Prise en charge de la récidive homolatérale d`un cancer du sein

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Oncologie (2011) 13: 681–697
681
© Springer-Verlag France 2011
DOI 10.1007/s10269-011-2076-y
Prise en charge de la récidive homolatérale
d’un cancer du sein après traitement conservateur initial
Groupe de travail : B. Barreau (radiologue), F. Ettore (anatomopathologiste),
S. Giard (chirurgien oncologue), J.-M. Hannoun-Levi (oncologue radiothérapeute),
K. Kerrou (médecin nucléaire), O. Tredan (oncologue médical)
Introduction
Ce chapitre porte sur la prise en charge diagnosti-
homolatérale isolée d’un cancer du sein ayant eu
initialement un traitement conservateur. Il exclut la
surveillance après traitement de la récidive locale
(RL). La RL isolée homolatérale est défi nie comme
une récidive intramammaire dans le sein traité
(y compris avec atteinte de la peau par contiguïté ou
nodule isolé sur la cicatrice initiale, mais exclut les
nodules de perméation et les récidives associées à
une localisation ganglionnaire ou métastatique). La
tumeur initiale et la récidive peuvent être un cancer
in situ et/ou invasif.
Prise en charge diagnostique
Standard actuel : le diagnostic de RL repose sur l’ana-
lyse histopathologique de fragments biopsiques obte-
nus par biopsies percutanées.
Place de l’IRM mammaire dans la prise en charge
initiale de la RL
Cet examen doit être réalisé selon les règles strictes
afi n d’être pertinent et de permettre de garder une
bonne sensibilité avec une spécifi cité satisfaisante
[29,84,92]. Cet examen apprécie l’angiogenèse des
tumeurs mammaires, cela nécessite des séquences
adaptées avec injection de produit de contraste. La
plupart des équipes travaillent aujourd’hui avec des
champs magnétiques de 1,5 tesla ( 1 tesla) avec une
antenne dédiée. Les critères qualité d’une IRM mam-
maire diagnostique sont les suivants :
étude mammaire doit être bilatérale ;
t
coupes jointives et fi nes (< 3 mm) ;
t
séquences pondérées en T2, dynamiques avec une
t
série d’écho de gradient pondéré T1, 2D ou 3D avec
reconstructions et soustractions ;
l’équipe doit disposer de la possibilité de réaliser
t
des prélèvements sous IRM et/ou avoir une équipe
référénte.
Les anomalies découvertes sont classées selon les
catégories BI-RADS de l’American College of Radio-
logy (ACR) [3,5,51]. Cela permet d’apprécier la valeur
prédictive positive d’une anomalie. La conduite à
tenir est fonction de ce classement.
Analyse de la littérature
Place de l’IRM dans le diagnostic
La HAS a publié un rapport sur la place de l’IRM
mammaire dans le bilan d’extension locorégionale
préthérapeutique du cancer du sein [44]. Dans ce
rapport, après revue de la littérature, il est retenu
14 études totalisant 2 235 patientes et une méta-
analyse de 44 études.
Dans le cadre des seins traités, l’IRM a une sensibi-
lité d’au moins 90 %, et elle peut attendre 100 % dans
certaines séries (carcinome infi ltrant). Nonobstant,
elle garde une excellente spécifi cité qui est supé-
rieure au cadre général (Sp varie entre 65 et 72 %). Ce
point particulier est au fait que le traitement par
radio thérapie estompe d’éventuels rehaussements
physiologiques. Dès les années 1990, l’IRM a été étu-
diée dans le cadre du diagnostic de récidive (cicatrice
versus récidive) [25]. Preda et al. [78] publient une
sensibilité de 90 %, une spécifi cité de 91,6 %, une VPP
de 56,3 % et une VPN de 98,8 % dans le diagnostic dif-
férentiel « récidive vs cicatrice ». Toutefois, il est néces-
saire de respecter un intervalle entre le traitement
initial et l’IRM, car après irradiation récente, il existe
des rehaussements en motte ou diffus au niveau du
sein traité dans un tiers des cas [92]. Ils s’estompent
entre les huitième et dixième mois et seraient essen-
tiellement gênants dans les trois premiers mois [69].
En pratique, l’IRM est considérée comme performante
six mois après la n de la radiothérapie. Ces prises
de contrastes, dues à la radiothérapie, sont en réalité
peu gênantes puisque les récidives sont exception-
nelles dans la première année suivant le traitement.
Il peut être diffi cile de réaliser le diagnostic diffé-
rentiel entre cicatrice ou récidive dans certains types
d’images, notamment les distorsions. L’absence de
prise de contraste au niveau de la cicatrice en IRM
permet de la considérer comme « non-récidive » en
l’absence de discordance avec les données cliniques
et mammographiques.
L’IRM est donc performante avec une sensibilité de
93,8 %, une spécifi cité de 90 %, une VPP de 62,5 %
et une VPN de 98,8 % pour la détection d’une lésion
maligne [78].
RPC NICE SAINT-PAUL DE VENCE 2011
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Dossier
Thematic file
Il n’y a cependant pas de justifi cation à réaliser
systématiquement une IRM lorsque le diagnostic de
récidive est évident lors d’une mammographie et/ou
d’une échographie (catégorie 4 ou 5 du BI-RADS de
l’ACR), puisque le diagnostic sera établi par la biop-
sie percutanée (micro- ou macrobiopsie selon le
type d’image).
En revanche, s’il existe un doute clinique et/ou
mammographique, non confi rmé par l’échographie,
l’IRM a toute sa pertinence. Si cet examen confi rme
une prise de contraste ambiguë ou suspecte, une
échographie de
second look
est effectuée, car elle per-
second look est effectuée, car elle per-
second look
met de retrouver les images dans de nombreux cas.
Abe et al. [1] ont trouvé une corrélation entre IRM et
échographie de
second look
dans 57 % des cas (étude
second look dans 57 % des cas (étude
second look
rétrospective de 202 lésions). Les masses détectées
en IRM ont une corrélation avec l’échographie de
second look
supérieure aux anomalies non-masses
second look supérieure aux anomalies non-masses
second look
(65 vs 12 %). Pour les masses correspondant à des
cancers, la corrélation est de 85 %, mais les signes
échographiques sont très subtils. Destounis et al. [26]
détectent lors de l’échographie de
second look
70 %
second look 70 %
second look
des lésions qui ont ainsi pu être biopsiées sous écho-
graphie (183 anomalies IRM).
En l’absence d’image biopsiable à l’échographie
de
second look
, une biopsie guidée par IRM est réa-
second look, une biopsie guidée par IRM est réa-
second look
lisée [64]. La biopsie chirurgicale ne sera effectuée
que s’il existe une discordance entre le résultat de
la macrobiopsie et les signes IRM ou si la lésion est
techniquement non accessible à la biopsie sous IRM.
Dans les seins denses, trois études montrent que
les valeurs de sensibilité de l’IRM sont supérieures
à la mammographie et à l’échographie pour les can-
cers invasifs. Elle reste inférieure à la mammographie
pour les CCIS [44].
Si la femme est jeune ( 40 ans) avec des seins
denses, ou chez les femmes à haut risque génétique,
une IRM mammaire est généralement réalisée dans
le cadre de son suivi [85].
Actuellement, il n’y a pas d’étude sur les perfor-
mances de l’IRM mammaire comparées aux perfor-
mances de la mammographie dans l’évaluation de
métastase au niveau des ganglions axillaires.
Les nouvelles techniques d’IRM fonctionnelle,
comme l’IRM de diffusion, la spectroscopie, ou de
perfusion ne sont actuellement pas réalisées en
« routine ».
Place de l’IRM dans le diagnostic de lésions multiples
Les performances de l’IRM pour détecter la multi-
focalité et la multicentricité semblent supérieures à
celles de la mammographie et de l’échographie.
Pour la multifocalité, des études retrouvent une
fréquence de détection de 15 à 28 % [82,86], alors que
pour la deuxième étude, la mammographie permet
une détection de 6 % et l’échographie de 3 %. Pour
Rieber et al. [82], la VPP est de 93 %.
Pour la multicentricité, la fréquence de détection
de l’IRM est de 12 et 15 % dans deux études [46,86].
La mammographie permet une détection de 2 et 8 %
et l’échographie de 3 %. Pour Schelfout et al. [86], la
VPP est de 99 %.
Dans son rapport [44], la HAS conclut, à la vue des
cinq études analysées, que la détection de la multi-
centrici et de la multifocali semble meilleure avec
l’IRM qu’avec les techniques d’imagerie conventionnelle.
L’étude COMICE [98] a étudié l’impact de l’IRM sur
une population de 1 623 patientes présentant une
primotumeur. Cette étude est randomisée (816 ont
eu une IRM versus 807 sans IRM dans leur prise en
charge). Il n’y a pas de différence statistiquement
signifi cative trouvée dans les deux groupes en ce
qui concerne une reprise chirurgicale (patientes avec
IRM : 18,75 % versus patientes sans IRM avant la
chirurgie première : 19,33 %). Il n’y a pas plus de réci-
dive dans le groupe « sans IRM mammaire ». L’IRM
a permis de mieux apprécier la taille et l’extension
de la tumeur pour les femmes de plus de 50 ans qui
ont une tumeur de type canalaire. Mais les auteurs
concluent que cela induit une consommation de res-
sources pour peu ou pas de bénéfi ces en termes de
coût–effi cacité. Les données actuelles sont insuffi -
santes pour extrapoler ces résultats à la situation de
rechute locale.
Place de l’IRM dans le diagnostic de controlatéralité.
La fréquence de détection de lésions dans le sein
controlatéral varie en fonction des études entre 3 et
28 %. La HAS [44] a étudié dans son rapport les don-
nées générales et conclut que, d’après les six études
retenues, l’IRM a une bonne sensibilité et une spécifi -
cité satisfaisante, mais cinq études sur six rapportent
une VPP en dessous de 50 %. Les CLI présenteraient
un intérêt d’étude par la fréquence des atteintes
controlatérales dans les seins denses. La fréquence
de détection varie également entre les études de
6 à 27 %.
Conclusions des experts
La réalisation systématique d’une IRM lors de la
découverte d’une RL ne se justifi e pas en termes
de coût–ef cacité, lorsque le diagnostic de réci-
dive est évident lors d’une mammographie et/ou
d’une échographie (catégorie 4 ou 5 du BI-RADS de
l’ACR). Le diagnostic sera établi par la biopsie percu-
tanée (micro- ou macrobiopsie en fonction du type
de l’image).
Même si l’IRM semble plus performante que
l’imagerie classique pour détecter la multifocalité
ou la centricité, sa réalisation dans le cadre du bilan
d’extension local lors de la prise en charge d’une RL
n’a d’intérêt que si un deuxième traitement conserva-
teur est discuté.
En l’état actuel des connaissances, compte tenu de
l’existence de faux-positifs à l’IRM, du risque cumulé
d’environ 5 % par an [44], il n’y a pas d’argument
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Recommandations
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pour proposer ou non une IRM de manière systé-
matique pour l’étude du sein controlatéral. L’IRM
peut cependant se discuter dans les cas de haut ris-
seins denses ou à haut risque génétique, sous-type
histologique particulier (lobulaire invasif dans des
seins denses).
Recommandations
Le diagnostic de RL repose sur la biopsie percuta-
née mammo- ou échoguidée (
niveau 1, grade A
)
La pratique systématique d’une IRM n’est pas
recommandée lors de la découverte d’une RL lors-
que le diagnostic est évident sur la mammographie
et/ou l’échographie, et qu’une mastectomie totale
(MT) est envisagée.
La réalisation d’une IRM sera discutée en RCP :
s’il y a une diffi culté diagnostique ou une discor-
t
dance entre la clinique, la mammographie et/ou
l’échographie ;
ou lorsqu’un deuxième traitement conservateur
t
est envisagé ;
ou en cas de risque important de controlatéralité
t
(contexte génétique, femmes jeunes avec des seins
denses).
La découverte d’une prise de contraste ambiguë
ou suspecte en IRM, non retrouvée en imagerie
standard (échographie de
second look
), néces-
second look), néces-second look
site la réalisation d’une biopsie sous IRM (
accord
professionnel
)
Renseignements fournis par les biopsies
et les pièces d'exérèses
Données de la littérature
Modifications induites par les traitements
Ces modifi cations seront d'autant plus importantes
tissu tumoral que si la récidive est due à une insuf-
sance du traitement radiochirurgical initial. Mais
c'est surtout le tissu non tumoral qui va subir des
altérations portant sur les cellules épithéliales des
unités ductulolobulaires terminales, des canaux pré-
lobulaires et du conjonctif. Les cellules des glandes
présentent des atypies de degré variable, les lobules
se sclérosent entraînant des distorsions des acini ou
s'atrophient donnant des aspects pseudo-infi ltrant,
ces aspects étant plus marqués chez les femmes
ménopausées.
Le conjonctif de la glande montre des broblas-
tes plus ou moins atypiques puis subit une involution
breuse et fi brohyaline [79].
L'hormonothérapie de type tamoxiféne induit
une vacuolisation du cytoplasme des cellules
myoépithéliales comparable à la phase lutéale du
cycle menstruel [56].
Ces altérations liées aux thérapeutiques adjuvan-
tes qui peuvent persister des années [68] doivent être
connues du pathologiste afi n de ne pas faire porter
un diagnostic erroné de récidive.
Récidives des CCIS
Pour l'essai EORTC 10853, Bijker et al. [9,10] ont com-
paré la localisation et l'histologie du CCIS primaire et
de la récidive sur 116 cas. Onze pour cent des récidi-
ves se sont développées à distance du CCIS primaire
mais presque toutes ces récidives avaient la même
histologie et le même profi l immunohistochimique,
ce qui les fait interpréter comme des RL développées
à partir d'une maladie résiduelle.
Pour l'ensemble des récidives, l'histologie est
concordante dans 62 % des cas et les marqueurs
(RO, RP, HER2, P53) concordants dans 63 % des cas.
Cinq patientes ont développé un CCIS de bas grade
ou un CCI de grade I après un CCIS de haut grade
et quatre patientes un CCIS de haut grade ou un
CCI de grade III après un CCIS de bas grade dans
le même quadrant. Pour ces dernières, la question
d’un second premier cancer se pose.
Idvall et al. [50] ont comparé les caractéristiques
histopathologiques et biologiques (par IHC) de
37 CCIS primaires avec celles de leur récidive. Ces
dernières se sont faites pour 25 (67,5 %) sur le mode
in situ et 12 (32,5 %) sur le mode infi ltrant. Pour le
grade (haut grade versus non haut grade), la concor-
dance est de 68 %. L'expression des biomarqueurs
est la même sur les contingents in situ et infi ltrants
avec une concordance de 83 % pour les RO, 87 %
pour les RP et 71 % pour HER2.
Ces hauts taux de concordance les font interpréter
dans la majorité des cas comme de vraies RL déve-
loppées à partir des prolongements de la tumeur
primaire.
Données histopathologiques : biopsies percutanées
versus pièces d'exérèse
La reproductibilité du type histopathologique et du
grade histopronostique est liée à l'hétérogénéité
tumorale.
Pour les biomarqueurs, les auteurs traitent par
IHC (± FISH pour HER2), avec des techniques assez
hétérogènes, des paires de prélèvements, mais
la comparaison fait apparaître une assez grande
concordance malgré l'hétérogénéité tumorale
(Tableau 1).
Apple et al. [7] étudient seulement la reproducti-
bilité de HER2 par IHC et FISH chez 125 patientes. La
concordance entre les deux techniques est de 87 %.
Pour les biopsies et les pièces d'exérèse évaluées par
FISH, la concordance est de 92 % et de 98 % quand
elle est évaluée par IHC.
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Dossier
Thematic file
L'étude de ces variations demande de répéter sur
la pièce d'exérèse l'évaluation de HER2 par IHC et/ou
FISH dans les cas hétérogènes, les HER2 équivoques
et après chimiothérapie néoadjuvante.
Ces études ont été faites sur les tumeurs primai-
res, il n’y a pas de données concernant spécifi que-
ment les RL.
Comparaison des biomarqueurs entre tumeur primaire
et récidive homolatérale
Deux études, l'une de 45 patientes [49] recensées
entre 1991 et 2007 ayant récidivé localement dans
le sein ou sur la cicatrice de mammectomie, l'autre
du MD Anderson Cancer Center de 789 patientes [63]
recensées entre 1990 et 2007 et ayant récidivé soit
localement, soit régionalement, soit à distance, ont
été publiées.
Pour la première, les taux de discordance sont de
13 % pour les RO, de 33 % pour les RP et de 2 % pour
le HER2 (sans cas équivoque et donc sans FISH).
La seconde a été réalisée à partir des données
d'IHC et/ou de FISH extraites d'un chier, sans
relecture centralisée pour trois récepteurs RO, RP,
HER2. La concordance est défi nie comme « récep-
teurs positifs » si au moins un des récepteurs est
positif et « récepteurs négatifs » si les trois sont
négatifs. Les discordances sont de 18,4 % pour les
RO, de 40,3 % pour les RP et de 13,6 % pour HER2.
Les auteurs expliquent de tels taux de discordance
essentiellement par le manque de abilité des tech-
niques immunohistochimiques à leur reproduc-
tibilité suboptimale. Toutefois, l'étude leur permet
de constater que les patientes avec des récepteurs
discordants ont une survie postrécidive aussi défa-
vorable que celles aux trois récepteurs négatifs
concordants et que ces deux groupes ont une sur-
vie nettement diminuée par rapport aux groupes qui
ont de récepteurs positifs concordants.
Conclusions des experts
Les renseignements histopathologiques fournis par
les biopsies percutanées sont identiques à ceux four-
nis par les prélèvements des tumeurs primaires. La
seule différence est qu'ils concernent une glande qui,
après la chirurgie, a subi l'effet des thérapeutiques
adjuvantes d’où l’importance des renseignements
fournis au pathologiste lors des demandes d’examen.
Recommandations
Le diagnostic histopathologique porté sur biopsies
percutanées doit tenir compte, en cas de suspicion
de RL, de la présence de modifi cations tissulaires
liées aux traitements antérieurs.
Le prescripteur des biopsies doit donc rensei-
gner les traitements initiaux réalisés lors de sa
demande au pathologiste.
Le pathologiste doit préciser si les altérations
dues aux traitements antérieurs n’intéressent que
le tissu non tumoral ou si elles atteignent égale-
ment la rechute (
accord professionnel
).
Faut-il faire un bilan d’extension et lequel ?
Analyse de la littérature
L’habitude actuelle est de réaliser un bilan d’exten-
sion systématique lors du diagnostic de RL isolée
(patiente asymptomatique) sans que l’intérêt de ce
bilan ait été évalué (taux de métastases occultes
découvertes, retentissement sur la prise en charge et,
a fortiori, impact sur le devenir des patientes).
Taux de métastases synchrones lors de la découverte
d’une RL chez une patiente asymptomatique ?
Dans d’anciennes études, le taux de métastases occul-
tes découvertes lors d’une RL cliniquement isolée est
estimé entre 5 et 10 % [32,95]. Il est de 18 % dans
l’étude de Voogd et al. [103], qui inclut une période de
trois mois pour la découverte des métastases après
celle de la RL.
Dans un groupe de 127 patientes ayant une RL,
Van Oost et al. [101] donnent un taux de 11 % de
métastases synchrones (14/127) découvertes sur le
bilan d’extension. Ce taux est de 36 % (46/127) si l’on
y ajoute les métastases découvertes dans les 18 mois
suivant le diagnostic de RL. Ce groupe de patientes
comporte des RL après traitement conservateur mais
aussi après MT. Les modalités du bilan d’extension
étaient variables mais ne comportaient semble-t-il
pas de TEP–TDM.
Tableau 1. Concordance RH et HER2 entre biopsies percutanées et pièces opératoires : revue de la littérature
Nombre
Pourcentage de concordance
RO
RP
HER2
Mann et al. 2005 [65]
100
86
83
80
Cahill et al. 2006 [16]
95
70
72
64
Burge et al. 2006 [14]
87
95
89
96
Usami et al. 2007 [99]
112
95
88
88
Arnedos et al. 2009 [8]
336
98,2
85
98,8
685
Recommandations
Guidelines
Tennant et al. [94], dans une étude prospective de
61 patientes avec récidive locorégionale, asympto-
matiques par ailleurs, évaluent les résultats du bilan
systématique par scanner thoracoabdominopelvien.
Trois patientes sont porteuses de métastases occultes
sur les 21 ayant une RL après traitement conserva-
teur initial (14,3 %). Les risques de découverte d’une
atteinte métastatique occulte sont l’atteinte ganglion-
naire ou un GHP élevé sur la tumeur initiale et un âge
inférieur à 50 ans sans que cela soit statistiquement
signifi catif. Il souligne enfi n le risque important de
faux-positifs, générateurs de multiples procédures et
d’anxiété pour les patientes.
Quel bilan d’extension ?
Les études publiées sur cette question sont rétrospec-
tives dans leur très grande majorité et correspondent
à des situations variables : bilan d’extension systéma-
tique dans le suivi d’un cancer du sein traité (incluant
alors la recherche de la RL elle-même) ou bilan
d’extension lors d’une récidive, patientes asympto-
matiques ou non, ayant eu ou non un dosage de
marqueurs biologiques… Une revue de la littérature
[45] s’intéresse au problème du bilan d’extension
lors de la récidive. Elle retient 22 études (
n
= 1 023,
20 études rétrospectives) évaluant les performances
du FDG-PET (deux de ces études avec TEP–TDM) par
rapport à l’imagerie conventionnelle.
En termes de détection de métastases à distance
et ganglionnaires, les performances du TEP varient
de 78 à 100 % pour la sensibilité, de 20 à 100 % pour
la spécifi cité, de 50 à 100 % pour la VPN, de 50 à 96 %
pour la VPP et de 80 à 99 % pour la concordance
(
accuracy
). Dans quatre études évaluant des patien-
accuracy). Dans quatre études évaluant des patien-
accuracy
tes asymptomatiques, mais avec une élévation des
marqueurs biologiques (CA 15-3 et/ou ACE), la sensi-
bilité varie de 90 à 96 % et la VPP de 84 à 93 %.
Ces performances seraient supérieures à celles
de l’imagerie conventionnelle, la seule limite du TEP
semblait être la détection des métastases osseu-
ses ostéocondensantes, mais le couplage TEP–TDM
actuellement réalisé semble avoir remédié à cet
inconvénient
L’ I R M c o r p s e n t i e r (
Whole body MRI
) permet une
cartographie complète du corps, y compris encéphali-
des taux de concordance proches [87], la limite actuelle
de l’IRM corps entier réside essentiellement dans la
durée d’acquisition et le temps de lecture des images.
Conclusions des experts
Il est impossible de préciser actuellement l’intérêt de
la pratique systématique d’un bilan d’extension chez
les patientes présentant une RL cliniquement isolée.
Les performances du bilan d’extension augmentent
avec la prévalence du risque métastatique (âge,
caractéristiques de la tumeur initiale et de la RL, délai
entre les deux, dosage des marqueurs biologiques).
Le TEP–TDM et l’IRM corps entier semblent avoir de
meilleures performances que le bilan conventionnel
et permettent de réaliser en un seul examen une car-
tographie corps entier incluant l’évaluation axillaire
pour le TEP–TDM, incluant l’encéphale pour l’IRM
corps entier. Des mises au point techniques semblent
cependant encore nécessaires avant l’utilisation en
pratique courante de l’IRM corps entier
Recommandations
En cas de RL chez une patiente asymptomatique avec
des marqueurs biologiques normaux, la prescription
d’un bilan d’extension ne doit pas être systématique.
Elle doit être modulée en fonction du risque
métastatique et du retentissement de la découverte
de métastases asymptomatiques sur la stratégie
thérapeutique.
Dans une population ciblée à haut risque métas-
tatique (patiente non ménopausée, critères tumo-
raux de la RL, intervalle libre), le TEP–TDM est
l’examen le plus performant.
Il n’y a pas lieu de faire de bilan d’extension en
cas de récidive in situ (
accord professionnel
).
Prise en charge thérapeutique
Traitement local
En pratique, la prise en charge thérapeutique locale
d’une récidive mammaire homolatérale repose sur la
MT. Cependant, il n’existe pas de données scientifi -
ques ables permettant de la comparer à des alterna-
tives conservatrices.
Traitement local du sein
La proportion de RL non accessible à un traitement
chirurgical d’emblée du fait de l’extension locale
(RL infl ammatoire ou localement évoluée) est esti-
mée à 6–7 % [60,83]. Ce taux diminuerait encore
avec l’augmentation du délai entre le traitement ini-
tial et la RL [83].
Données de la littérature
MT exclusive
Globalement (Tableau 2), la MT après RL d’un car-
cinome mammaire antérieurement traité de façon
conservatrice (radiochirurgicale) expose à un risque
de deuxième RL (pariétale) de 10 à 15 %. Le taux de
survie sans progression métastatique à dix ans est
d’environ 40 %, celui de la survie sans événement à
cinq ans de 50 %. Le taux de survie spécifi que à dix
ans est compris entre 60 à 70 % avec un taux de sur-
vie globale de 70 et 65 % respectivement à cinq et
dix ans.
MT avec irradiation
Dans l’essai randomisé de phase III de Borner et al.
[12], la randomisation portait sur l’apport éventuel de
1 / 100 100%