Wilferd Madelung, Studies in Medieval Muslim

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Francia­Recensio 2015/4
Mittelalter – Moyen Âge (500–1500)
Wilferd Madelung, Studies in Medieval Muslim Thought and History. Ed. by Sabine Schmidtke, Farnham, Surrey (Ashgate Publishing) 2013, XIV‒306 p. (Variorum Collected Studies Series, 1021), ISBN 978­1­4094­5012­2, USD 154,95.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Philippe Sénac, Paris
Le recueil d’articles de l’orientaliste allemand Wilferd Ferdinand Madelung (né en 1930), édité par Sabine Schmidtke, réunit des textes déjà publiés. W. F. Madelung, professeur émérite de l’Institute for Ismaili Studies à Londres, est l’un des meilleurs spécialistes des premiers temps de l’histoire de l’islam et surtout des différentes sectes shi‘îtes et des tendances idéologiques à l’intérieur de l’islam. Le livre rassemble des textes publiés en anglais et en allemand dans des actes de colloques, des congrès et des revues spécialisées dont le dénominateur commun est l’évolution de la pensée dans le monde islamique médiéval. Le présent volume vient compléter trois ouvrages parus en 1985, 1992 et 2012 et qui portaient sur des thématiques similaires. Les 23 articles du livre sont regroupés en six parties selon des axes spécifiques: mutazilisme, ‘ibadisme, hanafisme et maturidisme, soufisme, philosophie, et finalement divers travaux sur l’histoire de l’islam oriental. Les index nominaux et géographiques, parfaitement élaborés, sont d’un grand intérêt pour tous ceux qui voudraient mener une consultation rapide.
La première partie réunit quatre articles portant tous sur des aspects divers du mutazilisme, allant de la pensée de Jâr Allâh al­Zamakhsharî et son traité »al­Minhâj fî uṣûl al­Dîn« jusqu’à l’interprétation de Fakhr al­Dîn al­Râzî du concept d’acte humain suivi par Abû l­Husayn al­Basrî. Selon lui, chaque acte humain découle d’un motif, ce qui conduisit Fakhr al­Dîn à remarquer que les mutazilistes reconnaissaient d’une certaine manière que l’homme suit des obligations sous l’apparence du libre choix. Madelung se prête à une analyse du concept de motif suivant l’approche de Bahshamiyya et en déduit que les conclusions de Fakhr al­Dîn sont injustifiées. Dans le troisième article, Madelung réfute les thèses des experts tel que Davidson en démontrant que Abû l­Ḥusayn fût le premier à reformuler le kalām traditionnel et que al­Juwaynî fût postérieurement influencé par celui­ci. Le quatrième et dernier article portant sur le mutazilisme constitue une analyse de la »Tuhfat al­mutakallimîn« d’Ibn al­
Malâhimî. Cet œuvre, récemment découverte, représente un essai de réfutation de la doctrine des philosophes musulmans en se basant sur la raison et secondairement sur le Coran et les hadiths. Elle a été considérée comme l’équivalent mutaziliste de la Tahâfut al­falâsifa d’al­Ghazâlî.
La deuxième partie du livre rassemble des articles en relation avec l’ibadisme et ses origines et accorde une attention particulière aux deux épîtres qu’adressa ‘Abd Allâh b. Ibâd au calife ‘Abd al­
Malik. S’ensuivent des articles portant sur le maturidisme et le hanafisme. En ce qui concerne le Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
premier, il s’agit d’une analyse de l’attitude de Abû l­Mu‘în al­Nasafî envers les Asharites tandis que le second aborde l’expansion de l’hanafisme dans l’Occident à travers l’expansion seldjouquide. L’histoire du soufisme est le motif central des articles IX, X et XI dans lesquels sont discutés des sujets comme la biographie de Yûsuf al­Hamadhânî, un des prédécesseurs de la Naqshbandiyya, ou une risâla sur l’imamat, composée pour le sultan mamelouk Baybars († 1277) et servant à légitimer le transfert du pouvoir du calife au sultan en tant que protecteur de la communauté. Finalement, Madelung se penche sur la correspondance entre Nâṣir al­Dîn al­Ṭûsî et Ṣadr al­Dîn al­Qûnawî et démontre que al­Ṭûsî n’adopta pas le mysticisme spéculatif d’Ibn al­‘Arabî et de son école. Les deux articles suivants (XII et XIII) portent sur la philosophie islamique, »Nasîr al­Dîn al­Tûsî et son travail éthique Akhlâqī Nâṣirî« qu’il écrivit lorsqu’il était au service du gouverneur isma‘ilien de Quhistân. Le second article aborde la question de l’influence de la philosophie sur l’œuvre et la logique des Ash‘arites Sa‘d al­Dîn al­Taftazânî († 1390).
La dernière partie de l’ouvrage, qui rassemble dix articles traitant différents aspects de l’histoire et de l’historiographie de l’islam, est la plus importante et constitue presque la moitié du volume. À l’exception de l’article XIV, une étude sur neuf horoscopes décrits dans le compendium astrologique de Jâmi‘ al­Kitâb, les contributions peuvent être divisées principalement en deux types, les unes portant sur certains historiens concrets, les autres sur des événements ou personnages historiques. L’article XVI traite de l’historien de Basra Abû ‘Ubayda Ma‘mar b. al­Muthannâ (ca. 824–825) et tente d’éclaircir l’image négative que lui accordent les biographies traditionnelles en l’associant au kharijisme. Selon Madelung, l’intérêt de cet historien pour le kharijisme aurait été seulement littéraire. Les articles XIX, XX et XXIII traitent également des aspects en rapport avec des historiographes. Ainsi, l’article XIX révise les récits historiques de Maslama b. Muhârib b. Salm b. Ziyâd qui sont dans leur majorité pro­omeyyades, l’article XX étudie l’attitude de l’historien de Khurasân, al­Husayn b. Ahmad al­Sallâmî al­Bayhâqî, d’après qui la mère du calife al­Ma’mûn était la fille de Ustâdhsîs, le meneur de la secte rebelle de Badghîs, et, enfin, l’article XXIII a comme thème principal l’historien Sayf b. ‘Umar al­Usayyidî al­Tamîmî, contemporain du calife Hârûn al­Rashîd. Madelung essaye de rétablir au sein du monde de l’historiographie sa fiabilité comme transmetteur de akhbâr.
Le second groupe, parmi lequel figurent les articles XV, XVII, XVIII, XXI et XXII, comprend des études d’événements et de biographies de personnages célèbres. L’article XV constitue une réfutation de la thèse soutenue traditionnellement par les spécialistes selon laquelle Sahl b. Salâma al­Khurasânî fût un précurseur du hanbalisme. Madelung démontre qu’en réalité, ce personnage défendait secrètement le zaïdite et ‘Alí ‘Abd Allâh b. Mûsâ, et qu’il était étroitement lié au soufisme mutazilite. L’article XVII est l’un des plus intéressants du recueil. Il présente une analyse des stratégies de propagande employées par les Omeyyades à l’encontre du »calife« ‘Abd Allâh b. al­Zubayr dans le contexte d’une guerre menée à propos de la légitimité du califat. Dans cet esprit est présenté la désignation du rebelle comme mulḥid (renégat/athée), ce qui constituait un facteur décisif pour Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by­nc­nd/4.0/
repousser les principaux arguments du discours d’Ibn al­Zubayr. Dans l’article XVIII, Madelung se penche sur certains aspects de la biographie de Abû l­‘Amaytar al­Sufyânî, un prétendant au califat proposé par les omeyyades pendant la révolte syrienne anti­abbasside (VII/VIIIe siècle). L’article XXI a comme sujet central la tribu arabe de Rabî‘. L’intention de l’auteur est de démontrer que cette tribu existait déjà depuis la djâhiliyya, contrairement à Werner Caskel qui prétend qu’elle était apparue postérieurement. Cet article est suivi d’une autre contribution importante, l’article XXII (»The Four Sisters are Believers«), qui étudie à partir de l’historiographie la généalogie et le rôle que jouèrent les dites »quatre sœurs« dans les premiers temps de l’islam. Cet article permet ainsi d’accentuer le rôle de quelques personnages féminins dans l’expansion de l’islam.
En somme, ce regroupement de divers articles introduits par une brève préface, représente une œuvre très intéressante surtout pour les scientifiques et spécialistes de l’histoire des idées et du monde arabo­musulman médiéval. La richesse de l’œuvre de W. F. Madelung s’y révèle parfaitement et l’intérêt de ce type de compilation permet d’observer de plus près la méthodologie et la conception de l’histoire de l’islam de l’auteur. En revanche, malgré le niveau élevé du recueil, on soulignera qu’il aurait été utile d’homogénéiser la graphie des textes et des notes de bas de page et d’incorporer également un système d’annotations complémentaires destiné à mettre à jour la bibliographie de plusieurs sujets abordés. Étant donné que quelques articles datent de 1977, beaucoup d’encre a en effet coulé depuis la publication des textes figurant dans ce beau volume, en particulier en Espagne, grâce à plusieurs chercheurs tels que Manuela Marín ou Maribel Fierro.
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