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Les musulmans en croisade contre la
haine et la bêtise
Le débat sur l'islam et la laïcité les
oblige, de nouveau, à s'expliquer sur
leur intégration. Mais les musulmans
français réclament de parler d'autre
chose que de religion. Ils veulent
avoir le droit de se comporter en
citoyens ordinaires. Est-ce trop leur
accorder? demande un journaliste
algérien.
Il fut un temps où les musulmans de France - on disait alors les arabes - se
taisaient, baissaient les yeux et, dos voûtés, rasaient les murs.
Les temps et la France ont changé. Cette résignation n'est plus. Les nouvelles
générations prennent la parole, revendiquent, parfois avec véhémence ou
maladresse, leur place dans l'espace public et n'acceptent pas d'être reléguées
sur le plan spatial, social et même politique. Ces nouveaux entrants dans l'agora
française représentent une force montante. Une force qui inquiète déjà les
élites traditionnelles alors qu'elle n'a pas encore pris la mesure de sa puissance.
C'est l'une des raisons qui explique le malaise ambiant et pourquoi certains
intellectuels de renom se joignent aux appels hystériques à propos de la
nécessité de débattre de l'islam. En réalité, tout cela n'est qu'une bataille de
position qui ne dit pas son nom.
Le Pen fille dit qu'elle n'a rien à l'encontre des juifs, elle applique une stratégie
que l'on retrouve un peu partout en Europe où les mouvements d'extrême-
droite tentent de se défaire de l'étiquette antisémite en pensant que cela
rendra plus respectables leurs diatribes anti-immigrées. Comme dans les années
1930, l'extrême-droite distille son venin et fait planer le soupçon sur les citoyens
français de culture étrangère. Hier, c'étaient les Juifs. Aujourd'hui, ce sont les
musulmans. Et comme dans les années 1930, une partie de l'intelligentsia
française, plus par intérêt que par conviction, se fait la complice de cette chasse
aux sorcières qui ne dit pas encore son nom. Hier, il s'agissait d'empêcher les
intellectuels juifs de prendre la parole et de faire entendre leur voix en faisant
planer sur eux le soupçon de déloyauté à l'égard de la France.