“Alimenter son bébé avec des jus végétaux (soja, amande, châtaigne…) ou des laits d’animaux autre que le lait de vache
(brebis, ânesse…) est de plus en plus fréquent”
Encouragés par leurs proches, leurs lectures ou leurs réseaux sur Internet, certains parents proposent ces jus ou ces laits
d’origine non bovine à leur enfant en bas âge. Cette nouvelle tendance parait séduire un nombre toujours plus grand de parents
tandis, qu’en parallèle, le nombre de produits proposés aux consommateurs, sans restriction d’âge, ne cesse d’augmenter dans
les magasins ou enseignes spécialisés. En 2011, l’ANSES recensait 211 jus végétaux commercialisés en France1.
Quelles raisons sont à l’origine de ce choix alimentaire des parents ?
Ces raisons peuvent être idéologiques, chez des parents fervents adeptes du végétalisme ou de la “culture bio”, réactionnelles
aux grandes peurs alimentaires générées par le prion, les pesticides ou les OGM, ou encore “médicales”. Coliques du nourrisson,
reflux gastro-oesophagien, allergie aux protéines du lait de vache, prévention des infections ORL récidivantes,
troubles du sommeil, agitation… sont des motifs de préoccupation pour les parents, surtout lorsque ces troubles s’accompagnent
de symptômes qui perturbent la vie familiale. Mal informés et pensant bien faire, les parents peuvent être amenés à arrêter le
lait infantile et à le remplacer par des jus végétaux ou des laits d’animaux type brebis, ânesse…
Pourquoi faut-il s’inquiéter de ces nouvelles pratiques alimentaires ?
Loin d’être une simple mode, ces pratiques s’avèrent en réalité dangereuses pour le développement et la santé du bébé.
Aujourd’hui, le nombre d’enfants victimes de cette alimentation ne cesse d’augmenter à tel point que toutes les équipes de
pédiatrie françaises ont déjà été confrontées à un ou plusieurs cas d’enfants souffrant des conséquences de cette alimentation.
Le nombre de cas recensés, rapportés dans les différents congrès de pédiatrie ou publiés dans les revues de pédiatrie, se multiplient.
Les pédiatres sont inquiets de cette situation et ont alerté les autorités sanitaires et alimentaires en signalant une augmentation
des cas de malnutrition, parfois sévères, chez les enfants nourris avec ces boissons. En outre, l’agence d’évaluation sanitaire
a été saisie sur le sujet et a émis un avis qui contre indique vivement toute utilisation de ces produits avant l’âge de 1 an1.
Nourrir son enfant avec un jus végétal ou un lait animal “à la mode” induit-il des risques pour
son développement et sa santé ?
Les 3 premières années de la vie sont décisives du fait de l’accroissement staturo-pondéral et du développement cognitif et
sensoriel du bébé. Pour assurer ce développement extraordinaire, l’organisme du bébé a des besoins très spécifiques.
La composition des jus végétaux présente des déficits importants qui sont impossibles à corriger, même en augmentant
les apports :
>apport calorique très insuffisant estimé à 50-65 kcal/kg/jour pour des besoins de 100 kcal/kg/jour ;
>pauvreté en protéines ou excès pour le jus de soja ;
>déficit total en calcium, élément nutritionnel indispensable.
Jus végétaux et laits “à la mode”…
quels risques pour la santé du bébé ?
Le Pr Bertrand Chevallier* met les mamans en garde… contre les informations trompeuses et
les pratiques dangereuses.
*Chef du service de pédiatrie de l'hôpital Ambroise Paré à Boulogne, Vice-président de la Commission nationale de la Naissance et de la
Santé de l'Enfant au Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé