6 • Questions actuelles
Avec les mouvements de population liés aux
migrations économiques et au développement
des moyens de communication, la pluralité
culturelle et religieuse est devenue une don-
née essentielle des sociétés d’Europe occiden-
tale (1) [voir encadré p. 7]. Ce sont donc toutes
les Églises chrétiennes d’Europe qui sont ap-
pelées à se situer par rapport à ce phénomène.
En France, pays dont on a coutume de sou-
ligner la forte sécularisation, cette pluralité re-
ligieuse s’inscrit dans un contexte de mutation
sociale et de remise en cause de repères mo-
raux. La recherche de Dieu s’exprime alors
sous les formes les plus diverses et les plus in-
solites. Mais il existe un besoin de spiritualité
authentique et fort en réponse à un matéria-
lisme déshumanisant et à l’emprise d’une
technicité dont on ne contrôle pas toujours les
effets. Dans notre pays, dont la culture est pro-
fondément marquée par la foi chrétienne, voici
que sont désormais représentées d’autres tra-
ditions religieuses (2). Parmi elles : l’islam (3).
Une situation nouvelle
Sur le terrain, existent de nombreuses ex-
périences de rencontres entre catholiques et
musulmans. Certaines sont parfois vécues
dans un contexte dincompréhension mu-
tuelle. Dautres, au contraire, font tomber
les barrières et permettent de mieux se
connaître. Depuis plus de cinquante ans, en ef-
fet, nombreux sont les catholiques, évêques,
prêtres, diacres, laïcs, religieux et religieuses
qui vivent avec des musulmans une relation
de véritable compagnonnage (4).
Le 4 novembre 1998, lors de leur Assemblée
plénière, qui a eu lieu à Lourdes, les évêques
de France ont débattu d’un texte sur le
dialogue avec l’islam. Le texte a été adopté
le 6 novembre et rendu public le lendemain
par Mgr Bernard Panafieu, président du Comité
épiscopal des relations interreligieuses.
Nous proposons ici l’intégralité de ce texte
essentiel intitulé « Catholiques et musulmans :
un chemin de rencontre et de dialogue ».
Aujourd’hui en France, la présence importante de
l’islam – avec ses organisations et ses divers courants –
place l’Église catholique dans une situation inédite.
Sensible aux exhortations du Concile, elle s’engage
à entrer dans une démarche de rencontre fraternelle
et respectueuse avec les musulmans. Une telle attitude,
qui accepte les différences, contribuera à l’humanisation
de notre société.
L’Église appelle aussi au dialogue, même si celui-ci,
en vertu de ses exigences, constitue toujours une
épreuve. Cet engagement découle de la foi chrétienne
et de la mission que le Christ a confiée à l’Église.
Ce dialogue doit se vivre dans des situations variées qui
ne cessent d’évoluer. La recherche et la formation au
dialogue seront donc essentielles. Les partenaires du
dialogue doivent œuvrer pour que la liberté religieuse,
si importante à la pratique de la foi, soit respectée.
Le dossier relatif à cette question a été ouvert lors
de lAssemblée plénière en 1997, mais le document
des évêques constitue la mise au point dune longue
réflexion nourrie de lexpérience du Secrétariat pour
les relations avec lislam (SRI) et de celle des chrétiens
qui depuis des années vivent et travaillent avec
les communautés musulmanes en France. Suite à
la publication de ce texte, 20 fiches pastorales ont
été élaborées pour les personnes engagées dans
le dialogue avec lislam (voir encadré p. 12 et « Fiche
de lecture » p. 16).
Texte original du Secrétariat général de l’épiscopat français
(voir DC 1998, n°2193, p. 1031-1037).
RÉSUMÉ
PERSPECTIVES
FICHE DE LECTURE
Un chemin de rencontre
et de dialogue
(1) Intervention de Mgr M. Fitzgerald, dans « Un rendez-
vous pour la foi », Lourdes 1997 (DC 1997, n°2171,
p. 1027-1035. NDLR).
(2) Cf. Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux,
Dialogue et Annonce, 4 (1991) (DC 1991, n°2036, p. 874-
890. NDLR).
(3) Document S.R.I. Lourdes 1997.
(4) Cf. Comité épiscopal pour les migrations, À la rencontre
de l’autre, Éditions de lAtelier, 1997.
lislam. En effet, le Concile Vatican II,
en éclairant les situations nouvelles, met en
lumière le rôle de l’Église : « Celle-ci, pour sa
part, est dans le Christ comme un sacrement,
ou, si lon veut, un signe et un moyen dopé-
rer lunion intime avec Dieu et lunité de tout
le genre humain » (6).
Mais, aujourdhui, ce ne sont pas seulement
des musulmans que nous rencontrons, cest
lislam avec ses organisations et la diversité de
ses courants qui prend place dans lenvironne-
ment social, culturel et religieux de notre pays.
Désarçonnés par cette émergence de lislam
dans notre société, un certain nombre de
catholiques français sont soucieux devant la
perspective de voir surgir chez nous des édi-
fices religieux () et des rites étrangers à notre
culture : ils voient un abandon de la Vérité et
de la Mission dans une attitude ressentie
comme trop bienveillante à l’égard dune reli-
gion longtemps considérée comme hostile (5).
L’Église catholique comprend les interro-
gations et les craintes de nombreux fidèles.
Elles ne sont pas sans fondement. Raison de
plus pour que la rencontre repose sur des cri-
tères objectifs afin de ne pas aboutir à un syn-
crétisme simpliste. Il ne peut être question
de remettre en cause ce qui, pour nous, est
essentiel : la Bonne Nouvelle de luniversalité
du salut en Jésus-Christ, Fils de Dieu.
Dautres éléments interfèrent dans la rela-
tion : lappartenance à des cultures diffé-
rentes suscite souvent lappréhension réci-
proque et contribue à rendre difficile la
communication. Lorsque chrétiens et musul-
mans sont confrontés aux mêmes difficultés
sociales ou connaissent les mêmes conditions
de vie, cette appréhension peut sestomper et
la rencontre devenir possible, comme il peut
y avoir aussi une attitude de rejet de la part
des « ayants droit » les plus anciens à l’égard
des « nouveaux venus ».
Par ailleurs des associations musulmanes
tentent dinscrire lislam dans le champ dune
laïcité forgée par notre histoire nationale. Ce
nest pas sans provoquer une certaine frac-
ture dans la société française entre ceux qui
craignent que la nation, oubliant ses sources
historiques, perde son identité, et ceux qui
pensent que la pluralité des cultures et des
religions peut être un enrichissement pour
la communauté nationale. Beaucoup de nos
concitoyens, pris dans cette alternative,
connaissent un réel désarroi et sont troublés.
L’Église catholique à l’écoute
L’Église catholique en France se veut fidèle
à sa mission d’écoute fraternelle et d’échange
avec tous, notamment avec les croyants de
() Sur la
question de
la construction
des mosquées
en France,
voir plus loin,
p. 29-31.
Septembre-Octobre 2000 7
(5) Cf. Dialogue et Annonce, 4c.
(6) Lumen gentium, 1.
Lors de lAssemblée plénière des évêques
de France en 1997, Mgr Michael Fitzgerald,
Secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue
interreligieux, a fait une intervention intitulée
« Chrétiens et musulmans en Europe.
Perspectives du dialogue ». Voici les statistiques
quil avance et qui sont relatives à la présence
musulmane en Europe occidentale.
Le chiffre exact des musulmans en Europe est inconnu.
Il nexiste pas de recensement qui pourrait fournir des
statistiques précises. Un rapport du Comité Islam en
Europe parle de 20 à 24 millions pour toute lEurope,
y compris la Russie. On pourrait estimer à 12 millions la
présence musulmane en Europe occidentale. Linégalité
de cette présence est à noter.
Le plus grand nombre de musulmans se trouve en
France (3 500 000 4 000 000), suivie de lAllemagne
(2 500 000), puis de la Grande-Bretagne (1 750 000).
Les Pays-Bas (500 000) et la Belgique (300 000) ont
moins de musulmans en nombre absolu, mais compte
tenu de leur population, la proportion reste assez
élevée. LEspagne (200 000) et lItalie (500 000, mais
certains disent quil y en aurait le double) connaissent
une faible présence musulmane par rapport au nombre
total des habitants.
Peut-être plus important que le nombre est la diversité
dorigine des communautés musulmanes. En France
les Maghrébins dominent, et parmi eux les
musulmans dAlgérie ou dorigine algérienne.
Mais il faut tenir compte également des musulmans
dAfrique occidentale (Sénégal, Mali), et du nombre
croissant de Turcs. ()
Il faut noter que bon nombre de ces musulmans sont
citoyens du pays dans lequel ils résident. Ceci vaut
surtout pour la France et pour la Grande-Bretagne. ()
Une dernière observation : la variété dorigine des
musulmans rend plus difficile leur unité, à lintérieur
de chaque pays, et au niveau européen.
Pour le texte intégral de cette intervention, voir DC 1997, n°2171,
p. 1027-1035. Voir aussi encadré p. 18.
LISLAM EN EUROPE
Par la « Déclaration sur les relations de
l’Église avec les religions non-chrétiennes »,
le Concile Vatican II affirme également : « Si,
au cours des siècles, de nombreuses dissen-
sions se sont manifestées entre les chrétiens
et les musulmans, le Concile les exhorte tous
à oublier le passé et à sefforcer sincèrement
à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à pro-
téger et à promouvoir ensemble, pour tous
les hommes, la justice sociale, les valeurs
morales, la paix et la liberté » (7). ()
Évêques de France, sensibles au témoi-
gnage de nombreux catholiques, en lien avec
le Conseil pontifical pour le Dialogue interre-
ligieux, et dans lesprit de notre Lettre aux
Catholiques de France (8) (••), nous pensons
devoir préciser comment l’Église catholique
est appelée à poursuivre sa rencontre avec
les autres religions et singulièrement avec
lislam (9). Cest pourquoi, nous engageons
vivement les chrétiens à prendre en compte
la présence musulmane à leurs côtés, à entrer
dans une démarche évangélique de ren-
contre, et chaque fois que cela est possible,
de dialogue avec ces frères et sœurs croyants
de lislam. Nous voulons en préciser mainte-
nant les perspectives et les conditions.
I. Rencontre des croyants
Les musulmans que nous rencontrons en
France ne viennent pas tous de pays arabes.
Cependant, le contentieux historique entre les
peuples entourant la Méditerranée dont sont is-
sus beaucoup de musulmans est encore lourd.
On ne peut effacer, en quelques années, des
siècles de conflit ni ignorer les rancœurs provo-
quées par les déséquilibres économiques actuels
entre le Nord et le Sud. Il faut guérir la mémoire
collective. Ce qui suppose dassainir le regard
que chacun porte sur lautre, de rectifier les
images dévalorisantes, dassumer loyalement
les racines historiques du contentieux, et de sa-
voir reconnaître les torts passés de sa commu-
nauté, son manque de fidélité aux exigences de
son idéal. Il sera alors possible de développer
une confiance réciproque et de cicatriser des
blessures encore vives. La confiance acquise
sera à la hauteur des dispositions spirituelles
des croyants des deux communautés (10).
Accepter la différence
Le discours de Jean-Paul II, en 1985, aux
jeunes musulmans marocains et laccueil quil a
reçu sont significatifs : « La loyauté exige aussi
que nous reconnaissions et respections nos dif-
férences. La plus fondamentale est évidem-
ment le regard que nous portons sur la per-
sonne et l’œuvre de Jésus de Nazareth » (11).
Trop de rencontres sont manquées parce
que les partenaires refusent daccepter la dif-
férence : soit en lignorant, soit en loccultant
par syncrétisme, soit en cherchant à imposer
sa pensée comme seule référence. Exiger un
plein accord préalable ou lattendre comme
une conséquence nécessaire des échanges,
conduit à briser tout effort de rencontre.
Les lieux privilégiés de rencontres
Celles-ci sont vécues quotidiennement dans
le quartier, le bourg, le village, le monde de
l’éducation, la vie professionnelle et associative.
Leur importance et leur profondeur ne sont pas
() En
septembre-
octobre 1999,
Questions
actuelles
a publié un
dossier complet
sur le dialogue
interreligieux
(QA, n°8).
La déclaration
Nostra aetate
et les autres
documents sur
le dialogue cités
dans le texte
des évêques
de France y sont
présentés.
(Ce dossier
est toujours
disponible :
sadresser
au secrétariat
de QA).
(••) Voir
encadré p. 11.
(7) Nostra ætate, 2.
(8) Lettre aux catholiques de France « Proposer la foi dans la
société actuelle », Le Cerf, 1997.
(9) Mgr Joseph Doré, dans Un rendez-vous pour la foi,
Lourdes 1997.
(10) Cf. Dialogue et Annonce, 36.
(11) Jean-Paul II, Discours aux jeunes musulmans à
Casablanca (DC 1985, n°1903, p. 942-946).
Le Pape Jean-Paul II avec des jeunes musulmans
au stade de Casablanca en 1985.
II. De la rencontre au dialogue
Passer de la rencontre au dialogue ne va
pas de soi, dautant plus que le terme de « dia-
logue » na pas toujours la même signification
pour tous.
Pourtant le principe du dialogue est vrai-
ment inscrit dans lhistoire du peuple de
Dieu. Depuis les origines, cette conscience a
été présente dans l’Église bien que les condi-
tions socio-politiques naient pas toujours fa-
vorisé cet état desprit. Même lorsque de très
nombreux chrétiens ont eu tendance à oublier
ce chemin vers Dieu et vers lautre, il sest
trouvé des hommes et des femmes pour té-
moigner dune véritable attitude évangélique
dans la rencontre.
L’Église catholique tient pourtant à conser-
ver ce terme de dialogue pour exprimer la
relation quelle se doit de nouer avec les
autres religions. Le dialogue, nous en avons
conscience, est toujours une épreuve. Il est
exigeant. Il ne saurait être un reniement de
ses propres convictions et pourtant il est
source d’échange, denrichissement réci-
proque et de paix (16). L’Église catholique
considère que le dialogue avec les croyants
des autres religions fait partie des tâches qui
lui sont confiées par le Christ et, à ce titre,
même sil nest pas toujours réalisable
concrètement, quil demeure un idéal à pour-
suivre et un objectif à atteindre (17).
toujours perçues. Des collaborations se dé-
ploient au service des autres (12), en vue du
respect de la justice, des valeurs morales et de
la paix. Elles constituent des occasions privilé-
giées de partage entre croyants conscients de
leur condition humaine commune. Lorsquen-
semble des croyants cherchent à faire l’œuvre
de Dieu en servant leurs frères, les relations
qui naissent de telles actions sont, dune ma-
nière ou dune autre, lieux de rencontre de
Dieu et de conversion du cœur (13).
Religions et société
La rencontre entre croyants peut également
avoir des conséquences bénéfiques sur la cohé-
rence harmonieuse et fraternelle de la société.
Cest en apprenant à mieux se connaître mu-
tuellement et en sengageant dans des relations
fraternelles que les croyants donnent un témoi-
gnage précieux pour notre monde. Ils contri-
buent ainsi à la paix et à la stabilité dans la
société et font reculer les risques de violence,
dont on considère parfois que les religions sont
la source. Les croyants chrétiens et musulmans
ont à prouver dans leur conduite quils sont sus-
ceptibles dapporter des éléments de concorde
et dhumanisation dans notre société. Cest là
un témoignage rendu à Dieu.
Au moment où samorcent dimportantes mu-
tations mal prévisibles, les grandes religions
peuvent également contribuer à promouvoir
dans la société, à côté du patrimoine moral et
civique, une dimension spirituelle essentielle.
Pour nous, catholiques, « nous ne pouvons pas
nous résigner à une totale privatisation de notre
foi, comme si lexpérience chrétienne devait
rester enfouie dans le secret des cœurs sans
prise sur le réel du monde et de la société »
(14). Nous reconnaissons aussi ce droit aux
autres confessions religieuses dans la société
française laïque : pour que la dimension spiri-
tuelle et morale de lhomme et de la société soit
honorée dans lespace public, il est nécessaire
que les communautés de croyants aient la pos-
sibilité de témoigner de leur foi et de leur atta-
chement à des valeurs morales essentielles,
dans la conviction de servir ainsi la nation. Il
convient, en même temps, de rester conscient
que « tout homme et tout groupe social doit te-
nir compte, dans lexercice de ses droits, des
droits dautrui, de ses devoirs envers les autres
et du bien commun de tous » (15).
Septembre-Octobre 2000 9
La rencontre entre croyants
peut également avoir des
conséquences bénéfiques
sur la cohérence harmonieuse
et fraternelle de la société.
(12) Cf. Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux,
Dialogue et Annonce, 42 ; et Attitude de l’Église catholique vis-
à-vis des croyants, 32 (cf DC 1984, n°1880, p. 844-849).
(13) Cf. Dialogue et Annonce, 11.
(14) Lettre aux catholiques de France, p. 34, Le Cerf, 1997.
(15) Dignitatis Humanæ, 7.
(16) Attitude de l’Église catholique, 21 et 40 (1984).
(17) Cf. Dialogue et Annonce, 9 ; Attitude de l’Église catho-
lique, 3 (1984).
10 Questions actuelles
Ce dialogue présente en effet des enjeux
considérables pour la compréhension du des-
sein de Dieu sur le monde, pour la fidélité de
l’Église à sa mission aujourdhui, et pour la
vitalité évangélique de ses membres (18).
Si le dialogue ne nie pas les différences doctri-
nales, il suppose laccueil de lesprit agissant
dans le cœur de tout homme sincère (19),
selon les propos du Pape Paul VI lors de sa
rencontre avec les non-chrétiens à Bombay :
« Nous ne devons pas nous rencontrer
comme de simples touristes, mais comme
des pèlerins qui vont chercher Dieu non dans
des édifices de pierre mais dans le cœur des
hommes » (20). Pour un chrétien, cette rela-
tion à Dieu sur le lieu même de la rencontre
des hommes est la base dun dialogue de
salut. Cela nécessite une disponibilité évan-
gélique, et une réelle profondeur spirituelle.
Un dialogue enraciné en Dieu Trinité
Tout au long de lHistoire des hommes,
Dieu na cessé de proposer son Alliance.
Dès la Création, Dieu manifeste son amour
et son dessein dinstaurer lalliance avec
lhumanité, comme en témoignent déjà les
écrits de lAncien Testament. « L’Église du
Christ, en effet, reconnaît que les prémices
de sa foi et de son élection se trouvent, se-
lon le mystère divin du salut, dans les
Patriarches, Moïse et les prophètes. Elle
confesse que tous les fidèles du Christ, fils
dAbraham selon la foi, sont inclus dans la vo-
cation de ce patriarche et que le salut de
l’Église est mystérieusement préfiguré dans
la sortie du peuple élu hors de la terre de
servitude » (21). Cette alliance trouve sa plé-
nitude dans lIncarnation du Fils de Dieu, et
le mystère de sa Pâque où lamour triomphe
de la haine. Par sa mort et sa Résurrection,
le Christ nous envoie lEsprit du Père qui fait
de nous des fils et des filles de Dieu.
Sur ce chemin, l’Église a conscience
quelle est fidèle à sa nature en sa source la
plus haute, le mystère ineffable de Dieu. Par
les relations trinitaires, le Dieu Unique,
Père, Fils et Saint-Esprit, vit la communion
damour parfaite et inégalable dans un dia-
logue qui dépasse tout entendement humain.
« Ainsi, l’Église universelle apparaît comme
un peuple qui tire son unité de lunité du
Père, du Fils et de lEsprit-Saint » (22).
Le dialogue est au cœur même de toute vie
chrétienne, là où un chrétien, avec le Christ,
entend Dieu lui dire : « Tu es mon fils », là
où, porté par lEsprit, il répond : « Notre
Père ». En souvrant au dialogue, comme
chaque chrétien est appelé à le faire avec
Dieu, l’Église répond à la mission quelle a
reçue de son Seigneur.
À la suite du Christ, fidèle à lexpérience
spirituelle de lAlliance, l’Église doit donc
prendre linitiative de ce dialogue en vérité :
« Le dialogue du Salut fut inauguré sponta-
nément par linitiative divine. Cest Lui,
Dieu, qui nous a aimés le premier (1 Jn 4,19) ;
il nous appartient de prendre à notre tour
linitiative pour étendre ce dialogue sans at-
tendre dy être appelés » (23).
(18) Attitude de l’Église catholique vis-à-vis des croyants des
autres religions, 20 (1984).
(19) Dialogue et Annonce, 17.
(20) Paul VI, Discours aux représentants des religions
non-chrétiennes de lInde, Bombay, le 3 décembre 1964
(DC 1965, n°1439, colonnes 5-7).
(21) Nostra aetate, 4.
(22) Lumen gentium, 4.
(23) Ecclesiam suam, 74.
La Commission Église-Islam de la Fédération
protestante de France, avec laquelle le Secrétariat
pour les relations avec iislam a longtemps collaboré,
fait partie aujourdhui de la Commission « Avec
les religions ». Cest au sein de cette nouvelle
Commission donc que les Église protestantes
continue leur réflexion sur la manière de vivre
ensemble avec lislam. Un des fruits durables
du travail de la Commission Église-Islam a été
la publication dune série de dépliants sur les diverses
questions liées au dialogue avec les musulmans,
dont voici les titres : Unité et diversité de iislam, Foi et
pratique de lislam, Les fêtes religieuses, Les étapes
de la vie, Islam et foi chrétienne, Couples islamo-
chrétiens, Chrétiens et musulmans face aux Écritures,
Bible et Coran, Rencontrer les musulmans, Être
témoins du Christ auprès des musulmans (pour tout
renseignement contacter la Fédération protestante
de France voir « Informations pratiques », p. 49).
Nous signalons lexistence, depuis 1995, du Service
protestant des relations avec lislam (SPRI) qui est
commun à l’Église de la Confession dAugsbourg et
à l’Église réformée dAlsace et de Lorraine (voir Bulletin
d’information protestant (BIP) du 15-30 juin 2000).
PROTESTANTS ET MUSULMANS EN FRANCE
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