Quebec_Pharmacie_02-2007

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à votre service SANS ORDONNANCE
Texte rédigé par
Philippe Desmarais,
B. Pharm.,
Anne-Marie Frenette,
B. Pharm., et
Caroline Désilets,
B. Pharm.,
Pharmacie C. Désilets
& P. Desmarais.
Texte original soumis
le 28 février 2006.
Texte final remis
le 7 août 2006.
Révision :
Chantal Leblanc,
B. Pharm.,
Pharmacie Leblanc
& Boucher,
Saint-Brunode-Montarville.
48
Les bas de compression
Les bas de support, aussi appelés bas de compression ou de contention, peuvent être employés dans
diverses situations préventives et curatives. Les patients ayant des veines variqueuses peuvent
avoir recours, entre autres, aux bas de support. Ce trouble, aussi synonyme de varices, a une prévalence estimée de 5 % à 30 % dans la population générale adulte et trois fois plus de femmes que
d'hommes en sont affectées1. L'utilisation des bas de compression étant assez diversifiée et leur
présence en pharmacie, grandissante, nous ferons un survol de ces produits. Cet article traitera de
leur utilité thérapeutique et des mécanismes impliqués. Nous aborderons leurs nombreuses applications ainsi que les considérations pratiques entourant leur utilisation.
Pathophysiologie veineuse
Le système veineux est constitué de vaisseaux de différents
calibres ayant pour fonction de transporter le sang pauvre
en oxygène vers le cœur. Du cœur, il passera aux poumons
pour y éliminer certains déchets et être réoxygéné. Le système veineux périphérique fonctionne comme un réservoir de sang et de conduits qui assurent le retour sanguin
des tissus vers le cœur. Le bon fonctionnement de ce système dépend de trois facteurs importants1-3. D'abord, le
sang provenant des membres inférieurs doit rejoindre la
circulation centrale en luttant contre la force de gravité. Les
veines sont munies d'une série de valves bicuspides, faites
de tissus fibreux et élastiques, assurant un mouvement du
sang de façon unidirectionnelle1. Elles permettent au sang
de circuler vers le cœur et s'opposent à son reflux. Ensuite,
les veines profondes des membres inférieurs sont entourées
de muscles squelettiques de sorte qu'elles sont comprimées
par leur contraction. La contraction des muscles du mollet, par exemple, peut produire une pression de plus de
200 mm Hg. Cette pression est suffisante pour expulser le
sang des veines. Ce phénomène est appelé la pompe musculaire. Les valves agissent de concert avec ces pompes
musculaires pour permettre au sang de lutter contre la
gravité. Enfin, l'élasticité des veines leur permet de se
comprimer et favorise ainsi le retour veineux1.
Le mauvais fonctionnement de l'une de ces étapes
peut mener à l'insuffisance veineuse. Celle-ci englobe
toutes les affections se rapportant à une anomalie fonctionnelle ou physique des veines superficielles et/ou profondes. Il en résulte une incapacité à drainer le sang des
capillaires. Les causes d'une telle incapacité sont diverses, tant héréditaires qu'acquises. Les varices, des veines
dilatées de façon permanente, en sont l'expression la
plus commune. Aussi, l'insuffisance veineuse peut
entraîner une hypertension veineuse se manifestant par
différents symptômes, incluant de la douleur, de l'œdème, de l'enflure, des changements de teinte de la peau
et des ulcères veineux1. La pression augmentant au
niveau de la veine, il y a une progression de la dilatation
des veines. Parmi les facteurs pouvant expliquer l'augmentation de la pression veineuse, on note l'incompétence valvulaire des veines profondes et superficielles,
une obstruction veineuse ou encore un mauvais fonctionnement de la pompe musculaire.
Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007
L'insuffisance veineuse peut prendre la forme de
simples veines dilatées, mais l'atteinte peut aller jusqu'à
la fibrose cutanée et l'ulcération veineuse. Les veines
variqueuses sont des veines superficielles dilatées qui,
avec le temps, deviennent de plus en plus dilatées et
apparentes. Cette progression peut éventuellement causer des varices proéminentes, de l'œdème, des ulcères et
mener vers une thrombose veineuse profonde1,3.
Mécanismes d'action des bas de compression
Les mécanismes d'efficacité des bas de compression ne
sont pas entièrement élucidés. En fait, en appliquant
une pression constante sur la jambe, les bas permettent
un mouvement continu du sang des petites veines
superficielles vers les veines principales plus profondes4.
Cela a pour effet de diminuer la stase sanguine et empêcherait les petites déchirures au niveau des veines de
petite taille. Lorsqu'il est question de la pression exercée, elle est mesurée à la cheville. Pour permettre un
effet optimal, la compression est graduée, étant plus
forte à la cheville et diminuant en montant sur la
jambe5.
Types de bas de compression sur le marché
Plusieurs types de bas de compression sont offerts sur le
marché. Plusieurs études ont montré que les bas au
genou sont aussi efficaces que les bas à la cuisse ou les
bas collants, à moins d'avoir beaucoup d'enflure au
niveau des cuisses1,4. Ils ont l'avantage d'être plus faciles
à enfiler, moins irritants, plus acceptables (en particulier
pour les hommes), plus légers durant la période estivale
en plus d'offrir les mêmes bénéfices cliniques6. L'observance des patients est donc supérieure avec les bas de
support aux genoux. Différents tissus sont offerts aux
patients : lycra, spandex, élasthane, nylon, polyester et
coton. On doit faire les ajustements selon les recommandations du manufacturier. Lorsqu'une mesure est
requise, mieux vaut procéder le matin, afin de s'assurer
que l'enflure est à son minimum.
Dans certains cas particuliers, l'utilisation de bas
spécialisés est de rigueur :
■ Lors d'une grossesse, il est recommandé d'utiliser des
bas culotte avec ou sans gousset de maternité (les
patients obèses peuvent aussi les utiliser).
Les bas de compression
■
■
■
■
■
Si le bas tend à se déplacer ou à rouler sur la cuisse,
certaines compagnies offrent des bas avec attaches à
la taille.
Si une opération a eu lieu à une jambe, comme il
vaut mieux ne pas compresser la jambe ayant subi
l'intervention, il existe des bas ne couvrant qu'une
seule jambe.
Pour une compression très élevée, il peut être de
rigueur d'utiliser un bas à bout ouvert où l'on voit
les orteils ; cette méthode permet de s'assurer que la
compression n'est pas trop grande, en observant la
couleur des orteils.
Il y a aussi des bas particuliers pour diabétiques. Ils
sont faits de fibres qui respirent, dans un tissu antimicrobien et n'ont pas de couture. Il est possible que
ces caractéristiques contribuent à la prévention des
infections, mais ces suppositions sont théoriques.
Enfin, il existe aussi des bas anti-embolie ; ces derniers ont une compression de 18-20 mm Hg au
niveau de la cheville. On ne peut les étirer qu'en longueur. On les utilise en pré ou postopération pour
prévenir la thrombose veineuse profonde (TPV)
ainsi que les embolies pulmonaires.
On peut trouver tous les bas en pharmacie. Par
contre, lorsqu'un bas avec une caractéristique spéciale
(couleur, niveau de compression, ajustement particulier) est requis, il sera nécessaire de le commander directement auprès de la compagnie. Il en va de même pour
les bas faits sur mesure.
Niveaux de compression et indications
Il est important de s'assurer d'avoir le bon niveau de
compression plutôt qu'une classe en particulier, car ces
dernières varient d'un pays et d'un fabricant à l'autre.
Le tableau I résume l'ordre de grandeur de chaque classe
de bas de compression ainsi que les indications rattachées à chaque niveau de compression.
À partir de la classe II, il est préférable de se procurer les bas sur ordonnance médicale. Le pharmacien,
selon son niveau de connaissances, peut sans problème
recommander sans prescription des bas de classe I ou A,
pour les indications mentionnées au tableau I. Lorsqu'une compression de niveau plus élevé est requise ou
pour les cas plus lourds, la consultation d'un médecin
est souhaitable. Il est à noter qu'une consultation médicale peut aussi être bénéfique pour les cas légers chez
certains patients.
Indications pour le port des bas
de compression
L'utilisation de ce type de bas est répandue. On les porte
pour plusieurs indications, dont l'insuffisance veineuse et
la prévention et le traitement de la thrombose veineuse
profonde. Leur utilisation est commune auprès des femmes enceintes et des gens ayant à prendre l'avion.
Traitement de l'insuffisance veineuse
Le traitement initial de l'insuffisance veineuse à l'aide de
bas de support permet de réduire les symptômes, tels
que la proéminence des varices, la douleur, l'œdème et
l'enflure. Il aide aussi à prévenir le développement de
complications secondaires, comme les changements
cutanés et les ulcères veineux, et ralentit la progression
de la maladie1,8.
On suggère l'élévation des jambes lorsque cela est
possible tout comme la réduction de la pression intra
abdominale pour éviter le reflux sanguin, en évitant le
port de vêtements serrés, par exemple. L'utilisation de
bas de compression est la pierre angulaire du traitement conservateur. C'est un traitement qui vise à
maintenir les fonctions physiologiques dans un état
relativement satisfaisant lorsqu'il n'est pas absolument
indispensable de s'attaquer aux causes de l'insuffisance
veineuse. Ce traitement s'applique à tous les patients
atteints sans égard à la gravité de la maladie. Le port
du bas de support apporte une compression externe
sur la jambe et s'oppose aux forces hydrostatiques de
l'hypertension veineuse. Le port des bas de support
doit être quotidien pendant la période où la personne
est debout. En ce qui concerne le traitement de l'insuffisance veineuse, l'utilisation de bas de support gradués de 20 à 50 mm Hg de pression est bien établie1.
Le port de bas de compression gradués de 30 à 40 mm
Hg entraîne une diminution significative de la douleur, de l'œdème, de l'hyperpigmentation de la peau et
une augmentation des activités et de la qualité de vie
des patients, particulièrement si l'observance est de
70 % à 80 % et plus1. Pour les patients présentant des
ulcères secondaires à l'insuffisance veineuse, le port de
ce type de bas permet d'améliorer leur guérison et de
prévenir leur récurrence. Le niveau de compression du
bas de support devrait être proportionnel à la gravité
de l'atteinte. Le traitement de l'insuffisance veineuse
comporte de nombreux autres traitements médicamenteux ou chirurgicaux, mais ils ne seront pas traités
dans cet article.
Le port du bas
de support
apporte une
compression
externe sur
la jambe
et s'oppose
aux forces
hydrostatiques
de l'hypertension
En prévention de la thrombose veineuse
profonde (TVP)
La thrombose veineuse profonde se définit comme la
formation d'un caillot de sang à l'intérieur des veines
profondes des membres inférieurs, entraînant une obstruction partielle ou complète du débit sanguin dans
la veine. Elle est souvent d'origine multifactorielle et
résulte d'une association de facteurs. Par contre, trois
conditions sont habituellement présentes lors d'un tel
événement : un dommage à la paroi d'un vaisseau, la
stase veineuse et un état d'hypercoagulabilité. Certains
facteurs de risque peuvent être identifiés, comme des
épisodes antérieurs de thrombose, des antécédents personnels ou familiaux de problèmes de coagulation,
une chirurgie majeure récente (moins de six semaines
auparavant) telle qu'une chirurgie pelvienne ou abdominale, etc. Les signes et symptômes, tels que la douleur, l'œdème, la sensibilité et la rougeur à la jambe,
résultent de l'obstruction veineuse et de l'inflammation de la paroi du vaisseau. Lors du diagnostic, le traitement vise à soulager les symptômes et à prévenir
l'embolisation et les récidives 9.
veineuse.
Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007
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à votre service SANS ORDONNANCE
Il est important
de prendre le
temps d'enseigner
au patient la bonne
technique pour
enfiler les bas.
Pour limiter
Les bas de contention font partie de l'arsenal thérapeutique de la TVP. L'utilisation de la compression et
de l'anticoagulothérapie est reconnue pour la prévention de la TVP lors de chirurgie à risque modéré
(p. ex., chirurgie abdominale, gynécologique ou neurologique)10. Utilisés de façon appropriée, les bas de
contention peuvent réduire jusqu'à 60 % les risques de
TVP à la suite d'une intervention chirurgicale à risque
modéré 6.
La compression à l'aide de bas de support peut aussi
être utilisée lors de la phase aiguë de la TVP. Elle permet
alors de réduire l'œdème, la douleur et favorise le retour
plus rapide à la marche. L'intérêt majeur de l'utilisation
des bas de support, à la suite d'une TVP, est la réduction du risque de syndrome post-thrombotique qui
consiste en de la douleur, de l'œdème, un changement
de pigmentation de la peau et éventuellement en une
ulcération. Dans une étude randomisée, l'utilisation de
bas de compression au genou au cours de la journée
pendant deux ans débutant deux à trois semaines après
l'événement a réduit de 50 % la fréquence de ce syndrome 9,11. En effet, sans prévention, 50 à 60 % des gens
souffriront du syndrome post-thrombotique. Ce syndrome résulte de l'augmentation de la pression dans les
veines attribuable aux dommages faits aux valves et à
l'obstruction du flot sanguin. La perméabilité des veines est alors augmentée, ce qui permet le passage dans
le tissu interstitiel de molécules de haut poids moléculaire et la formation d'œdème. Habituellement, ce syndrome survient dans les deux ans qui suivent la TVP. Il
est recommandé de porter un bas de compression au
genou de 30-40 mm Hg12 durant cette période.
l'œdème,
il est suggéré
de mettre les bas
au réveil avant
de sortir du lit .
50
En prévention de la TVP chez les gens
prenant l'avion
Chaque année, on rapporte plusieurs cas de TVP chez
les gens ayant fait un voyage en avion. En fait, jusqu'à
20 % des patients se présentant à l'hôpital pour une
TVP avaient récemment pris l'avion13. Ce phénomène
s'appelle le syndrome de la classe économique. Les facteurs qui contribuent au syndrome de la classe économique sont un environnement hypobare favorisant
l'hypoxie, une faible humidité dans la cabine, la déshydratation (augmentée par la consommation d'alcool) et
la compression veineuse due à une position assise prolongée dans un endroit où l'espace est restreint14,15. Certaines mesures peuvent être prises afin de prévenir la
TVP lors d'un voyage aérien, telles qu'une consommation abondante de liquide, l'abstention de tabac, d'alcool et de caféine avant et pendant le vol, des étirements
fréquents des membres et le port de vêtements confortables.
L'incidence de la TVP chez les passagers d’un avion
est difficile à évaluer étant donné que la TVP peut être
asymptomatique et se développer seulement plusieurs
jours après le vol13. L'incidence de la TVP serait d'environ 0,1 % chez la population générale, alors qu'il semble qu'elle augmente jusqu'à 10 % chez les passagers
d’un avion13,14. La TVP est plus fréquente lors des vols
de plus de huit heures13.
Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007
Plusieurs études ont montré l'efficacité des bas de
compression au genou de classe I en prévention des
TVP lors de vols prolongés. Un bas au genou (pour
que ce dernier ne soit pas comprimé) d'environ
18 mm Hg doit être mis en place le matin du vol, au
moment où la jambe est à son plus petit. L'une de ces
études comportait 200 volontaires prenant l'avion
pendant huit heures. La moitié des volontaires ont utilisé des bas de support de classe I pendant le vol. Une
TVP asymptomatique a été détectée chez 12 patients
du groupe témoin et aucune chez le groupe portant
des bas13. Une autre étude effectuée chez 131 passagers
de plus de 50 ans sans autres facteurs de risque ayant
pris l'avion pendant 8 heures a révélé 12 cas de TVP
dans le groupe témoin et aucun dans le groupe
portant des bas de support de classe I13. Pour les vols
prolongés, porter des bas, quelle que soit la durée du
vol, semble comporter certains avantages à l'égard de
la prévention de la TVP associée au voyage en avion.
Chez la femme enceinte
La femme enceinte est plus susceptible aux varices et à
la TVP. Cette dernière survient dans 0,9 % des grossesses et, dans 65 % des cas, durant la période post-partum16.
Au cours de la grossesse, une femme sur deux notera
des modifications de l'hémodynamie veineuse. Dans
20 % des cas, ces modifications auront lieu lors d'une
première grossesse et la proportion augmente à 50 %
lors d'une deuxième grossesse17. Ces modifications sont
liées à la sensibilité de la paroi des veines aux hormones
sexuelles et à l'augmentation de pression, conséquence
d'un utérus gravide18. Aussi, il semblerait qu'il y ait, au
cours de la grossesse, des modifications des paramètres
de la coagulation sanguine. Ces modifications surviendraient surtout lors de la deuxième moitié de la grossesse
et en post-partum. Elles entraîneraient une augmentation de la majorité des facteurs de coagulation, une
baisse de l'antithrombine III, une baisse de l'activité
fibrinolytique, ou la révélation d'une anomalie préexistante (déficit en antithrombine III, en protéine C et S,
et en anticoagulant circulant)19.
À partir du deuxième mois de la grossesse, en présence de varices peu visibles, des bas de support de classe
I sont suffisants. Si les varices sont visibles, on favorisera
les bas de classe II. On réserve les classes III et IV aux
varices volumineuses ou douloureuses. Dans les cas de
grossesse à risque (s'il y a des antécédents de phlébites,
par exemple), les bas de compression de classes II et III
sont recommandés du sixième mois jusqu'à l'accouchement20.
Les différents fabricants des bas de compression
disposent d'une gamme pour les femmes enceintes avec
un panneau approprié au ventre. On recommande de
poursuivre la contention après l'accouchement pour
une durée indéterminée.
Ajustement
Il existe deux types de bas de compression : les préfabriqués (ceux qu'on retrouve couramment en pharma-
Les bas de compression
cie) et ceux faits sur mesure, beaucoup plus coûteux.
Dans les deux cas, une bonne mesure est essentielle afin
de maximiser l'efficacité de la compression. Il faut savoir
qu'un bas à la cuisse mal enfilé ou replié sur lui-même
peut rouler sur la cuisse, provoquant un effet garrot, ce
qui cause une pression sur la jambe plus grande que
celle prévue 6.
Il est préférable de prendre les mesures tôt le matin
pour limiter l'effet de l'œdème, habituellement croissant
au courant de la journée. Le patient doit se tenir debout
et retirer ses souliers pour avoir les pieds à plat21. Les
mesures que l'on prend pour les bas au genou diffèrent
un peu de celles pour les bas à la cuisse et les bas culotte.
Trois mesures doivent être effectuées pour les bas au
genou21,22 :
1) la circonférence de la cheville au point le plus petit.
2) la circonférence de la partie la plus large du mollet.
3) la hauteur de la jambe à partir de la plante du pied
jusqu'au creux poplité du genou. Le creux poplité
est situé à la face postérieure du genou et correspond
au pli de flexion entre la jambe et la cuisse.
Entretien et nettoyage
Quelques précautions sont nécessaires lors de l'entretien
des bas de compression. D'abord, il est recommandé de
les laver à la main à l'eau tiède ou froide, en utilisant un
savon doux. Afin de retirer l'excédent d'eau, il faut comprimer les bas dans une serviette. Il est préférable de
suspendre les bas afin de les sécher. Il faut choisir de préférence un endroit où la température est tiède et à
l'écart des rayons du soleil ou de la chaleur directe. Certaines manipulations peuvent être dommageables pour
ces produits. Par exemple, il ne faut jamais les laver à la
machine, utiliser des produits javellisants, tordre les bas,
les sécher à la sécheuse et les exposer à une chaleur
directe8. Il semble qu'un lavage fréquent avec un savon
restaure les propriétés mécaniques de compression des
bas5. Les bas devraient être changés tous les six à neuf
mois s'ils sont portés tous les jours1,5.
Tableau I : Indications en fonction des niveaux de compression5,7
Classes
Deux mesures s'ajoutent aux précédentes pour les
bas à la cuisse et les bas culotte 21-23 :
1) la circonférence de la partie la plus large de la cuisse.
2) la hauteur à partir de la plante des pieds jusqu'au pli
de la fesse.
Quelques bas préfabriqués vendus en pharmacie utilisent des mesures plus générales et plus rapides à prendre. On choisit les bas au genou et les bas à la cuisse selon
la taille des chaussures, et les bas culotte selon le poids et
la taille du patient. Si un patient est incapable d'enfiler un
bas à compression élevée, il peut superposer deux bas de
compression inférieure. L'effet est additif 5.
Enfilement des bas
Il est important de prendre le temps d'enseigner au
patient la bonne technique pour enfiler les bas. Pour
limiter l'œdème, il est suggéré de mettre les bas au réveil
avant de sortir du lit 21. Voici un exemple d'une technique adéquate21-23 :
1) Introduisez la main à l'intérieur du bas et saisissez le
talon.
2) Repliez le bas jusqu'à la cheville de façon à ce que
seulement le pied soit enfilé en premier.
3) Introduisez le pied et enfilez bien le bas jusqu'au
talon.
4) Montez ensuite le bas jusqu'à la cheville en vous
assurant de bien tendre ce dernier sur toute la longueur.
5) Montez enfin le bas jusqu'au genou.
6) Tirez sur la pointe pour libérer les orteils.
7) Il est plus facile d'enfiler les bas lorsque la peau est
sèche. Au besoin, utilisez une poudre de talc et appliquez de la crème hydratante le soir au lieu du matin.
On peut aussi mettre des gants afin d'éviter d'endommager les bas en les mettant. Des appareils
d'aide à l'enfilement sont aussi offerts par les compagnies spécialisées.
Classe A ou I
Pression
à la cheville
20 mm Hg
Classe II
20-30 mm Hg
Classe III
30-40 mm Hg
Classe IV
40 mm Hg
Indications
- Amélioration de la circulation pour positions
assise ou debout
- Petites varices
- Faible œdème
- Sclérothérapie (traitement des varices
par l'injection de produits sclérosants)
- Prévention de la TVP lors d'un vol aérien
- Après la sclérothérapie
- Petites varices lors de la grossesse
- Insuffisance veineuse et artérielle combinée
- Contrôle de l'œdème après brûlure
ou paralysie
- Fatigue et lourdeur de la jambe
- Insuffisance veineuse chronique menant à
une dermite de stase
- Hypotension posturale
- Contrôle de l'œdème après brûlure
ou paralysie
- Lors de la grossesse s'il y a antécédents
de phlébites ou lors d'apparition de varices
pendant la grossesse
- Prévention de la thrombose chez
un patient à risque
- Après la sclérothérapie
- Après l'ablation chirurgicale de veines
- Soulagement de la douleur, fatigue et
lourdeur induites par les varices
- Mêmes indications que la classe III mais
lorsque les conditions sont plus graves
- Lympho-œdème réversible (40-50 mm Hg)
ou irréversible (50-60 mm Hg)
- Syndrome post-thrombotique grave
- Syndrome post-phlébétique conséquent
à une insuffisance veineuse chronique
Ce tableau est à titre indicatif et n'est pas exhaustif. La définition des classes varie d'un pays à l'autre.
TVP = thrombose veineuse profonde
Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007
51
à votre service SANS ORDONNANCE
Contre-indications
Il existe peu de contre-indications au port des bas de
compression. Voici une liste de celles rapportées dans
la documentation médicale4,5 :
■ Infections cutanées ou dermatoses suintantes.
■ Insuffisance artérielle due au diabète ou à la claudication intermittente.
■ Usage non ambulatoire ; le patient qui ne se mobilise pas doit être encadré de façon plus serrée par
un personnel spécialisé.
■ Stade aigu d'une hypodermite, soit une lésion
inflammatoire sous-cutanée aiguë ou chronique
quelle qu'en soit la cause.
nous signifie qu'aucun programme ne permet leur paiement.
Du côté des assurances privées, il n'y a pas de norme,
mais certains plans couvrent un nombre prédéterminé de
paires de bas par an.
Conclusion
Le pharmacien, dans son rôle de conseiller auprès du
public, doit être en mesure de fournir des renseignements au sujet des bas de compression. Souvent, une
multitude de produits s'offrent aux gens et le pharmacien leur permettra de faire un choix judicieux en fonction du diagnostic posé par le médecin. ■
Couverture par les assurances
Les bas de contention ne sont pas couverts par la RAMQ.
Dans les CLSC ainsi qu'à Communication Québec, on
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Formation
continue
Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 78
13) Concernant l'entretien et la mise en place des bas, quel
énoncé est faux ?
A Il est recommandé de les laver à la main à l'eau tiède ou froide.
B Afin de faire sécher les bas, il est préférable de les suspendre
au soleil.
C Il ne faut jamais les laver à la machine.
D Afin de faciliter la mise en place des bas, on peut utiliser une
poudre de talc sur la jambe.
E Pour essorer les bas de support, il faut éviter de les tordre
et plutôt les comprimer dans une serviette afin d'enlever
l'excédent d'eau.
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Québec Pharmacie vol. 54, n° 2, février 2007
14) Concernant l'utilisation des bas lors d'un transport aérien,
quel énoncé est vrai ?
A Jusqu'à 40 % des patients se présentant à l'hôpital pour
une TVP avaient récemment pris l'avion.
B L'incidence de la TVP serait d'environ 1 % chez la population
générale, alors qu'il semble qu'elle augmente à 10 % chez
les passagers ayant récemment pris l'avion.
C La TVP est plus fréquente lors des vols de plus de huit heures.
D La consommation d'alcool diminue le risque de souffrir
du syndrome de la classe économique.
E L'incidence de la TVP chez les passagers prenant l'avion
est facile à évaluer étant donné que la TVP est généralement
symptomatique et qu'elle se développe rapidement, soit dans
les heures suivant le vol.
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