*LIBERALE PSII 51 3/02/04 17:01 Page 44 Libérale Oncologie Aider le patient à s’alimenter Il est de plus en plus admis que l’alimentation joue un rôle important en matière de santé, a fortiori chez les personnes atteintes de maladie cancéreuse. Un adulte malade a souvent besoin de plus de calories quotidiennes qu’un adulte sain pour maintenir un équilibre nutritionnel. C hez une personne atteinte de cancer, les troubles de l’alimentation surviennent fréquemment. Ils sont dus à la maladie elle-même, mais également aux traitements. Il en est ainsi de la chirurgie, surtout si elle touche l’appareil digestif, de la chimiothérapie, qui peut altérer le goût, entraîner des nausées et des vomissements ; de même de la radiothérapie qui, en outre, peut entraîner des irritations. La perte de poids est la première conséquence. Lorsqu’elle représente 10 % du poids initial, la personne est considérée comme sévèrement dénutrie, d’où fatigue, diminution des défenses immunitaires, et le pronostic se trouve hypothéqué. Observer et rassurer Prendre en charge un malade atteint de cancer, c’est aussi prendre en charge ses troubles alimentaires dès leur apparition. En effet, contrairement aux idées reçues, il n’est pas normal de maigrir et de ne pas manger. Il faut donc toujours expliquer au patient qu’il faut lutter contre le manque d’appétit tout en le rassurant : il n’est pas un cas unique. Dès les premiers troubles, il faut lui conseiller de manger, en l’encourageant d’abord à goûter tout ce qui lui fait plaisir. Le poids perdu sera toujours difficile à rattraper pendant le traitement. Il faut expliquer que les nausées et les vomissements sont fréquents, secondaires à la chimiothérapie, à l’irradiation. Ils peuvent être traités efficacement, avec des médicaments antiémétiques. Des substituts de salive peuvent être prescrits et les menus diététiques sont mieux digérés. Le malade doit être encouragé à changer ses habitudes alimentaires, quitte à surprendre l’entourage par de nouveaux mets plus appétissants pour lui. Le patient s’inquiète souvent de sa maigreur. Il faut le persuader qu’il a la solution en se nourrissant le mieux possible. Il faut lui dire que la perte de poids est réversible, ainsi que le goût. Si le malade ne l’a pas fait, le soignant doit sensibiliser le médecin, lui parler du régime prescrit antérieurement et de certains médicaments qu’il faut peut-être suspendre. 44 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 51 - décembre 2003 Nutrition artificielle Quelquefois, la nutrition artificielle s’avère nécessaire, quand il s’agit de mettre au repos le tube digestif ou de court-circuiter la cavité buccale, ou encore lorsque, pour la personne trop dénutrie, l’alimentation par la bouche est insuffisante, voire impossible. La nutrition artificielle est très efficace, mais elle sert surtout à passer un cap en attente d’une reprise d’alimentation normale. D’une part, la nutrition entérale passe par une sonde gastrique par la narine jusqu’à l’estomac. La gastrostomie relie, grâce à un cathéter, l’estomac à la paroi extérieure du ventre. Indiquée principalement lors des cancers de la tête et du cou ou des cancers digestifs, elle présente peu d’inconvénients, sauf pour l’esthétique. Elle est parfois insuffisante en cas de diarrhées et de vomissements. D’autre part, la nutrition parentérale s’exerce au niveau de la veine de l’avant-bras pour une durée limitée ou par un cathéter veineux central si la durée est supérieure à 120 jours. Elle est indiquée quand il y a impossibilité de réaliser la nutrition entérale. L’aide de l’infirmière est obligatoire dans la grande majorité des cas, car apprendre les gestes est long et difficile. La surveillance est nécessaire (prise de sang fréquente) et le risque est celui de l’infection, en particulier du cathéter. A.-L.P. Comment stimuler l’appétit • Le repas doit être un moment de plaisir, autant que possible partagé, en variant les menus et en soignant la présentation. • Éviter les aliments désagréables à l’odeur ou au goût pour le patient. • Boire de préférence entre les repas. • Éviter les lieux enfumés. • Mettre à disposition permanente les aliments préférés. • Enrichir les aliments par des compléments hypercaloriques. • Préférer plusieurs petits plats variés. • Prendre un petit-déjeuner plus riche en laitages et en fruits parce que mieux accepté.