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Riaud X. : De l’utilisation de l’art pictural en odontologie médico-légale. www.clystere.com, décembre 2016.
significatif qui sans être corrigé par une orthodontie salvatrice, a produit un visage aux traits indénia-
blement ingrats. Dans la sculpture de Carl Seffner datée de 1908 pourtant faite à partir du rapport
d’exhumation de 1895, exposée à Leipzig, la mandibule proéminente n’apparaît pas. Si le crâne est
superposé à la sculpture, l’inversé d’articulé est nettement atténué sur la statue (Leopold, 2006).
Les portraits de Haussmann ne présentent pas cette mandibule proéminente. Par contre, le composi-
teur est représenté avec une occlusion qui semble satisfaisante et une canine sur le côté droit dont la
cuspide marquée soutient la lèvre supérieure, ce qui ne correspond aucunement aux aspects connus
de la dentition de Bach. Un critère subsidiaire à la comparaison du crâne avec les portraits est bien
sûr le nombre de dents toujours présentes dans la bouche au moment où le peintre s’est affairé. Le
crâne offre aux regards du spécialiste, à ce sujet, quelques manques. Certains d’entre eux proviennent
certainement des 144 ans d’inhumation. Il s’agit, semble-t-il, de l’incisive centrale droite, de l’incisive
latérale droite et peut-être de l’incisive latérale gauche. Le portrait d’Haussmann de 1748 confirme
l’absence de dents. De plus, il n’existe aucun document relatant les évolutions de la bouche de Bach
tout au long de sa vie, ce qui complique toutes formes de comparaison. Tous les éléments connus
datent de la fin de sa vie. Par exemple, la statue de Seffner représente l’homme avec davantage de
dents que Bach ne devait en avoir à la fin de sa vie (Towe, 2001).
Malgré la perte de dents pendant l’inhumation, il y a toujours des rapports intermaxillaires. Les dents
inférieures sont toujours en contact avec les dents du haut, ce qui évite un affaissement caractéris-
tique à tous les édentés totaux. La présence ou l’absence de dents conditionnent indéniablement les
contours du visage d’une personne. Ils peuvent être creusés par les vides occasionnés par la perte de
dents ou bien ils peuvent être pleins si elles sont en place sur les maxillaires. Il est indéniable que la
malocclusion de Bach a été un handicap majeur d’ordre esthétique qui peut expliquer qu’il n’y a au-
cune représentation picturale de lui, avant la fin de sa vie.
En fait, concernant une personnalité historique, dès qu’un crâne est en déshérence, ce procédé est
systématiquement employé. Seul, le support pictural peut changer. Ainsi, en a-t-il été d’Agnès Sorel
(1422-1450), la maîtresse du roi de France, Charles VII.
555 ans après ce décès suspect, un groupe de 22 chercheurs issus de 18 laboratoires, a apporté la
preuve après 6 mois d’enquêtes que la dame serait morte d’un empoisonnement au mercure. Est-il
consécutif à un mauvais dosage ou bien a-t-il été provoqué ? Nul ne le sait. Toutefois, après étude des
7 dents présentes dans l’urne exhumée, il apparaît que la jeune femme n’avait qu’une seule carie et
semble avoir eu un état bucco-dentaire tout à fait satisfaisant. Mais, surtout, ces organes ont contri-
bué à déterminer l’âge approximatif de la défunte à plus ou moins deux ans près. Ainsi, la belle devait
avoir environ 28 ans lorsqu’elle s’est éteinte, ce qui a été confirmé par une datation au carbone 14
d’un fragment de métacarpien. L’équipe de scientifiques a essayé ensuite de comparer les restes du