Les effets du mercure sur la santé écologique La plupart des études scientifiques touchant le mercure s’intéressent au cycle de cet élément dans les lacs et les autres écosystèmes aquatiques (rivières, cours d’eau, marais et océans). Ceci est principalement dû au fait que les niveaux de mercure habituellement retrouvés dans les environnements terrestres ne sont pas suffisamment élevés pour représenter une menace pour la santé animale et/ou humaine. Cependant, les environnements humides comme les terres inondées et les lacs favorisent la transformation du mercure en sa forme la plus dangereuse, le méthylmercure (processus appelé « méthylation ») qui présente des effets toxiques à des concentrations beaucoup plus faibles. La présence de bactéries méthylantes et d’organismes vivants, qui absorbent initialement le méthylmercure dans leur régime alimentaire, crée alors des conditions favorables pour la bioaccumulation de méthylmercure dans les communautés de poissons. Plusieurs espèces animales, halieutiques et fauniques, qui dépendent des poissons pour se nourrir, deviennent alors à risque d'un empoisonnement au mercure. Les loutres, les huards, les visons et les balbuzards sont autant d’exemples d’espèces consommant du poisson et qui peuvent être menacées. Parmi ces espèces, les huards ont fait l’objet de nombreuses études, permettant aux scientifiques d’en savoir plus à propos des effets toxiques du mercure sur les espèces animales au régime riche en poisson. Ainsi, il a été démontré que plusieurs communautés de huards vivant dans l’Est du Canada et le Nord Est des États-Unis présentent des teneurs en mercure très élevées et démontrent de nombreux problèmes de reproduction et de comportement. La présence de mercure dans les réservoirs hydroélectriques a constitué un enjeu environnemental majeur dans le Nord du Canada, et particulièrement au Québec, où l’on retrouve l’un des plus important développement hydroélectrique au monde. La création d’immenses réservoirs provoque l’inondation de milliers de kilomètres carrés de forêt, créant des environnements propices à la transformation du mercure en sa forme la plus toxique, le méthylmercure. Ainsi, la décomposition des végétaux de la forêt inondée favorise l’accroissement de l’activité des colonies de microorganismes qui transforment par leur action le mercure contenu dans le sol, qu’il soit d’origine naturelle ou anthropique. Le méthylmercure ainsi produit peut s’accumuler dans les espèces aquatiques, rendant certains poissons impropres à une consommation régulière par la faune et les humains. Ce phénomène perdure malheureusement pour plusieurs décennies suivant la mise en eau des réservoirs, avant que les teneurs en mercure des poissons ne retrouvent leurs niveaux initiaux.