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nécessité du créé (des lois qui le gouvernent), qui « manifeste comment fut autrefois l’action
intelligente et volitive des dieux ».
«Donc ce qui depuis les mondes stellaires resplendit aujourd’hui sur l’être humain terrestre
n’est pas une expression immédiate de la volonté divine, de l’intelligence divine ; c’est au
contraire un signe fixé de ce que furent volonté et intelligence divines autrefois dans les étoiles.
Dans la conformation des cieux stellaires, qui suscite l’admiration de l’âme humaine, est donc
visible une manifestation divine passée, et non déjà la manifestation présente.
Mais ce qui est ainsi « passé » dans la splendeur des étoiles, est au contraire « présent » dans le
monde de l’esprit. Et l’être humain, avec son être, vit dans ce « présent » esprit du monde »
(p.147).
Il y a peu, nous nous sommes demandés : « Où sont à présent les créateurs ? Sont-ils dans le créé ou
ailleurs, et s’ils sont ailleurs, que sont-ils en train de faire ?
Et voici ici la réponse : « ce qui ainsi, dans la splendeur des étoiles, est « passé », est au contraire
« présent » dans le monde de l’esprit. Et l’être humain, avec son être vit dans ce « présent » esprit
du monde ».
Tout comme il est par conséquent possible, en observant le créé (la nature en nous et en dehors de
nous) de retrouver le Dieu-Père créateur (ex Deo nascimur), il est aussi possible, en observant l’être
humain (son âme et son esprit) de retrouver, soit le Dieu-Fils, dans lequel le créé (l’oeuvre
accomplie), soit le Dieu-Esprit Saint, dans lequel le créé est re-créé (per Spiritum Sanctum
reviviscimus).
Le « huitième jour » de la création, est donc le « jour » de l’être humain.
(Paul écrit : « La création attend avec un grand désir la glorification des fils de Dieu. La création en
effet, a été soumise à la vanité, non pas de sa propre inclination, mais par volonté de Celui qui l’y a
assujettie, avec l’espoir que la création elle-même un jour sera libérée de la servitude de la
corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des fils de Dieu » — Rom 8, 18-21. [Selon la
version de la Pléiade : « Et l’impatience de la création attend le dévoilement des fils de Dieu. Car la création a été
soumise à la vanité à cause de Celui qui l’y a soumise malgré elle, mais avec l’espérance qu’elle aussi, la création, sera
libérée de l’esclavage de la destruction pour la liberté de la gloire des enfants de Dieu. » ndt])
«Dans la formation de l’univers nous devons regarder en arrière vers une époque cosmique
antique, dans laquelle l’esprit du monde et le corps du monde oeuvrent comme une unité. Nous
devons regarder vers une époque centrale, dans laquelle ils se déploient comme une dualité. Et
nous devons penser, dans l’avenir, à une troisième époque, dans laquelle l’esprit du monde
reprendra le corps du monde dans le domaine de son action propre.
Durant l’époque antique les constellations et le cours des étoiles n’auraient pu être « calculés »,
puisqu’ils étaient l’expression de l’intelligence libre, de la volonté libre des êtres divino-spirituels.
À l’avenir, ils seront de nouveau tels qu’ils ne pourront plus être calculés »(pp.147-148).
L’idée, qu’un jour, « les constellations et le cours des étoiles » seront « de nouveau tels qu’ils ne
pourront plus être calculés », pourraient réjouir les hystériques et effrayer les neurasthéniques.
Ce jour, cependant, il n’y aura plus ni hystériques, ni neurasthéniques, mais il y aura seulement des
esprits auto-conscients, libres et créateurs.
Jung a dit que « les Dieux sont devenus des maladies » ; pour faire en sorte de redevenir « en bonne
santé », nous devons donc trouver le courage de mettre fin, comme dit Hillman, à notre « vaine fuite
des Dieux » (3), en reconnaissant leur pleine et vivante réalité spirituelle, à partir du moment où la
psychologistique « recherche des Dieux » de Jung et Hillman n’est pas moins « vaine » que la
« fuite » des matérialistes.
(Gardons présents à l’esprit, à cet égard, ces deux affirmations importantes de Steiner : 1) « Si l’être
humain n’établit pas dans son âme un rapport conscient avec le monde divin, un tel rapport s’établit
dans son inconscient, même s’il ne le sait pas » ; 2) Il ne s’agit pas de partir « en recherche de
En cas de citation, merci d'indiquer la source : Les traductions de Daniel Kmiecik - www.triarticulation.fr/AtelierTrad