Fiche objectif

publicité
Fiche objectif - vivant
A la fin de la leçon, je dois être capable de… I. Vocabulaire :
a) définir la notion et distinguer les termes voisins : -­‐ vie / vivant / énumérer les spécificités du vivant. b) définir/distinguer les termes suivants : -­‐ finalité interne et externe ; -­‐ cause efficiente/finale ; -­‐ obstacle épistémologique ; -­‐ finalisme/mécanisme ; -­‐ sélection naturelle ; -­‐ principe vital ; Distinguer : -­‐ cause efficiente : explication de l’effet par ce qui produit la chose -­‐ cause finale : explication de l’effet par la raison en vue de quoi la chose est produite. II. Problématisation + thèses et arguments + citations
a) de repérer les problèmes liés à cette notion : -­‐ vitalisme vs mécanisme : Peut-­‐on comparer le vivant à une machine ? Une maladie est-­‐elle comparable à une panne ? Le vivant est-­‐il régi par les mêmes lois que la physique ? -­‐ vie/science : Existe-­‐t-­‐il une connaissance scientifique du vivant ? La biologie peut-­‐elle comprendre la vie ? Doit-­‐on réduire le vivant à un objet pour le comprendre ? -­‐ finalisme vs mécanisme : Peut-­‐on expliquer le vivant mécaniquement ou doit-­‐on avoir recours à une cause finale ? -­‐ finalité/religion : La finalité apparente des êtres vivants implique-­‐t-­‐elle l’existence de Dieu ? -­‐ biologie/vie : La vie humaine se réduit-­‐elle à la vie biologique ? -­‐ politique-­‐morale/vivant : Peut-­‐on appliquer le darwinisme à la politique ? Peut-­‐on traiter le corps vivant comme un objet ? Y a-­‐t-­‐il des limites morales à l’expérimentation en biologie ? b) de citer 3 références philosophiques et d’en démontrer les thèses, d’en évaluer les conséquences : Vitalisme (Aristote, Kant, Bergson) Mécanisme (Descartes, La Mettrie) Est vitaliste toute conception qui affirme qu’il Le vivant est comparable à une machine. Il n’y a existe une différence de nature entre le vivant et pas besoin de supposer d’âme pour expliquer l’inerte, et qui explique cette différence par son fonctionnement. La notion de vie est notion l’existence d’un principe vital. non scientifique. Finalisme (Aristote, Kant) Mécanisme (Descartes, La Mettrie) Le vivant grandit et s’organise selon un plan qui Le mécanisme affirme qu’il n’y a pas besoin de implique une cause finale, une intention. Cette recourir à des causes finales pour expliquer la organisation n’est pas le fait du hasard. « La formation des organes : la cause efficiente suffit. nature ne fait rien en vain » affirme Aristote : chaque organe a une fonction. -­‐ PLATON, Phèdre : l’âme est un principe d’automouvement. -­‐ ARISTOTE, De l’âme : l’âme est la Forme du corps, c’est-­‐à-­‐dire ce qui l’organise et lui donne une unité. Quand le corps grandit, il tend à accomplir cette Forme : il grandit selon un plan, une finalité. Il distingue l’âme nutritive (croissance, assimilation, reproduction, cicatrisation) commune à tous les vivants même les végétaux, l’âme sensitive (et motrice) commune à tous les animaux et l’âme intellective, c’est-­‐à-­‐dire pensante, propre à l’homme. La vie humaine ne se réduit donc pas à ses fonctions biologiques. La Physique : Aristote distingue quatre causes : la cause efficiente (qui produite la chose), la cause matérielle (la matière dont est formé la chose), la cause formelle (la forme et l’organisation de la chose), la cause finale (en vue de quoi est produite la chose). -­‐ René DESCARTES (17e siècle), Traité de l’homme : les êtres vivants sont comparables à des machines. Un être vivant est de la matière en mouvement, dont la structure est comparable à celui d’une machine ou d’un automate. Descartes défend la « théorie des animaux-­‐machines ». Il n’y a pas Fiche objectif - vivant
besoin de supposer une âme pour expliquer le fonctionnement d’un corps vivant (par contre, la pensée humaine suppose une âme). -­‐ Emmanuel KANT (18e siècle), Critique de la faculté de juger : le vivant ne peut être expliqué de façon purement mécaniste. Spécificités du vivant : la reproduction, la croissance et l’autoréparation. Par ailleurs, le vivant est un « tout finalisé » : chaque partie est utile à l’autre, un organe existe en fonction du tout. Tandis qu’un objet fabriqué forme un tout en vue d’une fin extérieure (la montre sert à donner l’heure), le vivant a une finalité interne et s’organise de l’intérieur. Kant distingue deux usages de la finalité : s’il refuse tout usage constitutif (on ne peut pas affirmer scientifiquement que les choses sont réellement constituées selon un plan), il affirme cependant qu’on peut utiliser la notion de finalité comme Idée régulatrice, c’est-­‐à-­‐dire comme une règle méthodologique permettant de découvrir quelle est la fonction d’un organe. On peut se poser la question « à quoi sert cet organe ? » pour découvrir sa fonction (usage de la finalité comme Idée régulatrice) sans affirmer pour autant que l’organe a réellement été fait dans ce but (refus de l’usage constitutif). -­‐ Arthur SCHOPENHAUER (19e siècle) : tout vivant, même l’homme est animé par une force de vie aveugle, le vouloir-­‐vivre. Les désirs de l’homme sont des expressions de ce vouloir-­‐vivre, cause soit de souffrance (par la frustration du désir), soit d’ennui (quand le désir est satisfait). -­‐ Charles DARWIN (19e siècle), De l’origine des espèces : les espèces ne sont pas fixes, mais évoluent. Il abandonne toute explication du vivant par les causes finales : les organes n’apparaissent pas en fonction de leur utilité, mais par mutation génétique aléatoire. La sélection naturelle explique la finalité apparente autant interne qu’externe : après une mutation génétique aléatoire, les plus adaptés survivent, ce qui n’est pas adapté est éliminé. -­‐ Henri BERGSON (20e siècle), L’évolution créatrice : selon Bergson, ni le finalisme (explication par des causes finales) ni le mécanisme (explications par des causes efficientes) ne permet de rendre compte de l’évolution. Car l’évolution, selon Bergson, n’est pas le résultat d’un plan préalable (finalisme) ni du hasard (Darwin) mais d’une création de la vie, de « l’élan vital ». L’intelligence ne peut pas comprendre le vivant, car elle le décompose et le réduit à un mécanisme. La science dans sa méthode même traite l’organisme comme un mécanisme, ce qui la rend incapable de comprendre la vie en tant que mouvement, durée et création. -­‐ Gaston BACHELARD (20e siècle), La formation de l’esprit scientifique : la vie n’est pas un concept scientifique, c’est même un obstacle épistémologique. En effet, le terme de vie a permis lors de l’histoire des sciences de servir d’explication facile quand on ne comprenait pas un phénomène. -­‐ Jacques MONOD (20e siècle), Le Hasard et la Nécessité : biologiste et mécaniste. L’ADN permet d’expliquer pourquoi le vivant semble se déployer selon un plan sans avoir un recourir à une cause finale ou une intelligence. Le vivant ne fait qu’appliquer un programme génétique. Le vivant pourrait donc s’expliquer mécaniquement et l’évolution ne serait pas le résultat d’un dessein intelligent, mais du hasard et de la nécessité. -­‐ Michel HENRY (20e siècle), La Barbarie : La vie ne peut être comprise scientifiquement par la biologie, elle s’éprouve : ce qui caractérise la vie, c’est l’auto-­‐affectation, la capacité de se sentir soi-­‐
même. La vie culturelle, l’art est un prolongement, une amplification de cette auto-­‐affectation, c’est un accroissement de cette sensibilité. La barbarie, au contraire, c’est traiter les êtres vivants comme des objets, c’est nier la spécificité de la vie et la subjectivité de l’être vivant. c) de retenir et expliquer ces citations : -­‐ « La nature ne fait rien en vain. » Aristote, La Politique. -­‐ « La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort. » Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort. -­‐ « Le physicien et le chimiste peuvent repousser toute idée de causes finales dans les faits qu'ils observent ; tandis que le physiologiste est porté à admettre une finalité harmonique et préétablie dans le corps organisé dont toutes les actions partielles sont solidaires et génératrices les unes des autres. » Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale. 
Téléchargement