PHI 1002-30 : Histoire du concept de philosophie
Session : Automne 2008
Local : N-M210
Horaire : Mercredi 18h-21h
Professeur : Sara Magrin
Tel. 514-987-3000-6221
Rencontre avec les étudiants : Lundi 16h-18h
Description selon l’annuaire
Étude de la philosophie comme activité spécifiquement discursive et examen des figures sous
lesquelles les philosophes se sont représentés leur discipline ; discussion de quelques thèses
relatives à la conception de la philosophie et décisives dans le développement du concept de
philosophie. Distinction et mise en œuvre des catégories considérées comme instruments
d’analyse, par exemple : les fonctions et objets de la philosophie, ses opérations propres, les
règles de production de ses énoncés, ses effets et enjeux théoriques, ses démarcations par
rapport à d’autres types de discours.
Contenu du cours : La philosophie comme recherche de la connaissance
Vers la fin du IVème siècle av. J.-C. Platon fait dire à Socrate dans l’Apologie qu’une vie qui
n’a pas été examinée n’est pas digne d’être vécue. Mais qu’est-ce que Platon veut dire par
ceci ? D’un côté il semble suggérer que les êtres humains, afin de proprement vivre, doivent
considérer ce qu’ils font, c’est-à-dire qu’ils doivent faire attention à ce que leurs actions
soient exemplairement justes. Mais Platon pense aussi que pour se comporter d’une manière
juste il n’est pas suffisant d’étudier les circonstances dans lesquelles on agit ou de s’adapter
aux coutumes du pays où l’on vit. Selon lui, pour agir justement il faut avant tout savoir ce
qu’est la justice. Or pour savoir ce qu’est la justice, selon Platon, il faut se dédier à la
recherche philosophique. Seulement ce type de recherche en effet serait capable de nous faire
connaître ce qu’est le juste et le bon au-delà de toute apparence et de toute opinion subjective.
Mais comment peut-on arriver à connaître le juste et le bon au-delà des apparences ? La
première chose à faire sera d’analyser les opinions qu’on a à propos de ces notions et de les
tester de quelque façon. Cette analyse nous révélera probablement que nous avons beaucoup
d’opinions sur le juste et le bon qui sont en conflit et qui, en fait, s’excluent réciproquement.
Après cette analyse on n’aura pas compris ce qu’est le juste ou le bon, mais on se sera
minimalement débarrassés de toute une série d’idées erronées à ce sujet qui auraient pu faire
obstacle à notre recherche. Pour Platon, il semble, ce qui fait obstacle à la recherche
philosophique c’est surtout notre tendance à concevoir les choses à l’aide des sens.
Cette idée que pour saisir ce qui est bon et juste on doit se débarrasser de notre habitude à
penser les choses seulement en des termes sensibles sera reprise et développée par un
platonicien du IV-Vème après J.-C. : St. Augustin. St. Augustin nous raconte dans ses
Confessions toutes les difficultés qu’il a eues à se former une conception correcte de Dieu.
C’est en lisant les livres de certains platoniciens, nous dit-il, qu’il s’est rendu compte qu’à la
racine de ces difficultés se trouvait son incapacité à concevoir quoi que ce soit autrement que
comme un corps. Les livres de ces platoniciens l’ont convaincu qu’une recherche
philosophique ne peut pas se fonder sur ce qu’on apprend par les sens, mais doit prendre
comme point de départ d’autres principes, c’est-à-dire des principes intelligibles.