Table ronde sur la Gouvernance locale et atelier sur la PRGD du 13 au 14 janvier 1998 1
PROGRAMME REGIONAL ENVIRONNEMENT
Coordination Nationale des Comores
Direction Générale de l’Environnement
TABLE RONDE
AUDIT/GOUVERNANCE LOCALE/ONG
Janvier 1998
Table ronde sur la Gouvernance locale et atelier sur la PRGD du 13 au 14 janvier 1998 2
SOMMAIRE
L’APPORT DE L’ISLAM ET DU POUVOIR TRADITIONNEL DANS LA SOLUTION DES
PROBLEMES LIES A L’ENVIRONNEMENT COTIER ET MARIN........................................................... 3
LES ASSOCIATIONS ULANGA........................................................................................................................ 9
INVENTAIRE ET ANALYSE CROISEE DES MODES DE GOUVERNANCE LOCALE UTILE A LA
GESTION INTEGREE DES ZONES COTIERES DANS LES PAYS DE LA COI.....................................15
LES COMITÉS DE PILOTAGE, UNE VOIE ORIGINALE DE GOUVERNANCE LOCALE AUX COMORES.
COMMENT LES UTILISER DANS LA GESTION INTÉGRÉE DES ZONES CÔTIÈRES?.............................. 17
PROJET SANDUK CREDIT RURAL ET URBAIN DES COMORES......................................................... 27
LES ASPECTS FONCIERS DE LA GESTION LOCALE DE LA ZONE COTIERE.................................35
ACTIVITES ECONOMIQUES DANS LES VILLAGES COTIERS............................................................. 48
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L’APPORT DE L’ISLAM ET DU POUVOIR TRADITIONNEL
DANS LA SOLUTION DES PROBLEMES
LIES A L’ENVIRONNEMENT COTIER ET MARIN
Consultant Anthropologue
Damir Ben Ali
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En cette période de crise économique et financière, de désintégration du système
étatique crée par les successeurs des autorités coloniales, les efforts des communautés locales
pour prendre en charge leur destin est une raison d’espérer en un avenir meilleur. Cette table
ronde consacrée à l’inventaire et l’analyse des modes de gouvernance locale utiles à la
gestion intégrée des zones côtières et marines revêt une importance considérable.
Vous voudrez bien cependant accepter la modestie de la contribution que je me suis
résolue à apporter à cette table ronde eu égard bien sûr à mon savoir limité mais aussi et
surtout au temps dont j’ai pu disposé pour concocter cet exposé. Deux semaines auraient
peut être suffi à un autre que moi qui suis un «trop lent géniteur d’idées» et pendant une
autre période que celle de ce mois très chaud du ramadan.
J’ai eu une autre appréhension lorsque j’ai pris connaissance de la justification et des objectifs
du thème que l’on me demande de traiter. Il s’agit de montrer les rapports entre Islam et
pouvoir traditionnel en faisant la distinction entre Islam aristocratique et un autre Islam peut
être populaire, en indiquant la relation entre pouvoir traditionnel et initiatives
communautaires et enfin l’intégration de l’islam et du pouvoir traditionnel dans la
gouvernance locale pour le développement durable.
L’Islam qui fournit les idéaux auxquels les collectivités villageoises comoriennes tout
comme l’individu tend à se conformer est caractérisé à la fois par l’absence revendiquée de
frontière entre le sacré et le profane et l’attachement aux valeurs d’égalités de tous ses fidèles
voire de tous les hommes crées par Dieu.
Des clivages existent au sein de la société et elles sont fondées sur des critères
idéologiques liés à la religion du prophète Muhammad.
Ces clivages induisent cependant moins d’inégalités que de rivalités. Certaines identifient
des élites dites de la naissance avec les sharifs descendants directe en ligne patrilinéaire du
prophète, d’autres des élites du savoir avec les Uléma, les cadis et les maîtres coraniques.
Néanmoins l’existence des savants et des sharifs n’est pas à elle seule constitutive d’une
nouvelle couche sociale. Leur recrutement n’a pas un caractère endogamique sauf chez
certains groupes d’immigrés récents arabes et indiens qui habitent quelques zones urbaines.
Les intellectuels religieuses et les charifs sont issus de tous les groupes familiaux et de tous
les villages et les quartier. Ce qui rend impossible un processus de stratification.
En vivant sa religion, un comorien vit sa société et l’une est souvent difficile à
distinguer de l’autre. Les actes les plus quotidiens (manger, s’habiller, se laver, recevoir chez
soi, voyager) ont une dimension religieuse. On ne les a bien préparé et accompli lorsqu’on
les a conduit sous chacune de leur deux formes : celle qui tient aux besoins de la vie et celle
qui met ces besoins en relation avec le créateur. Quant au pouvoir local traditionnel il est
fondé sur le principe de séniorité sociale. L’âge répartit les individus et les groupes en un
système qui constitue l’armature globale de la société. Cette organisation n’est plus
formellement institutionnalisée et reconnue officiellement par les instances étatiques
postcoloniales, elle n’est pas moins fonctionnelle dans tous les villages des quatre îles de
l’archipel
C’est un système de groupes stratifiés caractérisé sous sa forme la plus pure par une
mobilité parfaite systématiquement promus depuis l’initiation de groupe le plus bas au plus
haut par échelon successif en tant que groupe indifférencié. Le groupe d’âge est le lieu
privilégié de l’apprentissage par la pratique de toutes les règles régissant l’organisation
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socio-politique traditionnelle. Toutes les autres institutions d’éducation et d’apprentissage
jouent un rôle secondaire et limité à un domaine précis de formation. Le groupe dâge est
ouvert à tous les jeunes nés ou habitant le village. Ils ont les mêmes droits et les mêmes
devoirs et toute discrimination fondée sur l’origine familiale, la richesse voire le savoir est
incompatible avec l’éthique égalitaire du groupe.
Le système dans sa globalité à institutionnalisé l’inégalité entre les grades car chaque
échelon est identifié à un statut ou rang basé sur l’âge.
Dans un village de Ngazidja un «mshondjé» (le grade le plus bas) peut être contraint ou
même humilié par un «mzuguwa» (le groupe le plus immédiatement supérieur). Les deux
antagonistes sont néanmoins conscients que cette situation est provisoire. le «mshond»
d’aujourd’hui est le «mzuguwa» de demain. L’opprimé d’aujourd’hui est l’oppresseur de
demain. L’oppresseur d’aujourd’hui est l’opprimé d’hier. Cette inégalité de statuts ne met
pas en cause l’égalité sacrée de toutes les personnes membres de la communauté.
L’organisation villageoise comporte par ailleurs bien de domaines possibles de
compétences allouant à des individus des fonctions spécifiques. « Tout membre de la
communauté quelque soit son âge et son statut peut se trouver en possession de séries de
compétences à mettre en oeuvre à des moments sociaux différents » (SINDZINGRE 1985). Le
«mshond» et le «mzuguwa» peuvent se trouver en situation d’égalité ou inversée lors des
moments d’activités différentes.
Les principales fonctions de gestion de la cité sont réparties entre les groupes d’âge
(beya/hirimu/shikawo). La hiérarchie des jeunes gens (wanahirimu/wanamdji) est responsable
des tâches d’entretien des lieux publics, de l’organisation matérielle des cérémonies
familiales et collectives. Elle exécute les mesures de maintien de l’ordre public et de
solidarité envers les nécessiteux surtout en cas de catastrophe naturelle ou d’incendie.
Au cours des cycles successifs chaque individu est d’abord autorisé à montrer les
talents physiques et athlétiques de la jeunesse ensuite ses talents politiques pendant la
seconde partie active de sa carrière.
La hiérarchie des hommes mariés (wandrwadzima/wantruwazima ) veillent à la
normalité des citoyens à leur inégalité au respect des valeurs, des normes et des institutions.
Les femmes possèdent leur part de pouvoir qu’elles exercent à travers leurs groupes
d’âge (mabeya) et leurs associations (zama). Tous les villageois riches ou pauvres savants ou
analphabètes, fils de chef ou roturiers participent aux affaires du mdji (village). Exécutant
aujourd’hui, les membres des groupes de mineurs (wanamdji/wanahirimu) sont conscients
d’être les décideurs de demain. Ce ne sont donc pas les mêmes hommes qui détiennent le
pouvoir, les décisions sont toujours collégiales et le débat public.
Le système de groupes d’âge comme structure à la fois de formation civique, de
répartition de prérogatives et d’exercice de l’autorité crée et institutionnalise les relations de
subordination entre les générations anciennes et nouvelles en même temps qu’il forge le
sentiment d’appartenance aux groupe social.
Il inculque aux cadets le respect et l’obéissance envers les aînés chargés de leur transmettre
les connaissances et les valeurs de la société.
Chaque individu est appelé un jour à gérer des biens collectifs, à abriter des conflits, à
diriger des débats en faisant circuler la parole selon le rang d’âge jusqu’à parvenir à
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