des échantillons et des produits. La principale tâche de la Banque de sang à cette étape est de préparer le premier
envoi comprenant 4 unités de globules rouges concentrés, 4 unités de PF et 1 mélange de plaquettes en y ajoutant,
s’il s’agit d’une hémorragie obstétrique, 1 mélange (10 unités) de cryoprécipité.
À l’étape du déroulement, l’équipe médicale, suivant les résultats de laboratoire, s’efforce de maintenir les
paramètres physiologiques du sang (Hgb > 70 g/L, plaquettes > 50x109/L, RIN < 2, b > 1g/L,CA ionisé >
1,5 mmol/L, lactate < 2mmol/L, décit < 3 mmol/L et temp>36o C). Pendant cette étape, la Banque de sang prépare
proactivement le prochain envoi et cette démarche se poursuit jusqu’à l’étape de la conclusion (hémorragie
maîtrisée et traitement à base de composants sanguins maintenant inutile).
La mobilisation des ressources et l’efcacité des communications sont des éléments clés de réussite, comme l’a
démontré un récent code oméga obstétrique. La livraison de produits aux 28 minutes environ pour un total de 7
envois a donné des résultats positifs pour la patiente.
On peut tirer des leçons de chaque situation. C’est pourquoi, après la mise en œuvre d’un protocole de transfusion
massive, il est essentiel de revoir chaque cas avec les membres de l’équipe qui y a participé. Toute lacune dans le
processus pourra alors être identiée, et des mesures d’amélioration pourront être mises en place pour que le
prochain code se déroule aussi bien ou même mieux que le précédent.
Le « code oméga », réponse à un besoin de transfusion massive suite
3
par Alan Tinmouth1, Jacques Lacroix2,
Dean Ferguson1, Paul Hébert1
1L’Institut de recherche en santé
d’Ottawa, 2CHU Sainte-Justine
La transfusion de globules rouges
(GR) est un élément de base du
traitement médical et chirurgical. Fait
étonnant, nous savons très peu de
choses sur l’efcacité réelle de cette
intervention. L’objectif de la
transfusion de GR est d’augmenter
l’hémoglobine du patient pour
améliorer la circulation d’oxygène et,
ultimement réduire la morbidité et la
mortalité. L’essai TRICC, un vaste
essai canadien randomisé et à
double insu, mené auprès de patients
gravement malades, a toutefois
suggéré que la transfusion de GR
pouvait de fait nuire à certains
patients1. Les chercheurs se sont
donc intéressés à l’âge des unités de
GR et au lien que cela pouvait avoir
avec des résultats indésirables. Les
GR subissent « lésions de stockage »
qui se manifestent tant dans le liquide
surnageant (accumulation de
médiateurs inammatoires,
notamment cytokines, fer et
microparticules contenant des lipides)
que dans les cellules (décit en
2,3-DPG, ATP et déformabilité).
Certaines études observationnelles
ont fait état d’un lien entre la
transfusion d’unités de GR plus vieux
et le décès, l’infection ou la
défaillance de multiples organes,
mais d’autres études ne signalent
aucun résultat indésirable. Ces
études sont toutes biaisées en raison
de la confusion provenant des
indications (les patients plus malades
reçoivent plus de transfusions et
d’unités de GR plus vieux et ils
risquent davantage de subir un effet
indésirable indépendant de toute
transfusion). En conséquence, la
portée clinique « véritable » de la
transfusion d’unités de GR plus vieux
est inconnue. De vastes études
randomisées et à double insu sont
fort heureusement en cours.
L’inscription de sujets à l’étude ARIPI
(Age of RBCs in Premature Infants)
vient de se terminer. Au total, 370
nouveau-nés prématurés canadiens
ont été répartis à recevoir des GR
frais (entreposés depuis moins de 8
jours) ou des GR d’âge conforme aux
pratiques usuelles2. Une deuxième
étude canadienne, l’étude ABLE (Age
of Blood Evaluation) répartit
aléatoirement des adultes gravement
malades à recevoir des GR frais
(entreposés depuis moins de 8 jours)
ou des GR d’âge conforme aux
pratiques usuelles3. Plus de 600
sujets (sur un total prévu de 2510) y
sont déjà inscrits3. Dans deux études
américaines, des patients ayant subi
une chirurgie cardiaque sont répartis
à des GR plus jeunes stockés moins
de 14 jours (Red Cell Storage
Duration and Outcomes in Cardiac
Surgery Study) ou moins de 10 jours
(The Red Cell Storage Duration
Study [RECESS]) et comparés à des
patients ayant reçu des GR
entreposés 21 jours ou plus4. Les
deux premières études portent sur les
bienfaits éventuels de transfuser des
GR plus jeunes, alors que les deux
dernières vont déterminer si la
transfusion de GR plus vieux est
nocive. Les résultats d’ensemble de
ces études permettront de répondre
de façon dénitive aux questions
portant que les bienfaits et les
dommages associés à la transfusion
d’unités de GR frais ou plus âgés.
1Tinmouth A, Fergusson D, Yee IC et al. Clinical
consequences of red cell storage in the critically
ill. Transfusion. 2006 Nov; 46(11); 2014-27.
2Fergusson D, Hutton B, Hogan DL et al. The age
of blood cells in premature infants (ARIPI)
randomized controlled trial; study design. Transfus
Med Rev. 2009 Jan; 23(1); 55-61.
3Lacroix J, Hébert P, Fergusson D et al. The Age
of Blood Evaluation (ABLE) Randomized
Controlled Trial; Study Design. Transfus Med Rev
2011; 3: 197-205.
4Steiner ME, Assmann SF, Levy JH et al.
Addressing the question of the effect of RBC
storage on clinical outcomes: the Red Cell
Storage Duration Study (RECESS). Transfus
Apher Sci. 2010 Aug; 43(1): 107-16.
L’âge des globules rouges a-t-il vraiment de l’importance?