REVUE HEBDOMADAIRE DES MARCHÉS 2 avril 2015 INFORMATION LA PLUS RÉCENTE SUR LES MARCHÉS PAR L’ÉQUIPE DE RICHARDSON GMP Montagnes russes et rétroviseurs Les fusions et acquisitions d’entreprises ont continué sur leur lancée de 2014 au premier trimestre. Avec le très gros achat de Kraft la semaine dernière par Berkshire Capital et 3G Capital, elles ont atteint un nouveau record depuis la récession pour le T1. L’argent facile et l’assouplissement des normes de crédit multiplient les transactions; même dans le secteur pétrolier pourtant embourbé l’argent coule à flots. Grandes entreprises, sociétés de capital-investissement et fonds de couverture achètent et déploient leurs fonds dans l’espoir d’un rebond rapide du secteur, qui, après un revers important, promet des taux de rendement internes élevés. Mais ce n’est pas ainsi que nous, gestionnaires de portefeuille, comptons tirer parti de la recrudescence d’activité sur les marchés financiers. Dans nos perspectives trimestrielles du T2 2014, on nous demandait si la vague de fusions et d’acquisitions allait continuer. Nous pensions à l’époque que oui et nous persistons à le croire. Miser sur la prochaine cible d’une OPA est un pari risqué parce qu’il faut pour cela détenir les titres d’entreprises en difficulté, et seuls les initiés savent vraiment lesquelles sont à vendre. Nous parions plutôt sur les intermédiaires financiers dans ces opérations que sont les banques d’investissement. Même si le marché fait des gagnants et des perdants dans une OPA, les entremetteurs autant des vendeurs que des acheteurs prospèrent. Nous nous sommes positionnés très tôt pour profiter de cette tendance, mais cela semble porter des fruits puisque les transactions continuent et que le cours des actions des intermédiaires commence à monter. C’est cette logique qui nous a incités à détenir Lazard, Goldman Sachs et JP Morgan. Lazard a été chef de file dans l’achat de Berkshire la semaine dernière et cette seule opération devrait lui rapporter de 100 à 120 millions $. L’activité de fusion et d’acquisition est un baromètre des reprises et des récessions économiques qui a fait ses preuves. Le graphique ci-dessous illustre cette tendance économique; on voit que les transactions culminent dans les mois qui ont précédé la grande récession. Le sous-secteur des intermédiaires financiers devrait prospérer jusqu’au crescendo du prochain ralentissement économique, faisant de ces entreprises d’excellentes positions à détenir pendant cette phase de la reprise. L'activité de fusions et d'acquisitions augmente 700 $ 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 500 $ 400 $ 300 $ 200 $ 100 $ Volume Nombre d'opérations 2015-03-01 2014-07-01 2013-11-01 2013-03-01 2012-07-01 2011-11-01 2011-03-01 2010-07-01 2009-11-01 2009-03-01 2008-07-01 2007-11-01 2007-03-01 2006-07-01 2005-11-01 2005-03-01 2004-07-01 2003-11-01 -$ 2003-03-01 Volume (Milliards) 600 $ Le capital est toujours abondant et les entreprises affichent une grande confiance; nous pensons donc qu’étoffer nos positions dans les banques d’investissement en profitant des replis du marché est une stratégie prudente. TSX COMPOSÉ 15 000 14 800 14 600 L u n M a r M e r J e u V e n M e r J e u V e n S&P 500 2 120 2 100 2 080 2 060 2 040 L u n M a r Source : Bloomberg, Richardson GMP Limitée Craig Basinger, CFA Chef des placements 416,607,5221 [email protected] Gareth Watson, CFA Directeur, Groupe de gestion de placements 416,969,3161 [email protected] Derek Benedet, CMT Analyste de recherche 416,607,5021 [email protected] Chris Kerlow, CFA Analyste de recherche 416,943,6156 [email protected] REVUE HEBDOMADAIRE DES MARCHÉS 2 Montagnes russes et rétroviseurs Les manèges de type « montagnes russes » sont inspirés des pistes de neige et de glace spécialement aménagées pour imiter les monts et les vaux au XVIIe siècle particulièrement dans les environs de Saint-Pétersbourg, d’où leur nom. Ces structures qui attiraient les amateurs d’émotions fortes étaient les ancêtres des gigantesques constructions de bois et de métal de l’ère moderne. Faible rendement et fourchette trimestrielle inférieure à la Russie Japon (Nikkei) Argent (US/oz) Allemagne (DAX) Hong Kong (Hang Seng) MSCI EAEO France (CAC 40) Russell 2000 EURO STOXX 50 Inde NASDAQ Comp MSCI Monde Marchés émergents Australie (ASX 200) Or S&P 500 Espagne (IBEX) Moy. ind. Dow Jones Angleterre (FTSE) Univers oblig. FTSE TMX Gaz naturel Bourse de Mexico Brut S&P/TSX de croissance Brésil S&P/TSX composé Quand on essaie de disséquer les mouvements du marché, le mieux est généralement d’examiner d’abord les grandes catégories d’actifs qui évoluent avec suffisamment de force pour donner l’impulsion à l’activité intermarchés. En l’occurrence, il s’agirait du dollar américain. En moyenne pondérée en fonction des échanges, l’USD a augmenté de 9,1 % pendant le trimestre et il a gagné 13,8 % depuis six mois. Ce mouvement massif a eu un immense effet sur les matières premières et le flux des actions. Les rendements européens élevés ont été amoindris pour des investisseurs américains, mais le dollar canadien a en fait évolué au diapason de l’euro, si bien que les plus-values européennes réalisées sont restées fortes. Si l’indice S&P 500 semble piétiner comparativement à d’autres poids lourds internationaux en termes de rendement des cours, l’effet de change transforme le rendement de 0,4 % en un important plus pour les investisseurs étrangers. Dans une perspective canadienne, Le coup de pouce de la diversification mondiale la diversification internationale a été la stratégie gagnante Rendements des principaux actifs financiers du monde Depuis le début de 2015 (CAD) ce trimestre. Le graphique ci-contre présente le rendement 30,0 de divers actifs financiers mondiaux après conversion en 25,0 20,0 CAD. Comme on peut le voir, le gain de 1,8 % de l’indice 15,0 10,0 composé S&P/TSX est proche du bas du classement et 5,0 seuls les actions brésiliennes et les produits de base 0,0 -5,0 énergétiques affichent de moins bons rendements. La -10,0 Chine et la Russie ont rapporté le plus, avec 26,6 % et 21,7 % respectivement. Plus bas sur la liste figurent une série de pays européens individuels, et les indices américains. Les sociétés américaines à petite capitalisation sont revenues en force en dégageant 13,5 %, dépassant le Chine Fourchette (%) Le premier trimestre de 2015 est révolu et, même si moyenne parfois les marchés semblaient menacés, leur course 20,0 % Rendement trimestriel et fourchette (%) folle a terminé la première boucle de l’année. Tout 15,0 % comme les montagnes russes, ils ont donné des sensations fortes aux investisseurs au cours des trois 10,0 % derniers mois, parfois au point de leur retourner 5,0 % l’estomac, mais à la fin du tour, ils étaient revenus au 0,0 % point de départ. L’indice S&P 500 était essentiellement 0% 5% 10 % 15 % 20 % 25 % inchangé à la fin du trimestre, avec une progression d’à -5,0 % peine 0,4 %. Au moment où on les traverse, les creux et -10,0 % les sommets semblent toujours pires que ce qu’ils sont -15,0 % en réalité. Sur le graphique ci-contre, nous illustrons les Rendement (%) rendements trimestriels de l’indice S&P 500 des dix -20,0 % dernières années ainsi que le pourcentage de variation maximum enregistré entre les trimestres civils. Jusque-là, 2015 n’a rien d’excitant, avec une fourchette de 7 % et un rendement maigre, tous deux largement sous les moyennes. Le rendement trimestriel moyen des dix dernières années est de 1,7 % et la fourchette moyenne s’établit à 12 %. Il faut garder à l’esprit que cette période inclut 2008, ce qui fausse les chiffres. Le T4 2008 n’apparaît même pas sur le graphique, avec sa fourchette de 47 % et son rendement de -22,6 %. En termes de montagnes russes, le trimestre écoulé ressemblerait plus au Ghoster Coaster des enfants qu’à un Leviathan (en sollicitant l’indulgence pour ces références au Canada’s Wonderland). REVUE HEBDOMADAIRE DES MARCHÉS 3 NASDAQ pour prendre la première place aux États-Unis. Les résultats dégagés sur les titres à revenu fixe du monde entier ont continué de briller, grâce aux craintes de désinflation et à l’effondrement des rendements. Bien que leur rendement ait légèrement rebondi de son creux, les obligations du Canada de 10 ans n’affichent qu’un maigre rendement de 1,3 %. Nous intéressant à l’avenir plutôt que trop nous focaliser sur le rétroviseur, quelques motifs de préoccupation se dessinent alors que les marchés abordent doucement le T2. Premièrement, la confiance est encore un peu forte. Les non-conformistes n’aiment pas acheter quand la plupart des investisseurs se montrent haussiers à un stade aussi avancé du cycle ascendant. Si vous n’avez pas encore accumulé toutes les actions voulues en fonction de votre répartition d’actifs souhaitée, je ne vois pas ce que vous pourriez attendre de plus. Si vous attendez le prochain repli de 20 %, nous risquons d’en être encore loin, mais du moins cela marquerait la fin de ce cycle et le début du prochain. Le ratio Bull-Bear d’Investors Intelligence est supérieur à quatre en date du 24 mars, ce qui pourrait être un signe avertisseur et la proportion de gestionnaires de la National Association of Active Investment Managers qui sont haussiers est de 75,88 %, alors que 80 % est la limite typique après laquelle les non-conformistes commencent à prêter attention. Les investisseurs individuels ne sont toujours pas très haussiers et se sont montrés nerveux ces derniers temps. L’indice AAII Bull est remonté à 38,4 %, après un très faible niveau de 27,2 % la semaine dernière. Les méthodologies ne sont pas identiques, mais en général les indicateurs de confiance révèlent un faible degré de pessimisme sur les marchés, particulièrement du côté des investisseurs avertis. À l’aube de la période de déclaration des résultats trimestriels aux États-Unis, qui commencera la semaine prochaine avec Alcoa le 8, nous surveillerons la réaction des marchés aux premiers rapports et l’ajustement des prévisions internes des sociétés pour le reste de l’année. On peut craindre d’importantes dépréciations de sociétés d’énergie, mais comme les analystes ont déjà révisé à la baisse leurs prévisions de bénéfices, il est possible que certaines entreprises dépassent les attentes. Nous nous attendons à ce que les fluctuations des devises soient le sujet chaud du prochain mois alors que la vigueur du dollar US devient l’excuse privilégiée pour expliquer pourquoi certaines entreprises, en particulier les grandes capitalisations à rayonnement international, manquent leur objectif. Question de la semaine L’état de l’économie canadienne a fait les manchettes, en négatif, cette semaine. Faut-il s’en inquiéter ? La réponse simple, à moyen terme, est oui, car les chiffres du premier trimestre de cette année seront probablement médiocres. L’effet à plus long terme est sujet à discussion. Commençons donc par analyser ce qui s’est effectivement passé cette semaine. Mardi, le Financial Times de Londres a publié un entretien avec le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz. Celui-ci a peut-être regretté son choix de mots, mais il a qualifié la conjoncture canadienne au premier trimestre « d’atroce ». Inutile de dire que cette description n’a pas eu l’heur de plaire aux économistes et aux investisseurs plus habitués à un langage moins coloré de la part de banquiers centraux. Si on lit entre les lignes, ce que M. Poloz essayait de dire, c’est que le premier trimestre est un trimestre de faible croissance, et que, bien qu’encore positif, il descendra probablement à des niveaux que nous n’avons pas vus depuis un certain temps. Le même jour, Statistique Canada publiait les chiffres du PIB de janvier qui révélaient que l’économie canadienne a chuté de 0,1 % d’un mois à l’autre – sa deuxième baisse en trois mois. Une baisse n’est jamais une bonne nouvelle, mais ce qu’il ressort de positif de ce communiqué c’est que le résultat était en fait moins sombre que la baisse de 0,2 % attendue par les économistes. Quelle qu’en soit l’ampleur, la contraction renforce les craintes que l’économie canadienne n’ait enregistré aucune croissance au T1 étant donné ce qui s’est passé dans le secteur pétrole et gaz, particulièrement dans l’Ouest du Canada. Certes, nous ne disposons que des chiffres de janvier et il faudra probablement encore attendre deux mois pour connaître le résultat réel du PIB au T1, mais si janvier préfigure ce à quoi il faut s’attendre en février et mars, la croissance pourrait être inférieure à 1,0 % sur l’ensemble du trimestre. En fait, après le commentaire de Stephen Poloz REVUE HEBDOMADAIRE DES MARCHÉS 4 sur l’atrocité de la situation, il y a de très bonnes chances que la croissance du PIB soit marginalement supérieure au point mort. À un horizon plus éloigné, la Banque du Canada a dit que l’incidence négative de la baisse des prix du secteur de l’énergie pourrait se faire sentir de manière plus rapide, donc au premier semestre de 2015, et que les conditions économiques devraient finir par s’améliorer. Mais la question de savoir jusqu’où les marchés de l’énergie descendront avant de se stabiliser et éventuellement rebondir pourrait influencer ces prévisions. En outre, certaines statistiques telles que les mises en chantier de logements et le commerce de détail ont récemment évolué dans la mauvaise direction et si les statistiques de l’emploi se sont bien tenues, nous n’avons probablement pas encore vu l’impact réel de la baisse des prix de l’énergie sur l’emploi pour le moment. Par conséquent, avec ce qui semble être une dépression de la croissance au premier semestre de 2015, qu’est-ce qui pourrait aider à redresser l’économie canadienne au cours de la prochaine année ? • La chute du huard pourrait stimuler davantage les exportations voire même influencer les décisions de sociétés multinationales pour qu’elles relocalisent la production au Canada si on s’attend à ce que le CAD reste bas pendant plus longtemps, ce qui pourrait contrebalancer les pertes d’emplois dans d’autres secteurs. • La poursuite de la croissance aux États-Unis et une reprise économique plus rapide que prévu en Europe pourraient exercer une pression à la hausse sur la demande de ressources naturelles plus tôt que prévu, assurant donc davantage de soutien aux matières premières. • Mentionnons aussi la Chine comme catalyseur; cependant, les prévisions consensuelles pour ce pays en 2015 sont relativement neutres, si bien que nous doutons de pouvoir assister à une reprise importante de la croissance économique sous l’impulsion de la Chine cette année. 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