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Image (en fausses couleurs) de l’assemblage de silicone poreux/nanoparticules d’or creuses. Le
silicone poreux s’attache spécifiquement aux cellules cancéreuses, et y déverse les nanoparticules
d’or contenues dans ses pores. Soumises à un laser infrarouge adapté, ces dernières sont capables
de bruler les tissus environnants par effet photo-thermique.
Crédits : Methodist Hospital Research Institute of Houston
La méthode consiste à cibler puis à bruler les cellules cancéreuses. Pour cela, les chercheurs utilisent des
nanoparticules d’or, qui sont capables de générer de la chaleur lorsqu’elles sont irradiées avec un laser
infrarouge (effet photo-thermique), ce qui provoque la mort des cellules environnantes. Les études portant sur
l’utilisation des nanoparticules d’or pour le traitement du cancer par ablation thermique sont actuellement
nombreuses, mais l’efficacité des traitements jusqu’à ce jour n’est pas bonne. En effet, la distribution des
nanoparticules dans le corps n’est pas assez efficace, si bien qu’il en faut une quantité bien trop importante
pour obtenir une accumulation suffisante dans la tumeur, et pouvoir ainsi la détruire. Pour cette raison, ces
traitements ne sont pas envisageables cliniquement.
Un assemblage astucieux pour une meilleure absorption
La technologie utilisée par Shen et ses collègues a été développée par Mauro Ferrari, docteur et président de
l’institut de recherche du Methodist Hospital, et profite d’une absorption plus efficace de l’énergie émise par le
laser grâce à un assemblage astucieux de nanoparticules. Ils utilisent des nanoparticules de silicium poreux
dont la taille est de l’ordre de quelques centaines de nanomètres, et qui servent de vecteur. Au sein de leurs
pores sont ajoutées des nanoparticules d’or creuses plus petites, et fonctionnalisées pour le traitement. Ainsi,
les nanoparticules de silicium poreux s’intègrent dans les membranes des cellules, et libèrent les
nanoparticules d’or directement dans les cellules ciblées. Ces dernières ont une double action : d’une part,
elles brûlent les cellules environnantes par absorption du rayonnement laser adéquat, et d’autre part, elles
peuvent aussi libérer dans le même temps des médicaments préalablement incorporés dans leur cavité.
Un gros intérêt de cet assemblage est qu’il est deux fois plus efficace pour conduire la chaleur que les
nanoparticules d’or seules : en l’espace de 7min, le réchauffement atteint est de 20 degrés dans la solution
environnante. Une explication proposée par Shen et son équipe serait l’établissement d’un couplage
électromagnétique des particules d’or au sein du silicium poreux, rendu possible par la proximité des
particules entre elles. De plus, le pic d’absorption de l’assemblage Silicium poreux/nanoparticules d’or
creuses, par rapport à celui des nanoparticules d’or isolées, est décalé vers de plus grandes longueurs
d’onde, ce qui permet d’atteindre des profondeurs plus importantes dans les tissus.
La technique a été testée avec succès sur des cellules cancéreuses de souris et d’humain in vitro, ainsi que
sur des cellules cancéreuses de souris in vivo.
Perspectives futures
Le potentiel de cette technologie est énorme pour les futures applications cliniques. Les études en cours
concernent maintenant la maîtrise des caractéristiques des assemblages réalisés de silicone
poreux/nanoparticules d’or creuses. En effet, la forme et la taille des particules de silicone et d’or, ainsi que la
chimie de leur surface sont des paramètres cruciaux qui déterminent la capacité de l’assemblage à se fixer
spécifiquement sur les cellules cancéreuses voulues.
Tous ces paramètres doivent pouvoir être adaptés au cas par cas. Par exemple, la longueur d’onde du laser
dépend de la localisation de la tumeur dans le corps. Et l’assemblage doit avoir les propriétés d’absorption
correspondant à cette longueur d’onde, lesquelles sont fortement dépendantes de la distance inter-particulaire
des nanoparticules d’or.