« Si la région bernoise du Napf était péruvienne... »
Dossier sur l’extraction de l’or au Pérou et en Suisse pour accompagner le court-métrage
Gisements d’or
Sur la Terre, les gisements d’or sont principalement de deux types :
L’or primaire se trouve dans des filons appartenant à des montagnes généralement anciennes.
L’or secondaire ou l’or alluvionnaire provient de l’érosion des filons primaires par les glaciers
et les cours d’eau et se trouve dans les moraines ou les lits des rivières, dans des gisements
appelés placers.
Extraction de l’or
Mines souterraines : les mineurs extraient des galeries creusées sous terre des roches
aurifères à l’aide d’outils ou d’explosifs et les remontent à la surface où elles seront broyées.
L’or est alors isolé du sable résultant de cette opération, généralement à l’aide de mercure, avec
lequel il s’allie pour former un amalgame. Cet amalgame est ensuite chauffé pour ne conserver
que l’or.
Mines à ciel ouvert : le sol est excavé pour en extraire le minerai. Les roches aurifères
obtenues grâce à cette opération sont broyées, rempilées en couche et plongées dans une
solution d’eau et de cyanure qui dissout les particules d’or.
Orpaillage : les paillettes d’or sont extraites des placers par le lavage à la batée1 ou à la rampe
de lavage.
Pays producteurs : en 2013, les premiers producteurs d’or étaient la Chine (420 tonnes),
l’Australie (255 t), les États-Unis (227 t), la Russie (220 t), le Pérou (155 t), l’Afrique du Sud
(145 t), le Canada (120 t) et le Mexique (100 t).
Rentabilité
L'once troy est une unité de mesure de masse, traditionnellement utilisée dans les pays anglo-
saxons pour les métaux précieux comme l'or. Si le cours moyen de l’once troy (31,1 g) est de
1200 dollars américains, l’extraction de l’or est rentable :
à partir d’une concentration moyenne de 3 g d’or par tonne de minerai, dans une mine
souterraine ;
à partir d’une concentration de 0,5 g d’or par tonne de minerai, dans une mine à ciel ouvert
très mécanisée ;
à partir d’une concentration de 1 à 2 g d’or par tonne de sable, dans un système d’orpaillage
industriel.
1 Le lavage à la batée est une méthode ancienne qui consiste à séparer les graviers du sable fin par lavage à
l'aide de jet d'eau afin de récupérer l'or.
Utilisation de l’or 2
Production mondiale totale jusqu’à aujourd’hui : 175 000 t d’or, soit un volume de 21m x
21m.
Utilisation : joaillerie 55 %, investissements 23 %, banques centrales 12 %, industrie &
médecine 10 %.
Offre et demande : demande annuelle : 3500 à 4500 tonnes. Offre : production minière
2500 tonnes, recyclage 1000 à 1500 tonnes.
Évolution du cours de l’or
Bretton Woods en 1945 : 35 USD par once troy.
Années 1970 : oscillant autour de 200 USD.
Années 1980 et 1990 : stable autour de 400 USD.
À partir de 2005 : hausse vertigineuse pour dépasser 1000 USD (2008) et atteindre le record
de 1920 USD (2011).
À partir de 2012 : forte chute, puis stabilisation autour de 1100 USD (à partir de 2014).
La montagne d’or du Napf – La mine d’or de Yanacocha – La rivière d’or de Madre de Dios
Extraction : concentration de l’or alluvionnaire au Napf : de 0,5 à 0,7 g/t. Uniquement orpaillage
pratiqué comme loisir.
Mine à ciel ouvert : dans la mine d’or de Yanacocha, dans le nord du Pérou, l’exploitation est
très lucrative, la concentration allant de 0,5 à 5 g/t. Étendue de la mine : 26 000 ha (la superficie
du district de l’Entlebuch) ; l’État a déjà octroyé des concessions portant sur 215 000 ha (la
superficie de la Suisse centrale).
Quantité extraite : à l’aide de camions pouvant charger 300 t de roches, les exploitants de
Yanacocha en déplacent chaque jour 600 000 t, soit suffisamment pour que l’altitude du Napf
passe, en cinq ans, de 1400 à 900 mètres. La quantité de roche qui serait extraite en 30 ans
d’une gravière moderne sur le Napf est extraite en trois jours de la mine de Yanacocha.
Orpaillage sur le Rio Madre de Dios : le long du Rio Madre de Dios (mère de Dieu),
40 000 orpailleurs artisanaux ont dévasté 220 000 ha de forêt primaire (la superficie de la
Suisse centrale). Dans des bassins ouverts, ils imbibent la boue aurifère de mercure pour
former des amalgames dont ils sépareront ensuite l’or à l’air libre à l’aide de becs à gaz.
Or sale – Alliance sale – Portable sale
Mercure : pour obtenir 1 kg d’or, les orpailleurs du Rio Madre de Dios utilisent 2,8 kg de
mercure, dont la moitié finit dans le sol, la rivière et les organismes des riverains par filtration et
par évaporation. Production annuelle : environ 20 tonnes.
Épuisement des réserves d’eau : pour obtenir 1,5 g d’or, la mine de Yanacocha utilise 1,5 t de
roches, 4500 l d’eau, 60 g de cyanure et 1,5 litre de diesel. Pour chaque habitant-e de la ville
proche de Cajamarca, elle prélève ainsi chaque jour 10 000 l d’eau sur les réserves dont
dispose celle-ci.
Métaux lourds : outre l’or, la solution d’eau et de cyanure dans laquelle est plongé l’or libère
aussi des métaux lourds, qui se répandent dans l’environnement. Ainsi, pour produire l’or
2 Source des données pour ce paragraphe : Action de Carême, Pain pour le prochain, magazine
« Perspectives » 1/2016
nécessaire à une alliance, la mine de Yanacocha génère environ 14 t de déchets toxiques. Pour
un portable (qui contient 0,035 g d’or), cette quantité est de 170 kg.
L’or sale qui transite par la Suisse
Plaque tournante du commerce de l’or : quatre grandes raffineries suisses traitent 60% de la
production mondiale d’or : Metalor SA (Neuchâtel), Valcambi SA (Balerno), PAMP SA (Castel
San Pietro) et Argor Heraeus SA (Mendrisio). Le Pérou exporte vers la Suisse 60 pour cent de
sa production, pour une valeur de 3 à 4 milliards de dollars l’an.
Blanchiment de l’or et de l’argent : en 2004 et 2004, Argor Heraeus a raffiné trois tonnes d’or
provenant des régions en conflit du Congo. Valcambi SA raffine les deux tiers environ de l’or de
Yanacocha. PAMP SA et Metalor SA traitent de l’or illégal provenant de la région de Madre de
Dios qui leur est fourni par des exploitants jugés au Pérou pour blanchiment d’argent ou trafic
d’or.
Solutions
Faire pression sur les entreprises : au moyen de l’initiative « Pour des multinationales
responsables », p. ex.
Interdire le cyanure ou en limiter l’utilisation : étendre l’interdiction du cyanure décrétée par
l’UE et en limiter l’usage à des bassins fermés.
Interdire les mines à ciel ouvert : en raison de leurs conséquences intolérables pour les
paysages et les écosystèmes.
Orpaillage écologique : au moyen d’un concentrateur centrifuge à tourbillonnement ou de
feuilles de balsa pour remplacer le mercure.
Or équitable : certifié depuis 2014 par Max Havelaar.
Supprimer les placements en or : utiliser l’or plutôt que le thésauriser.
Or recyclé : dans le canton de Zoug, l’entreprise Gyr Métaux précieux SA recycle l’or et fournit
des bijoutiers dans toute les régions de Suisse.
Dossier élaboré par : Jules Rampini-Stadelmann (Luthern)
Sources :
www.kampagne-bergwerk.peru.de
www.gfbv.ch
www.suedwind-institut.de
Diverses sources
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