Le Théâtre CÔTÉ COUR et la Compagnie AVANTI présentent de Murray SCHISGAL Adaptation Laurent TERZIEFF Collection des quatre-vents/L’avant-scène théâtre Mise en scène Hélène ZIDI-CHERUY assistée de Daniely FRANCISQUE Avec Célia GRANIER-DEFERRE l Gloria Lionel ROUSSELOT l Ben Lumière André DIOT Décors Frédéric CHÉRUY Costumes Monique PROVILLE En raison du succès saison 2004/2005 REPRISE A partir du lundi 26 septembre 2005 pour 100 représentations du lundi au vendredi à 20h30, relâches samedi et dimanche Théâtre Coté Cour 12 rue Édouard Lockroy 75011 Paris M° Parmentier Plein tarif : 17 € / Tarif réduit : 12 € Attachée de presse Nicole Herbaut de Lamothe Réservations : 01 47 00 43 55 3 rue d’Aumale 75009 Paris Tel : 01 48 78 02 50 [email protected] www.theatrecotecour.com Assistée de François Varlin [email protected] l l de Murray SCHISGAL Un étrange individu surnommé le Tigre enlève Gloria, une passante. Va-t-il lui faire violence ? Il lui tient des propos incendiaires, d’un intellectualisme fumeux, rugissant au rythme du concerto pour piano de Tchaïkovski, s’armant de Nietzsche et de Schopenhauer ! Gloria, insignifiante petite-bourgeoise est tout d’abord terrorisée. Va-t’elle parvenir à l’apprivoiser ? l La pièce l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l L’auteur s’amuse à dénoncer avec un humour, quelquefois cruel, la fuite dans l’irrationnel démagogique de ce personnage qui, ne se sentant pas reconnu pour les talents qu’il se prête, envisage de se venger d’une façon aussi ridicule que confuse. S’ensuivent des attitudes de mauvaise foi qui n’ont d’autres mobiles pour lui que de s’acheter, sinon une bonne conscience, du moins une image de lui-même qui lui permette de continuer à vivre. Comme souvent chez SCHISGAL, il y a décalage entre l’être et le paraître. L’homme qui joue les « tigres » n’est-il pas finalement qu’un tigre de papier ? l Note d’intention l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l Mettre en scène Le Tigre c’est, sans jamais juger, s’essayer à étudier et comprendre les circonstances qui peuvent, en une fraction de seconde, pousser un être à passer à l’acte et vouloir commettre l’irréparable... Je me suis attachée à démêler les failles psychologiques capables de laisser une cassure irréversible dans les cœurs et les esprits, le comportement de la victime paniquée qui, pour garder la vie sauve, essaye de contrôler la folie de son prédateur. En un mot, j’ai cherché à me faire l’avocat de ces deux êtres, tout en donnant à cette pièce une résonance nouvelle et totalement actuelle. Hélène ZIDI-CHERUY 2 l L’auteur l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l Murray SCHISGAL, né à New York en 1926 est tout d’abord Officier dans la marine pendant la Seconde Guerre Mondiale puis jazzman, homme de loi et professeur d’anglais avant que ne commence sa carrière d’auteur dramatique en 1960, lorsque Le Tigre et une autre de ses pièces Les Dactylos sont créés à Londres. Il conquiert alors rapidement sa place au sein du nouveau théâtre américain et multiplie les succès Love, Jimmy Shine, Les Chinois, An American Millionnaire, All over town. Il est également l’auteur de nombreux scénarios pour la télévision et le cinéma dont le fameux Tootsie avec Dustin Hoffman. C’est Laurent TERZIEFF qui le premier, dès 1963, le révèle au public français en adaptant et créant la plupart de ses textes. l Le metteur en scène l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l Dès l’âge de 16 ans, Hélène ZIDI-CHÉRUY commence sa formation de comédienne en suivant les cours au Conservatoire de Nice, puis auprès de Blanche SALANT, pour assister enfin, à New-York, à l’enseignement de l’Actor’s Studio dispensé notamment par Paul NEWMAN. Elle fait ses premiers pas sur scène sous la direction de Jean-Pierre BISSON dans l’Amour est Italien, la mort est Française, incarne le rôle d’Irina dans L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi (mise en scène Alain CORRIERAS), joue avec Bernard MURAT et Sarah SANDERS Si jamais je te pince, j’invite le colonel (mise en scène de Jean-François PREVANT), Coup de soleil de Marcel MITHOIS aux côtés de Danielle DARRIEUX (mise en scène de Jacques ROSNY), Fool for love de SAM SHEPARD avec Niels ARESTRUP (mise en scène de Andréas VOUTSINAS) et Le plus heureux des trois d’Eugène LABICHE (mise en scène Etienne BIERRY). Elle est assistante à la mise en scène de Jacques ROSNY pour La vie est ailleurs, d’Israël HOROVITZ avec Jacques DUPHILO et Sonia VOLLEREAUX. Hélène ZIDI-CHERUY délaisse les planches pour devenir directrice de casting mais le plaisir de diriger des comédiens se fait de plus en plus fort. C’est ainsi que tout naturellement elle évolue vers le coaching personnel notamment pour Laetitia CASTA lors de sa première apparition à la télévision dans La Bicyclette Bleue de Thierry BINISTI, pour Sandra SPEICHERT pour son rôle récompensé par le prix Romy Schneider, dans Profil Bas de Claude ZIDI et plus récemment Laurence BOCCOLINI pour son rôle dans Les Ripoux 3, et Laura PRESGURVIC dans Autant en emporte le vent. Elle crée en 2000 le Laboratoire de l’Acteur qui dispense un atelier d’entraînement pour acteurs. La création du Théâtre Côté Cour s’impose pour y installer dans un premier temps le Laboratoire de l’Acteur puis devenir rapidement le tremplin d’auteurs, d’acteurs et de metteurs en scène. Hélène ZIDI-CHÉRUY grâce à l’aide de son mari Frédéric CHÉRUY ouvrent le Théâtre Côté Cour en 2002 et en deviennent les directeurs. Après Quatre chiens sur un os de John Patrick SHANLEY qui fut joué la saison dernière au Théâtre Coté Cour, Le Tigre de Murray SCHISGAL, qui rentre dans sa deuxième saison de succès à partir du 26 septembre, est sa seconde mise en scène. 3 l Les comédiens l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l l Célia GRANIER-DEFERRE Une formation au Cours Jean PÉRIMONY couronnée par le Prix Louis Jouvet en 1995 puis la rencontre avec Hélène ZIDI-CHÉRUY lorsqu’elle rejoint le Laboratoire de l’Acteur en 2003. Au cinéma, elle joue dans Le monde à l’envers de Rolando COLLA, et pour le petit écran dans de nombreux téléfilms réalisés par Patrick JAMAIN, Charlie BÉLÉTEAU, Alain WERMUS, Paul PLANCHON, Sébastien GRAAL, Pierre GRANIER-DEFERRE. Elle vient d’achever le tournage de Hélas et Hourra de Benoît COHEN et de L’Enfant de la providence de Philippe ROUSSEL. Au théâtre, sur la scène du Théâtre de Ménilmontant, elle a joué dans Rose rouge pour café noir de Igor FUTTERER. Lionel ROUSSELOT Une formation au conservatoire d’art dramatique de TOULON en 1988. Un passage au studio Pygmalion en 2000, puis la rencontre avec Hélène ZIDI-CHERUY lorsqu’il intègre le Laboratoire de l’Acteur en 2003. A l’écran, il participe à de nombreux courts métrages, des films publicitaires et vient d’achever le tournage du dernier film de Jean-Pierre DARROUSSIN, Le Pressentiment. Au théâtre il joue dans Ut Fata Trahunt de Véronique MAUME et dans Hamlet mis en scène par Ghislain GEIGER au Théâtre de Nesle. 4 l LE THÉÂTRE CÔTÉ COUR Direction : Hélène Zidi-Chéruy et Frédéric Chéruy l Après plusieurs années de comédie, 12 ans de direction de casting et de nombreuses expériences de coaching privé, c’est tout naturellement qu’Hélène ZIDI-CHÉRUY crée le Laboratoire de l’acteur en février 2000. Cet atelier d’entraînement permanent pour acteurs professionnels s’installe dans un premier temps au théâtre de l’Atelier et y accueille 3 fois par semaine un groupe de 25 comédiens. Mais rapidement la demande de participer à ces stages est telle, qu’il faut lui trouver un nouvel espace plus approprié qui pourrait ainsi répondre au vœu de chacun. En 2002, avec l’aide de son mari Frédéric CHÉRUY, c’est la découverte et l’achat d’une ancienne entreprise d’électricité. Un an plus tard, le lieu d’origine a laissé place à un théâtre. Le théâtre Côté Cour ouvre ses portes au Laboratoire de l’Acteur et au public, qui au fil du temps va découvrir une programmation exigeante. Depuis, Le Théâtre Côté Cour est un espace de recherche, de création et de vitalité artistiques où se croisent, se rencontrent metteurs en scène et comédiens sur scène et au sein du Laboratoire. Après Monsieur Butterfly d’Howard BUTEN adapté et joué par Patrick MASSIAH en 2003, et Quatre chiens sur un os de John Patrick SHANLEY mis en scène par Hélène ZIDI-CHÉRUY en 2004, le théâtre reçoit début 2005 Scoops, Potins & Assedic un one woman show de Sophie de VILLENOISY ainsi que Le Tigre de Murray SCHISGAL. Le laboratoire de l'acteur www.laboratoiredelacteur.com C’est un atelier d’entraînement destiné aux comédiens délivrant une formation en continu, en souplesse, basée sur la méthode de Constantin STANISLAVSKY revue et corrigée par Lee STRASBERG, Stella ADLER et Hélène ZIDI-CHÉRUY et intégrant un rapport à la caméra comme support pédagogique. L’atelier a pour vocation de permettre à chaque comédien d’accorder et de développer son instrument, de se ressourcer lorsqu’il ne joue pas, d’élargir son répertoire, ou de se préparer dans l’urgence à une audition en ne s’intéressant qu’à un jeu d’acteur chargé d’un sous-texte intime et émotionnel… Hélène ZIDI-CHERUY 5 l CRITIQUES / PRESSE l l 15 février 2005 l Dans un lieu tout nouveau, le Théâtre Côté Entre le tigre et la bourge, cela commence dans la terreur, la ruse et la violence, jusqu’au bord du viol et du sang. Cour, à deux pas du métro Parmentier, Hélène ZIDI-CHERUY a mis en scène une pièce du new-yorkais Murray SCHISGAL. Adaptée jadis par Laurent TERZIEFF elle a pour titre : “LE TIGRE”. Mais peu à peu - et c’est pourquoi le spectacle est fascinant - chacun va servir à l’autre de révélateur. Elle va transformer le tigre en homme. Il va transformer la bourgeoise en femme libre. Et ils renaissent tous deux dans le lit de la révolte et de la volupté. Il y a deux personnages : le tigre et sa proie. Lui, c’est l’autodidacte type. Celui qui ne voit pas encore que la culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié, à commencer par soi-même. Admirablement guidés par Hélène ZIDI-CHERUY, les deux interprètes ne jouent pas. Ils incarnent. Son identité - comme sa parole - bégaye dans la surdité générale des bourgeois pour qui la culture n’est qu’un gadget plus ou moins utile à la carrière. Célia GRANIER-DEFERRE et Lionel ROUSSELOT vont très loin dans la fureur et la sensualité, jusqu’à cet horizon où les deux énergies se confondent. Ne pouvant s’affirmer en tant qu’homme, il se fait symboliquement tigre et ramène chez lui une proie pour la torturer comme seuls les humains savent le faire. Mais leurs paroles, gestes et corps font le chemin sans le moindre faux pas, sans la moindre fausse note. Elle, c’est la bourgeoise type : Tailleur, corsage, combinaison, et jolis bas qui tiennent tout seuls. Mari, cadre et bonnet de nuit. Deux enfants, club de bridge et bonnes œuvres. Elle aussi est mal dans sa peau. Jean-Marc Stricker 6 l 7 février 2005 l Tigre contre tigresse Fascinant huis clos où se joue une confronta- tion dialectique entre un ravisseur et sa prisonnière, Le Tigre raconte l’évolution d’un rapport de force trahissant, au fil de l’histoire, ses propres mécanismes et la vanité de ses motivations. Car n’est-il pas foncièrement vulnérable, celui qui ne se sent fort que dans la soumission d’autrui à son bon vouloir ? Où se trouve exactement le « loser » ? Il semblerait que des deux figures, ce soit la naïve victime qui s’en sorte le mieux, peutêtre parce qu’elle ne se résout ni à la soumission (contrairement aux apparences), ni à la domination (du moins pas celle que son ravisseur exerce). Un spectacle choc et déconcertant où l’on passe de la pure violence à la tendresse, de la lutte féroce à une étrange et solide complicité (...). Hélène Zidi-Chéruy signe ici un spectacle redoutable qui ne ménage pas ses spectateurs. Corsées et terriblement explicites, les scènes de violence sont introduites selon une fréquence qui permet tout juste de reprendre son souffle, sans jamais trop abuser de leur impact sur le public, sans le laisser intact non plus. Interprétation quasi-impeccable des comédiens. Lionel Rousselot campe un sadique particulièrement convaincant, ses gloussements, ses déplacements épileptiques de fou furieux sur la scène, le débit saccadé de ses interventions ou les monologues inquiétants où il se terre parfois le rendent tout simplement effrayant. Après tant de violence, le dénouement a toutefois la tendresse un peu facile : décidément Le Tigre a de quoi troubler. Agnès Jaulin • 25 février 2005 • Le Tigre : L’avis d’evene.fr Le noir, des cris... Un homme rentre brutalement avec une femme sur son épaule. Le mystère est complet, la tension monte, les spectateurs s’interrogent, rentrent dans le huis-clos. Ils deviennent les témoins d’une déstabilisante relation, un univers confl ictuel où le rapport de force évolue au gré des répliques introspectives de personnages ligotés par leurs instincts. Le silence est pesant, la communication progressive. Une étrange relation se construit, la tendresse rentre dans le jeu... Il est d’ailleurs regrettable que le syndrome de Stockholm infecte aussi facilement la jeune femme mais il n’enlève pas l’interprétation convaincante des deux comédiens autour d’une mise en scène subtile et non convenue. Benjamin Le Grall 7 l 27 février 2005 l Célia Granier-Deferre dans les griffes du Tigre l 14 avril 2005 l Elle joue Gloria. Une pauvre petite fille riche séquestrée par un fou dangereux. Dans Le Tigre, une pièce de Murray Schisgal adaptée par Laurent Terzieff, c’est une véritable danse de la mort qui s’engage sous nos yeux entre ce fauve et la jeune bourgeoise. Lui est un individu galvanisé par un désir de vengeance. Rejeté par une société qu’il exècre. Nourri de livres qui ont renforcé sa haine, il entend en faire payer le prix à sa proie arrachée au hasard d’une rue de Neuilly. Elle hurle, pleure, gémit, vomit à la gueule de son tortionnaire ses enfants qui sentent bon le bonheur, ses soirées de bridge et ses ventes de charité. Jusqu’ici, chacun est à sa place. Mais, le couteau sous la gorge et la crise de nerfs aidant, la jeune oie blanche se révèle aussi perdue que le Tigre. Une rencontre étonnante peut alors opérer entre les deux protagonistes dont les colères s’accordent. Célia Granier-Deferre (fille de Pierre) réalise une véritable performance d’actrice dans cette pièce construite comme un polar psychologique. Elle est d’une crédibilité rare dans le rôle de Gloria, et oscille avec habilité de la frayeur à la folie, jusque dans la tendresse. Lionel Rousselot, est tout aussi à l’aise et convaincant malgré l’usage de quelques traits de caricature qui ne sont pas forcément son fait. On regrette un excès de réalisme dans une mise en scène qui aurait gagné en cruauté à s’appuyer sur la violence psychologique plus que sur l’acharnement physique. Heureusement, l’émotion ressentie dans la seconde partie du spectacle fait oublier cela. D. de M. 8 Les enfants de stars entrent en scène Tout petits, ils sont tombés dans la comédie Célia Granier-Deferre (32 ans) incarne actuellement Gloria, pauvre petite fille riche séquestrée par un fou dangereux (Lionel Rousselot), dans «le Tigre», pièce anglaise de Murray Schisgal adapté par Laurent Terzieff. Après une formation chez Jean Périmony (comme Aurore Auteuil), la fille du réalisateur Pierre Granier-Deferre est couronnée en 1995 du prix Louis Jouvet et commence sa carrière au cinéma. Elle tourne «le Monde à l’envers» de Rolando Colla, puis apparaît dans de nombreux téléfilms. En 2003, sa rencontre avec Hélène Zidi-Chéruy est déterminante : elle intègre le Laboratoire de l’acteur et fait ses débuts sur les planches dans « Rose rouge pour café noir », au Ménilmontant. Agnès gnès DALBARD l février 2005 l Un huis clos haletant et sans pitié, entre violence et sensualité Face à face à haut risque en- tre un prédateur et sa proie. Ben, théoricien rebelle et incompris méprise cette société dans laquelle il n’a pas sa place, faite de moutons consuméristes et incultes. Pour se venger, il décide d’enlever Gloria, une jeune bourgeoise innocente sur laquelle il va défouler ses frustrations et assouvir ses fantasmes. Dans son délire de suprématie intellectuel et physique, le Tigre prend plaisir à torturer sa victime mais ses réquisitoires revanchards et sa fébrilité maladive laissent entrevoir un être blessé qui tente de dissimuler son mal-être. Gloria parviendra finalement à percer la carapace et à toucher le cœur du monstre devenu inoffensif… La mise en scène d’Hélène ZidiChéruy d’après l’adaptation de Laurent Terzieff étonne par son inventivité et son modernisme ; son Tigre, remarquablement interprété par Lionel Rousselot, virevolte dans une démesure parfaitement orchestrée ; secoué de tics frénétiques et en prise à des pulsions sexuelles incontrôla- bles, la perversité et la violence du personnage nous mettent parfois mal à l’aise tant les situations sont extrêmes et le rapport de force insupportable. La prestation de Célia GranierD e f e r r e e n o t a g e a ff o l é e e t suppliante renforce le parti pris réaliste de la mise en scène et apporte au texte de Schisgal une dimension dramatique qui contraste avec l’euphorie amoureuse du dénouement. Un spectacle surprenant et intense. Emmanuel Plé l 8 mars 2005 l N’est pas féroce celui qu’on croit... Tout commence avec une en- trée fracassante et terrifiante : un homme porte une femme sur ses épaules, enfermée dans un gros sac en toile, et la dépose sur le sol de son appartement, un lieu étrange où l’esprit de son propriétaire semble être calqué sur les murs recouverts d’un capharnaüm d’affiches, de citations et d’extraits d’articles de journaux. Sa victime a été choisie avec soin : il a laissé passé huit «bourgeoises» avant de se décider pour celle-ci à cause de ses talons hauts qui claquaient. Il lui explique, en faisant appel à Nietzsche et à Schopenhauer, que sa seule façon de survivre dans cette société déshumanisée, c’est de retrouver la bête féroce qui est en lui, d’utiliser sa force primitive sur un jouet : elle sera cet objet à violenter et à mutiler. Sur ce postulat de départ - une relation de maître à esclave qui forcément va se retourner -, le dramaturge new-yorkais Murray Schisgal a créé une pièce juste aux mots et aux gestes crus. La mise en scène d’Hélène Zidi-Cheruy la retranscrit avec précision, mettant en avant une violence physique d’autant plus impressionnante qu’elle est rare sur une scène de théâtre. Ses comédiens tiennent cette éprouvante proposition de bout en bout, en particulier Célia Granier-Deferre. Remarquable en bourgeoise malheureuse, celle-ci est capable de passer de l’animal traqué à la femme fatale tout en évitant les clichés. On pense à un autre huis clos, celui de La jeune fille et la mort, mais ici la séquestration ne 9 s’appuie sur aucun secret. Toute la tension repose uniquement sur la logique étrange du bourreau, puis sur l’évolution du rapport de force entre les deux personnages. C’est par les mots que tout bascule, ceux de l’homme qui interdisent, qui se heurtent, et ceux de la femme qui rapidement terminent les phrases, puis qui jouent et répondent. La scène de transition entre l’univers violent de la séquestration et celui, étrange, de la compréhension et de la tendresse est particulièrement réussie : elle consiste en un jeu où chacun propose un mot à épeler à l’autre. Ainsi de «physiologie» à «concaténation», le spectateur finira par ne plus voir dans la bête féroce qu’un tigre de papier voulant être apprivoisé. Marie Figarella l 15 mars/15 mai 2005 l Hélène Zidi-Chéruy, la persévérance et la passion Metteur en scène et directrice du Théâtre Coté Cour Une petite rue, une petite cour, une petite salle. C’est le laboratoire-théâtre de Hélène Zidi-Chéruy. Prendre soin du public et des comédiens, elle s’y connaît : c’est la fille de Claude Zidi ! D’où vous vient cette passion pour les comédiens? pour être dans la lumière et y demeurer. J’ai toujours baigné dans le milieu artistique. Petite, je Comment cette passion vous traînais sur les tournages de a t-elle conduit à ouvrir ce films les mercredis après- théâtre ? conçu un atelier midi ;j’ai vu travailler de J’ai d’entraînement pour acteurs Funès, Coluche, Depardieu, Belmondo, Serrault... J’étais professionnels, le Laborafascinée. J’ai commencé toire de l’acteur, au Théâtre à 16 ans sur les planches, de l’Atelier, puis j’ai décidé j’ai joué 10 ans. Puis je de m’agrandir et de créer un suis devenue directrice de théâtre. Je n’avais pas encastings. De là, je suis devvie d’être dépendante et je enue coach de comédiens, voulais donner à des spectafaisant travailler Laëtitia Cascles la possibilité d’exister, de ta, Laura Presgurvic, Laurence “On a refait vivre, de s’installer. Monter un spectacle Boccolini, je les cette salle c’est accompagnais, beaucoup de à l’huile travail et de gros inles aidais à mettre en place leur rôle de coude !” vestissements. J’ai et très naturelleenvie de me battre ment cela m’a conduit à la pour les autres, défendre mise en scène. Il fallait tous des spectacles, en créer, ces paliers pour en arriver là, comme un mille-feuille! défendre les acteurs. MainJ’adore les acteurs, j’adore tenant je mène de front le «l’instrument», je sais ses Laboratoire et la direction de vulnérabilités, ses fragilités, cette salle, ce qui me permet son manque de confiance de produire mes pièces. 10 Ouvrir une salle, c’est un projet ambitieux à l’heure actuelle... Ce qui est important, c’est la persévérance et la passion. Mieux vaut être libre à ta tête d’une petite salle de 60 places que dépendant d’une grande. On peut, si on le veut jouer un spectacle sur de longues périodes. Maintenant les gens sont bousculés, les théâtres font jouer des stars. Les places sont chères et je trouve pénible que ce qui peut être un grand moment de bonheur soit parfois une grosse souffrance! Il faut se battre envers et contre tout pour des spectacles, des créations, se donner des moyens, s’accrocher. Ce théâtre est ouvert depuis bientôt deux ans. À l’origine, c’était un entrepôt d’électricité; avec mon mari, nous avons tout refait à l’huile de coude, des sièges à la peinture.Ma soeur qui est maître-verrier à fait les vitraux étonnants de l’entrée. Actuellement nous avons à l’affiche en alternance un one woman show Scoops, Potins et Assedic, et Le Tigre de Murray Schisgal dont j’ai signé la mise en scène. Je vous y attends ! Propos recueillis par François VARLIN THÉÂTRE l 16 mars 2005 l “ Le Tigre” au Théâtre Côté Cour Corps à corps CRITIQUE Les deux comédiens, Célia Granier-Deferre et Lionel Rousselot servent avec talent la mise en scène très réaliste. (Photo J.-P. Louzouet/MAXPPP) Lassé de ses échecs, un homme qui dit se nommer le Tigre enlève une femme au hasard dans la rue. Que Cherche-t-il ? Est-ce simplement une manière dʼexister enfin aux yeux dʼun individu ? Est-ce un tueur fou comme on en voit de plus en plus ? La pièce repose sur ce suspense. Schisgal sʼamuse à montrer la vanité des êtres jusque dans leur médiocrité. Malheureusement, la pièce sʼenlise un peu vers la fin. C’est effectivement dommage. D’autant qu’elle est un peu attendue, cette fin ! Et ce n’est pas la faute d’Hélène Zidi-Chéruy, qui signe une mise en scène charnelle, très réaliste, violente comme il le faut pour donner un peu de corps à ce texte. Les deux comédiens, Célia GranierDeferre et Lionel Rousselot, la suivent avec talent sur cette pente courageuse. Si on aime un théâtre dérangeant, on sera servi ! JEAN-LUC JEENER l 15 avril 2005 – n°1182 l Le Tigre de Murray Schisgal Il y a dans cette nouvelle mise en scène du Tigre, de Murray Schisgal, trois explications à une incontestable réussite. Tout d’abord, d’une pièce vieille de plus de quarante ans sur l’enlèvement d’une femme et l’intention de viol d’un maniaque, Hélène Zidi-Cheruy tire un spectacle résolument actuel, qui évite l’écueil d’une pièce aux couleurs démodées. Les trouvailles scéniques, la jeunesse des deux interprètes, l’actualité de la violence qu’ils génèrent semblent la prise sur le vif d’un fait divers dramatique. La seconde raison de ce succès tient à la configuration de la salle : le Théâtre Côté Cour est petit, l’espace scénique est de plain-pied avec les sièges, on se croirait dans la chambre où se noue le drame, spectateur impuissant, presque voyeur d’une folie violente. On est saisi. Et si l’on est saisi, c’est - troisième raison que l’interprétation est impecca11 ble. Célia Granier-Deferre en victime épuisée qui tente, pas à pas, d’apprivoiser son bourreau, voire de le séduire, est vraie. Face à elle, Lionel Rousselot est un détraqué obsédé, au jeu particulièrement riche, un «Tigre» bourré de tics et de « tocs», sadique et vulnérable. Sa composition est celle d’un très bon comédien. A la manière dont ils laissent le regard du public les approcher sans crainte, comme le ferait une caméra de cinéma, on sent une direction d’acteurs très présente. Hélène Zidi-Chéruy, longtemps directrice de castings, sait faire naître en ses comédiens des personnages profonds, crédibles. Une véritable création de rôles, d’un réalisme à fleur de peau. François Varlin l 23 au 30 avril 05 l l 16 au 22 avril 05 l Célia Granier-Deferre et Lionel Rousselot : au bout d’eux-mêmes. la chair du tigre a commence très fort ! Un homme projette violemment une femme dans une pièce. Elle a les yeux bandés. Elle est terrorisée. Il la maltraite. On comprend très vite qu’il s’agit d’un enlèvement et que la jeune femme est la proie idéale d’un individu étrange qui se fait appeler « le Tigre ». Aujourd’hui, la pièce de Murray Schisgal, que Laurent Terzieff a révélé au public français il y a maintenant bien des années, prend une résonance particulière. L’enlèvement est devenu un sport mondial : les journalistes, particulièrement, en savent quelque chose ! Hélène Zidi-Chéruy, par sa mise en scène, sait, dans nos coeurs de spectateurs, se faire l’écho de cette actualité : terreur, violence physique, provocation sexuelle, les comédiens, Célia Granier-Deferre et Lionel Rousselot, vont au bout d’eux-mêmes. Et c’est très impressionnant. Hélène Zidi-Chéruy fait un bon choix et donne ainsi à la pièce quelque chose de vraiment nécessaire. Mais Schisgal aurait été le premier étonné. L’homme est d’abord un intellectuel en quête de sens. Sa pièce (on a pu le vérifier au Guichet-Montparnasse dans une mise en scène plus sage) est ambiguë, littéraire, ludique. Elle se veut davantage une réflexion sur le langage que sur le terrorisme. Elle pourrait paraître vieillotte. Par la grâce de la mise en scène, elle est redevenue moderne. n JEAN-LUC JEENER Pour la performance Célia Granier-Deferre /Lionel Rousselot, un sacré couple Lui, lionel Rousselot, est «le Tigre» (d’où le titre de la pièce*). Elle, Célia GranierDeferre, est sa proie. Cette petite-bourgeoise bon chic bon genre se retrouve entre les pattes d’un paumé hors du commun, marginal déclassé surfant entre Tchaïkovski et Nietzsche. Il la martyrise, la brutalise, voyant à travers elle un monde qu’il abhorre. On croit qu’il va la violer, puis la tuer. Mais, comme toujours dans les pièces de Murray Schisgal, les rôles se complexifient, au point de s’inverser. Le tigre finit par faire patte de velours face à une fausse chatte abandonnée, plus révoltée qu’il y paraît. L’opposition tourne à la connivence, physique et intellectuelle. La performance d’acteurs est impressionnante, surtout dans la première partie du spectacle, quand Célia Granier- Deferre et Lionel Rousselot s’opposent dans un face-à-face qui tourne souvent au corps à corps incertain. n Jack Dion 12 l 9 mai 2004 l Hélène Zidi, la passion du théâtre ELLE a coaché Laëtitia Casta sur La bicyclette bleue. Comme directrice de casting, elle a vu passer Ludivine Sagnier, Marion Cotillard ou encore Virginie Ledoyen. Hélène ZidiChéruy, fille du réalisateur des Ripoux et d’Astérix, rêvait pourtant de devenir comédienne. “De théâtre, précise-t-elle. Je ne pensais pas au cinéma. D’ailleurs, je Après avoir comédienne, coach, me suis inscrite au conserva- auteur, elle met en scène, Quatre chiens toire de Nice à l’âge de 16 sur un os. Photo R. Delalande/JDD ans.” Pourtant, aujourd’hui, Arestrup, une pièce dont j’avais c’est elle qui dirige, qui conseille, qui forme ces obtenu les droits à force de bagarre. Mais je ne supportais acteurs qu’elle aime tant. À 44 ans et trois enfants plus plus de dépendre du désir des tard, Hélène Zidi a trouvé sa metteurs en scène et directeurs voie, après un parcours riche en de casting. Alors vous êtes devenue expériences multiples qu’elle directrice de casting ? appelle sa “pâte feuilletée”. La voilà qui met en scène dans son C’est un métier difficile. Les propre théâtre Quatre chiens sur productions veulent que vous un os, de John Patrick Shanley. leur dénichiez la perle rare en Une satire de Hollywood où il une semaine, d’autres vont au est question du métier d’acteur. théâtre tous les soirs pour trouRencontre avec une passion- ver “l’acteur idéal”. née. Pourtant, vous avez arrêté Vous êtes restée le métier. comédienne durant dix ans. J’ai joué de grands rôles, com- J’ai eu envie de me mettre au me dans Fool for love de Sam service des acteurs comme Shepard aux côtés de Niels j’aurais aimé qu’on le fasse 13 avec moi. Certains m’ont demandé de les coacher à l’année. Aux États-Unis, les acteurs, qu’ils soient stars ou débutants, travaillent en permanence et s’entraînent comme des sportifs pour se préparer aux tournages. De grands réalisateurs disent que jouer ne s’apprend pas. Béatrice Dalle n’a pas appris. Elle était extraordinaire dans 37°2 le matin, mais elle est restée cantonnée à ce type de rôle. Alors que Sharon Stone est passée de Basic Instinct à Casino, de Martin Scorsese, après avoir longuement travaillé avec un coach. Désormais, vous êtes metteur en scène. Pour la première fois, et c’est l’aboutissement de tout ce que j’ai appris. Qu’est-ce que vous devez à votre père dans tout ça ? Avec ma mère, il m’a appris la lucidité et m’a donné le goût de la liberté. D.d.M. Quatre chiens sur un os. Tlj à 21h sauf le lundi. Dim à 16h. Théâtre Côté Cour, 12 rue EdouardLockroy, 11è, 01 47 00 43 55. Jusqu’au 31 juillet.