceptibles d’avoir des problèmes reliés à l’ingestion alimentaire à faible dose
de mercure sont les femmes enceintes et les foetus, ainsi que les enfants :
Le mercure passe dans le sang du cordon et tend à s’accumuler dans le foetus ; l’enfant allaité reçoit
aussi du mercure par le lait maternel. (Björnberg, K.A., 2005)
Les effets négatifs de l’exposition foetale au mercure sur le développement neuromoteur, visuel et
cognitif des enfants via l’alimentation maternelle ont été observés chez des populations mangeant
beaucoup de poissons, en particulier chez les enfants Inuits au Canada, et dans bien d’autres pays
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