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LE
GIHÂD
DANS L’ISLAM MÉDIÉVAL
que la guerre que poursuit l’Islam est toujours légale et juste.
Et, comme son propos est d’assurer la victoire de la Faction
d’Allâh, elle ne peut être que sainte.
En définitive, rejetant le vocable
<<
guerre
>>
qui nous paraît
trop restrictif, élargissant les qualificatifs
<<
sainte
»,
<<
légale
»,
<<
juste
»,
à
l’étendue de l’aire conceptuelle que recouvre le
gihâd, nous avons opté,
à
défaut de meilleure translation,
pour le
<<
combat sacré
»,
en veillant
à
montrer qu’en Terre
d’Islam, toutes les initiatives humaines étant vouées, d’une
manière ou d’une autre, au culte d’Allâh, l’adjectif
<<
sacré
>>
est
à
prendre dans une acception moins étroite que celle
qu’on serait tenté de lui donner de nos jours
3.
Au gré des circonstances, le
<<
combat sacré
>>
prit diverses
tournures. Ainsi, le gihâd défini et systématisé par les traités
juridiques se rapproche énormément de la notion de
<<
guerre
sainte
»,
avec le halo et la résonance qu’éveille cette notion
dans nos esprits. Par contre, lorsqu’il s’intériorisa et prit
forme doctrinale, idéologique, éthique ou spirituelle, le
gihâd
fi
sabîZi
Z-Lâh4
dépassa largement ce cadre restreint, pour
englober une mobilisation de toutes les énergies en vue de
veiller
à
la sauvegarde de la Religion de Vérité.
A
cet égard,
on peut parler d’une <<défense et illustration de la Foi
islamique
».
On sera surpris de constater qu’une notion aussi fonda-
mentale que celle du gihâd n’a guère retenu l’attention des
spécialistes de l’Islam en Occident, tandis que les auteurs
musulmans s’efforçaient, pour la plupart d’entre eux, de
l’analyser dans un esprit apologétique qui n’en respectait pas
la perspective historique, quand il ne la contredisait pas trop
manifestement.
Certes, lorsque le cours des événements mettait en relief
cette notion, orientalistes et juristes ne manquèrent pas de
lui consacrer quelques pages. Mais, pour les œuvres anté-
rieures
à
la seconde moitié du siècle, nous avons cherché,
en vain, une étude quelque peu approfondie sur ce sujet,
qui échappât aux impératifs historico-politiques. I1 faut
reconnaître que le caractère spécifique du gihâd en favorisait
l’utilisation dans ces domaines.
Un bref
status
quaestzonzs
est indispensable pour situer
notre travail. I1 s’en dégage une évidence: l’intérêt porté
à
l’étude du gihâd se situe, pour l’essentiel, aux alentours des
conflits qui opposèrent les empires coloniaux d’Europe, et