Huit ans après l’échec de la première tentative de
marketing social de condoms au Niger, échec dû
au fait que cette initiative avait offensé les conservateurs
religieux, la coopération allemande au développement,
par l’intermédiaire de la KfW Entwicklungsbank
(banque allemande de développement), a accepté de
financer une nouvelle tentative en 2003. Cette dernière,
généralement désignée par la simple expression
Projet de marketing social, a emprunté à la tradition
pour trouver un nom de marque et un logo pour
ses condoms. Elle s’est également assuré les services
d’un sportif national considéré comme un véritable héro
pour lancer et promouvoir la nouvelle marque. Ce
recours à la culture traditionnelle et populaire a bien
servi la cause du projet qui plaît aux gens de tous âges,
goûts et opinions des zones urbaines et rurales du Niger.
Pour commencer, le projet s’est essentiellement attaché
à présenter le condom comme une des trois méthodes,
avec l’abstinence et la fidélité, de prévention de la
propagation du VIH et autres infections sexuellement
transmissibles (IST). Encouragé par sa réussite initiale,
il a ensuite commencé à présenter l’utilisation du
condom comme une méthode de planification familial
et à utiliser ses communications pour s’attaquer à un
éventail de problèmes de santé sexuelle et reproductive,
de planning familial et de questions connexes de droits
de l’homme.
En 2006, l’Assemblée nationale du Niger a voté une loi
progressiste sur la santé reproductive qui interdit toutes
formes d’agressions et de violences sexuelles, reconnaît
les droits de toute personne ayant atteint l’âge légal
de choisir de se marier ou non, qui épouser, d’avoir ou
non des enfants et d’utiliser les méthodes modernes de
planning familial pour espacer la naissance des enfants.
En 2007, le gouvernement du Niger a publié une
déclaration de politique démographique. Le Niger est
un des pays les plus pauvres du monde mais c’est aussi
celui où le taux de croissance de la population naturelle
est le plus élevé, car il a le plus fort taux de fécondité
du monde. Cette déclaration reconnaît que la croissance
démographique rapide pose de gros problèmes socio-
économiques et exige que des mesures soient prises pour
ralentir cette croissance en améliorant l’acceptation et
l’utilisation de méthodes modernes de planning familial
et en réduisant la fréquence des mariages précoces. En
2008, lorsque le projet est entré dans sa deuxième phase,
le planning familial est devenu un de ses objectifs
déclarés.
La présente publication raconte l’histoire du projet.
Elle montre comment il a créé l’Association nigérienne
de marketing social (Animas-Sutura) en 2006 et l’a
pourvue d’un comité gouvernemental de surveillance
puissant et actif, de membres et d’un conseil d’admi-
nistration. Elle montre comment il a mis en place un
réseau puissant (et croissant) de partenaires actifs (y
compris d’ONG et d’entreprises privées) lui permet-
tant de distribuer ses condoms aux personnes vivant
en zones urbaines, dans les bourgs et les villages ruraux
et de cibler des éléments spécifiques de la population
(jeunes, femmes vivant en milieu rural, chauffeurs
de camions, prostituées et recrues militaires) grâce à
des communications interactives ayant un impact
mesurable sur leurs connaissances, leurs comporte-
ments et leurs pratiques. Ces communications incluent
aujourd’hui une deuxième série de sketches radiopho-
niques dont chaque épisode est diffusé à plusieurs
reprises sur une période d’une semaine et est utilisé
pour animer des centaines de débats radio et discus-
sions de groupes dans tout le pays, y compris entre les
femmes vivant en milieu rural et écoutant les sketches
sur des radios solaires.
En 2009, le projet de marketing social ajoute la pilule
contraceptive et le comprimé de purification de l’eau
à sa gamme de produits et continue de chercher des
moyens d’étendre son domaine d’action dans les vastes
zones rurales peu peuplées du Niger (où la majeure
partie de la population est analphabète et extrêmement
pauvre) grâce aux condoms, pilules et comprimés et
à ses communications qui s’efforcent de convaincre les
gens d’utiliser ces produits ou de modifier leurs
comportements afin de préserver leur santé et d’assurer
un meilleur avenir à leurs enfants. La publication se
termine par la présentation des enseignements tirés à
ce jour de l’expérience pratique du projet de marketing
social et par celle des évaluations par les pairs indiquant
dans quelle mesure le projet répond aux critères
de bonnes pratiques, y compris en ce qui concerne la
reproductibilité de ses méthodes dans d’autres pays.