
sibles. Des symptômes digestifs, urinaires, endocriniens
ou neurologiques doivent être recherchés, car ils peuvent
là encore orienter le diagnostic. Une altération de l’état
général avec perte pondérale ou des douleurs osseuses
peuvent témoigner d’une maladie métastatique. Certains
signes fonctionnels ou complications orientent sur des
diagnostics spécifiques, de même que certains signes cli-
niques associés à des syndromes de prédisposition à la
survenue de tumeurs (tableau 1).
Le bilan radiologique de première intention doit com-
porter un cliché d’abdomen sans préparation (ASP) et une
échographie abdomino-pelvienne. L’ASP peut orienter le
diagnostic par l’aspect du refoulement des clartés gazeu-
ses digestives, d’éventuelles calcifications, des plages
graisseuses, ou une atteinte osseuse (rachidienne, pel-
vienne ou costale). L’échographie est l’examen de pre-
mière intention le plus contributif. Elle permet de :
–confirmer le diagnostic de masse ;
–affirmer son siège sous-diaphragmatique : certaines
masses médiastinales inférieures comme les neuroblastomes
se présentent parfois comme une masse « abdominale » ;
–préciser le plus souvent son origine rétropéritonéale
ou intrapéritonéale,
–mettre éventuellement en évidence l’organe d’origine ;
–préciser sa nature solide et/ou kystique et/ou calcifiée ;
–analyser sa vascularisation (en mode Doppler) ;
–mesurer ses trois dimensions ;
–apprécier ses rapports avec les organes et vaisseaux
adjacents ;
–évaluer l’extension locorégionale (vasculaire, gan-
glionnaire, péritonéale) voire métastatique (foie, surrénales).
Ces explorations cliniques et radiologiques simples
conduisent le plus souvent à un premier diagnostic topo-
graphique de la tumeur intra-abdominale :
–rétropéritonéale : rénale ou extra-rénale (surrénale,
notamment) ;
–intrapéritonéale : hépatique ou extra-hépatique
(mésentère, péritoine, ovaires) ;
–abdomino-pelvienne : à point de départ pelvien
(appareil génito-urinaire, sacrum, espace présacré).
Certaines tumeurs sont rares et ne seront décrites que
dans le tableau 2.
Après cette première orientation, des examens radio-
logiques (scanner ou IRM) et biologiques plus ciblés sont
réalisés, permettant le plus souvent de faire le diagnostic
étiologique. Dans le cas contraire, il peut être indiqué de
réaliser une cytoponction et/ou une ponction-biopsie de
la masse tumorale. L’obtention de matériel tumoral peut
également être nécessaire pour certaines tumeurs dont les
modalités de traitement, et en particulier la chimiothéra-
pie, sont conditionnées par les résultats de l’analyse bio-
logique de la tumeur. Ces prélèvements tumoraux sont
réalisés en milieu spécialisé sous contrôle échographique
ou scanner, le plus souvent sous anesthésie générale. Il est
Tableau 1. Circonstances de découverte d’une tumeur abdominale chez l’enfant
Signes cliniques Diagnostic évoqué
1. Découverte fortuite d’une masse abdominale
2. Douleurs abdominales et/ou fièvre
3. Complications révélatrices :
Hémorragie interne par rupture tumorale T rénale : néphroblastome
Hypertension artérielle T rétropéritonéale avec compression du pédicule rénal. Phéochromocytome
(rare)
Compression médullaire Neuroblastome avec extension intra-rachidienne en sablier
Retentissement sur le haut appareil urinaire T abdomino-pelviennes
4. Symptômes associés à la tumeur pouvant orienter le diagnostic
étiologique :
Altération de l’état général ± douleurs osseuses Neuroblastome métastatique ; Lymphome
Hématurie T Rénale ; T abdomino-pelvienne avec envahissement vésical
Syndrome opsomyoclonique (rare) Neuroblastome
Diarrhée acqueuse (rare) Neuroblastome avec hypersecrétion de VIP
Hypercalcémie (rare) T rhabdoïde rénale, lymphome
Signes endocriniens (rares) : virilisation, féminisation, puberté précoce Corticosurrénalome ; T des cordons sexuels
5. Syndromes prédisposants à la tumeur :
WAGR, Denys-Drash, hémihypertrophie Nephroblastome
Wiedemann-Beckwith Néphroblastome, Hépatoblastome, Rhabdomyosarcome
Neurofibromatose de type I (débattu) Neuroblastome, Phéochromocytome, Rhabdomyosarcome, neurofibromes
plexiformes
Von Hippel Lindau (type 2) Phéochromocytome, adénocarcinome rénal, angiomyolipome rénal
Li-Fraumeni Corticosurrénalome, sarcomes
mt pédiatrie, vol. 12, n° 1, janvier-février 2009
Conduite à tenir devant la découverte d’une tumeur abdominale de l’enfant
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