
DEUXIEME PARTIE
1. Tourisme et nouvelles nomenclatures territoriales
Au début du XXIe siècle, l’empreinte nominale des espaces et des lieux touristiques1 se
complexifie. Elle oppose des noms de marques et de produits touristiques, à l’énonciation
délocalisante, à une multiplicité de noms de « pays », de procédures territoriales, issue de la
mise en œuvre de l’intercommunalité dont la nomination est fortement localisante.
L’omniprésence de la communication, du marketing, de la publicité, dans la société
postmoderne du début du XXIe siècle, produit, dans le domaine du tourisme, un corpus
dénominatif foisonnant, fait de marques, labels, slogans. Des unités spatiales, des ensembles
territoriaux (station, ville touristique, département, région, même des Etats) deviennent des
« produits touristiques », coiffés par des noms de marques. Depuis la fin du XXe siècle, ce
mode d’énonciation fait son entrée dans le champ spatial du marquage nominal, domaine
jusqu’alors, seulement occupé par des régionymes et des toponymes séculaires.
Les dénominations des « produits touristiques », des marques et des labels en réseau, sont
une nouvelle manière de dire les ensembles territoriaux. Des noms de communes, de villes,
deviennent « marqués », « labellisés ». Nombre de « pays » apparaissent coiffés par des
marques accolées. Certains départements se trouvent labellisés par des appellations de parcs
naturels régionaux.
Si les noms officiels des communes, des départements, des régions, demeurent pérennes,
des maillages territoriaux récents (pays, communautés de communes, procédures territoriales,
associations d’offices de tourisme et de syndicats d’initiative…) sont porteurs de noms et
source d’une communication territoriale.
Le niveau territorial du pays cristallise, à travers la France, un foisonnement nominal,
très éclairant sur la variété de la ressource touristique de ces regroupements de communes.
Pays et Communautés de communes couvrent des domaines d’intervention et abordent des
thématiques touristiques variées : mise en commun d’une ressource écologique, paysagère,
d’un patrimoine religieux, mise en tourisme d’un produit, d’un animal emblématique.
Les multiples termes véhiculés par cette communication territoriale nouvelle sont-ils
signifiants, éclairants, sur la nature des lieux et des territoires touristiques, ou bien entraînent-
ils un brouillage des repères, des références spatiales chez les touristes?
Cette nouvelle terminologie spatiale va-t-elle se juxtaposer, entrer en concurrence voire
remplacer le vocabulaire territorial historique ?
Dans leur communication, les lieux touristiques utilisent, indifféremment, les toponymes
officiels, les noms de « pays » issus de l’intercommunalité, les appellations des marques en
réseau (Plus Beaux Détours de France, Les Plus Beaux villages de France, Stations vertes de
campagne, Stations voile…).
2. Marques touristiques en réseau
La marque ou « produit marqué » propose des services dans une grande variété de
domaines (loisirs, tourisme, hébergement, patrimoine…). Chaque marque se différencie par
un identifiant, représenté graphiquement par un logo. Certaines marques recherchent une
1 Rieucau (J.), L’empreinte nominale du tourisme. Régionymes, choronymes, toponymes, labels et slogans
localisant, odonymes, 40 p, à paraître en 2005 in L’empreinte spatiale du tourisme, sous la direction de Rieucau
(J.) et Lageiste (J.), éditions l’Harmattan, Paris.