WWW.PROFESSIONSANTE.CA AVRIL - MAI 2011 VOL. 58 N° 2 QUÉBEC PHARMACIE 25
La maladie de Parkinson (1re partie) : aspects moteurs et traitements
Traitements chirurgicaux
Les patients avec des fluctuations motrices de
dyskinésies invalidantes, avec des tremblements
sévères et une atteinte de la qualité de vie, et qui
sont réfractaires aux traitements pharmacologi-
ques, peuvent être candidats à la chirurgie.
Comme traitements chirurgicaux, il existe le
traitement lésionnel et la stimulation cérébrale
profonde (SCP).
Tout d’abord, le traitement lésionnel consiste à
faire des lésions dans une région précise du cer-
veau an de contrôler les symptômes. Il est éga-
lement possible d’utiliser ce traitement pour
contrôler les DIL38. L’avantage principal du trai-
tement lésionnel est la faisabilité de la procé-
dure. La pallidotomie unilatérale permet l’amé-
lioration signicative des symptômes moteurs
et la diminution de la LID de 50 à 92 % du côté
controlatéral39.
P
our ce qui est de la SCP, elle se dénit par l’in-
sertion d’une électrode contenant quatre contacts
électriques. L’activation d’un ou plusieurs
contacts crée une stimulation électrique qui
modie l’activité cérébrale du tissu stimulé. La
réponse varie selon les paramètres de stimula-
tion (voltage, fréquences et largeur d’impulsion).
Comparativement à la lésion, la SCP est une pro-
cédure chirurgicale réversible et non ablative.
Son avantage majeur est qu’il est possible de
modifier les paramètres de stimulation pour
optimiser la réponse clinique
40,41
. En contrepar-
tie, la SCP demande initialement des ajustements
fréquents des paramètres de stimulation et donc,
un suivi serré. Il existe un risque d’infection plus
élevé que la lésion, et également un risque d’hé-
morragie cérébrale. D’autre part, la stimulation
est très dispendieuse (environ 40 000 $)
42
, néces-
site un remplacement de batterie
43
et certains bris
de matériel peuvent survenir
44
exigeant une nou-
velle opération dans certains cas.
Traitements médicamenteux
Les traitements pharmacologiques actuels ne peu-
vent ralentir la progression de la maladie. Le but
est de soulager les symptômes, ainsi que d’amélio-
rer la qualité de vie et les capacités fonctionnelles
des patients. La thérapie reste encore purement
symptomatique
23
. Le choix de l’agent dépend
d’une combinaison de facteurs, dont l’efficacité
relative et le prol d’eets indésirables des médica-
ments, ainsi que les comorbidités et les préférences
des patients. Le traitement est généralement initié
lorsque les symptômes de la MP interfèrent avec
le fonctionnement quotidien du patient
45,46
.
Les options de traitement comprennent la combi-
nai
son L-Dopa et carbidopa/bensérazide, les
IMAO-B,
les agonistes de la dopamine, les
ICOMT, les anticholinergiques et l’amantadine
23
.
Lévodopa (L-Dopa)
La L-Dopa, en combinaison avec un inhibiteur
de la dopa décarboxylase périphérique, est le trai-
tement le plus ecace
47
. La L-Dopa est capable de
rétablir les niveaux de DA au cerveau et de res-
taurer la transmission DAergique au striatum
48
.
Elle améliore de façon signicative la rigidité et la
bradykinésie, mais les tremblements sont sou-
vent diciles à traiter
6
. La parole, la déglutition et
l’instabilité posturale peuvent s’améliorer initia-
lement, mais les symptômes axiaux deviennent
généralement plus difficiles à contrôler avec
l’évolution de la maladie. Bien que la L-Dopa
demeure l’agent le plus utilisé et le plus ecace,
on rapporte que 36 % des patients développeront
des dyskinésies après 4-6 ans de traitement et
environ 88 %, après 9 ans
25,49
.
Le temps de demi-vie de la L-Dopa est d’envi-
ron 1,5 heure en présence d’un inhibiteur de la
décarboxylase (AADC) et d’environ 1 heure
sans inhibiteur de la décarboxylase
50-52
. Ainsi,
les inhibiteurs de la décarboxylase réduisent les
effets indésirables périphériques DAergiques
tels que l’hypotension orthostatique et les nau-
sées et augmentent les concentrations de la
L-Dopa au cerveau
53
. L’augmentation de la bio-
disponibilité obtenue au moyen de l’inhibiteur
d’AADC réduit également la quantité requise de
lévodopa
50
. Cette biodisponibilité est inférieure
à 1 % en l’absence d’un inhibiteur de la décar-
boxylase
51
. Toutes les formulations de L-Dopa
contiennent un inhibiteur de la décarboxylase.
Le ratio carbidopa: L-Dopa était initialement
1:10, mais a été augmenté à 1:4 en raison des
avantages pharma cocinétiques et d’une dimi-
nution des eets indésirables
51
. L’absorption du
médicament au niveau de l’intestin grêle est
rapide et irrégulière. Elle peut également être
réduite dans la MP puisque la motilité gastrique
est ralentie
51,54
. Après avoir pris un comprimé de
L-Dopa, cette dernière est activement transpor-
tée de l’intestin grêle vers le sang grâce à des aci-
des aminés. Ensuite, seule une petite fraction du
médicament atteint le cerveau. Une fois passée à
travers la barrière hémato-encéphalique (BHE),
la L-Dopa est rapidement transformée en DA
par l’acide L-aminé aromatique décarboxylase
55
.
Quinze à trente minutes après avoir reçu une
dose orale de L-Dopa, le patient peut noter une
amélioration des ses symptômes
56
. Les repas
riches en protéines peuvent réduire l’absorption
du médicament puisque les acides aminés peu-
vent rivaliser avec la L-Dopa lors du passage à
travers la muqueuse intestinale et la BHE
52
.
Alors, la prise de la L-Dopa une heure avant ou
après les repas est préférable. Dans certains cas
seulement, il est suggéré de prendre la L-Dopa
avec les repas an de prévenir les nausées.
La concentration de L-Dopa peut être aectée
en raison d’interactions pharmacocinétiques,
avec les médicaments qui modient la vidange
gastrique, comme les antiacides
51
. La neutralisa-
tion de l’acide gastrique par les antiacides peut
également conduire à la dissolution incomplète
des comprimés qui aurait comme conséquence
une absorption incomplète
50
. Les traitements
visant à améliorer la vidange gastrique peuvent
permettre une réponse plus prévisible à la
L-Dopa
54
. Les suppléments de fer peuvent aussi
diminuer l’absorption de la L-Dopa et devraient
être pris au moins deux heures avant ou après
celui-ci
55
.
Par ailleurs, la dose quotidienne totale de la
L-Dopa doit être individualisée en ajustant la
dose et la fréquence d’administration
51
. Une dose
initiale typique est 50 mg de L-Dopa et 12,5 mg
d’un inhibiteur de la décarboxylase (bensérazide
ou carbidopa) trois fois par jour. An d’obtenir
une inhibition maximale au niveau périphéri-
que, la dose de l’inhibiteur de la décarboxylase
nécessaire doit être d’au moins 75 mg/jr. Cela
permettra également d’éviter les eets indésira-
bles périphériques de la L-Dopa
53,55
. Après
l’initiation du traitement, la dose de L-Dopa est
titrée sur plusieurs semaines jusqu’à ce que le
patient obtienne une réponse satisfaisante. Il est
courant de devoir augmenter la dose jusqu’à
400 à 800 mg/jr répartis en trois ou quatre doses.
Si les signes et symptômes ne sont pas contrôlés
par une dose quotidienne de plus de 1000 mg, la
possibilité d’un diagnostic erroné devrait être
envisagée
55
. La réponse à la L-Dopa se modie
lors d’une prise chronique due à l’augmentation
de la sensibilité des récepteurs cérébraux à la
L-Dopa et à la diminution de la durée d’action de
chaque prise de médicaments. Ces deux particu-
larités entraîneront des uctuations et des dyski-
nésies. An d’améliorer le traitement, il est possi-
ble d’ajuster la dose, l’intervalle entre les doses ou
d’ajouter un médicament d’appoint. Pour éviter
des effets indésirables lors d’une modification
des doses, ces dernières devraient être augmen-
tées ou diminuées progressivement. De plus, l’ar-
rêt de la L-Dopa doit être eectué progressive-
ment, sinon il y a un risque d’hyperthermie
sévère et de syndrome neuroleptique malin
31
.
Parmi les effets secondaires, la L-Dopa peut
provoquer des nausées, des vomissements et
de l’hypotension orthostatique. Ces eets indési-
rables peuvent être réduits si la dose a été ajustée
progressivement
6,55
. Il est possible de prévenir ces
eets secondaires en utilisant de la dompéridone
10 à 20 mg trois ou quatre fois par jour
57
. De plus,
les uctuations, la dyskinésie et la dystonie font
partie des problèmes moteurs possibles. L’utilisa-
tion de la L-Dopa peut également entraîner
des eets secondaires psychiatriques et neuro-
psychiatriques
6,58
.
La formulation à libération prolongée de la
L-Dopa a été développée an de maintenir un
profil plasmatique de L-Dopa plus stable et de
réduire les uctuations motrices
59
. Cependant,
en pratique, cette approche conduit souvent à la
réémergence des symptômes dus à une absorp-
tion erratique et à un facteur imprévisible de bio-
disponibilité
54,59
. La biodisponibilité de la formu-
lation à libération contrôlée est diminuée