Coll., Marie, le culte de la vierge dans la société médiévale, éd. Dom. Iogna-Prat, Eric Palazzo, Daniel Russo, Paris : Beauchesne, 1996 PC p. 173-291 : Daniel Russo, « Les représentations mariales dans l’art d’Occident. Essai sur la formation d’une tradition iconographique » 3 périodes : - romain : Ve-VIe s., influence des patriarches orientaux - impérial : Carolingiens, puis Ottoniens - grégorien Pas de représentations de Marie dans l’art des premiers chrétiens, mais seulement Christ sur modèle des panégyriques antiques. Dans la lutte autour du dogme de la Trinité avant même le Concile de Chalcédoine en 451, Marie est représentée comme mère de Jésus pour souligner le dogme de l’incarnation. Le plus souvent dans le cadre de l’adoration des mages, souligne la simplicité terrestre de Marie. En même temps apparaît Marie comme orante, dans son rôle d’intercesseur auprès de Dieu : Irénée voit en elle l’avocate du genre humain, « réparatrice » de Eve. Ambroise utilise la chasteté mariale comme métaphore pour l’intégrité ecclésiale, marquant la frontière entre ce qui appartient à l’Eglise et ce qui reste extérieur. Plus tard on imaginera une Vierge qui enveloppe la communauté des chrétiens. A partir du Ve s. Marie est représentée comme reine avec les attributs royaux, le siège décoré de pattes de lion, sur le modèle de l’impératrice Eudoxie. Les attributs sont byzantins alors que Marie sert la propagande du siège de Rome. VIe s. resurgit le thème de l’Annonciation ; puis l’adoration des mages où une Marie noble trône en majesté. Grégoire le Grand politise la fonction épiscopale, il utilise Marie reine dans le cadre de la nouvelle interprétation des pouvoirs. Marie trônante est préférée au Christ en majesté, souvent associée au souverain pontife dont elle garantit le pouvoir. Le pape est le second enfant de Marie. Sous les empereurs carolingiens puis ottoniens, la représentation mariale se fait moins dogmatique/symbolique et plus miraculeuse. Dans la lutte pour le pouvoir entre empire et Eglise elle est utilisée pour affirmer la prééminence de la seconde. Orante, dolente, les scènes utilisées se multiplient, son ascension imaginée à partir de celle du Christ. Marie en gloire représente l’Eglise. A partir du XIe s. on associe Marie à la Sagesse : Haymon d’Auxerre développe à partir de là la prédestination de Marie. Les apocryphes sont utilisés pour enrichir l’imaginaire marial, Marie occupe la première place en lieu et place du Christ. Elle est le rempart de l’Empire, de plus en plus de monuments lui sont dédiés. Sous les Ottons l’adoration des mages est vue comme des princes qui rendent hommage, non plus dans une étable mais un palais somptueux. Marie devient l’emblème du pouvoir impérial. Marie-Eglise préside le cortège des vertus. Dans la réforme monastique du XIIe s. Marie incarne l’idéal de réforme, ainsi que la prééminence du pape. Son rôle d’intercession est modelé sur le personnage d’Isis. Avec la Dormition et la Résurrection, Marie occupe dorénavant le centre de toutes autres représentations. Le livre qu’elle arbore maintenant désigne le Verbe fait chair. Marie bascule vers le registre de la majesté à mesure que le Christ bascule vers celui de la souffrance. Un Couronnement de la Vierge fait souvent face au Jugement Dernier. Giotto en fait la co-rédemptrice du genre humain. Elle est désormais au centre de la piété et se révèle comme « structure de la Chrétienté ». (284) Elle symbolise l’orthodoxie, et les phases d’intense dévotion accompagnent les phases de persécution des juifs et hérétiques.