Christophe Bertault
Si Gest abélien, alors pour tout H¶Gdistinct de G:µ(H) = |H| × |G|<|G|2=µ(G), donc Gest à lui-même son
propre sous-groupe de Chermak-Delgado. Le théorème éponyme est ici sans intérêt.
Le cas des groupes diédraux, du groupe des quaternions, des groupes symétriques et des groupes linéaires est étudié
ci-dessous sous forme d’exercices. Ce qu’il faut en retenir, c’est que la majoration de Chermak et Delgado n’est pas vraiment
effective, le résultat a avant tout une portée théorique et c’est son universalité qui le rend précieux.
Exemple Soit n¾3. Le groupe diédral Dnpeut être défini abstraitement comme le produit semi-direct Z2⋉ Znissu de
l’action par inversion de Z2sur Zn. Plus explicitement, cela veut dire que : Dn=〈τ〉〈σ〉où τest une involution, σun
élément d’ordre n, et : στ=σ−1.
1) Déterminer Z(Dn), puis CDn(τ), en distinguant selon la parité de n.
2) Déterminer le sous-groupe de Chermak-Delgado de D4.
3) Montrer que si n6=4, 〈σ〉est le sous-groupe de Chermak-Delgado de Dn.
Exemple Montrer que le sous-groupe de Chermak-Delgado du groupe des quaternions est exactement son centre.
Exemple Pour tout n¾5, le groupe symétrique Snne possède pas de sous-groupe abélien distingué non trivial, donc
son sous-groupe de Chermak-Delgado est trivial.
1) Montrer que S4a lui aussi un sous-groupe de Chermak-Delgado trivial.
Finalement, pour tout n¾4 et pour tout A¶Snabélien, le théorème de Chermak-Delgado nous fournit la majoration :
|A|¶pn!. Cette majoration est hélas des plus grossières, comme on le découvre dans les questions qui suivent.
2) Soient n∈N∗et Gun sous-groupe abélien transitif de Sn, i.e. un sous-groupe abélien de Sndont l’action naturelle sur
l’ensemble ¹1, nºest transitive. Montrer qu’alors : |G|=n— ce qui ne signifie pas que Gest cyclique !
3) Pour tout n∈N∗, on note Pnl’ensemble des partitions de n, i.e. l’ensemble des familles (n1,...,nk)d’entiers naturels
non nuls, où kn’est pas fixé, pour lesquelles : n1+...+nk=n.
On pose ensuite : p0=1 et pour tout n∈N∗:pn=max
(n1,...,nk)∈Pn
n1...nk.
a) Montrer que pour tout n∈N∗:pn=max
1¶k¶nkpn−k.
b) En déduire que pour tout n∈N∗:p3n=3net que pour tout n∈N:p3n+1=4×3n−1et p3n+2=2×3n.
4) Montrer que pour tout n∈N∗, tout sous-groupe abélien de Snest d’ordre inférieur ou égal à pnet étudier le cas
d’égalité. On est bien loin de la majoration pn! de Chermak et Delgado.
Le cas des groupes linéaires demande davantage de travail et ne sera qu’esquissé.
Exemple Soient n¾2 et qune puissance d’un nombre premier pour lesquels : (n,q)6= (2, 2)et (n,q)6= (2,3).
1) Montrer les égalités : GLn(Fq)=qn(n−1)
2
n
Y
k=1qk−1et ZGLn(Fq)=q−1.
Par hypothèse sur le couple (n,q), il est connu que les sous-groupes abéliens distingués de GLn(Fq)sont les seuls sous-groupes
de son centre. Le groupe linéaire GLn(Fq)admet dès lors son centre pour sous-groupe de Chermak-Delgado, de sorte que pour
tout A¶GLn(Fq)abélien : GLn(Fq): ZGLn(Fq)¶GLn(Fq):A2, ou encore : |A|¶qGLn(Fq)×ZGLn(Fq).
Si qest grand à nfixé, cette majoration de Chermak-Delgado est de l’ordre de qn2+1
2. De nouveau, le résultat s’avère grossier,
car en réalité pour tout A¶GLn(Fq)abélien : |A|¶max ¦qn−1, qjn2
4k(q−1)©. À défaut de prouver cette inégalité, nous
pouvons au moins montrer qu’elle est optimale en exhibant dans GLn(Fq)des sous-groupes d’ordres qn−1 et qjn2
4k(q−1).
Pour la valeur qn−1, rappelons que le groupe multiplicatif de Fqnest cyclique, disons engendré par ζ. L’application x7−→ ζx
est alors un automorphisme Fq-linéaire d’ordre qn−1 de Fqn, et comme Fqnest un Fq-espace vectoriel de dimension n, cet
automorphisme nous fournit des automorphismes Fq-linéaires d’ordre qn−1 de Fn
q.
2) a) Montrer que pour tout r∈¹1, n−1º, les matrices IrM
0In−r,Mdécrivant Mr,n−r(Fq), forment un sous-groupe
abélien de GLn(Fq).
b) En déduire que GLn(Fq)possède un sous-groupe d’ordre qjn2
4k(q−1).
3) Montrer que si n∈¦2,3©:qn−1>qjn2
4k(q−1), et que si n¾4 : qjn2
4k(q−1)>qn−1.
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