Université Paul Valery Montpellier 3
Master 2 professionnel « Direction Artistique de Projets Culturels »
Année 2005-2006
Une saison
au Theatre des Treize Vents
Sous la direction de Luc Boucris
Dans le cadre du cours « Analyse théâtrale »
Par
Estelle Cheminat
Emmanuelle Deprats
Claude Martin
Céline Thomasset
La femme comme champ de bataille
De Mateï Visniec, mise en scène Mihaï Fusu
Une pièce lourde de bagage
historique, emprunte de guerre,
de violence et de douleur. Ce
spectacle s’inscrit en pleine
guerre des Balkans, mettant en
scène deux femmes que tout
oppose, mais qu’un même
déchirement réunit.
Le champ de bataille est
d’abord physique, et représenté
directement à travers des images
de militaires qui ponctuent la
pièce. Une mise en scène
s’appuyant sur des vidéos qui
inaugurent la pièce et qui
rappellent en toile de fond
l’omniprésence de la guerre
dans la mémoire collective et
dans l’imaginaire des
personnages.
Mais le champ de bataille est
aussi métaphorique : les jeunes
femmes de la pièce traversent un
champ de bataille psychique,
physique et psychologique. La
situation collective rejaillit sur le
règne de l’individu, et sur la
situation individuelle de Dorra,
qui personnifie le traumatisme
national de tout un peuple.
Le metteur en scène choisit de
multiplier les personnages
afin de relater les tendances
schizophréniques d’une
population en perte de repères
originels. La vidéo amplement
utilisée permet de confronter la
vision intimiste de Dorra, l’image
médiatique de cette guerre que
nous, population en marge de ce
conflit, nous avons eu. Mais elle
permet aussi de créer l’émotion
mettant en lumière les détails
des visages des personnages et
des images qui sont travaillées
esthétiquement.
Cette pièce quelques fois
freinée par ses contraintes
techniques reste émouvante et
pousse le spectateur à se
questionner et à se repositionner
vis-à-vis de ce conflit dont on ne
connaît finalement pas grand-
chose.
De même le plateau est élargi,
ne comprenant plus aucune
coulisse, laissant voir les dessous
d’un montage technique qui
perdure dans l’imaginaire du
spectateur.
La Rose et la hache
D’après William Shakespeare et Carmelo Bene,
mise en scène Georges Lavaudant
Georges Lavaudant reprend
vingt ans après l’adaptation de
Richard III de Shakespeare par
Carmelo Bene. Il confie encore
une fois le rôle de Richard à Ariel
Garcia Valdès dans une mise en
scène très proche de l'originel,
créé de concert avec Bene.
Spectacle au rythme effréné,
La Rose et la hache aura su
diviser les spectateurs, mais peu
importe l’adhésion ou la non
adhésion du public, ce spectacle
a su déclencher des émotions
fortes.
Usant de multiples
références au cinéma ou à la
bande dessinée, il crée l’espace
diégétique avec un travail de
lumière atteignant une perfection
d’un autre monde.
Le cinéma n’est pas loin du
plateau tant par l’utilisation des
lumières que du noir. Tantôt
obscurité, tantôt lumière
stroboscopique aveuglante, la
rétine est frappée profondément
lors de la représentation. Les
comédiens semblent apparaître
et disparaître au gré du metteur
en scène tant l’action est
localisée précisément sur un
plateau qui devient pellicule.
La Rose et la hache est avant
tout un spectacle visuel, les
tableaux, qui s’enchaînent,
rappellent parfois De La Tour,
parfois des ombres chinoises.
Chacun peut y puiser ses
références.
L’imaginaire de Bene et la
mise en scène de Lavaudant
percutent le spectateur, et
révèlent un travail léché de
l’image et une gestuelle
complexe et maîtrisée : une
scénographie spectaculaire.
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