LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET ASBL BELGIQUE - BELGË P.P./P.B. news B-21 P é R I O D I Q U E T R I M E S T R I E L • s e p t e m re 2 01 2 • N ° 101 Ensemble pour la vie ! Toute l'actualité sur les cancers du sein et de la prostate 2 Bordet news - septembre 2012 sommaire 4 8 Cancer de la prostate : quoi de neuf ? Pr Roland Van Velthoven Vivre après les traitements d’un cancer de la prostate Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Pr Darius Razavi 10 Cancer du sein : les extraordinaires avancées de la recherche Pr Martine Piccart, Dr Christos Sotiriou 12 Radiothérapie per-opératoire à l’Institut Bordet : 14 16 déjà plus de 300 patients traités ! Dr Catherine Philippson Groupes de soutien après un cancer du sein Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Pr Darius Razavi Activité physique encadrée pour aller mieux après un cancer du sein Margorata Klass, Dr Emmanuel Toussaint 17 Le nouveau site Internet des 'Amis' 18 Agenda AGENDA Les "Midis des Amis" Cycle de conférences organisées par "Les Amis de l'Institut Bordet": Auditoire Tagnon, Institut Jules Bordet, Boulevard de Waterloo, 121 1000 Bruxelles Renseignements: 02/541.34.14. > Lundi 8 octobre 2012 A 12 heures 30 Dr Christine Desmedt “Cancers du sein : les dernières avancées” > Lundi 17 novembre 2012 A 12 heures 30 Dr Catherine Sibille “La génétique somatique du cancer : aide au diagnostic et au traitement ciblé du patient” Décès de Luc Sturbelle Luc Sturbelle nous a quittés le 26 juin dernier. Directeur général du département des infrastructures de l’ULB jusqu’en 1982, il a ensuite assumé le Secrétariat général des 'Amis' jusqu’en 1997. Nous présentons nos plus sincères condoléances à ses proches. "Bordet News" est la revue trimestrielle des "Amis de l'Institut Bordet" asbl. Editeur responsable: Ariane Cambier, 121, Boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles. Rédacteur en chef: Ariane Cambier. Comité de Rédaction : Dr J.-B. Burrion, A. Chotteau, Dr D. de Valeriola, D. Janssen, Dr D. Lossignol, Pr J.-C. Pector, Pr D. Razavi Ont collaboré à ce numéro : Ariane Cambier, Margorata Klass, Florence Lewis, Isabelle Merckaert, Dr Catherine Philippson, Pr Martine Piccart, Dr Christos Sotiriou, Dr Emmanuel Toussaint, Pr Roland Van Velthoven. Conception graphique: www.h2so4studio.com - Riozzi Manuela - © photo Benoît Deprez/Tif Samedi 20 octobre 2012 20h15 Théâtre Royal du Parc « Les Misérables » Au profit des 'Amis de l’Institut Bordet' Nouveau site Internet : www.amis-bordet.be www.vrienden-bordet.be 3 Bordet news - septembre 2012 Voor vrouwen is oktober de maand van de borstkanker. Men heeft het echter vrij weinig over prostaatkanker terwijl in september toch de Europese week van de urologie plaatsvindt. Borstkanker is inderdaad de belangrijkste kanker bij vrouwen, maar prostaatkanker is met bijna 10.000 nieuwe gevallen per jaar in ons land zeker de belangrijkste kanker bij mannen. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu faire le point, dans ce numéro, sur la prise en charge de ce cancer qui fait près de 1.500 victimes chaque année en Belgique. Dépistage, diagnostic, traitements, où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelles sont les dernières avancées? Le Professeur Van Velthoven répond à nos questions et nous explique l’importance d’une prise en charge pointue afin de mettre toutes les chances du bon côté. Daarom willen wij in dit nummer even stilstaan bij deze kanker die jaarlijks ongeveer 1.500 slachtoffers eist in België. Opsporing, diagnose, behandeling… waar staan we vandaag? Wat zijn de nieuwste ontdekkingen? Professor Van Velthoven beantwoordt onze vragen en geeft meer uitleg bij het belang van een vooruitstrevende aanpak om alle kansen te kunnen benutten. Si l’accompagnement psychologique des femmes atteintes d’un cancer du sein est devenu une évidence, il n’en va pas de même pour les hommes traités pour un cancer de la prostate. Sans doute parce que la maladie et les traitements touchent une partie du corps très investie et aussi parce que les hommes sont souvent moins enclins que les femmes à demander de l’aide et en particulier un soutien psychologique. C’est la raison pour laquelle le Service de psycho-oncologie de l’Institut Bordet a décidé d’organiser dès cet automne des interventions de soutien afin d’aider les hommes après les traitements. Vous trouverez toutes les informations utiles dans ce numéro. Nous vous tenons régulièrement au courant des progrès enregistrés dans le traitement du cancer du sein. Nous avons choisi ici de faire le point, avec le Professeur Piccart et le Dr Sotiriou, sur la recherche et ce à travers les grandes avancées de l’année écoulée. Et elles ont été nombreuses ! Preuve s’il en fallait que la recherche constitue bel et bien aujourd’hui le maillon fort de la lutte contre le cancer. Nous ferons également le point, avec le Docteur Catherine Philippson, sur le Mobetron après plus de deux ans d’utilisation. Enfin, nous vous parlerons du premier programme d’activité physique encadré que lance l’Institut Bordet à destination des femmes en rémission de cancer du sein. Une activité se déroulant en dehors de l’hôpital mais sous la supervision de professionnels, comme l’a toujours prôné l’Institut Bordet. Last but not least, les prochaines semaines seront, pour notre association, riches en événement divers. Nous vous proposons de les découvrir sans plus attendre et espérons que vous y trouverez votre bonheur ! Ensemble, faisons gagner la vie ! Terwijl de psychologische begeleiding bij vrouwen met borstkanker een evidentie is geworden, is dat niet het geval voor mannen die behandeld worden voor prostaatkanker. Wellicht omdat de ziekte en de behandeling een inwendig lichaamsdeel betreffen en ook omdat mannen vaak minder geneigd zijn dan vrouwen om hulp te vragen, zeker wanneer het gaat om psychologische ondersteuning. Daarom heeft de dienst psychooncologie van het Instituut Bordet besloten om deze herfst ondersteuningsessies te organiseren om mannen te helpen na de behandelingen. Alle nuttige informatie vindt u in dit nummer. We houden u regelmatig op de hoogte van de vooruitgang op het vlak van de behandeling van borstkanker. We hebben ervoor gekozen om in dit nummer samen met Professor Piccart en Dr. Sotiriou hierop terug te komen aan de hand van de grote nieuwigheden van het afgelopen jaar. En dat waren er heel wat! Daaruit blijkt eens te meer dat onderzoek wel degelijk de sterke schakel is in de strijd tegen kanker. Samen met Dr. Catherine Philippson zullen we ook kijken hoe het gaat met de Mobetron nu deze al meer dan twee jaar gebruikt wordt. En ten slotte zullen we het hebben over het eerste programma van begeleide fysieke activiteit voor vrouwen die in remissie zijn na borstkanker – een programma gelanceerd door het Instituut Bordet. Deze activiteit zal plaatsvinden buiten het ziekenhuis, maar wel onder toezicht van professionals, zoals steeds bij het Instituut Bordet. En last but not least staan er de komende weken voor onze vereniging heel wat uiteenlopende activiteiten op de agenda. Neem snel een kijkje, u vindt zeker iets dat in de smaak valt. Samen zorgen we ervoor dat het leven overwint. Ariane Cambier, Secrétaire Générale / Algemeen secretaris © Benoît Deprez/Tif Si les femmes ont depuis des années fait d’octobre le mois du cancer du sein, on parle relativement peu du cancer de la prostate et ce même si en septembre a lieu la semaine européenne de l’urologie. Or, si le cancer du sein représente le premier cancer chez la femme, celui de la prostate constitue lui, avec aussi près de 10.000 nouveaux cas par an dans notre pays, le premier cancer chez l’homme. onder vrienden Geachte mevrouw, mijnheer, Beste 'Vrienden', entre amis Madame, Monsieur, Chers 'Amis', 4 Bordet news - septembre 2012 Cancer de la prostate : Au XXIème siècle, 1 personne sur 3 sera atteinte d’un cancer au cours de son existence. Parmi ces patients, 1 sur 3 souffrira d’un cancer génito-urinaire. Un véritable problème de santé publique donc au même titre que le cancer du sein. Dépistage, diagnostic, traitement, quels sont aujourd’hui les dernières avancées en la matière ? Rencontre avec le Professeur Roland Van Velthoven, chef du Service d’Urologie de l’Institut Bordet qui nous explique l’importance d’une prise en charge pointue que seuls des centres spécialisés sont aujourd’hui à même de proposer. A. Cambier, Secrétaire Générale Professeur Van Velthoven, qu’en est-il du dépistage aujourd’hui ? Malgré la publication en 2009 des résultats encourageants mais contradictoires des études européennes (ERSPC) et américaines (PLCO) concernant le dépistage de masse, la prise en charge diagnostique et thérapeutique du cancer de la prostate asymptomatique et/ou indolent fait toujours débat. La généralisation du dosage du PSA a conduit à détecter plus de cancers. C'est la raison pour laquelle on assiste à une augmentation importante, depuis 20 ans, de l’incidence de la maladie, essentiellement dans sa forme localisée et chez des patients de plus en plus jeunes. Cependant le cancer de la prostate reste une des premières De nombreux travaux sont en cours afin de causes de mortalité par cancer dans le monde ! mieux évaluer le risque individuel de susceptibilité au cancer de la prostate et d’évolutivité ! A. Taux d’incidence du cancer de la prostate dans le monde Cela nécessite une meilleure connaissance des facteurs de risque, la définition de critères précis pour la mise en œuvre d’un dépistage ciblé et une stadification exhaustive afin de proposer la réponse thérapeutique la plus adaptée constituant un véritable traitement 'à la carte' ! Rate per 100 000 83,2 - 173,7 45,3 - 83,1 20,5 - 45,2 11,8 - 20,4 5,4 - 11,74 1,7 - 5,3 B. Taux de mortalité par cancer de la prostate dans le monde Rate per 100 000 22,1 - 61,7 15,3 - 22,0 11,6 - 15,2 7,5 - 11,5 3,5 - 7,4 1,2 - 3,4 Source: Globocan 2008 in European Urology, June 2012, P.1082 Il faut rappeler qu’en Belgique, on a très peu procédé au dépistage systématique du cancer de la prostate, lequel fait régulièrement l’objet de remises en cause. On a en effet depuis longtemps la conviction que le dépistage de masse ne fonctionne pas, qu’il représente un coût important de santé publique et induit des examens anxiogènes potentiellement inutiles. Depuis longtemps, on procède donc à une détection opportuniste ou précoce qui s’adresse à des patients ayant un motif quelconque de consulter, que ce soit des troubles urinaires, un antécédent familial, des symptômes pelviens… Et c’est dans cette population-là que la détection précoce fonctionne bien. 5 Bordet news - septembre 2012 où en est-on ? © Frédéric Raevens Le Dr Gil, le Pr Vanveltoven, le Pr Larsimont et le Dr Moretti Dans ces cas-là, en quoi consiste le dépistage ? Concrètement, qui est concerné par le dépistage? Il est fondé sur les moyens disponibles. On part toujours de l’examen clinique. On y ajoute le dosage du PSA (Prostate Specific Antigen), avec toutes ses subtilités, mais qui repose sur deux valeurs principales, le PSA total et son évolution (cinétique, vélocité, temps de doublement) ainsi que les fractions libres. C’est l’homme de 50 ans, voire de 40, dont un frère, un oncle ou le père a présenté un cancer de la prostate. Il présente en effet un risque statistique 10 fois plus élevé que la population générale de développer lui-même un cancer de la prostate. Il lui est donc conseillé de se présenter au moins une fois à une consultation de dépistage qui peut être tout à fait rassurante ou engager, s’il y a déjà une anomalie de PSA constatée, un suivi régulier. En fonction des facteurs de risque présentés par le patient et des anomalies rencontrées lors de ces examens, une décision de biopsie et de bilan complémentaire peut être prise selon un algorithme visant à éviter les biopsies inutiles. Le test PCA3 est, lui, un apport plus récent qui aide à la décision de biopsie mais n’a pas dépassé ce niveau-là. L’intérêt des actualisations récentes d’études multicentriques européennes comme l’étude ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer) est d’avoir montré un avantage du PSA en termes de réduction de morbidité et plus récemment, après une maturation à 12 ans, un avantage en termes de réduction de mortalité. C’est la première fois qu’un tel avantage est démontré de manière aussi claire. Et pour les hommes qui n’ont pas d’antécédents familiaux ? Là, on recommande de faire le test une fois à 50 ans et, s’il est normal, de le répéter tous les deux ans. En cas doute, en quoi consistent les investigations destinées à un diagnostic le plus précis possible ? Le travail du spécialiste consiste à identifier les patients auxquels proposer une biopsie en fonction de leur tableau clinique, de leur PSA et de sa vitesse d’ascension, de leurs antécédents familiaux… La manière de réaliser ces biopsies est bien connue et codifiée actuellement. On 6 Bordet news - septembre 2012 est passé de sextants intéressant tous les secteurs de la prostate à des sextants doublés puis, on y a ajouté les zones centrales. On y a maintenant adjoint la dimension tri-dimensionnelle des biopsies qui permet d’archiver beaucoup plus clairement sur un modèle à trois dimensions la position des prélèvements déjà effectués afin d’éviter de ré-investiguer les mêmes territoires en croyant qu’on en touche de nouveaux. La résonnance magnétique multimodale est aussi un examen extrêmement important dans la mise au point d’un cancer de la prostate. Elle permet en effet de s’assurer qu’aucune zone n’a échappé à la biopsie. Elle peut donc conduire à la décision de procéder à de nouvelles biopsies si on a la conviction d’avoir sousévalué la maladie. En d’autres termes, elle permet un diagnostic le plus qualitatif (un pathologiste met une étiquette de cancer sur les biopsies) et quantitatif possible. Elle fournit des informations essentielles quant à l’importance réelle du cancer et conduit à un tri extrêmement important entre les patients qui ont besoin d’un traitement et ceux qui peuvent se contenter d’une surveillance 'active'. Celle-ci constitue une politique de gestion de la maladie permettant de différer les traitements agressifs sans prise de risque. Une fois le diagnostic établi, qu’en est-il des traitements ? Le dépistage du cancer de la prostate par le PSA engendre une augmentation du nombre de cas diagnostiqués et une proportion croissante de tumeurs localisées à faible risque de progression impliquant la délicate indication d’une prise en charge adaptée à chaque situation, 'à la carte', avec la difficile évaluation des facteurs pronostics individuels ! L’apport d’outils tels des nomogrammes intégrant les différents facteurs en scores d’évaluation de risques constituent des aides précieuses à la décision de même que les progrès de l’imagerie fonctionnelle avec la résonance multiparamétrique avec diffusion telle qu’elle est pratiquée actuellement à l’Institut Jules Bordet. En dehors d’une surveillance active pouvant être proposée pour des tumeurs débutantes, peu agressives et à faible potentiel de progression, les traitements restent essentiellement à visée curative en cas de cancer localisé. Evolution de l’incidence des différents traitements du cancer de la prostate dans le temps. 60 Rate per 100 000 50 Taux d'incidence Prostatectomie radicale 40 30 20 10 0 Aucun traitement Radiothérapie Hormonothérapie Autres traitements 8384858687888990 9192939495 Année de diagnostic Source: European Urology, june 2012, P.1094 Ils sont de deux types : l’approche chirurgicale et l’approche par radiothérapie. Dans l’approche chirurgicale, on procède à l’ablation complète de la prostate. Ce traitement est réservé aux maladies les plus agressives, aux patients les plus jeunes, les plus exposés en fonction de leur longévité prévisionnelle… Pour des patients un peu plus âgés, un peu plus craintifs par rapport aux effets indésirables, on peut envisager l’alternative de l’HIFU (High Intensity Focused Ultrasound) qui, de manière classique, constitue une approche globale de la prostate, cohérente puisque la maladie est souvent multi-focale même si, à Bordet, nous avons identifié un sous-groupe de population présentant une maladie unilatérale. Ce sont précisément les progrès dans la réalisation des biopsies associés à ceux réalisés dans l’IMR multi-modale qui 7 nous ont permis d’identifier ce groupe. Quand nous avons une coïncidence complète entre la latéralisation des biopsies et celle des lésions par IRM, nous proposons au patient un traitement partiel par HIFU. Nous avons maintenant un recul moyen de 3 ans sur une série pilote et ce avec un contrôle local de la maladie correspondant à 83% des patients. En ce qui concerne la chirurgie radicale telle qu’elle a évolué à Bordet, on est passé d’une chirurgie ouverte à une chirurgie laparoscopique et, depuis 2 ans, à une chirurgie laparoscopique robot-assistée. Le bilan est totalement positif puisque l’on constate des séjours plus courts et une amélioration des résultats fonctionnels avec un retour plus rapide à la continence et à l’érection. Les résultats oncologiques sont par ailleurs analogues à ceux obtenus par les autres techniques. Les problèmes fonctionnels rencontrés après une chirurgie sontils fréquents ? Ils sont le plus souvent transitoires, d’autant plus fugaces que les patients sont jeunes et en bonne forme physique. Les pourcentages résiduels s’avèrent très bas. Les patients qui présentent toujours des problèmes d’incontinence à 12 mois de l’intervention sont < 5%. La récupération de l’érection prend davantage de temps et varie énormément en fonction des individus et de nombreux facteurs entrant en ligne de compte. Une approche pluridisciplinaire impliquant le patient et son partenaire avec une prise en charge précoce de réhabilitation tant au niveau sexuel que mictionnel reste cruciale et n’est souvent disponible que dans les centres intégrés tels que l’Institut Jules Bordet. © Frédéric Raevens Bordet news - septembre 2012 Avec les techniques laparoscopiques robot-assistées, on constate cependant des récupérations beaucoup plus rapides ainsi que des récupérations précoces auxquelles on n’assistait jamais avec les techniques antérieures. Cet élément est en grande partie lié à la navigation intra-tissulaire que permet la robotique. L’avantage de la chirurgie laparoscopique radio-assistée fait l’objet d’une étude multi-centrique belge qui a recruté 3.000 patients en 3 ans. Les résultats de cette étude seront connus sous peu. Qu’en est-il des techniques de radiothérapie ? La brachythérapie - ou curiethérapie - est une forme de radiothérapie consistant à implanter de minuscules sources radioactives directement dans le tissu prostatique. Grâce à un travail de fin d’étude, on a analysé cette année les résultats à très long terme de l’HIFU global comparé à une série de brachythérapies effectuées pendant la même décennie. On a démontré une équivalence de contrôle de la maladie à peu près égale entre les deux traitements. En d’autres termes, il s’agit de deux moyens de contrôle locaux apportant une meilleure qualité de vie au patient. Quant à l’hormonothérapie ? Il s’agit d’un traitement non-curatif destiné aux maladies avancées. Il connaît aussi énormément de progrès actuellement avec la découverte récente de nouvelles molécules pour le moment réservées aux patients à un stade avancé de la maladie et qui ont développé des résistances à l’hormonothérapie classique (acétate d’abiraterone). 8 Bordet news - septembre 2012 Vivre après les traitements d’un cancer de la prostate Des interventions de soutien pour reprendre Un diagnostic de cancer de la prostate peut affecter la qualité de la vie. Les progrès des traitements (notamment de la chirurgie laparoscopique robot-assistée) permettent aujourd’hui de réduire l’inconfort lié aux traitements : moins de douleurs, de plus courts séjours à l’hôpital et moins d’effets secondaires. Malgré les bénéfices associés à ces nouvelles options thérapeutiques, la fin des traitements peut susciter chez les patients des sentiments contradictoires. Ils peuvent, en effet, se sentir soulagés et se réjouir de la fin des traitements tout en craignant une reprise des activités quotidiennes. Le retour à 'la vie de tous les jours' n’est, en effet, pas toujours simple. La maladie et les traitements touchent une partie du corps souvent très investie. Les changements du fonctionnement physique liés aux traitements peuvent entraîner chez les hommes une perte de confiance et d’estime de soi, des craintes par rapport à leur identité masculine et modifier les relations au sein du couple et de la famille. Les personnes confrontées à ces situations ont souvent besoin de temps pour, s’accommoder à ce fonctionnement corporel modifié, retrouver une intimité et aménager leur vie conjugale. Les hommes peuvent, de plus, durant cette période se poser des questions sur leur choix de traitements. Ils peuvent également craindre les effets de ces traitements, en particulier sur leur fonction urinaire et leur sexualité. Les hommes peuvent dès lors se poser de nombreuses questions et être inquiets des conséquences (physiques, psychiques, relationnelles ou pratiques) de ces effets sur leurs activités du quotidien. La reprise des activités, qu’elles soient intimes, de loisirs ou professionnelles, peut dès lors être crainte et freinée. L’après-traitement est, par ailleurs, très souvent associé à une peur de la récidive. Des interventions de soutien spécialisées peuvent aider les hommes à intégrer et gérer les changements physiques et psychologiques après un cancer de la prostate. Toutefois, les hommes sont parfois moins enclins que les femmes à demander de l’aide et en particulier un soutien psychologique. Souvent aussi ils ne disposent pas d’informations sur les interventions thérapeutiques existantes, craignent une inadaptation de ces interventions à leurs problématiques ou éprouvent des difficultés à parler de ces sujets très intimes. On sait aujourd’hui que des programmes de soutien aident les patients à reprendre les activités de la vie quotidienne après leurs traitements. On ne connaît cependant pas encore le contenu optimal de ces programmes de soutien destinés aux patients présentant un cancer de la prostate. 9 Bordet news - septembre 2012 les activités de la vie quotidienne ©JodiJacobson/istockphoto Florence Lewis*, Isabelle Merckaert* et Pr.Darius Razavi* * Clinique de Psycho-oncologie et des Soins supportifs La Clinique de Psycho-oncologie souhaite répondre à cette question. C’est pourquoi, la Clinique de Psycho-oncologie de l’Institut Jules Bordet, soutenue par le Plan Cancer, a créé un programme d’interventions pour les patients atteints d’un cancer de la prostate. Ce programme de soutien organisé après les traitements a pour objectif d’apporter des informations, des conseils pratiques et des outils pour gérer les difficultés vécues et faciliter la reprise des activités quotidiennes. Une recherche a été développée afin d’évaluer l’efficacité de deux interventions de soutien et la satisfaction des participants par rapport à celles-ci. Les patients qui ont terminé leurs traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie) peuvent donc bénéficier aléatoirement de l’une de ces deux interventions gratuites. Cette évaluation permettra ainsi d’identifier quel type d’intervention est le plus adapté et le plus utile. La première intervention proposée à l’Institut Jules Bordet est une intervention de groupe. Ces groupes de 6 participants comportent 5 séances de 2 heures et permettent de rencontrer d’autres hommes qui présentent les mêmes préoccupations, les mêmes peurs ou les mêmes difficultés. Ces échanges permettent d’identifier les difficultés, d’analyser leur impact sur la vie quotidienne et de rechercher des solutions. Durant ces séances, des techniques d’auto-hypnose seront également enseignées. Grâce à ces outils, les hommes peuvent apprendre à mieux gérer leurs symptômes et leur stress. La seconde intervention proposée à l’Institut Jules Bordet est un guide de 'self-help' ('auto-support'). Grâce à ce guide, les hommes peuvent trouver des informations sur la maladie et les effets secondaires, des réponses à leurs questions, des conseils et une liste de lieux où trouver de l’aide. Cette intervention permet d’accéder facilement aux informations et aide le patient à trouver des solutions à ses difficultés. Ce guide de « self-help » est également accompagné d’exercices d’auto-hypnose pour aider les personnes à gérer leurs symptômes et leur stress. Toute personne intéressée par ces interventions de soutien peut contacter la Clinique de Psycho-oncologie : - par téléphone au 02/541.33.26. (Secrétariat), - par mail : [email protected] ou - en se rendant au 6e étage (côté hospitalisation). 10 Bordet news - septembre 2012 Prof. Martine Piccart, Chef du Service de Médecine Docteur Christos Sotiriou, Responsable du Laboratoire de Recherche Translationnelle en Cancérologie Mammaire LA REVOLUTION DU TRAITEMENT DES CANCERS DITS 'NEU-POSITIFS' Le cancer Neu-positif représente un cancer du sein sur cinq mais est l’un des plus agressifs. L’Institut Bordet a été très impliqué, il y a sept ans, dans la mise au point d’un nouveau médicament qui a permis un véritable bond en avant dans le traitement de ce type de cancer puisqu’il a permis de diminuer de moitié les risques de rechute : l’Herceptine (Transtuzumab). Depuis, un autre médicament a été mis au point : le Lapatinib. Une étude internationale a été lancée au départ de Bordet qui a démontré que son administration conjointe à l’Herceptine couplée à une chimiothérapie avant la chirurgie permettait d’éradiquer deux fois plus de tumeurs. Afin d’étayer ces observations, une nouvelle étude a été lancée auprès de 8.000 patientes dans le monde souffrant de ce type de cancer spécifique. Cette étude, intitu- Le traitement du cancer du sein a connu des progrès substantiels au cours des dernières années. Des cancers, parmi les plus agressifs, sont sur le point d’être vaincus. Chaque année les chercheurs avancent dans la découverte de nouveaux mécanismes à l’origine du développement de la maladie et dans la manière de les contrer. Une dynamique à laquelle l’Institut Bordet participe activement. Etat des lieux des dernières avancées synonymes d’espoir pour les patients. lée ALTTO, étudie l’association de l’Herceptine et du Lapatinib, mais cette fois en post-opératoire. Dernière avancée enfin, la mise au point d’un deuxième anticorps, le Pertuzumab, capable lui aussi de cibler le récepteur HER2. Là encore, on a observé que l’association de ce médicament avec l’Herceptine éradiquait deux fois plus de tumeurs. L’Institut Bordet coordonne donc aujourd’hui dans ce cadre une toute nouvelle étude mondiale, baptisée 'APHINITY' qui prévoit d’enrôler en 18 à 24 mois 3.800 femmes originaires aussi bien d’Europe que d’Asie ou d’Amérique. L’objectif est de démontrer que les deux anticorps, à savoir le Trastuzumab et le Pertuzumab, font un meilleur travail que l’Herceptine utilisée de manière isolée. L’on s’attend à plus de 90% de guérisons alors qu’il s’agissait d’un des cancers du sein les plus agressifs il y a dix ans à peine. Et pour certaines patients développant une résistance à l’Her- ceptine, un nouveau médicament très prometteur, comparable à un 'CHEVAL DE TROIE' fait son entrée en scène. Il s’agit d’une chimiothérapie acheminée jusqu’à la tumeur grâce à l’Herceptine, laquelle va aller se fixer sur les cellules cancéreuses et libérer, à l’intérieur, son 'poison'.Ce médicament, appelé T-DM1, n’est pas encore commercialisé mais il est accessible à l’Institut Bordet dans le cadre d’une étude clinique. © Frédéric Raevens © Benoît Deprez/TIF Cancer du sein : les extraordinaires 11 Bordet news - septembre 2012 avancées de la recherche DE L’Institut Bordet a été l’un des premiers centres à interroger le système immunitaire pour préciser l’efficacité de certaines chimiothérapies et ce afin de mieux individualiser les traitements. Nos chercheurs se sont en effet rendu compte que certaines patients présentaient un système immunitaire plus actif que d’autres avec, à la clef, une amplification des effets des chimiothérapies. Forts de ce constat, ils étudient désormais la possibilité de développer des vaccins permettant de lever le frein du système immunitaire ainsi que de nouvelles molécules susceptibles de renforcer celui-ci et de le moduler. A suivre… LE MICRO-ENVIRONNEMENT DE LA TUMEUR DESORMAIS EN POINT DE MIRE Nos chercheurs se sont également rendu compte que certaines tumeurs du sein présentaient une infiltration lymphocytaire et que les patientes présentant ce type de tumeur étaient plus susceptibles de répondre à une chimiothérapie. Forts de cette découverte, nous essayons maintenant de transformer l’outil expérimental qu’ils ont mis au point en un test clinique accessible à toutes les patientes. Résultats d’ici un à deux ans. LES AVANCEES DU SEQUENCAGE GENOMIQUE L’analyse du génome ouvre des perspectives inédites en cancérologie. Notre équipe a récemment procédé, en collaboration avec le Sanger Institute de Cambridge, au séquençage de 100 tumeurs mammaires lequel a permis d’identifier 9 nou- © Frédéric Raevens L E S PROM E SS E S L’IMMUNOTHERAPIE veaux gènes jouant un rôle dans le développement du cancer du sein. Les résultats de cette étude publiés dans « Nature » au mois de juin devraient permettre de développer de nouvelles approches thérapeutiques prometteuses. l’origine du cancer. L’idée est donc de bloquer l’expression de ce gène afin de prévenir l’apparition du cancer. Afin de valider cette hypothèse, une étude pilote va bientôt démarrer à l’Institut Bordet. Il s’agira d’administrer un nouveau médicament trois semaines avant l’intervention DE NOUVELLES PERSPECTIVES chirurgicale. Suite à l’opération, on DANS LE TRAITEMENT DU appréciera si le médicament peut CANCER DU SEIN CHEZ LA affecter les cellules souches et dans FEMME JEUNE quelles proportions. Si les résultats L’hypothèse est aujourd’hui que de l’étude sont probants, on pourra le cancer du sein chez la femme envisager à l’avenir un traitement jeune proviendrait d’une anomalie préventif pour les femmes jeunes au niveau d’une cellule souche. à risque. Nos chercheurs ont identifié une anomalie d’un des gènes cibles qui contrôlerait la prolifération des cellules souches et pourrait être à 12 Bordet news - septembre 2012 Radiothérapie per-opératoire à l’Institut Bordet: déjà plus de 300 patients traités ! La générosité des 'Amis de l’Institut Bordet' nous a permis d'acquérir, en 2009, un Mobetron, accélérateur de particules pouvant être utilisé directement au quartier opératoire. Retour sur cette première belge et bilan après plus de deux ans d’utilisation. Dr Catherine Philippson, Service de Radiothérapie, Responsable de la pathologie mammaire. l’intervention. Pour pouvoir bénéficier de cette technique, plusieurs critères doivent cependant être respectés : tumeur de petite taille, unique, de type histologique canalaire, sans atteinte ganglionnaire... Le Mobetron est un appareil léger, auto-blindé, mobile qui délivre des faisceaux d’électrons assez énergétiques pour pouvoir traiter quelques centimètres d’épaisseur de tissus. Ces électrons déposent la dose le long de leur trajectoire et sont complètement absorbés dans le patient. Cet accélérateur permet donc de délivrer des traitements de radiothérapie au moment de l’intervention chirurgicale et à l’endroit précis où la délivrance des rayons est nécessaire. La procédure de traitement consiste en une première phase opératoire au cours de laquelle le ganglion sentinelle est repéré et réséqué par le chirurgien. La tumeur est ensuite exérisée et l’ensemble envoyé pour analyse immédiate au Laboratoire d’anatomopatholgie. La particularité essentielle de ce type de traitement réside dans sa sélectivité volumique : il permet de n’irradier qu’une zone cible, bien visible durant l’opération, de laquelle on peut écarter toutes les structures saines. Un autre avantage substantiel réside dans la rapidité du traitement: 2 minutes de faisceau vont engendrer le même effet tumoricide que 6 semaines de radiothérapie externe. Une protection métallique va être temporairement placée sous la zone à traiter. Le but de cette protection est d’arrêter totalement les électrons produits par l’accélérateur et qui ont traversé la partie du sein à traiter. Cette protection garantit l’absence d’irradiation au niveau des côtes, des poumons et du cœur, organes auxquels il faut porter une attention toute particulière lors d’un traitement du sein par radiothérapie externe. L’indication la plus courante retenue à Bordet pour ce type de traitement est le cancer du sein. Rappelons qu’il s’agit du cancer le plus fréquent chez la femme. Grâce aux avancées dans le domaine diagnostique et aux dépistages systématiques, ces tumeurs sont de plus en plus souvent détectées à un stade précoce, ce qui permet la réalisation d’un traitement chirurgical conservant le sein. En outre, la détection à un stade débutant offre un taux de guérison élevé. Toutefois, le traitement conservateur du sein doit impérativement être complété par une radiothérapie du sein. Classiquement, celle-ci consiste en l’irradiation de la totalité de la glande mammaire, traitement qui s’étend sur 6 semaines. Le Mobetron nous permet désormais, dans un certain nombre de cas, de privilégier un traitement de radiothérapie réalisé pendant Si l’analyse anatomopathologique révèle que le ganglion sentinelle est sain, la deuxième phase de l’intervention commence. Le radiothérapeute va prescrire la dose adéquate, déterminer l’épaisseur de tissus à traiter, choisir la taille de l’applicateur et positionner celui-ci à l’aplomb du lit tumoral. Ce 13 Bordet news - septembre 2012 dispositif permet de focaliser les rayons thérapeutiques au niveau de la zone à traiter. Le physicien médical prend quant à lui en charge les calculs des temps d’irradiation et du contrôle de qualité de l’appareillage. Le chirurgien retire alors la plaque de protection et réalise la plastie de la glande mammaire. L’ensemble de la procédure rallonge la durée opératoire d’à peine 30 minutes. La patiente peut quitter l’hôpital le lendemain de l’intervention, un avantage précieux pour les femmes jeunes ayant des responsabilités familiales et/ou professionnelles. Pour les patientes plus âgées, ce type de prise en charge permet d’éviter les déplacements contraignants durant plusieurs semaines nécessaires en cas de radiothérapie classique de 6 semaines. Après plus de 2 ans d’utilisation du Mobetron, les premiers résultats cliniques sont très encourageants et confirment les bons résultats des études antérieures. Le taux de complication est comparable à celui observé lors d’une chirurgie classique. Les effets secondaires sont moindres qu’avec la radiothérapie externe : le sein garde sa souplesse, la peau (puisque non-irradiée) reste intacte et son exposition modérée au soleil n’est pas contrindiquée. Par conséquent, les résultats esthétiques sont globalement meilleurs. Sur le plan carcinologique, nous n’avons à ce jour aucune rechute de la maladie. La satisfaction des patientes qui ont pu bénéficier de cette technique est très élevée. Dans le cadre des études scientifiques qui ont été menées, nous avons également pu mesurer, grâce à des dosimètres disposés sur le corps des patients, que ce type d’approche permet une réduction très significative des doses reçues par le corps durant le traitement de radiothérapie (de l’ordre de 30 à 80 fois inférieures à celles délivrées par un traitement conventionnel). En conclusion, la radiothérapie peropératoire permet une plus grande sélectivité des zones irradiées, une exposition plus faible des patients aux rayons et un plus grand confort. Il faut cependant savoir qu’il ne s’adresse qu’à des patients sélectionnés avec soin comme expliqué plus haut. Cette technique constitue une réelle avancée dans la prise en charge du cancer du sein. Nous avons toujours eu la philosophie, à l’Institut Bordet, d’offrir à nos patientes des traitements minimaux efficaces : ainsi, pour les tumeurs invasives débutantes, la mastectomie radicale a fait place au traitement conservateur suivi de radiothérapie, le curage axillaire a été remplacé par le prélèvement du ganglion sentinelle et l’irradiation de la totalité de la glande mammaire par l’irradiation partielle per-opératoire du sein. Il est à noter que la radiothérapie peropératoire a tendance à se répandre dans le monde. En France notamment, l’Institut National du Cancer a coordonné une étude en 2011 à laquelle 8 centres ont été autorisés à participer. D’autres indications peuvent également être prises en charge, notamment certains cancers de la sphère ORL, des tumeurs digestives, des sarcomes des tissus mous… Il est aussi évident que sans une équipe multidisciplinaire performante, impliquée et soudée, nous ne pourrions offrir à nos patients ce type de traitement parfaitement adapté à leur maladie. © photos Benoît Deprez/TIF L’applicateur est ensuite aligné avec le faisceau de l’accélérateur. Cette procédure se fait grâce à un guidage laser et par le biais d’un certain nombre de mouvements robotisés au niveau de la table d’opération et de l’accélérateur. A aucun moment, il n’y a de contact physique entre l’accélérateur et l’applicateur. Une fois le patient correctement aligné, la délivrance de la dose peut être lancée. La durée d’irradiation est d’environ 2 minutes. 14 Bordet news - septembre 2012 Echanger pour mieux vivre après les traitements : Groupes de soutien © Frédéric Raevens Durant les traitements, la vie des femmes s’organise autour du monde médical et est rythmée par des consultations, des examens, des soins et des hospitalisations. Les femmes peuvent être confrontées à de multiples changements au niveau de l’image de soi. La maladie et les traitements vont ainsi nécessiter une série d’adaptations successives. A l’annonce de la fin des traitements, les femmes vivent très souvent des émotions contradictoires. Elles peuvent se sentir soulagées tout en éprouvant des inquiétudes pour l’avenir. Cette période est, en effet, un moment de transition. La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie sont terminées mais c’est également pour beaucoup de femmes le début d’un nouveau traitement, celui de l’hormonothérapie. Les femmes peuvent, durant cette période, se sentir heureuses et impatientes de retourner à une vie quotidienne tout en se sentant déboussolées. Elles peuvent avoir l’envie de faire de nouveaux projets et en même temps douter de l’avenir. Elles peuvent souhaiter profiter davantage des précieux moments de la vie tout en subissant parfois des changements d’humeur. Elles peuvent encore vouloir prendre du recul par rapport aux petits soucis du quotidien et se sentir sensibles émotionnellement. La maladie a parfois également modifié les liens familiaux ou amicaux. La fin des traitements devient ainsi l’occasion de profiter des proches ou de parfois simplement prendre du temps pour soi. Cette période est souvent marquée par l’envie de retourner à une vie mise entre parenthèses par les traitements mais elle peut également entraîner une envie de faire des changements au niveau professionnel et familial et de réévaluer les priorités. Certaines femmes ont également le sentiment d’être différentes après la maladie tant d’un point de vue physique que psychologique. Les effets des traitements passés (telles que la fatigue, les difficultés de concentration et de mémoire, les cicatrices, les difficultés sexuelles,…) et les possibles effets secondaires des traitements actuels, l’hormonothérapie par exemple (bouffées de chaleur, douleurs,…), rappellent la maladie. Les femmes peuvent dès lors avoir le sentiment d’être encore malades ou de ne pas être encore totalement guéries. Elles peuvent par ailleurs ressentir un décalage entre ce qu’elles ressentent et la perception de leurs proches qui les considèrent comme totalement guéries. La peur de la récidive s’intensifie chez de nombreuses patientes. Pour certaines femmes, elle apparaît dès la fin des 15 Bordet news - septembre 2012 après un cancer du sein Florence Lewis*, Isabelle Merckaert* et Darius Razavi* *Clinique de Psycho-oncologie et des Soins supportifs traitements et peut persister pendant de nombreuses années. Cette peur disparaît par période et réapparaît souvent dans certains contextes : des symptômes physiques, les visites médicales de suivi, une conversation, une émission de radio ou de télévision, etc. Durant cette période, ces diverses émotions et pensées se bousculent. Les femmes peuvent alors se sentir perdues ou confuses. Cette phase peut donc être associée à des difficultés de « réadaptation » conjugale, familiale, sociale et professionnelle. Il est donc important pour les femmes d’être entourées lors de cette étape, par des professionnels mais aussi par d’autres femmes qui ont traversé la même épreuve. Un soutien psychologique adapté à cette période de l’après-traitement peut les aider à affronter ces difficultés. Pour toutes ces raisons, la Clinique de Psycho-oncologie de l’Institut Jules Bordet, soutenue par le Plan Cancer, a mis sur pied deux types d’interventions de groupe pour les patientes qui ont terminé leurs traitements pour un cancer du sein : un groupe de parole où les difficultés sont abordées spontanément et discutées librement et un groupe où les difficultés sont identifiées et réfléchies de manière plus structurée au moyen d’exercices. Les patientes peuvent aléatoirement bénéficier de l’une de ces deux interventions qui comportent 15 séances gratuites de deux heures en groupe réparties sur 5 mois. Animées par des psychologues, ces séances permettent d’échanger et de rencontrer d’autres personnes confrontées aux mêmes difficultés et inquiétudes. Ces groupes peuvent aider les femmes à s’exprimer, notamment sur des sujets qu’il est parfois difficile d’évoquer avec l’entourage. De plus, ces interventions de groupe leur offrent des outils pour les aider à gérer leurs symptômes physiques, leurs émotions, leur incertitude et leurs peurs. Ces séances se centrent sur les difficultés que les femmes peuvent rencontrer lors du retour à la vie quotidienne et visent à favoriser leur adaptation durant cette période. Elles leur offrent la possibilité de verbaliser leur vécu de manière plus intelligible grâce à ce partage d'expériences si individuelles. Un programme de recherche est également organisé afin d’évaluer l’efficacité de ces deux interventions de groupe et d’identifier quelle technique est la plus adaptée pour aider les patientes. Toute personne intéressée par ces interventions de groupe peut contacter la Clinique de Psycho-oncologie par téléphone au 02/541 33 26 (Secrétariat), par mail : [email protected] ou en se rendant au 6e étage (côté hospitalisation). Témoignage : Vinciane, opérée d’un cancer du sein en 2011. Durant ma radiothérapie, j’ai été contactée par une psychologue du Service de Psycho-Oncologie de l’Institut qui m’a proposé de participer à un groupe de parole animé par une psychologue. J’ai accepté. Nous sommes gratuitement prises en charge durant 15 séances de deux heures. L’objectif : nous aider à exprimer nos difficultés (stress, insomnies, difficultés relationnelles avec l’entourage…) et à les résoudre. Nous avons commencé en mars et terminerons en septembre. Nous sommes 6, jeunes et moins jeunes, avec des expériences très différentes de la maladie. Je n’ai moi-même subi qu’une chirurgie et une radio-thérapie alors que d’autres ont suivi une chimio-thérapie voire d’autres traitements. Mais pouvoir s’exprimer, aborder ses problèmes, même si chaque cas est particulier, fait énormément de bien et des liens se créent. La psychologue nous donne aussi des techniques pour apprendre à mieux gérer nos émotions et à nous relaxer. Ainsi, chaque séance commence par 10 minutes d’auto-hypnose. Ces groupes s’inscrivent dans le cadre d’une étude menée par le Service de Psycho-oncologie de l’Institut. Avant de commencer la session, nous avons répondu à un questionnaire d’évaluation et un autre est prévu à la fin. Mais je peux d’ores et déjà dire que même si je n’en ressentais pas vraiment le besoin au départ, ces groupes m’ont fait un bien fou ! 16 Bordet news - septembre 2012 Nouveau Une activité physique encadrée pour aller mieux après un cancer du sein. Ariane Cambier : entretien avec Margorata Klass, 1ère assistante à la Faculté des Sciences de la Motricité de l’ULB, et le Dr Emmanuel Toussaint, gastroentérologue, Président de la Commission Nutrition de l’Institut Bordet. Dans la majorité des cas de cancer du sein, après les traitements, il est conseillé aux patientes de pratiquer une activité physique régulière. De fait, de nombreuses études (Markes et al 2006, Spence et al 2010, Davies et al 2011, Irwin et al 2011, Fong et al 2012) ont démontré qu’un suivi basé sur de l’activité physique régulière avait un effet bénéfique sur de nombreux effets négatifs du cancer et de ses traitements (fatigabilité, troubles du sommeil, modification de la composition corporelle, ostéoporose, bien-être…). L’objectif de ce programme sera de réaliser une évaluation des patientes en fin de traitement, de leur proposer un programme de réadaptation par l’activité physique et, enfin, d’évaluer ses effets ainsi que l’adhésion des participantes sur la durée. Mais, sortant d’une période où elles ont été fort encadrées, les patientes en fin de traitement entrent aussi souvent dans une phase où elles se retrouvent livrées à elles-mêmes et démunies. Elles se posent aussi de nombreuses questions quant à ce qu’elles peuvent faire ou non. Le programme durera 3 mois. Il proposera 3 types d’activité physique différents, chacune effectuée une fois par semaine : L’évaluation initiale comportera à la fois des tests physiques (mesure de force, détermination de la capacité maximale à l’effort, test fonctionnel, test de composition corporelle…) et un questionnaire (échelle d’évaluation des symptômes, d’estime de soi, de qualité de vie…). ne séance encadrée par un kinésithérapeute comU portant des exercices dynamiques sur tapis roulant, rameur, vélo elliptiques (…) ainsi que des exercices de musculation sur des machines spécifiques. Tous ces exercices seront individualisés suivant les résultats des tests de capacité préalables. Cette séance se déroulera au Centre de Réadaptation Physique Pluridisciplinaire; C’est la raison pour laquelle l’Institut Bordet, en collaboration avec le Centre de Réadaptation Physique Pluridisciplinaire de l’ULB, a décidé de lancer cet automne une étude de faisabilité sur la mise en place d’un programme de réadaptation par l’activité physique de patientes en rémission d’un cancer du sein. Nous avons rencontré les initiateurs de l’étude , Margorata Klass et le Docteur Emmanuel Toussaint. ne séance extérieure de type marche nordique, U vélo ou course à pied. Cette séance sera, elle aussi, encadrée. Les patientes seront suivies avec un cardiofréquencemètre et un podomètre ; ©skynesher/Istockphoto ne séance libre à domicile suivant un programmeU type qui leur sera remis comportant des exercices de renforcement musculaire. L’évaluation finale mesurera quant à elle les bénéfices enregistrés (amélioration de la condition physique, de l’état psychologique, diminution de la masse de graisse, changement de comportement durable par rapport à la pratique d’une activité physique…). Ce programme devrait permettre aux femmes qui y participent de se prendre ultérieurement en charge en connaissant leurs limites réelles et non théoriques. 17 Bordet news - septembre 2012 Le nouveau site internet des 'Amis' : Pour encore mieux vous informer ! Le 15 septembre, 'Les Amis' ont lancé leur tout nouveau site Internet. Pour y accéder, vous ne devez plus passer par le site de l’Institut Bordet. Vous y accédez directement en tapant l’adresse : www.amis-bordet.be Ce site se veut avant tout convivial. Il vous propose de nombreuses nouveautés et nous espérons que vous prendrez beaucoup de plaisir à y 'voyager'. Vous y trouverez notamment des informations sur : Qui nous somm es Les projets que nous soutenons La manière don t vous pouvez n Les activités qu ous aider e nous organiso ns Nouveau ! Vous pourrez désormais effectuer vos dons en ligne de manière totalement sécurisée si vous le souhaitez. Vous y trouverez également un bulletin de virement téléchargeable pour nous faire un don. Nouveau ! Vous aurez la possibilité de visualiser les photos et les films de nos activités. 18 Bordet news - decembre 2011 Le Salon du Testament de Bruxelles Lundi 5 novembre 2012 de 10h à 16h au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles La législation sur les successions n’est pas toujours aisée. L’objet de ce salon organisé par Testament.be est d’informer le grand public sur les différents aspects du droit successoral belge. Des notaires, des juristes (…) répondront gratuitement à vos questions en toute discrétion. 'Les Amis' seront présents sur place. Si vous souhaitez recevoir des entrées gratuites, appelez-nous au 02/541.34.14. CinéClub au profit de Bordet’n Wellness De quoi s’agit-il ? A partir du mois de novembre, le Cinéclub vous propose la projection d’un film suivie d’un lunch. Grâce à l’extraordinaire collaboration de la Cinematek, qui met gratuitement son infrastructure à notre disposition, les bénéfices de ces matinées iront entièrement à l’amélioration du bien-être des patients à l’Institut Bordet Quand et où ? L es jeudis 8 et 29 novembre ainsi que le jeudi 24 janvier à 11 heures à la Cinematek, Rue Baron Horta, 9 à 1000 Bruxelles. Le prix N ous vous demandons 75 euros pour les trois projections suivies d’un lunch. 1ère projection : jeudi 8 novembre à 11 heures « Walk in the clouds » Film américain d’Alfonso Arau avec Keaner Reeves, Antony Quinn… (1995) Pour plus d’informations et pour vous inscrire: Els Anderson : 02/649 19 42 email : [email protected] Vous pouvez directement effectuer votre versement sur le compte BE71 3101 2743 6969 Avec la communication : 'Bordet’n Wellness project' TOUJOURS PLUS D’AVANTAGES DU 1 ER AU 31/10/2012 & LUTTONS CONTRE LE CANCER DU SEIN PLANET PARFUM ET SES PARTENAIRES SE MOBILISENT CONTRE LE CANCER DU SEIN 1 PRODUIT ACHETÉ = 1 € REVERSÉ À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» 1 PRODUIT DE MAQUILLAGE ACHETÉ = 2 € REVERSÉS À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» 1 PRODUIT DE SOIN ACHETÉ = 2 € REVERSÉS À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» 1 EAU DE PARFUM ESCADA ESPECIALLY 50 OU 75 ML ACHETÉE = 3 € REVERSÉS À L’ASBL «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» LA CLINIQUE DU SEIN DE L’INSTITUT BORDET met à disposition des femmes atteintes d’un cancer du sein une structure multidisciplinaire capable de prendre en charge tous les aspects inhérents à cette maladie. Une cinquantaine de spécialistes y œuvrent quotidiennement, offrant aux patientes une prise en charge thérapeutique et un accompagnement optimal. VOUS POUVEZ SOUTENIR «LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET» PAR UN DON SUR LE COMPTE BE47 0001 0350 7080. Tout don à partir de 40€ donne droit à une attestation de déductibilité fiscale. Soirée de Gala au profit de la recherche contre le cancer à l’Institut Jules Bordet Samedi 20 octobre 2012 à 20h15 Théâtre Royal du Parc Les Misérables De Victor Hugo Mise en scène de Thierry DEBROUX Avec Olivier Massart dans le rôle de Jean Valjean Infos et réservation : 121 Bld de Waterloo - Bruxelles - 7ème étage - Paiement par Bancontact possible 02/541 34 14