M03CW-W01 1
ÉPREUVE D'ADMISSION À L'INSTITUT DE FORMATION
ADERE POUR LA PRÉPARATION AU DIPLÔME D'ÉTAT
D'ERGOTHÉRAPEUTE – 2003
ÉPREUVE DE CONTRACTION DE TEXTE
Durée : 1 heure
Notée sur 20 points
Texte à résumer en 120 mots. Une marge de 5 % en plus ou en moins est admise. Le non-respect de cette
marge sera sévèrement pénalisé. Le nombre de mots employés devra figurer à la fin de chaque alinéa et, en
fin de copie, le total général des mots du résumé devra être indiqué. Il est signalé qu'un mot monosyllabique
(a ou à, de, le...), un mot élidé (d', l', s', c'...), un nombre, comptent chaque fois pour un mot.
Résister par la création culturelle
L'entrée dans le nouveau siècle se fait sous l'empire de l'efficacité, de la performance et de la
logique financière et consumériste. La machine techno-économique tend, dans une démarche
totalisante, à tout absorber – y compris la culture –, à imposer ses codes, ses signes et ses langages,
à façonner les imaginaires individuels et collectifs, à mobiliser les intelligences et les sensibilités,
et à conquérir corps et esprit pour mieux les embaucher et les débaucher à sa guise. Il s'agit d'une
machine vorace, qui déborde les domaines de l'économique et du technique.
Cette idéologie séduisante prétend constituer un humanisme. Elle repose, en vérité, sur la
conception d'un homme médiocre, conformiste et docile, d'un homme segmenté aussi, auquel elle
demande d'être tour à tour un producteur efficace, un consommateur zélé, un animal communicant
et un ensemble d'organes manipulables à merci. Elle repose aussi sur la réduction de la société à un
simple agrégat d'individus, qui pour croître et embellir doit être, structurellement, une société
inégalitaire et excluante. Son action s'exerce par l'entremise des technologies de l'information et de
la communication – de la télévision à Internet –, qui jouent sur les trois registres évoqués plus haut
et sont censées préparer une société idéale, nec plus ultra de l'accès au savoir, de la transparence et
de la démocratie !
Face à cette invasion, il est temps de redonner un contenu vigoureux à la notion de culture dans, au
moins, cinq de ses dimensions : apprentissage et exercice de la pensée critique, ainsi que de la
raison émancipatrice, celle qui effectue un travail permanent sur les certitudes hâtives, sur les idées
reçues, sur le prêt-à-penser et le prêt-à-croire servis par les gourous du moment ; création de
supports symboliques (langage, œuvre d'art) où s'exercent l'imaginaire, la sensation, la sensibilité,
l'émotion, la passion, avec toujours en visée une interprétation du monde, de la vie, de la mort, du
passé, aux fins de constituer une représentation aussi cohérente que possible du temps et de
l'espace ; acquisition et échange des savoirs (donc de quelque chose qui a rapport au vrai, à la
recherche de vérité) comme expérience humaine accumulée ; communication au sens de mise en
commun, de construction permanente de soi, par et avec l'autre, mais aussi face à cet autre ;
rapport au beau, qui est l'expression d'une subjectivité en même temps que tension vers un
universel.
La question centrale est alors celle-ci : comment permettre à une telle conception de la culture de
reprendre l'initiative ?
Deux idées fondatrices pourraient être retenues. La première serait de tenter de forcer la techno-
économie jusqu'au point critique et de le subvertir par la création artistique. Il s'agit de dégager les
techniques galopantes d'une gangue idéologique visant à faire croire qu'elles sont porteuses d'une
révolution, et que, irrésistiblement, elles dirigent le mouvement des choses. La création artistique
n'est-elle pas annonciatrice et pourvoyeuse d'objets uniques, originaux, en rupture avec la
tradition ? D'objets qui font se lever de nouveaux horizons et qui, ainsi, prennent part à la création
du monde des hommes ? Architecture, poésie, théâtre, littérature, musique, danse, arts plastiques,
cinéma, toutes les disciplines et leurs croisements y ont leur place. Avec, bien entendu, la