Revue de génie industriel 2008, 2, 33-40
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Introduction
Les champs électriques pulsés (CEP) de forte intensité sont depuis longtemps utilisés en
génie génétique pour l'incorporation de grosses molécules (ADN) ou en biotechnologie,
où l’effet destructeur sur les microorganismes est exploré. Dans le domaine agro-
alimentaire, la plupart des applications CEP en tant qu’une technique non- thermique se
sont concentrées vers la pasteurisation d’aliments liquides tels que le lait ou les jus de
fruits [1]. Plusieurs études développent le concept d'un traitement combiné des tissus
végétaux par l'application simultanée d'une pression et d'un champ électrique pulsé
pour l’extraction des jus à partir tissues à forte teneur d’eau [2].
Très peu d’études ont porté sur l’application d’un traitement sous CEP dans des solides
d’origine végétale [3]. Le procédé proposé combine le prétraitement CEP à l’extraction
solide-liquide classique. L’objectif est d’utiliser l’accroissement de la perméabilité
cellulaire sous l’effet des CEP pour faciliter le transfert de matière des molécules
chargées comme les polysaccharides, les protéines, tannins ou certains lipides.
Les cellules végétales sont très sensibles aux champs électriques, en raison de la très
faible conductivité électrique des membranes de lipides qui les entourent (≈1 µS/cm).
Selon le mécanisme proposé par Zimmermann [4] l’exposition de la membrane à un
champ électrique entraîne une accumulation des charges en surface de la membrane, ce
qui augmente le potentiel transmembranaire initial. L’accumulation des charges, de
signe opposé, provoque une compression de la membrane et donc son amincissement,
qui à son tour augmente l’attraction entre les deux faces. A un moment donné, une
rupture localisée de la membrane a lieu: il y a formation d’ouvertures microscopiques
(«électropores»). Lorsque l’intensité du champ électrique est nettement supérieure au
champ électrique de rupture, la formation des pores devient irréversible.
Plusieurs paramètres sont susceptibles de faire varier l’efficacité d’un traitement par la
technique des CEP, dont les valeurs varient suivant les applications spécifiques. Les plus
importants sont: intensité du champ électrique E (de 0.1 à 50 kV/cm), durée ∆t
i
(de
l’ordre de µs), forme, nombre N et intervalles entre les impulsions électriques. Un
traitement CEP demande, par unité de volume traité, une quantité d’énergie Q définie
par :
2
EtsNQ
im
∆=
σ
(1)
où :
- σ
m
est la conductivité électrique moyenne durant le traitement électrique,
- s est un facteur qui dépend de la forme de l’impulsion ; s=1 pour des impulsions à
forme rectangulaire, et s=0,5 pour des impulsions à décroissance exponentiel [4].
Les mécanismes d’électroporation ne sont pas encore bien compris. Le développement
des protocoles expérimentaux pour des applications spécifiques est généralement
déterminé empiriquement, en ajustant les paramètres électriques du CEP. D’une façon
générale, l’efficacité de traitement électrique dépend de trois classes de paramètres :
• les conditions opératoires telles qu’intensité du champ électrique appliqué,
durée, nombre et forme des impulsions ;
• la nature, la forme et lа taille des cellules ;
• les caractéristiques de la composition et de résistivité électrique du milieu.
Les tissus biologiques ont en général un structure hétérogène, de sorte que leurs
caractéristiques électriques varient, et donc leur comportement en tant que composant
électrique est très variable. La résistivité varie entre 0.01-0.05 S/m pour les matières
grasses et les huiles végétales à plus de 2 S/m pour les produits à forte teneur en sels et
en eau. L’élaboration des protocoles expérimentales des installations à champs