LE THEATRE ORGANIC PRESENTE
(FRAGMENTS)
JEAN-LUC LAGARCE
REPRISE
DU 26 NOVEMBRE AU 19 DECEMBRE 2009
DU JEUDI AU SAMEDI A 20H30 (RELÂCHE LE JEUDI 3 DECEMBRE)
THEATRE DE LA BOUTONNIERE: 25 RUE POPINCOURT 75011 / PARIS
Métros Voltaire / St Ambroise
Mise en scène: Sophie Gazel
Avec: Laurence Guatarbes, Yves Buchin et Pablo Contestabile
THEATRE DE LA BOUTONNIERE: 25 RUE POPINCOURT 75011 / PARIS
Métros Voltaire / St Ambroise
DU 26 NOVEMBRE AU 19 DECEMBRE 2009
DU JEUDI AU SAMEDI A 20H30 (RELÂCHE LE JEUDI 3 DECEMBRE)
Prix des places: Tarif plein 17 € - tarif réduit: 10 € - groupes: 13€
Réservation: 01 48 05 97 23
theatre.or[email protected] / www.theatre-organic.com
Le spectacle a reçu l’aide de l’
Chargée de diffusion: Gaëlle About
Port: 06 07 48 68 43 / E-mail: [email protected]
Sur de vieux airs de tango argentin
et quelques pas de milonga,
la Fille et les deux Boys nous livrent
leur histoire et témoignent
des humiliations vécues
lors des tournées
pour gagner leur vie
tant bien que mal…
A propos de
«Comme tous les soirs, dans cette ville-là comme dans toutes les autres villes (…) la Fille jouera sa petite histoire,
prendra des mines, habile à prendre des mines, fredonnera chansonnette et esquissera pas de danse. Comme tous
les soirs, dans cette ville-là comme dans toutes les autres villes, elle racontera la journée terrible qui s’achève,
la journée pénible qui s’achève, récit des diverses humiliations et aléas divers. »
Jean-Luc Lagarce
Sur de vieux airs de tango argentin et quelques pas
empruntés à la milonga, dans l'intimité d'un cabaret
abîmé par les années, la Fille et les deux Boys vont
faire leur numéro. Pourtant ce soir n'est pas un soir
comme tous les autres; alors qu'ils se protègent derrière
des pas de danse assez dignes, ils contemplent le
manque absolu de contrôle de leur destinée…
Ce soir, c'est leur vie d'artiste qu'ils racontent, leur
vie à tout prix, avec ou sans public.
«Une nuit, à la sortie de la gare de Besançon (Doubs), j'ai vu sous la neige, portant ses valises et renonçant aux
taxis, s'éloigner le chanteur Ringo Willy Cat, celui-là qui épousa la chanteuse Sheila, qui fut une grande vedette,
comme nous disions, qui chanta avec lorsqu'ils se marièrent, "Laisse les gondoles à Venise..." - mon frère et moi,
nous reprenions le refrain en choeur - et qui venait pour deux soirs, un vendredi et un samedi, chanter ses anciens
succès dans une boîte à striptease de cette froide ville de l'Est.
Le plafond était si bas - je ne m'en souviens plus - le plafond était si bas que l'actrice décida de ne pas mettre ses
souliers à hauts talons de peur de toucher les projecteurs avec son chignon alambiqué.
Derrière un rideau, une fois, et cela parlait d'acteurs encore, une chanteuse fondit en larmes aussitôt le rideau
baissé et toute la salle l'entendit et éclata de rire.»
Jean-Luc Lagarce
octobre 1989
Jean-Luc Lagarce (1957-1995)
Quand Jean-Luc Lagarce est mort (du sida) le 30 septembre 1995, c’était un metteur en scène connu mais un
auteur encore méconnu. Certes, plusieurs de ses pièces avaient été jouées avec succès mais d’autres étaient
restées dans le tiroir ou incomprises. Sa notoriété n’a cessé de croître depuis sa disparition.
Il a écrit entre autres Derniers remords avant l’oubli, Les Prétendants, J’étais dans ma maison et j’attendais que
la pluie vienne, Juste la fin du monde, Le Pays lointain…
Auteur et metteur en scène, il fonde le Théâtre de la Roulotte en 1978. Il met notamment en scène Marivaux,
Labiche, Ionesco puis ses propres textes.
Jean-Luc Lagarce a une maîtrise de philosophie, et l'œuvre qu'il a produite est immense, alors qu'il a si peu vécu:
dix-neuf pièces, trois récits, un essai (Théâtre et Pouvoir en Occident), dix-neuf cahiers de journal intime, deux
films vidéo… dont se dégage une grande pensée : une vision théorique du théâtre et du monde.
Sa pièce Juste la fin du monde a été jouée à la Comédie Française en mars 2008.
Lors d’une interview, François Berreur raconte: «Ce qui me fascine dans son œuvre, c'est qu'elle touche des
endroits de l'indicible. Ce qui rend le public captif, c'est qu'il parle de choses qu'on ne peut pas écrire. Il y a chez
lui un mystère de l'écriture théâtrale, dont il n'était pas tout à fait conscient. Les sens s'ouvrent au moment du jeu,
dans une grande énergie de la parole.»
MUSIC-HALL OU LA VIE D’ARTISTE
Pourquoi le tango?
C’est vers 1880 que l’on s’accorde à situer la naissance du tango comme le produit de la culture du peuple très
mélangé des taudis des villes portuaires de Buenos Aires, Rosario et Montevideo. C’est ensuite à Buenos Aires
qu’il s’est particulièrement développé. On peut imaginer gueux locaux et émigrés, réunis par leur misère se
réchauffant mutuellement autour d’un feu ou d’un poêle et se chantant les uns les autres des airs de leur pays
d’origine.
Les premières chansons évoquent des histoires de sexe, de règlement de compte …
A partir de 1917, il évolue vers de nouvelles manières en exprimant, avec nettement plus de délicatesse, des
sentiments mélancoliques ou même des considérations métaphysiques. Les personnages de Music-hall sont aussi
en déracinement permanent, ils portent une parole proche des histoires de tango … qui racontent la vie des hommes
avec ses accents dramatiques et passionnés, ses thèmes récurrents : l’amour et ses déchirements, les témoignages de
la misère humaine.
Cette création musicale donne à la pièce de Jean Luc Lagarce un corps et une esthétique artistique comme une
continuité du texte. L’utilisation du tango illustre des contrastes qui servent la dramaturgie : une situation de plus
en plus noire et désespérée, des corps qui gardent coûte que coûte leur dignité car le tango offre au corps maintien,
allure, noblesse et arrogance de l’esprit humain qui apprend à supporter ses souffrances.
L’art du griot
L’art du griot offre un traitement du temps qui permet une proximité et une intimité avec le public,.
Il y a le temps du conteur, incarné par l’un des deux boys, accompagné de son accordéon, où il donne au public
certains épisodes intimes de leur existence et de leur déchéance pendant que les autres personnages sont dans un
temps ralenti à la dimension onirique.
Puis il y a le temps de l’action où les trois personnages vivent sous les yeux du public leurs obstacles à travers le
tango. Il y a le temps de la confession, récit de leur existence, et le temps de l’action, de la relation et du spectacle
musical, chanté et dansé.
Un humour qui puise sa force dans la dérision
Si les personnages de Music Hall sont drôles c’est parce que l’on rit nerveusement, fébrilement, face à leur
tragédie qu’ils nous offrent avec pudeur, humour et dérision.
La Fille, par exemple, va utiliser les obstacles rencontrés en même temps qu’elle en parle au public.
Elle démontre en même temps qu’elle dénonce. Elle doit inventer un parcours lorsqu’il n’y a pas de porte au fond
de la scène, elle mime ce qu’est un déplacement « lent et désinvolte », elle joue la difficulté rencontrée pour
effectuer ses chorégraphies sur tout ce qui n’est pas son tabouret sur pied élevé.
Les objets : tabouret sur pied élevé, chaise, tabouret à traire les vaches … sont de véritables partenaires
de jeu qui participent au comique de dérision.
«Comment faire un tour complet sur une chaise, je leur
demandais, comment faire un tour complet, comme ça …
Bon j’y arrivais ! Et je tournais, je faisais un tour complet…»
Un lieu décalé
L’espace raconte déjà l’histoire par son aspect misérable, usé par le temps, des couleurs défraîchies, quelques
reliques de mauvais goût qui viennent rappeler qu’il s’agit d’un cabaret. Un vieux comptoir de bar, un grand
tabouret de bistrot, des rideaux de mauvais goût jouant sur des matières brillantes et de couleur, un vieux tourne-
disques, une lampe de bar avec de faux cristaux…
Trois espaces symboliques: au centre, l’espace de la Fille sur son grand tabouret, puis deux petites scènes en bois
verni côté cour et côté jardin : l’espace du conteur / griot et l’espace des deux boys qui partagent complicité et
désillusion, le temps d’un maté (boisson typique argentine , herbe infusée qui se boit à l’aide d’une paille en métal
ou en bois ).
Au cours des tournées, chaque salle recevant Music Hall deviendra le décor original du drame vécu par nos trois
artistes. Ce sera l’occasion de renouveler les dispositifs scéniques afin de coller à ce lieu, en privilégiant un
rapport de proximité avec le public au cœur de l’espace dramatique .
Un état des lieux du quotidien pour les petites compagnies
Ce texte nous permet de faire face au mystère des artistes de la scène, prêts à tous les compromis et tous les
sacrifices pour être, ne serait-ce que quelques instants sur scène, dans la lumière sous le regard d’autres… le public.
Aujourd’hui, chaque artiste doit se positionner sur la remise en question de l’exception culturelle française dans
sa forme et dans son système de fonctionnement.
Que vont devenir «les petits» lieux et «les petites» compagnies déjà réduites à une existence de survie?
Jusqu’où l’artiste est-il prêt à aller pour poursuivre le spectacle ?
Must The Show go on?
Sophie Gazel
Paris le 06 Septembre 2008
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