Face au franc fort, 40% des entreprises vaudoises réduisent

publicité
Le Temps
Jeudi 7 mai 2015
Economie
17
Face au franc fort, 40% des entreprises
vaudoises réduisent leurs prix de vente
> Sondage Pour
compenser l’effet
monétaire, les
réflexes des patrons
vaudois sont les
mêmes qu’en 2011
> La perspective
de contingents freine
les investissements
Servan Peca
2011 et 2015, même combat. Il
faut dire que l’adversaire a le
même visage et le même nom: le
franc fort.
Selon les résultats de la dernière enquête de la Chambre vaudoise de commerce et d’industrie
(CVCI), présentés mercredi soir à
ses membres, les entreprises du
canton ont, à quelques exceptions près, pris les mêmes mesures qu’il y a quatre ans, lorsque
l’euro flirtait déjà avec la parité
face au franc.
Ce n’est pas une surprise. Le
coup de sonde auquel ont participé 1036 entreprises, entre le
23 février et le 7 avril, met surtout
en évidence le fardeau du franc
suisse. Son niveau actuel préoccupe 28% des répondants. Soit
13% de plus que l’an dernier, lors-
Les entreprises vaudoises baissent leurs prix
Mesures de lutte contre le franc fort,
en % des 1036 répondants
plus de
100 employés
moins de
30 employés
46
43
33
10
28
13
23
14
19
31
11
6
7
7
7
4
4
7
Baisse des prix de vente
Couverture des risques
de change
Réorientation des achats
Réduction des effectifs
Prospection des
nouveaux marchés
Augmentation des
horaires de travail
Hausse des prix de vente
Déplacement de
la production à l’étranger
Baisse des salaires
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45%
SOURCE: CVCI
qu’un euro valait encore 1,20
franc. Cet aspect monétaire est
quatrième au classement des préoccupations. Il était septième lors
du dernier baromètre. Devant lui,
un podium habituel: la situation
économique (56%), la concurrence (37%) et la recherche de
nouveaux clients, citée par 35%
des sondés. Trois défis dont l’importance varie aussi en fonction
des effets de change.
Pour faire face à un franc qui
nuit à leur compétitivité, les entreprises vaudoises ont avant
tout réduit leurs prix de vente.
Elles sont quatre sur dix à l’avoir
déjà fait. Comme en août 2011,
avant que la Banque nationale
suisse n’instaure le taux plancher.
Trois sur dix vont prospecter de
nouveaux marchés. Là aussi,
comme il y a quatre ans.
En revanche, elles sont un peu
plus nombreuses à vouloir baisser leurs effectifs (17%, contre
14% en 2011). Pour réduire les
coûts en francs suisses, les patrons décident aussi d’acheter davantage en zone euro. Ils étaient
presque un quart à faire le pas, il y
a quatre ans. Désormais, seuls
17% des répondants cherchent
d’autres fournisseurs. «Ce type de
mesures a déjà été décidé en 2011
et pendant le taux plancher», fait
remarquer le directeur adjoint de
la Chambre vaudoise de commerce et d’industrie, Guy-Philippe Golay, pour expliquer cette
différence.
20% des patrons
jugent que le franc
grève fortement leurs
affaires, contre 25%
il y a quatre ans
Sur le plan monétaire, 2011 et
2015 méritent d’être distingués
sur au moins un point. Il y a quatre ans, tout le monde l’avait vu
venir. En janvier dernier par contre, la surprise était totale. Paradoxalement, cette brutalité apparaît moins pénalisante que la
montée progressive du franc, entre 2009 et 2011. Seulement un
cinquième des patrons vaudois
considèrent aujourd’hui que le
franc fort a un «fort impact négatif» sur leurs affaires, contre un
quart en 2011.
Ils sont par contre un tiers à
avoir coché la case «faible impact
négatif», contre, là aussi, un
quart, avant le taux plancher. Le
signe, selon Guy-Philippe Golay,
que comme le dit désormais la
BNS, les entreprises ont eu trois
ans de répit pour se préparer à
vivre avec un franc aussi fort. En
d’autres termes, que le nouveau
franc fort fait moins mal
qu’avant. Ou que les entreprises
vaudoises sont moins sensibles à
la douleur.
De manière générale, les perspectives en termes d’emploi et de
rentabilité restent positives,
grâce à une année 2014 plus que
satisfaisante. 35% des entreprises
du canton ont réalisé une croissance de leur bénéfice de plus de
4%, l’an dernier.
La vraie mauvaise nouvelle de
ce sondage, c’est la frilosité des
patrons à investir. 30% d’entre
eux veulent réduire leurs investissements dans un futur proche.
Pour Guy-Philippe Golay, l’incertitude est aujourd’hui trop importante pour qu’ils se décident à
acheter de nouveaux équipements ou à construire de nouvelles unités de production.
Et le franc fort n’en est pas forcément la cause première. «C’est
surtout l’avenir de l’immigration
qui pose problème. Les entreprises veulent savoir si elles pourront encore embaucher selon
leurs besoins.» Aux conséquences
du vote du 9 février 2014 vient
s’ajouter un autre projet législatif
en construction. Celui, fiscal, de
la fin des statuts spéciaux.
L’économie romande résiste moins aux vents contraires que la suisse
> Le PIB romand devrait
croître de 0,8% en 2015 et
1,4% en 2016. Contre 0,9
et 1,8% pour la Suisse
Prudence. Tel était le maître mot
mercredi à l’issue de la présentation
à Genève des prévisions de l’institut
CREA publiées, chaque année, par
les six banques cantonales romandes. Car les questions ne manquaient pas dans l’audience. Et pour
cause. Pour la première fois depuis
2004, la croissance du produit intérieur brut (PIB) romand (+0,8%) devrait s’inscrire en dessous de celle de
la Suisse (+0,9%) en 2015. Pire,
l’écart devrait s’agrandir en 2016
avec une croissance attendue à 1,4%
en territoire romand contre 1,8%
outre-Sarine.
Alors que peut bien expliquer
une telle différence? Et pourquoi
faut-il se montrer si prudent? Pour
Jean-Pascal Baechler, conseiller économique à la Banque Cantonale
Vaudoise (BCV) et coordinateur du
projet, la situation actuelle est particulièrement incertaine. Si l’abandon
du taux plancher devrait coûter 1%
de croissance environ à la Suisse romande cette année, l’effet d’autres
variables reste moins quantifiable,
explique-t-il. Et notamment l’évolution de la situation économique en
zone euro.
Croissance divisée par deux
L’incertitude ambiante n’explique toutefois pas les différences de
croissance escomptées d’un extrême
à l’autre du pays. Questionné, JeanPascal Baechler y voit, lui, plusieurs
raisons. Premièrement, les moteurs
de l’économie romande ne tournent
plus à plein régime, souligne-t-il. Le
secteur tertiaire, qui représente trois
quarts de l’activité, devrait ainsi croître de 0,7% cette année. Contre 1,8%
en 2014. Dans leur ensemble, les services financiers devraient retrouver
leur niveau de croissance de 2014
l’année prochaine, soit 4,1% après
une chute à 1% pour 2015. La situation s’annonce plus délicate pour le
secteur de l’hôtellerie-restauration,
touché de plein fouet par le franc
fort. Ce dernier devrait ainsi décroître de 0,5% cette année en Suisse romande et de 1% en 2016.
Reste les secteurs des services et
du commerce. Le premier devrait se
tasser cette année, du fait notamment que moins d’entreprises viennent s’installer en Suisse romande
que par le passé, tandis que le second devrait chuter, toujours selon
Panorama
Entreprises suisses
La cybercriminalité
sous-estimée
Les entreprises suisses sous-estiment les menaces que pose la
cybercriminalité, selon le cabinet
d’audit et de conseil KPMG.
Insuffisamment protégées, trop
réactives, la majorité des firmes
comptent d’abord sur la technologie pour se défendre, négligeant le facteur humain. La
cybercriminalité a causé en 2014
environ 200 millions de francs
de dommages économiques.
Actuellement, près de deux
entreprises sur trois se reconnaissent comme une cible potentielle de choix, selon une enquête de KPMG publiée
mercredi. (ATS)
Les entreprises paient la
hausse du franc au prix fort
Depuis l’abandon du cours plancher de l’euro, les entreprises
suisses constatent une dégradation de leur situation. Elles sont
en outre majoritairement sceptiques quant à l’évolution future de
leurs affaires. Une première en
trois ans, selon le Centre de recherches conjoncturelles (KOF)
l’étude, dans le sillage d’une baisse
de l’activité commerciale mondiale.
Au final, le rythme de croissance de
l’économie romande – qui représente un quart de l’économie nationale avec un PIB nominal de
155,2 milliards de francs en 2014 –
sera divisé par deux cette année.
«Prospère, mais peu
gourmande»
Egalement présente mercredi
lors de la présentation, Valérie Lemaigre, chef économiste à la BCGE, a
quant à elle pointé du doigt les
changements financiers intervenus
ces derniers mois pour expliquer la
baisse de croissance, notamment à
Genève. «Ici, 50% de l’activité économique est liée au commerce de gros
et à la finance, explique-t-elle. Soit
des domaines extrêmement sensibles aux variables financières, tels
PUBLICITÉ
de l’Ecole polytechnique fédérale
de Zurich (EPFZ). «Le franc fort se
paie cher», ont relevé mercredi les
experts du KOF, en publiant les
résultats de leurs enquêtes pour
le mois d’avril. (ATS)
police «s’est rendue» dans les
bureaux d’Uber afin d’«obtenir
des informations», a ajouté cet
officiel. (ATS)
Swatch fustige la politique
de prix de ses concurrents
Hausse du taux
de chômage au Portugal…
Entreprises Monde
… alors qu’il baisse
en Grèce
Le patron de Swatch Group Nick
Hayek fustige la politique de prix
des autres entreprises horlogères.
Selon lui, de nombreuses marques ont surréagi en ajustant
immédiatement leurs prix lors de
l’abandon du taux plancher de
l’euro. «Une telle politique à court
terme est dommageable pour
l’ensemble de l’industrie horlogère suisse», affirme Nick Hayek
dans un entretien accordé mercredi à la «Handelszeitung». (ATS)
Nouvelles perquisitions
dans des bureaux d’Uber
De nouvelles perquisitions ont
été menées mercredi dans les
bureaux de la société américaine
de covoiturage Uber à Chengdu
(centre de la Chine), a annoncé à
l’AFP un membre de la commission des transports de la ville. La
Economie Monde
Le taux de chômage au Portugal a
augmenté pour le deuxième
trimestre d’affilée en s’établissant
à 13,7% entre janvier et mars,
contre 13,5% au dernier trimestre
2014, a annoncé mercredi l’Institut national des statistiques (Ine).
Cet indicateur reste toutefois
nettement en dessous de celui
enregistré au premier trimestre
2014 (15,1%) ou du record historique atteint il y a deux ans
(17,5%). (ATS)
Le taux de chômage en Grèce, le
plus élevé d’Europe, s’est établi à
25,4% en février sur un an, poursuivant sa lente baisse, a indiqué
mercredi le service des statistiques grecques (Elstat) selon des
chiffres révisés. Il y a un an, en
février 2014, le taux de chômage
était de 27,2%. (ATS)
que les taux de change et les taux
d’intérêt. Or, poursuit-elle, on ne sait
tout simplement pas quel sera l’impact du changement de ces variables, et surtout des taux d’intérêt négatifs, sur les entreprises.» Voilà
pourquoi, selon elle, la prudence
s’impose.
En attendant, les Romands pourront se consoler avec une comptabilité physique supérieure à celle des
Suisses alémaniques. Pour la huitième publication annuelle du PIB
romand, les banques cantonales
avaient en effet choisi cette année de
mettre en lumière cet indicateur
économique «complémentaire au
PIB» dans leur rapport. Il en ressort
que les Romands produisent
8420 francs de PIB par tonne de matière consommée chaque année.
Contre 6766 francs pour les Suisses
alémaniques. Sébastien Dubas
L’Etat genevois
a reçu Uber en
toute discrétion
> Transports Première
rencontre tenue secrète
Dejan Nikolic
Mercredi en milieu d’après-midi,
soit peu après le point presse hebdomadaire du Conseil d’Etat, le magistrat genevois chargé de l’Economie Pierre Maudet s’est entretenu
avec les représentants d’Uber. Une
première depuis la récente interdiction des activités de la société américaine à Genève. La rencontre s’inscrit dans le sillage du dialogue
intervenu voilà plusieurs semaines
entre les autorités et les taxis genevois, en guerre contre la société
américaine.
Interpellé sur le contenu des discussions, Pierre Maudet n’a pas souhaité faire de commentaire, précisant à travers ses services de
communication vouloir réserver
«les informations [de cette séance]
pour les parties prenantes». Même
réaction – au sortir de l’entretien –
de la part d’Uber, pourtant initialement disposé à faire part de ses impressions.
Lobbyiste venu de Bruxelles
Qu’a-t-il bien pu se dire à cette
occasion? La prise de contact s’estelle bien déroulée? D’autres rendez-vous sont-ils prévus? Si oui,
quand? L’issue des consultations de
mercredi, qui auront duré plus
d’une heure, reste secrète. Il devait
être question d’expliquer les points
de vue respectifs sur la légalité des
activités d’Uber à Genève et
d’échanger à propos des contours
prévus pour la nouvelle loi sur les
taxis, annoncée pour cet été par le
conseiller d’Etat chargé de ce dossier.
Ont notamment pris part à
l’échange avec Pierre Maudet: Steve
Salom, directeur d’Uber pour la
Suisse romande, Pierre-Dimitri Gore-Coty, son responsable pour l’Europe de l’Ouest, et Mark MacGann,
le nouveau directeur des relations
politiques de la start-up californienne pour l’Europe, le MoyenOrient et l’Afrique, et ancien lobbyiste pour le groupe NYSE
Euronext à Bruxelles. «Je ne peux
vous dire ni s’il est prévu un autre
rendez-vous avec les autorités genevoises, ni si ce dernier entretien
s’est bien passé, car nous ne voulons
à ce stade donner aucune impression de satisfaction ou de déception, voire caractériser de quelque
manière que ce soit cette entrevue.
Tout ce que je peux vous dire, c’est
qu’Uber souhaite poursuivre le dialogue», explique ce dernier.
Téléchargement