- 2 -
INTRODUCTION
Le droit chinois ne connaissait pas la notion juridique d’expropriation pendant longtemps jusqu’à la
révision en 2004 de la Constitution en vigueur. Par cette dernière révision, l’article 10, alinéa 3 de la
Constitution, qui auparavant disposait que « [D]ans l’intérêt public, l’État peut, selon les dispositions de la loi,
réquisitionner la terre » est désormais modifié comme suit : « [D]ans l’intérêt public, l’État peut, selon les
dispositions de la loi, exproprier ou réquisitionner la terre avec l’indemnisations ». De manière plus
significative, l’article 13 de la Constitution, qui prévoyait que « [L]’État protège le droit des citoyens à la
propriété de revenus légitimes, d’épargne, de maisons d’habitation et d’autres biens légalement acquis. L’État
protège, selon les dispositions de la loi, le droit des citoyens à l’héritage des biens privés » est profondément
refonte par l’introduction du principe selon lequel « la propriété privée légale des citoyens est inviolable » et
« [D]ans l’intérêt public, l’État peut, selon les dispositions de la loi, exproprier ou réquisitionner la propriété
privée des citoyens avec l’indemnisation ». S’il existait les mesures d’expropriation des biens collectifs –à
savoir les terres agricoles en droit chinois– et des biens privés avant l’a révision de la Constitution en vigueur,
elles ont pourtant été systématiquement assimilées à la procédure de réquisition. C’est par la révision
constitutionnelle en 2004 que les trois principes cardinaux applicables à l’expropriation ont été introduits en
droit chinois, à savoir la but d’intérêt public, la procédure légale et l’exigence d’indemnisation. Toutefois, sur le
plan législatif, il n’existe pas une loi spécifique applicable à l’expropriation en Chine jusqu’au jour, alors qu’en
droit français il s’agit du Code d’expropriation pour cause d’utilité publique. En effet, des lois et règlements,
voire certains arrêtés ministériels, coexistent et gouvernent les opérations d’expropriation1. Ce mélange des
textes normatifs caractérisés par leur incohérence et ineffectivité, n’a pas pu soumettre les pratiques
d’expropriation aux principes constitutionnels ainsi proclamés pour répondre au besoin de protéger la propriété
privée comme droit fondamental des citoyens. D’où résultent des abus de l’expropriation et par conséquent des
protestations des expropriés souvent avec la prise des gestes radicaux. Une analyse sur la raison du phénomène
d’abus de l’expropriation et des résistances hors la loi nous amène à constater les problèmes actuels du droit
administratif chinois –ceux qui sont spécifiques à l’expropriation, mais aussi ceux d’ordre général– au regard
des exigences d’État de droit, principe constitutionnel officiellement reconnu par la Chine à la fin des années
1 Les règles applicables à l’expropriation figure notamment dans la Constitution en viguer, la loi sur les droits réels, la loi
d’administration du sol, la loi sur l’administration des biens immobiliers dans les zones urbaines, loi sur la planification urbaine et
rurale, Règlement d’administration sur la démolition des bâtiments dans des zones urbaines, Réglement sur l’indemnisation des
expropriations de terreset du relogement de la population en cas de construction de grands et moyens barrages, Circulaire du Conseil
des Affaires de l’État sur le renforcement des contrôles de l’utilisation des sols, etc.