Toute l`actualité sur les cancers du sein et de la prostate

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LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET ASBL
BELGIQUE - BELGË
P.P./P.B.
news
B-21
P é R I O D I Q U E T R I M E S T R I E L • s e p t e m re 2 01 2 • N ° 101
Ensemble
pour la vie !
Toute l'actualité sur les cancers du sein et de la prostate
2
Bordet news - septembre 2012
sommaire
4
8
Cancer de la prostate : quoi de neuf ?
Pr Roland Van Velthoven
Vivre après les traitements d’un cancer de la prostate
Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Pr Darius Razavi
10 Cancer du sein :
les extraordinaires avancées de la recherche
Pr Martine Piccart, Dr Christos Sotiriou
12 Radiothérapie per-opératoire à l’Institut Bordet :
14
16 déjà plus de 300 patients traités !
Dr Catherine Philippson
Groupes de soutien après un cancer du sein
Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Pr Darius Razavi
Activité physique encadrée pour aller mieux
après un cancer du sein
Margorata Klass, Dr Emmanuel Toussaint
17
Le nouveau site Internet des 'Amis'
18
Agenda
AGENDA
Les "Midis des Amis"
Cycle de conférences
organisées par
"Les Amis de l'Institut Bordet": Auditoire Tagnon,
Institut Jules Bordet,
Boulevard de Waterloo, 121
1000 Bruxelles
Renseignements: 02/541.34.14.
> Lundi 8 octobre 2012
A 12 heures 30
Dr Christine Desmedt
“Cancers du sein :
les dernières avancées”
> Lundi 17 novembre 2012
A 12 heures 30
Dr Catherine Sibille
“La génétique somatique du
cancer : aide au diagnostic et
au traitement ciblé du patient”
Décès de
Luc Sturbelle
Luc Sturbelle nous a quittés le 26 juin
dernier. Directeur général du département
des infrastructures de l’ULB jusqu’en 1982,
il a ensuite assumé le Secrétariat général des
'Amis' jusqu’en 1997.
Nous présentons nos plus sincères
condoléances à ses proches.
"Bordet News" est la revue trimestrielle des "Amis de l'Institut Bordet" asbl.
Editeur responsable: Ariane Cambier, 121, Boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles.
Rédacteur en chef: Ariane Cambier.
Comité de Rédaction : Dr J.-B. Burrion, A. Chotteau, Dr D. de Valeriola, D. Janssen, Dr D. Lossignol, Pr J.-C. Pector, Pr D. Razavi
Ont collaboré à ce numéro : Ariane Cambier, Margorata Klass, Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Dr Catherine Philippson, Pr Martine
Piccart, Dr Christos Sotiriou, Dr Emmanuel Toussaint, Pr Roland Van Velthoven.
Conception graphique: www.h2so4studio.com - Riozzi Manuela - © photo Benoît Deprez/Tif
Samedi
20 octobre 2012
20h15
Théâtre Royal du Parc
« Les Misérables »
Au profit des 'Amis de
l’Institut Bordet'
Nouveau site Internet :
www.amis-bordet.be
www.vrienden-bordet.be
3
Bordet news - septembre 2012
Voor vrouwen is oktober de maand van de
borstkanker. Men heeft het echter vrij weinig
over prostaatkanker terwijl in september toch
de Europese week van de urologie plaatsvindt.
Borstkanker is inderdaad de belangrijkste kanker
bij vrouwen, maar prostaatkanker is met bijna
10.000 nieuwe gevallen per jaar in ons land zeker
de belangrijkste kanker bij mannen.
C’est la raison pour laquelle nous avons voulu faire
le point, dans ce numéro, sur la prise en charge de ce
cancer qui fait près de 1.500 victimes chaque année
en Belgique. Dépistage, diagnostic, traitements, où en
sommes-nous aujourd’hui ? Quelles sont les dernières
avancées? Le Professeur Van Velthoven répond à nos
questions et nous explique l’importance d’une prise en
charge pointue afin de mettre toutes les chances du
bon côté.
Daarom willen wij in dit nummer even stilstaan
bij deze kanker die jaarlijks ongeveer 1.500
slachtoffers eist in België. Opsporing, diagnose,
behandeling… waar staan we vandaag? Wat zijn
de nieuwste ontdekkingen? Professor Van Velthoven beantwoordt onze vragen en geeft meer
uitleg bij het belang van een vooruitstrevende
aanpak om alle kansen te kunnen benutten.
Si l’accompagnement psychologique des femmes atteintes d’un cancer du sein est devenu une évidence, il
n’en va pas de même pour les hommes traités pour un
cancer de la prostate. Sans doute parce que la maladie
et les traitements touchent une partie du corps très
investie et aussi parce que les hommes sont souvent
moins enclins que les femmes à demander de l’aide
et en particulier un soutien psychologique. C’est la
raison pour laquelle le Service de psycho-oncologie de
l’Institut Bordet a décidé d’organiser dès cet automne
des interventions de soutien afin d’aider les hommes
après les traitements. Vous trouverez toutes les informations utiles dans ce numéro.
Nous vous tenons régulièrement au courant des
progrès enregistrés dans le traitement du cancer du
sein. Nous avons choisi ici de faire le point, avec le
Professeur Piccart et le Dr Sotiriou, sur la recherche et
ce à travers les grandes avancées de l’année écoulée. Et
elles ont été nombreuses ! Preuve s’il en fallait que la
recherche constitue bel et bien aujourd’hui le maillon
fort de la lutte contre le cancer. Nous ferons également le point, avec le Docteur Catherine Philippson,
sur le Mobetron après plus de deux ans d’utilisation.
Enfin, nous vous parlerons du premier programme
d’activité physique encadré que lance l’Institut Bordet
à destination des femmes en rémission de cancer du
sein. Une activité se déroulant en dehors de l’hôpital
mais sous la supervision de professionnels, comme l’a
toujours prôné l’Institut Bordet.
Last but not least, les prochaines semaines seront,
pour notre association, riches en événement divers.
Nous vous proposons de les découvrir sans plus
attendre et espérons que vous y trouverez votre
bonheur !
Ensemble, faisons gagner la vie !
Terwijl de psychologische begeleiding bij vrouwen met borstkanker een evidentie is geworden,
is dat niet het geval voor mannen die behandeld
worden voor prostaatkanker. Wellicht omdat de
ziekte en de behandeling een inwendig lichaamsdeel betreffen en ook omdat mannen vaak minder geneigd zijn dan vrouwen om hulp te vragen, zeker wanneer het gaat om psychologische
ondersteuning. Daarom heeft de dienst psychooncologie van het Instituut Bordet besloten om
deze herfst ondersteuningsessies te organiseren
om mannen te helpen na de behandelingen. Alle
nuttige informatie vindt u in dit nummer.
We houden u regelmatig op de hoogte van de
vooruitgang op het vlak van de behandeling van
borstkanker. We hebben ervoor gekozen om in dit
nummer samen met Professor Piccart en Dr. Sotiriou hierop terug te komen aan de hand van de
grote nieuwigheden van het afgelopen jaar. En
dat waren er heel wat! Daaruit blijkt eens te meer
dat onderzoek wel degelijk de sterke schakel is in
de strijd tegen kanker. Samen met Dr. Catherine
Philippson zullen we ook kijken hoe het gaat met
de Mobetron nu deze al meer dan twee jaar gebruikt wordt. En ten slotte zullen we het hebben
over het eerste programma van begeleide fysieke
activiteit voor vrouwen die in remissie zijn na
borstkanker – een programma gelanceerd door
het Instituut Bordet. Deze activiteit zal plaatsvinden buiten het ziekenhuis, maar wel onder
toezicht van professionals, zoals steeds bij het
Instituut Bordet.
En last but not least staan er de komende weken
voor onze vereniging heel wat uiteenlopende activiteiten op de agenda. Neem snel een kijkje, u
vindt zeker iets dat in de smaak valt.
Samen zorgen we ervoor dat het leven overwint.
Ariane Cambier, Secrétaire Générale / Algemeen secretaris
© Benoît Deprez/Tif
Si les femmes ont depuis des années fait d’octobre
le mois du cancer du sein, on parle relativement peu
du cancer de la prostate et ce même si en septembre
a lieu la semaine européenne de l’urologie. Or, si le
cancer du sein représente le premier cancer chez la
femme, celui de la prostate constitue lui, avec aussi
près de 10.000 nouveaux cas par an dans notre pays, le
premier cancer chez l’homme.
onder vrienden
Geachte mevrouw, mijnheer,
Beste 'Vrienden',
entre amis
Madame, Monsieur,
Chers 'Amis',
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Bordet news - septembre 2012
Cancer de la prostate :
Au XXIème siècle, 1 personne sur 3 sera atteinte d’un
cancer au cours de son existence. Parmi ces patients,
1 sur 3 souffrira d’un cancer génito-urinaire. Un
véritable problème de santé publique donc au même
titre que le cancer du sein. Dépistage, diagnostic,
traitement, quels sont aujourd’hui les dernières
avancées en la matière ? Rencontre avec le Professeur
Roland Van Velthoven, chef du Service d’Urologie
de l’Institut Bordet qui nous explique l’importance
d’une prise en charge pointue que seuls des centres
spécialisés sont aujourd’hui à même de proposer.
A. Cambier, Secrétaire Générale
Professeur Van Velthoven, qu’en est-il du dépistage aujourd’hui ?
Malgré la publication en 2009 des résultats encourageants
mais contradictoires des études européennes (ERSPC) et américaines (PLCO) concernant le dépistage de masse, la prise en
charge diagnostique et thérapeutique du cancer de la prostate
asymptomatique et/ou indolent fait toujours débat.
La généralisation du dosage du PSA a conduit
à détecter plus de cancers. C'est la raison
pour laquelle on assiste à une augmentation
importante, depuis 20 ans, de l’incidence de la
maladie, essentiellement dans sa forme localisée et chez des patients de plus en plus jeunes.
Cependant le cancer de la prostate reste une des premières
De nombreux travaux sont en cours afin de
causes de mortalité par cancer dans le monde !
mieux évaluer le risque individuel de susceptibilité au cancer de la prostate et d’évolutivité !
A. Taux d’incidence du cancer de la prostate dans le monde
Cela nécessite une meilleure connaissance des
facteurs de risque, la définition de critères
précis pour la mise en œuvre d’un dépistage
ciblé et une stadification exhaustive afin de
proposer la réponse thérapeutique la plus
adaptée constituant un véritable traitement
'à la carte' !
Rate per 100 000
83,2 - 173,7
45,3 - 83,1
20,5 - 45,2
11,8 - 20,4
5,4 - 11,74
1,7 - 5,3
B. Taux de mortalité par cancer de la prostate dans le monde
Rate per 100 000
22,1 - 61,7
15,3 - 22,0
11,6 - 15,2
7,5 - 11,5
3,5 - 7,4
1,2 - 3,4
Source: Globocan 2008 in European Urology, June 2012, P.1082
Il faut rappeler qu’en Belgique, on a très peu
procédé au dépistage systématique du cancer
de la prostate, lequel fait régulièrement l’objet
de remises en cause. On a en effet depuis
longtemps la conviction que le dépistage de
masse ne fonctionne pas, qu’il représente un
coût important de santé publique et induit des
examens anxiogènes potentiellement inutiles.
Depuis longtemps, on procède donc à une détection opportuniste ou précoce qui s’adresse
à des patients ayant un motif quelconque de
consulter, que ce soit des troubles urinaires, un
antécédent familial, des symptômes pelviens…
Et c’est dans cette population-là que la détection précoce fonctionne bien.
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Bordet news - septembre 2012
où en est-on ?
© Frédéric Raevens
Le Dr Gil,
le Pr Vanveltoven,
le Pr Larsimont
et le Dr Moretti
Dans ces cas-là,
en quoi consiste le dépistage ?
Concrètement, qui est concerné par le
dépistage?
Il est fondé sur les moyens disponibles. On part
toujours de l’examen clinique. On y ajoute le
dosage du PSA (Prostate Specific Antigen),
avec toutes ses subtilités, mais qui repose sur
deux valeurs principales, le PSA total et son
évolution (cinétique, vélocité, temps de doublement) ainsi que les fractions libres.
C’est l’homme de 50 ans, voire de 40, dont un
frère, un oncle ou le père a présenté un cancer
de la prostate. Il présente en effet un risque
statistique 10 fois plus élevé que la population
générale de développer lui-même un cancer de
la prostate. Il lui est donc conseillé de se présenter au moins une fois à une consultation de
dépistage qui peut être tout à fait rassurante
ou engager, s’il y a déjà une anomalie de PSA
constatée, un suivi régulier.
En fonction des facteurs de risque présentés
par le patient et des anomalies rencontrées
lors de ces examens, une décision de biopsie
et de bilan complémentaire peut être prise
selon un algorithme visant à éviter les biopsies
inutiles.
Le test PCA3 est, lui, un apport plus récent
qui aide à la décision de biopsie mais n’a pas
dépassé ce niveau-là. L’intérêt des actualisations récentes d’études multicentriques
européennes comme l’étude ERSPC (European
Randomized Study of Screening for Prostate
Cancer) est d’avoir montré un avantage du
PSA en termes de réduction de morbidité
et plus récemment, après une maturation à
12 ans, un avantage en termes de réduction
de mortalité. C’est la première fois qu’un tel
avantage est démontré de manière aussi claire.
Et pour les hommes qui n’ont pas
d’antécédents familiaux ?
Là, on recommande de faire le test une fois à
50 ans et, s’il est normal, de le répéter tous les
deux ans.
En cas doute, en quoi consistent les
investigations destinées à un diagnostic
le plus précis possible ?
Le travail du spécialiste consiste à identifier
les patients auxquels proposer une biopsie en
fonction de leur tableau clinique, de leur PSA et
de sa vitesse d’ascension, de leurs antécédents
familiaux… La manière de réaliser ces biopsies
est bien connue et codifiée actuellement. On
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Bordet news - septembre 2012
est passé de sextants intéressant tous les secteurs de
la prostate à des sextants doublés puis, on y a ajouté
les zones centrales. On y a maintenant adjoint la
dimension tri-dimensionnelle des biopsies qui permet
d’archiver beaucoup plus clairement sur un modèle
à trois dimensions la position des prélèvements déjà
effectués afin d’éviter de ré-investiguer les mêmes
territoires en croyant qu’on en touche de nouveaux.
La résonnance magnétique multimodale est aussi
un examen extrêmement important dans la mise au
point d’un cancer de la prostate. Elle permet en effet
de s’assurer qu’aucune zone n’a échappé à la biopsie.
Elle peut donc conduire à la décision de procéder à de
nouvelles biopsies si on a la conviction d’avoir sousévalué la maladie. En d’autres termes, elle permet un
diagnostic le plus qualitatif (un pathologiste met une
étiquette de cancer sur les biopsies) et quantitatif
possible. Elle fournit des informations essentielles
quant à l’importance réelle du cancer et conduit à
un tri extrêmement important entre les patients qui
ont besoin d’un traitement et ceux qui peuvent se
contenter d’une surveillance 'active'. Celle-ci constitue
une politique de gestion de la maladie permettant de
différer les traitements agressifs sans prise de risque.
Une fois le diagnostic établi, qu’en est-il des
traitements ?
Le dépistage du cancer de la prostate par le PSA
engendre une augmentation du nombre de cas diagnostiqués et une proportion croissante de tumeurs
localisées à faible risque de progression impliquant la
délicate indication d’une prise en charge adaptée à
chaque situation, 'à la carte', avec la difficile évaluation des facteurs pronostics individuels !
L’apport d’outils tels des nomogrammes intégrant les
différents facteurs en scores d’évaluation de risques
constituent des aides précieuses à la décision de même
que les progrès de l’imagerie fonctionnelle avec la résonance multiparamétrique avec diffusion telle qu’elle
est pratiquée actuellement à l’Institut Jules Bordet.
En dehors d’une surveillance active pouvant
être proposée pour des tumeurs débutantes, peu agressives et à faible potentiel
de progression, les traitements restent
essentiellement à visée curative en cas de
cancer localisé.
Evolution de l’incidence
des différents traitements du cancer
de la prostate dans le temps.
60
Rate per 100 000
50
Taux d'incidence
Prostatectomie radicale
40
30
20
10
0
Aucun traitement
Radiothérapie
Hormonothérapie
Autres traitements
8384858687888990 9192939495
Année de diagnostic
Source: European Urology, june 2012, P.1094
Ils sont de deux types : l’approche chirurgicale et l’approche par radiothérapie.
Dans l’approche chirurgicale, on procède
à l’ablation complète de la prostate. Ce
traitement est réservé aux maladies les plus
agressives, aux patients les plus jeunes, les
plus exposés en fonction de leur longévité
prévisionnelle… Pour des patients un peu
plus âgés, un peu plus craintifs par rapport
aux effets indésirables, on peut envisager l’alternative de l’HIFU (High Intensity
Focused Ultrasound) qui, de manière classique, constitue une approche globale de
la prostate, cohérente puisque la maladie
est souvent multi-focale même si, à Bordet,
nous avons identifié un sous-groupe de
population présentant une maladie unilatérale. Ce sont précisément les progrès
dans la réalisation des biopsies associés à
ceux réalisés dans l’IMR multi-modale qui
7
nous ont permis d’identifier ce groupe.
Quand nous avons une coïncidence complète entre la latéralisation des biopsies et
celle des lésions par IRM, nous proposons
au patient un traitement partiel par HIFU.
Nous avons maintenant un recul moyen
de 3 ans sur une série pilote et ce avec un
contrôle local de la maladie correspondant
à 83% des patients.
En ce qui concerne la chirurgie radicale
telle qu’elle a évolué à Bordet, on est passé
d’une chirurgie ouverte à une chirurgie
laparoscopique et, depuis 2 ans, à une
chirurgie laparoscopique robot-assistée.
Le bilan est totalement positif puisque
l’on constate des séjours plus courts et
une amélioration des résultats fonctionnels
avec un retour plus rapide à la continence
et à l’érection. Les résultats oncologiques
sont par ailleurs analogues à ceux obtenus
par les autres techniques.
Les problèmes fonctionnels
rencontrés après une chirurgie sontils fréquents ?
Ils sont le plus souvent transitoires, d’autant
plus fugaces que les patients sont jeunes et
en bonne forme physique. Les pourcentages
résiduels s’avèrent très bas. Les patients qui
présentent toujours des problèmes d’incontinence à 12 mois de l’intervention sont
< 5%. La récupération de l’érection prend
davantage de temps et varie énormément
en fonction des individus et de nombreux
facteurs entrant en ligne de compte. Une
approche pluridisciplinaire impliquant le
patient et son partenaire avec une prise
en charge précoce de réhabilitation tant
au niveau sexuel que mictionnel reste
cruciale et n’est souvent disponible que
dans les centres intégrés tels que l’Institut
Jules Bordet.
© Frédéric Raevens
Bordet news - septembre 2012
Avec les techniques laparoscopiques robot-assistées,
on constate cependant des récupérations beaucoup
plus rapides ainsi que des récupérations précoces
auxquelles on n’assistait jamais avec les techniques
antérieures. Cet élément est en grande partie lié à la
navigation intra-tissulaire que permet la robotique.
L’avantage de la chirurgie laparoscopique radio-assistée fait l’objet d’une étude multi-centrique belge qui a
recruté 3.000 patients en 3 ans. Les résultats de cette
étude seront connus sous peu.
Qu’en est-il des techniques de radiothérapie ?
La brachythérapie - ou curiethérapie - est une forme
de radiothérapie consistant à implanter de minuscules sources radioactives directement dans le tissu
prostatique. Grâce à un travail de fin d’étude, on a
analysé cette année les résultats à très long terme de
l’HIFU global comparé à une série de brachythérapies
effectuées pendant la même décennie. On a démontré
une équivalence de contrôle de la maladie à peu près
égale entre les deux traitements. En d’autres termes,
il s’agit de deux moyens de contrôle locaux apportant
une meilleure qualité de vie au patient.
Quant à l’hormonothérapie ?
Il s’agit d’un traitement non-curatif destiné aux maladies avancées. Il connaît aussi énormément de progrès
actuellement avec la découverte récente de nouvelles
molécules pour le moment réservées aux patients à
un stade avancé de la maladie et qui ont développé
des résistances à l’hormonothérapie classique (acétate
d’abiraterone).
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Bordet news - septembre 2012
Vivre après les traitements d’un cancer de la prostate
Des interventions de soutien pour
reprendre
Un diagnostic de cancer de la prostate peut affecter la qualité de la vie.
Les progrès des traitements (notamment de la chirurgie laparoscopique
robot-assistée) permettent aujourd’hui de réduire l’inconfort lié aux
traitements : moins de douleurs, de plus courts séjours à l’hôpital et moins
d’effets secondaires. Malgré les bénéfices associés à ces nouvelles options
thérapeutiques, la fin des traitements peut susciter chez les patients des
sentiments contradictoires. Ils peuvent, en effet, se sentir soulagés et se
réjouir de la fin des traitements tout en craignant une reprise des activités
quotidiennes. Le retour à 'la vie de tous les jours' n’est, en effet, pas
toujours simple.
La maladie et les traitements touchent
une partie du corps souvent très investie.
Les changements du fonctionnement
physique liés aux traitements peuvent
entraîner chez les hommes une perte de
confiance et d’estime de soi, des craintes
par rapport à leur identité masculine et
modifier les relations au sein du couple et
de la famille. Les personnes confrontées
à ces situations ont souvent besoin de
temps pour, s’accommoder à ce fonctionnement corporel modifié, retrouver une
intimité et aménager leur vie conjugale.
Les hommes peuvent, de plus, durant
cette période se poser des questions sur
leur choix de traitements. Ils peuvent
également craindre les effets de ces traitements, en particulier sur leur fonction
urinaire et leur sexualité. Les hommes
peuvent dès lors se poser de nombreuses
questions et être inquiets des conséquences (physiques, psychiques, relationnelles ou pratiques) de ces effets sur
leurs activités du quotidien. La reprise
des activités, qu’elles soient intimes, de
loisirs ou professionnelles, peut dès lors
être crainte et freinée. L’après-traitement
est, par ailleurs, très souvent associé à une
peur de la récidive.
Des interventions de soutien spécialisées
peuvent aider les hommes à intégrer et
gérer les changements physiques et psychologiques après un cancer de la prostate.
Toutefois, les hommes sont parfois moins
enclins que les femmes à demander de
l’aide et en particulier un soutien psychologique. Souvent aussi ils ne disposent
pas d’informations sur les interventions
thérapeutiques existantes, craignent une
inadaptation de ces interventions à leurs
problématiques ou éprouvent des difficultés à parler de ces sujets très intimes.
On sait aujourd’hui que des programmes
de soutien aident les patients à reprendre
les activités de la vie quotidienne après
leurs traitements. On ne connaît cependant pas encore le contenu optimal de ces
programmes de soutien destinés aux patients présentant un cancer de la prostate.
9
Bordet news - septembre 2012
les activités de la vie quotidienne
©JodiJacobson/istockphoto
Florence Lewis*, Isabelle Merckaert* et Pr.Darius Razavi* * Clinique de Psycho-oncologie et des Soins supportifs
La Clinique de Psycho-oncologie souhaite répondre à
cette question.
C’est pourquoi, la Clinique de Psycho-oncologie de
l’Institut Jules Bordet, soutenue par le Plan Cancer, a
créé un programme d’interventions pour les patients
atteints d’un cancer de la prostate. Ce programme de
soutien organisé après les traitements a pour objectif
d’apporter des informations, des conseils pratiques et
des outils pour gérer les difficultés vécues et faciliter
la reprise des activités quotidiennes.
Une recherche a été développée afin d’évaluer l’efficacité de deux interventions de soutien et la satisfaction
des participants par rapport à celles-ci. Les patients qui
ont terminé leurs traitements (chirurgie, radiothérapie,
chimiothérapie) peuvent donc bénéficier aléatoirement de l’une de ces deux interventions gratuites.
Cette évaluation permettra ainsi d’identifier quel type
d’intervention est le plus adapté et le plus utile.
La première intervention proposée à l’Institut Jules
Bordet est une intervention de groupe. Ces groupes
de 6 participants comportent 5 séances de 2 heures et
permettent de rencontrer d’autres hommes qui présentent les mêmes préoccupations, les mêmes peurs
ou les mêmes difficultés. Ces échanges permettent
d’identifier les difficultés, d’analyser leur impact sur la
vie quotidienne et de rechercher des solutions. Durant
ces séances, des techniques d’auto-hypnose seront
également enseignées. Grâce à ces outils, les hommes
peuvent apprendre à mieux gérer leurs symptômes et
leur stress. La seconde intervention proposée à l’Institut
Jules Bordet est un guide de 'self-help' ('auto-support').
Grâce à ce guide, les hommes peuvent trouver des
informations sur la maladie et les effets secondaires,
des réponses à leurs questions, des conseils et une
liste de lieux où trouver de l’aide. Cette intervention
permet d’accéder facilement aux informations et aide
le patient à trouver des solutions à ses difficultés.
Ce guide de « self-help » est également accompagné
d’exercices d’auto-hypnose pour aider les personnes à
gérer leurs symptômes et leur stress.
Toute personne intéressée par ces interventions
de soutien peut contacter la Clinique de
Psycho-oncologie :
- par téléphone au 02/541.33.26. (Secrétariat),
- par mail : [email protected] ou
- en se rendant au 6e étage
(côté hospitalisation).
10
Bordet news - septembre 2012
Prof. Martine Piccart, Chef du Service de Médecine
Docteur Christos Sotiriou, Responsable du Laboratoire de Recherche Translationnelle en Cancérologie
Mammaire
LA REVOLUTION DU
TRAITEMENT DES CANCERS
DITS 'NEU-POSITIFS'
Le cancer Neu-positif représente
un cancer du sein sur cinq mais est
l’un des plus agressifs. L’Institut
Bordet a été très impliqué, il y a
sept ans, dans la mise au point d’un
nouveau médicament qui a permis
un véritable bond en avant dans
le traitement de ce type de cancer
puisqu’il a permis de diminuer de
moitié les risques de rechute :
l’Herceptine (Transtuzumab).
Depuis, un autre médicament a
été mis au point : le Lapatinib.
Une étude internationale a été
lancée au départ de Bordet qui a
démontré que son administration
conjointe à l’Herceptine couplée
à une chimiothérapie avant la
chirurgie permettait d’éradiquer
deux fois plus de tumeurs. Afin
d’étayer ces observations, une
nouvelle étude a été lancée auprès
de 8.000 patientes dans le monde
souffrant de ce type de cancer
spécifique. Cette étude, intitu-
Le traitement du cancer du sein a connu des
progrès substantiels au cours des dernières
années. Des cancers, parmi les plus agressifs,
sont sur le point d’être vaincus. Chaque année
les chercheurs avancent dans la découverte
de nouveaux mécanismes à l’origine du
développement de la maladie et dans la
manière de les contrer. Une dynamique à
laquelle l’Institut Bordet participe activement.
Etat des lieux des dernières avancées
synonymes d’espoir pour les patients.
lée ALTTO, étudie l’association
de l’Herceptine et du Lapatinib,
mais cette fois en post-opératoire.
Dernière avancée enfin, la mise au
point d’un deuxième anticorps,
le Pertuzumab, capable lui aussi
de cibler le récepteur HER2. Là
encore, on a observé que l’association de ce médicament avec
l’Herceptine éradiquait deux fois
plus de tumeurs. L’Institut Bordet
coordonne donc aujourd’hui dans
ce cadre une toute nouvelle étude
mondiale, baptisée 'APHINITY' qui
prévoit d’enrôler en 18 à 24 mois
3.800 femmes originaires aussi
bien d’Europe que d’Asie ou d’Amérique. L’objectif est de démontrer
que les deux anticorps, à savoir
le Trastuzumab et le Pertuzumab,
font un meilleur travail que l’Herceptine utilisée de manière isolée.
L’on s’attend à plus de 90% de
guérisons alors qu’il s’agissait d’un
des cancers du sein les plus agressifs il y a dix ans à peine. Et pour certaines patients développant une résistance à l’Her-
ceptine, un nouveau médicament très
prometteur, comparable à un 'CHEVAL
DE TROIE' fait son entrée en scène. Il
s’agit d’une chimiothérapie acheminée
jusqu’à la tumeur grâce à l’Herceptine,
laquelle va aller se fixer sur les cellules
cancéreuses et libérer, à l’intérieur, son
'poison'.Ce médicament, appelé T-DM1,
n’est pas encore commercialisé mais il
est accessible à l’Institut Bordet dans le
cadre d’une étude clinique.
© Frédéric Raevens
© Benoît Deprez/TIF
Cancer du sein : les extraordinaires
11
Bordet news - septembre 2012
avancées de la recherche
DE
L’Institut Bordet a été l’un des premiers centres à interroger le système
immunitaire pour préciser l’efficacité de certaines chimiothérapies et
ce afin de mieux individualiser les
traitements. Nos chercheurs se sont
en effet rendu compte que certaines
patients présentaient un système
immunitaire plus actif que d’autres
avec, à la clef, une amplification des
effets des chimiothérapies. Forts de
ce constat, ils étudient désormais la
possibilité de développer des vaccins permettant de lever le frein du
système immunitaire ainsi que de
nouvelles molécules susceptibles de
renforcer celui-ci et de le moduler.
A suivre…
LE MICRO-ENVIRONNEMENT
DE LA TUMEUR DESORMAIS EN
POINT DE MIRE
Nos chercheurs se sont également
rendu compte que certaines tumeurs
du sein présentaient une infiltration
lymphocytaire et que les patientes
présentant ce type de tumeur étaient
plus susceptibles de répondre à une
chimiothérapie. Forts de cette découverte, nous essayons maintenant de
transformer l’outil expérimental qu’ils
ont mis au point en un test clinique
accessible à toutes les patientes.
Résultats d’ici un à deux ans.
LES AVANCEES DU
SEQUENCAGE GENOMIQUE
L’analyse du génome ouvre des perspectives inédites en cancérologie.
Notre équipe a récemment procédé, en collaboration avec le Sanger
Institute de Cambridge, au séquençage de 100 tumeurs mammaires
lequel a permis d’identifier 9 nou-
© Frédéric Raevens
L E S PROM E SS E S
L’IMMUNOTHERAPIE
veaux gènes jouant un rôle dans le
développement du cancer du sein.
Les résultats de cette étude publiés
dans « Nature » au mois de juin
devraient permettre de développer
de nouvelles approches thérapeutiques prometteuses.
l’origine du cancer. L’idée est donc
de bloquer l’expression de ce gène
afin de prévenir l’apparition du cancer. Afin de valider cette hypothèse,
une étude pilote va bientôt démarrer à l’Institut Bordet. Il s’agira d’administrer un nouveau médicament
trois semaines avant l’intervention
DE NOUVELLES PERSPECTIVES chirurgicale. Suite à l’opération, on
DANS LE TRAITEMENT DU appréciera si le médicament peut
CANCER DU SEIN CHEZ LA affecter les cellules souches et dans
FEMME JEUNE
quelles proportions. Si les résultats
L’hypothèse est aujourd’hui que de l’étude sont probants, on pourra
le cancer du sein chez la femme envisager à l’avenir un traitement
jeune proviendrait d’une anomalie préventif pour les femmes jeunes
au niveau d’une cellule souche. à risque.
Nos chercheurs ont identifié une
anomalie d’un des gènes cibles qui
contrôlerait la prolifération des
cellules souches et pourrait être à
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Bordet news - septembre 2012
Radiothérapie per-opératoire
à l’Institut Bordet:
déjà plus de 300 patients traités !
La générosité des 'Amis de l’Institut Bordet' nous a permis
d'acquérir, en 2009, un Mobetron, accélérateur de particules
pouvant être utilisé directement au quartier opératoire.
Retour sur cette première belge et bilan après plus de deux ans
d’utilisation.
Dr Catherine Philippson,
Service de Radiothérapie,
Responsable de la
pathologie mammaire.
l’intervention. Pour pouvoir bénéficier
de cette technique, plusieurs critères
doivent cependant être respectés :
tumeur de petite taille, unique, de type
histologique canalaire, sans atteinte
ganglionnaire...
Le Mobetron est un appareil léger, auto-blindé, mobile qui délivre
des faisceaux d’électrons assez énergétiques pour pouvoir traiter
quelques centimètres d’épaisseur de tissus. Ces électrons déposent la
dose le long de leur trajectoire et sont complètement absorbés dans le
patient. Cet accélérateur permet donc de délivrer des traitements de
radiothérapie au moment de l’intervention chirurgicale et à l’endroit
précis où la délivrance des rayons est nécessaire.
La procédure de traitement consiste
en une première phase opératoire au
cours de laquelle le ganglion sentinelle
est repéré et réséqué par le chirurgien.
La tumeur est ensuite exérisée et l’ensemble envoyé pour analyse immédiate
au Laboratoire d’anatomopatholgie.
La particularité essentielle de ce type de traitement réside dans sa
sélectivité volumique : il permet de n’irradier qu’une zone cible, bien
visible durant l’opération, de laquelle on peut écarter toutes les structures saines. Un autre avantage substantiel réside dans la rapidité
du traitement: 2 minutes de faisceau vont engendrer le même effet
tumoricide que 6 semaines de radiothérapie externe.
Une protection métallique va être
temporairement placée sous la zone
à traiter. Le but de cette protection
est d’arrêter totalement les électrons
produits par l’accélérateur et qui ont
traversé la partie du sein à traiter. Cette
protection garantit l’absence d’irradiation au niveau des côtes, des poumons
et du cœur, organes auxquels il faut
porter une attention toute particulière
lors d’un traitement du sein par radiothérapie externe.
L’indication la plus courante retenue à Bordet pour ce type de
traitement est le cancer du sein. Rappelons qu’il s’agit du cancer le
plus fréquent chez la femme. Grâce aux avancées dans le domaine
diagnostique et aux dépistages systématiques, ces tumeurs sont de
plus en plus souvent détectées à un stade précoce, ce qui permet la
réalisation d’un traitement chirurgical conservant le sein. En outre,
la détection à un stade débutant offre un taux de guérison élevé.
Toutefois, le traitement conservateur du sein doit impérativement
être complété par une radiothérapie du sein. Classiquement, celle-ci
consiste en l’irradiation de la totalité de la glande mammaire, traitement qui s’étend sur 6 semaines.
Le Mobetron nous permet désormais, dans un certain nombre de
cas, de privilégier un traitement de radiothérapie réalisé pendant
Si l’analyse anatomopathologique
révèle que le ganglion sentinelle est
sain, la deuxième phase de l’intervention commence. Le radiothérapeute va
prescrire la dose adéquate, déterminer
l’épaisseur de tissus à traiter, choisir la
taille de l’applicateur et positionner
celui-ci à l’aplomb du lit tumoral. Ce
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Bordet news - septembre 2012
dispositif permet de focaliser les
rayons thérapeutiques au niveau de
la zone à traiter. Le physicien médical prend quant à lui en charge les
calculs des temps d’irradiation et du
contrôle de qualité de l’appareillage.
Le chirurgien retire alors la plaque
de protection et réalise la plastie de
la glande mammaire.
L’ensemble de la procédure rallonge
la durée opératoire d’à peine 30
minutes.
La patiente peut quitter l’hôpital
le lendemain de l’intervention, un
avantage précieux pour les femmes
jeunes ayant des responsabilités familiales et/ou professionnelles.
Pour les patientes plus âgées, ce type
de prise en charge permet d’éviter les
déplacements contraignants durant
plusieurs semaines nécessaires en
cas de radiothérapie classique de 6
semaines.
Après plus de 2 ans d’utilisation du
Mobetron, les premiers résultats
cliniques sont très encourageants
et confirment les bons résultats
des études antérieures. Le taux de
complication est comparable à celui
observé lors d’une chirurgie classique. Les effets secondaires sont
moindres qu’avec la radiothérapie
externe : le sein garde sa souplesse,
la peau (puisque non-irradiée) reste
intacte et son exposition modérée
au soleil n’est pas contrindiquée. Par
conséquent, les résultats esthétiques
sont globalement meilleurs.
Sur le plan carcinologique, nous
n’avons à ce jour aucune rechute
de la maladie.
La satisfaction des patientes qui ont
pu bénéficier de cette technique est
très élevée.
Dans le cadre des études scientifiques qui ont été menées, nous
avons également pu mesurer, grâce à
des dosimètres disposés sur le corps
des patients, que ce type d’approche
permet une réduction très significative des doses reçues par le corps
durant le traitement de radiothérapie (de l’ordre de 30 à 80 fois
inférieures à celles délivrées par un
traitement conventionnel).
En conclusion, la radiothérapie peropératoire permet une plus grande
sélectivité des zones irradiées, une
exposition plus faible des patients
aux rayons et un plus grand confort.
Il faut cependant savoir qu’il ne
s’adresse qu’à des patients sélectionnés avec soin comme expliqué
plus haut. Cette technique constitue
une réelle avancée dans la prise
en charge du cancer du sein. Nous
avons toujours eu la philosophie,
à l’Institut Bordet, d’offrir à nos
patientes des traitements minimaux
efficaces : ainsi, pour les tumeurs invasives débutantes, la mastectomie
radicale a fait place au traitement
conservateur suivi de radiothérapie,
le curage axillaire a été remplacé par
le prélèvement du ganglion sentinelle et l’irradiation de la totalité de
la glande mammaire par l’irradiation
partielle per-opératoire du sein.
Il est à noter que la radiothérapie peropératoire a tendance à se
répandre dans le monde. En France
notamment, l’Institut National du
Cancer a coordonné une étude en
2011 à laquelle 8 centres ont été
autorisés à participer.
D’autres indications peuvent également être prises en charge, notamment certains cancers de la sphère
ORL, des tumeurs digestives, des
sarcomes des tissus mous…
Il est aussi évident que sans une
équipe multidisciplinaire performante, impliquée et soudée, nous
ne pourrions offrir à nos patients
ce type de traitement parfaitement
adapté à leur maladie.
© photos Benoît Deprez/TIF
L’applicateur est ensuite aligné avec
le faisceau de l’accélérateur. Cette
procédure se fait grâce à un guidage
laser et par le biais d’un certain
nombre de mouvements robotisés
au niveau de la table d’opération et
de l’accélérateur. A aucun moment,
il n’y a de contact physique entre
l’accélérateur et l’applicateur. Une
fois le patient correctement aligné,
la délivrance de la dose peut être
lancée. La durée d’irradiation est
d’environ 2 minutes.
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Bordet news - septembre 2012
Echanger pour mieux vivre après les traitements :
Groupes de soutien
© Frédéric Raevens
Durant les traitements, la vie des femmes s’organise autour du monde
médical et est rythmée par des consultations, des examens, des soins et
des hospitalisations. Les femmes peuvent être confrontées à de multiples
changements au niveau de
l’image de soi. La maladie et
les traitements vont ainsi
nécessiter une série
d’adaptations successives.
A l’annonce de la fin des traitements, les
femmes vivent très souvent des émotions contradictoires. Elles peuvent se
sentir soulagées tout en éprouvant des
inquiétudes pour l’avenir. Cette période
est, en effet, un moment de transition.
La chirurgie, la chimiothérapie et la
radiothérapie sont terminées mais c’est
également pour beaucoup de femmes le
début d’un nouveau traitement, celui de
l’hormonothérapie. Les femmes peuvent,
durant cette période, se sentir heureuses
et impatientes de retourner à une vie
quotidienne tout en se sentant déboussolées. Elles peuvent avoir l’envie de faire
de nouveaux projets et en même temps
douter de l’avenir. Elles peuvent souhaiter
profiter davantage des précieux moments
de la vie tout en subissant parfois des
changements d’humeur. Elles peuvent
encore vouloir prendre du recul par
rapport aux petits soucis du quotidien
et se sentir sensibles émotionnellement.
La maladie a parfois également modifié
les liens familiaux ou amicaux. La fin
des traitements devient ainsi l’occasion
de profiter des proches ou de parfois
simplement prendre du temps pour soi.
Cette période est souvent marquée par
l’envie de retourner à une vie mise entre
parenthèses par les traitements mais elle
peut également entraîner une envie de
faire des changements au niveau professionnel et familial et de réévaluer les
priorités. Certaines femmes ont également le sentiment d’être différentes
après la maladie tant d’un point de vue
physique que psychologique.
Les effets des traitements passés (telles
que la fatigue, les difficultés de concentration et de mémoire, les cicatrices, les
difficultés sexuelles,…) et les possibles
effets secondaires des traitements actuels, l’hormonothérapie par exemple
(bouffées de chaleur, douleurs,…), rappellent la maladie. Les femmes peuvent
dès lors avoir le sentiment d’être encore
malades ou de ne pas être encore totalement guéries. Elles peuvent par ailleurs
ressentir un décalage entre ce qu’elles
ressentent et la perception de leurs
proches qui les considèrent comme
totalement guéries.
La peur de la récidive s’intensifie chez
de nombreuses patientes. Pour certaines
femmes, elle apparaît dès la fin des
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Bordet news - septembre 2012
après un cancer du sein
Florence Lewis*, Isabelle Merckaert* et Darius Razavi* *Clinique de Psycho-oncologie et des Soins supportifs
traitements et peut persister pendant de
nombreuses années. Cette peur disparaît par
période et réapparaît souvent dans certains
contextes : des symptômes physiques, les
visites médicales de suivi, une conversation,
une émission de radio ou de télévision, etc.
Durant cette période, ces diverses émotions et pensées se bousculent. Les femmes
peuvent alors se sentir perdues ou confuses.
Cette phase peut donc être associée à des
difficultés de « réadaptation » conjugale,
familiale, sociale et professionnelle.
Il est donc important pour les femmes d’être
entourées lors de cette étape, par des professionnels mais aussi par d’autres femmes qui
ont traversé la même épreuve. Un soutien
psychologique adapté à cette période de
l’après-traitement peut les aider à affronter
ces difficultés. Pour toutes ces raisons, la
Clinique de Psycho-oncologie de l’Institut
Jules Bordet, soutenue par le Plan Cancer, a
mis sur pied deux types d’interventions de
groupe pour les patientes qui ont terminé
leurs traitements pour un cancer du sein : un
groupe de parole où les difficultés sont abordées spontanément et discutées librement et
un groupe où les difficultés sont identifiées
et réfléchies de manière plus structurée au moyen d’exercices. Les patientes peuvent aléatoirement bénéficier de
l’une de ces deux interventions qui comportent 15 séances
gratuites de deux heures en groupe réparties sur 5 mois.
Animées par des psychologues, ces séances permettent
d’échanger et de rencontrer d’autres personnes confrontées
aux mêmes difficultés et inquiétudes. Ces groupes peuvent
aider les femmes à s’exprimer, notamment sur des sujets
qu’il est parfois difficile d’évoquer avec l’entourage. De plus,
ces interventions de groupe leur offrent des outils pour les
aider à gérer leurs symptômes physiques, leurs émotions,
leur incertitude et leurs peurs. Ces séances se centrent sur
les difficultés que les femmes peuvent rencontrer lors du
retour à la vie quotidienne et visent à favoriser leur adaptation durant cette période. Elles leur offrent la possibilité
de verbaliser leur vécu de manière plus intelligible grâce à
ce partage d'expériences si individuelles. Un programme de
recherche est également organisé afin d’évaluer l’efficacité
de ces deux interventions de groupe et d’identifier quelle
technique est la plus adaptée pour aider les patientes.
Toute personne intéressée par ces interventions
de groupe peut contacter
la Clinique de Psycho-oncologie par téléphone
au 02/541 33 26 (Secrétariat),
par mail : [email protected] ou en se
rendant au 6e étage (côté hospitalisation).
Témoignage : Vinciane, opérée d’un cancer du sein en 2011.
Durant ma radiothérapie, j’ai été contactée par une psychologue du Service de Psycho-Oncologie de
l’Institut qui m’a proposé de participer à un groupe de parole animé par une psychologue. J’ai accepté.
Nous sommes gratuitement prises en charge durant 15 séances de deux heures. L’objectif : nous aider à
exprimer nos difficultés (stress, insomnies, difficultés relationnelles avec l’entourage…) et à les résoudre.
Nous avons commencé en mars et terminerons en septembre. Nous sommes 6, jeunes et moins jeunes,
avec des expériences très différentes de la maladie. Je n’ai moi-même subi qu’une chirurgie et une
radio-thérapie alors que d’autres ont suivi une chimio-thérapie voire d’autres traitements. Mais pouvoir s’exprimer, aborder ses problèmes, même si chaque cas est particulier, fait énormément de bien
et des liens se créent. La psychologue nous donne aussi des techniques pour apprendre à mieux gérer
nos émotions et à nous relaxer. Ainsi, chaque séance commence par 10 minutes d’auto-hypnose. Ces
groupes s’inscrivent dans le cadre d’une étude menée par le Service de Psycho-oncologie de l’Institut.
Avant de commencer la session, nous avons répondu à un questionnaire d’évaluation et un autre est
prévu à la fin. Mais je peux d’ores et déjà dire que même si je n’en ressentais pas vraiment le besoin
au départ, ces groupes m’ont fait un bien fou !
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Bordet news - septembre 2012
Nouveau
Une activité physique
encadrée pour aller mieux
après un cancer du sein.
Ariane Cambier : entretien avec Margorata Klass, 1ère assistante à la Faculté des Sciences de la Motricité de l’ULB,
et le Dr Emmanuel Toussaint, gastroentérologue, Président de la Commission Nutrition de l’Institut Bordet.
Dans la majorité des cas de cancer du sein, après les
traitements, il est conseillé aux patientes de pratiquer
une activité physique régulière. De fait, de nombreuses
études (Markes et al 2006, Spence et al 2010, Davies et
al 2011, Irwin et al 2011, Fong et al 2012) ont démontré
qu’un suivi basé sur de l’activité physique régulière avait
un effet bénéfique sur de nombreux effets négatifs du
cancer et de ses traitements (fatigabilité, troubles du
sommeil, modification de la composition corporelle,
ostéoporose, bien-être…).
L’objectif de ce programme sera de réaliser une évaluation des patientes en fin de traitement, de leur proposer
un programme de réadaptation par l’activité physique
et, enfin, d’évaluer ses effets ainsi que l’adhésion des
participantes sur la durée.
Mais, sortant d’une période où elles ont été fort encadrées, les patientes en fin de traitement entrent aussi
souvent dans une phase où elles se retrouvent livrées
à elles-mêmes et démunies. Elles se posent aussi de
nombreuses questions quant à ce qu’elles peuvent faire
ou non.
Le programme durera 3 mois. Il proposera 3 types
d’activité physique différents, chacune effectuée une
fois par semaine :
L’évaluation initiale comportera à la fois des tests physiques (mesure de force, détermination de la capacité
maximale à l’effort, test fonctionnel, test de composition corporelle…) et un questionnaire (échelle d’évaluation des symptômes, d’estime de soi, de qualité de vie…).
ne séance encadrée par un kinésithérapeute comU
portant des exercices dynamiques sur tapis roulant,
rameur, vélo elliptiques (…) ainsi que des exercices
de musculation sur des machines spécifiques. Tous
ces exercices seront individualisés suivant les résultats des tests de capacité préalables. Cette séance
se déroulera au Centre de Réadaptation Physique
Pluridisciplinaire;
C’est la raison pour laquelle l’Institut Bordet, en collaboration avec le Centre de Réadaptation Physique
Pluridisciplinaire de l’ULB, a décidé de lancer cet automne une étude de faisabilité sur la mise en place d’un
programme de réadaptation par l’activité physique de
patientes en rémission d’un cancer du sein. Nous avons
rencontré les initiateurs de l’étude , Margorata Klass et
le Docteur Emmanuel Toussaint.
ne séance extérieure de type marche nordique,
U
vélo ou course à pied. Cette séance sera, elle aussi,
encadrée. Les patientes seront suivies avec un cardiofréquencemètre et un podomètre ;
©skynesher/Istockphoto
ne séance libre à domicile suivant un programmeU
type qui leur sera remis comportant des exercices de
renforcement musculaire.
L’évaluation finale mesurera quant à elle les bénéfices
enregistrés (amélioration de la condition physique, de
l’état psychologique, diminution de la masse de graisse,
changement de comportement durable par rapport à la
pratique d’une activité physique…).
Ce programme devrait permettre aux femmes qui y
participent de se prendre ultérieurement en charge en
connaissant leurs limites réelles et non théoriques.
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Bordet news - septembre 2012
Le nouveau site internet des 'Amis' :
Pour encore mieux vous informer !
Le 15 septembre, 'Les Amis' ont lancé leur tout nouveau site Internet. Pour y
accéder, vous ne devez plus passer par le site de l’Institut Bordet. Vous y accédez
directement en tapant l’adresse : www.amis-bordet.be
Ce site se veut avant tout convivial. Il vous propose de nombreuses nouveautés
et nous espérons que vous prendrez beaucoup de plaisir à y 'voyager'.
Vous y trouverez notamment des informations sur :
Qui nous somm
es
Les projets que
nous soutenons
La manière don
t vous pouvez n
Les activités qu
ous aider
e nous organiso
ns
Nouveau ! Vous pourrez désormais effectuer vos dons en ligne de manière totalement sécurisée
si vous le souhaitez.
Vous y trouverez également un bulletin de virement téléchargeable
pour nous faire un don.
Nouveau ! Vous aurez la possibilité de visualiser les photos et les films de nos activités.
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Bordet news - decembre 2011
Le Salon du Testament de Bruxelles
Lundi 5 novembre 2012
de 10h à 16h au
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
La législation sur les successions n’est pas toujours aisée. L’objet de ce salon organisé par
Testament.be est d’informer le grand public sur
les différents aspects du droit successoral belge.
Des notaires, des juristes (…)
répondront gratuitement à vos questions en
toute discrétion.
'Les Amis' seront présents sur place.
Si vous souhaitez recevoir des entrées
gratuites, appelez-nous au 02/541.34.14.
CinéClub
au profit de Bordet’n Wellness
De quoi s’agit-il ?
A partir du mois de novembre, le Cinéclub vous propose la projection d’un film suivie d’un lunch.
Grâce à l’extraordinaire collaboration de la Cinematek, qui met gratuitement son infrastructure
à notre disposition, les bénéfices de ces matinées iront entièrement à l’amélioration du bien-être
des patients à l’Institut Bordet
Quand et où ? L es jeudis 8 et 29 novembre ainsi que le jeudi 24 janvier à 11 heures
à la Cinematek, Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles.
Le prix N
ous vous demandons 75 euros
pour les trois projections suivies d’un lunch.
1ère projection : jeudi 8 novembre à 11 heures
« Walk in the clouds »
Film américain d’Alfonso Arau avec Keaner
Reeves, Antony Quinn… (1995)
Pour plus d’informations et pour vous inscrire:
Els Anderson : 02/649 19 42
email : [email protected]
Vous pouvez directement effectuer votre
versement sur le compte BE71 3101 2743 6969
Avec la communication :
'Bordet’n Wellness project'
TOUJOURS PLUS D’AVANTAGES
DU 1 ER AU 31/10/2012
&
LUTTONS CONTRE LE CANCER DU SEIN
PLANET PARFUM ET SES PARTENAIRES
SE MOBILISENT CONTRE LE CANCER DU SEIN
1 PRODUIT
ACHETÉ
=
1
€
REVERSÉ
À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET»
1 PRODUIT DE
MAQUILLAGE ACHETÉ
=
2
€
REVERSÉS
À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET»
1 PRODUIT DE SOIN
ACHETÉ
=
2
€
REVERSÉS
À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET»
1 EAU DE PARFUM
ESCADA ESPECIALLY
50 OU 75 ML ACHETÉE
=
3
€
REVERSÉS
À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET»
LA CLINIQUE DU SEIN DE L’INSTITUT BORDET met à disposition des femmes atteintes d’un cancer du sein une structure
multidisciplinaire capable de prendre en charge tous les aspects inhérents à cette maladie. Une cinquantaine de spécialistes
y œuvrent quotidiennement, offrant aux patientes une prise en charge thérapeutique et un accompagnement optimal.
VOUS POUVEZ SOUTENIR «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» PAR UN DON SUR LE COMPTE BE47 0001 0350 7080.
Tout don à partir de 40€ donne droit à une attestation de déductibilité fiscale.
Soirée de Gala au profit
de la recherche contre le cancer
à l’Institut Jules Bordet
Samedi 20 octobre 2012 à 20h15
Théâtre Royal du Parc
Les
Misérables
De Victor Hugo
Mise en scène de Thierry DEBROUX
Avec Olivier Massart dans le rôle de Jean Valjean
Infos et réservation :
121 Bld de Waterloo - Bruxelles - 7ème étage - Paiement par Bancontact possible
02/541 34 14
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