Table ronde sur la Gouvernance locale et atelier sur la PRGD du 13 au 14 janvier 1998 4
En cette période de crise économique et financière, de désintégration du système
étatique crée par les successeurs des autorités coloniales, les efforts des communautés locales
pour prendre en charge leur destin est une raison d’espérer en un avenir meilleur. Cette table
ronde consacrée à l’inventaire et l’analyse des modes de gouvernance locale utiles à la
gestion intégrée des zones côtières et marines revêt une importance considérable.
Vous voudrez bien cependant accepter la modestie de la contribution que je me suis
résolue à apporter à cette table ronde eu égard bien sûr à mon savoir limité mais aussi et
surtout au temps dont j’ai pu disposé pour concocter cet exposé. Deux semaines auraient
peut être suffi à un autre que moi qui suis un «trop lent géniteur d’idées» et pendant une
autre période que celle de ce mois très chaud du ramadan.
J’ai eu une autre appréhension lorsque j’ai pris connaissance de la justification et des objectifs
du thème que l’on me demande de traiter. Il s’agit de montrer les rapports entre Islam et
pouvoir traditionnel en faisant la distinction entre Islam aristocratique et un autre Islam peut
être populaire, en indiquant la relation entre pouvoir traditionnel et initiatives
communautaires et enfin l’intégration de l’islam et du pouvoir traditionnel dans la
gouvernance locale pour le développement durable.
L’Islam qui fournit les idéaux auxquels les collectivités villageoises comoriennes tout
comme l’individu tend à se conformer est caractérisé à la fois par l’absence revendiquée de
frontière entre le sacré et le profane et l’attachement aux valeurs d’égalités de tous ses fidèles
voire de tous les hommes crées par Dieu.
Des clivages existent au sein de la société et elles sont fondées sur des critères
idéologiques liés à la religion du prophète Muhammad.
Ces clivages induisent cependant moins d’inégalités que de rivalités. Certaines identifient
des élites dites de la naissance avec les sharifs descendants directe en ligne patrilinéaire du
prophète, d’autres des élites du savoir avec les Uléma, les cadis et les maîtres coraniques.
Néanmoins l’existence des savants et des sharifs n’est pas à elle seule constitutive d’une
nouvelle couche sociale. Leur recrutement n’a pas un caractère endogamique sauf chez
certains groupes d’immigrés récents arabes et indiens qui habitent quelques zones urbaines.
Les intellectuels religieuses et les charifs sont issus de tous les groupes familiaux et de tous
les villages et les quartier. Ce qui rend impossible un processus de stratification.
En vivant sa religion, un comorien vit sa société et l’une est souvent difficile à
distinguer de l’autre. Les actes les plus quotidiens (manger, s’habiller, se laver, recevoir chez
soi, voyager) ont une dimension religieuse. On ne les a bien préparé et accompli lorsqu’on
les a conduit sous chacune de leur deux formes : celle qui tient aux besoins de la vie et celle
qui met ces besoins en relation avec le créateur. Quant au pouvoir local traditionnel il est
fondé sur le principe de séniorité sociale. L’âge répartit les individus et les groupes en un
système qui constitue l’armature globale de la société. Cette organisation n’est plus
formellement institutionnalisée et reconnue officiellement par les instances étatiques
postcoloniales, elle n’est pas moins fonctionnelle dans tous les villages des quatre îles de
l’archipel
C’est un système de groupes stratifiés caractérisé sous sa forme la plus pure par une
mobilité parfaite systématiquement promus depuis l’initiation de groupe le plus bas au plus
haut par échelon successif en tant que groupe indifférencié. Le groupe d’âge est le lieu
privilégié de l’apprentissage par la pratique de toutes les règles régissant l’organisation