Géométrie euclidienne 2
sont les rotations, les symétries, les translations, qui conservent les distances, ainsi que les homothéties. À partir de
ces quelques objets de base, toutes les similitudes peuvent être construites par composition.
La construction d'Euclide permet le développement des notions de mesure de longueur, d'aire, de volume, d'angle. Il
existe de nombreuses aires de surfaces usuelles calculables par les techniques des Éléments. Une méthode, la
méthode d'exhaustion qui préfigure l'intégration, permet d'aller plus loin. Archimède (287-212 av. J.-C.), par exemple
réalise la quadrature de la parabole. Une limite de la notion de mesure vient de ce que les nombres considérés sont
seulement les nombres constructibles (à la règle et au compas).
Les deux théorèmes fondamentaux sont le théorème de Pythagore et celui de Thalès. Un peu d'analyse permet d'aller
plus loin avec la trigonométrie. C'est le premier exemple de construction d'un pont entre la géométrie euclidienne
pure et une autre branche mathématique, pour enrichir la palette d'outils disponibles.
Approche géométrique de l'algèbre
La formule de l'aire d'un rectangle ou d'un triangle, le théorème de Thalès ainsi que celui de Pythagore offrent tous
des relations algébriques entre des grandeurs que sont les cotés d'un triangle ou d'un rectangle. Ces différentes
méthodes sont l'un des ingrédients de l'algèbre naissante, initiée par Diophante, et développée par la civilisation
arabe.
Le traité d'Al-Khawarizmi, un mathématicien persan du VIIIeŠsiècle, intitulé La transposition et la réduction a pour
objectif la résolution d'une équation du second degré quelconque. Sa méthode se fonde sur ce que l'on appelle
maintenant les identités remarquables, qui, chez lui se démontrent toutes à l'aide de la géométrie euclidienne.
Cette géométrisation de l'algèbre porte ses fruits aussi en arithmétique, la science des nombres. La première
démonstration montrant l'existence de grandeurs irrationnels est probablement géométrique[2] . Certains calculs
comme la valeur du nième nombre triangulaire ou encore la somme des n premiers cubes d'entiers sont réalisés
géométriquement[3] .
Succès et limites
Figure à la règle et au compas : heptadécagone, un
polygone régulier de 17 côtés.
Un objectif de la géométrie euclidienne est la construction de
figures à la règle et au compas. L'étude du triangle relève de ce
domaine. La richesse des résultats obtenus est illustrée par la liste
des éléments remarquables d'un triangle. Une famille de figures
emblématiques est celle des polygones réguliers (voir l'article
Partage d'une tarte). Ils ne sont cependant pas tous constructibles.
Les techniques de construction s'appliquent non seulement au plan,
mais aussi à l'espace comme le montre l'étude des polyèdres.
Une spécificité de la géométrie euclidienne réside dans le fait
qu'elle n'utilise initialement que peu ou pas du tout de théorèmes
complexes et puissants d'algèbre ou d'analyse. C'est une
mathématique autonome et indépendante, où les preuves
proviennent essentiellement de raisonnements purement
géométriques. Cependant, pour les cas complexes, comme la
construction de la figure ci-contre, d'autres outils, par exemple les polynômes, se révèlent indispensables (cf
Théorème de Gauss-Wantzel). Les trois grands problèmes de l'antiquité, à savoir la quadrature du cercle, la trisection
de l'angle et la duplication du cube, à l'aide seulement de la règle et du compas, ne se sont d'ailleurs montrés
possibles qu'avec l'apport d'une autre branche des mathématiques : l'arithmétique, algébrique ou analytique[4] .
La géométrie euclidienne a de nombreuses applications. La Renaissance fait largement appel aux techniques des
Éléments. L'architecture, la peinture à travers la perspective[5] regorgent d'exemples de cette nature. L'art des