Mémoire
Le pied et ses déformations
morpho-statiques
Forme et usure de la chaussure
Ann. Kinésilhér., 1980.7,43-60.
M.C. PLASSE *
Ce travail extrêmement original intéressera ceux de nos lecteurs
qui s'intéressent au pied et àsa pathologie. Sortant des sentiers battus,
l'auteur nous présente une méthode simple de prise d'observation sur la
chaussure et le pied qui la porte. On découvrira tout au long de ce texte
combien la démarchepeut être riche d'enseignements.
INTRODUCTION
Le pied, ensemble fonctionnel complexe est souvent l'objet de
déformations entraînant une modification de la répartition des pressions
sur toute sa surface plantaire.
Cet organe, une grande partie de la journée, est enserré dans une
chaussure plus ou moins bien adaptée àsa morphologie. Cette étude du
pied et de la chaussure a pour but d'observer le retentissement des
diverses déformations du pied sur la chaussure ainsi que les contraintes
qu'imprime cette chaussure au pied qu'elle enferme.
MATÉRIEL ET MÉTHODE UTILISÉS
Prise de vue du pied et de la chaussure
Le pied est observé par l'intermédiaire d'un appareil photogra-
phique 24-36 Reflex muni d'un objectif normal:
1 :3,5 F=55 mm.
La prise de vue est faite, sujet en station bipodale, pied de face ou de
profil interne ou de profil externe ou de l'arrière, suivant la déformation
constatée.
L'étude photographique de la face plantaire est faite en décharge,
sujet allongé .
M.C.M.K., Centre de Rééducation St-Lazard (Médecin-chef, Dr FAJAL) F 60000 Beauvais.
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La chaussure est également prise de face, de dos, de côté ·ou de
dessous.
Prise de l'empreinte plantaire
La répartition des pressions du pied sur le sol est objectivée par la
prise de l'empreinte plantaire faite à l'aide du photopodogramme,
technique de Viladot :
Une feuille de papier photographique est exposée à la lumière; la
plante du pied est badigeonnée de révélateur; le pied est posé d'aplomb
sur la feuille de papier photographique, pendant trente secondes, en
station bipédestre. L'épreuve ainsi réalisée est fixée et lavée.
Le révélateur, chassé par la pression du pied forme une ligne sombre
périphérique déterminant le contour de la zone portante du pied sur le sol.
Outre les zones d'appui l'empreinte montre les plis et la trame de la peau,
les durillons ou verrues. Plus grande est la pression, plus l'image est claire.
On juge ainsi des excès et des défauts d'appui.
Choix de la population
L'observation est réalisée sur huit sujets adultes, quatre de sexe
masculin et quatre de sexe féminin.
Ces sujets ne présentent aucune pathologie du pied ni des segments
sus-jacents.
La répartition de la population se situe entre 20 ans et 50 ans.
Le pied normal
Statique normale du pied
A la partie antérieure du pied les trois phalanges des cinq orteils et les
têtes métatarsiennes sont en contact avec le sol par leur face plantaire.
Dans le plan frontal postérieur du pied l'axe du talon et l'axe de la jambe
forment une très légère angulation à sommet interne.
Dans le plan sagittal toute la longueur du bord externe du pied repose
sur le sol. Le bord interne ne repose sur le sol qu'à sa partie antérieure et à
sa partie postérieure; entre ces deux points d'appui le bord interne n'entre
pas en contact avec le sol, c'est l'arche interne du pied.
Empreinte normale du pied (fig. 1)
L'empreinte représente la zone d'appui du pied: elle montre un appui
homogène du talon postérieur, et la partie antérieure d'appui marque une
bande transversale plus large que l'appui postérieur. Ces deux appuis sont
réunis par une bande externe, partie la plus étroite de l'empreinte. A la
partie antérieure de l'empreinte apparaît l'appui des cinq orteils.
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AVANT
..••••• Appui des
orteils
FIG. 1. - Empreinte plantaire normale en
charge; observer l'appui antérieur complet, la
large empreinte externe, le placement de tous
les orteils.
RÉSULTATS
Observation sur pied masculin droit présentant un varus calcanéen (fig. 2)
(2 a) Les axes de la jambe et du talon tracés sur la photo postérieure
du pied montrent un varus calcanéen : déviation de l'axe talonnier en bas
et en dedans par rapport àl'axe jambier. La partie externe du talon semble
plus écrasée que la pertie interne.
(2 b) Sur la photo postérieure de la chaussure on retrouve cette
déformation: diminution de la hauteur du talon dans la partie externe, axe
transversal du contrefort oblique en bàs et en dehors.
(2 c) La photo de la chaussure vue de face montre une déformation
antérieure liée au varus calcanéen : obliquité de la semelle en bas et en
dehors marquant un point d'hyper appui externe avec débordement
externe du corps de la chaussure par rapport àla semelle.
(2 d) Sur la photo de la chaussure vue de profil externe on note une
diminution d'épaisseur de la semelle résultant de l'hyper appui externe.
(2 e) Sur l'empreinte plantaire on retrouve cette zone d'hyper appui
externe, le contour externe s'amenuisant de l'arrière vers l'avant pour
marquer une zone beaucoup plus claire àla partie tout antérieure et
externe.
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FIG.2 a. - Vue postérieure.
FIG. 2 c. - Vue de face.
FIG. 2 d. - Vue de profil externe.
FIG.2 e. - Empreinte plantaire.
FIG.2 b. - Vue postérieure.
En résumé, la déformation en varus de l'arrière-pied déporte les points
d'appui sur la partie externe de l'ensemble du pied, hyper appui retrouvé
au niveau de l'empreinte plantaire de la chaussure. Cette chaussure
fabriquée en peau souple épouse les déformations du pied.
Observation sur pied masculin droit présentant un varus calcanéen, un pied creux et un
début de rétraction des orteils en griffe (fig. 3).
(3 a) Les axes de la jambe et du talon tracés sur le pied vu
postérieurement montrent un varus calcanéen: déviation en bas et en
dedans de l'axe talonnier par rapport àl'axe jambier.
(3 b) Sur la chaussure vue de dos on retrouve la déformation
calcanéenne : usure du talon dans sa partie externe et débord àl'extérieur
du cuir de la chaussure par rapport au talon.
(3 e) La photo du pied vu de profil interne montre une augmentation
du creusement de l'arche interne.
(3 d) Sur la photo du pied vu de profil externe on voit que le bord ne
repose pas totalement sur le sol. Le dos du pied est convexe vers le haut.
Les orteils montrent un début de rétraction en griffe: flexion dorsale de la
première phalange et flexion plantaire de la deuxième phalange marquées
surtout au niveau des deuxième et troisième orteils.
(3 e) Sur l'empreinte plantaire on retrouve le pied creux avec
disparition d'une partie de la bande externe d'appui. L'empreinte des
orteils très sombre et de petite dimension marque un défaut d'appui sur
ceux-ci.
(3 f) La chaussure vue de profil montre une cassure àsa partie
antérieure. A ce niveau le cuir forme des plis. Le bout de la chaussure
relevé vers le haut n'appuie pas sur le sol.
En résumé la déformation postérieure du pied se retrouve sur le talon
de la chaussure. Le pied creux a imposé une cassure de la partie antérieure
de la chaussure, ce qui accentue le défaut d'appui des orteils et leur
rétraction en griffe.
Observation sur pied masculin droit présentant un valgus calcanéen et une convexité de
l'avant-pied dans ses parties externe et interne (fig. 4).
(4 a) Les axes de la jambe et du talon tra,çés sur la photo postérieure
du pied montrent un valgus calcanéen : déviation de l'axe talonnier en bas
et en dehors par rapport àl'axe jambier.
(4 b) Sur la photo postérieure de la chaussure on retrouve le valgus
calcanéen : obliquité en bas et en dehors de la couture du contrefort qui
s'est décousue, débord en dedans du cuir par rapport àla semelle. Le talon
est usé dans sa partie interne.
(4 e) La photo de la face plantaire du pied montre àsa partie
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