INSTITUT UNIVERSITAIRE UNIVERSITAIRE DE FORMATION DES MAITRES MAITRES DE CRETEIL FACULTE DE BIOLOGIEBIOLOGIEMEDECINE DE BOBIGNY 1989- MARS 2000 LES DEFICITS IMMUNITAIRES IMMUNITAIRES (A L’EXCEPTION DU SIDA) SIDA) INTRODUCTION : QUELQUES DEFINITIONS I - LES DEFICITS IMMUNITAIRES PRIMITIFS : A) LES DEFICITS SPECIFIQUES : 1) Déficits Immunitaires Combinés Sévères ou DICS 2) Syndrome de Di George 3) Syndrome de Bruton 4) Le syndrome d’hyper IgM. B) LES DEFICITS NON SPECIFIQUES : 1) Déficits génétiques constitutionnels en polynucléaires neutrophiles. 2) Déficits génétiques en complément. II - LES DEFICITS IMMUNITAIRES ACQUIS : A) LIES A DES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX. B) LIES A DES SYNDROMES IMMUNOPROLIFERATIFS ET À LEURS TRAITEMENTS (à l’exclusion des formes dues à des rétrovirus). C) LES DEFICITS LIES A DES INFECTIONS : D) LES DEFICITS ASSOCIES A DES TROUBLES METABOLIQUES : David, atteint d’un déficit immunitaire combiné sévère (le syndrome des lymphocytes dénudés), dans sa bulle stérile. JEANJEAN-PIERRE GESLIN PROFESSEUR AGREGE INTRODUCTION : Les limites du sujet vont être définies par le sens qu’on donne au mot « immunité » : Initialement, le mot « immunité » était réservé à « l’acquisition par l’organisme de propriétés de défense nouvelles et spécifiques à la suite d’une infection ». Par la suite, on a désigné sous ce nom l’ensemble des facteurs humoraux et cellulaires (spécifiques ou non de l’agent agresseur) qui protègent l’organisme contre les agressions infectieuses et parasitaires et contre la prolifération maligne ou des tissus greffés. Dans cette seconde acception, une déficience en un facteur humoral non spécifique comme le lysosyme ou le complément ou une déficience en un type cellulaire non spécifique comme les polynucléaires neutrophiles (qu’il s’agisse d’une déficience qualitative ou quantitative) font partie intégrante du sujet. 1 enfant sur 100 naît avec une maladie génétique grave et on connaît plus de 4000 maladies héréditaires. La thérapie génique consiste à soigner les maladies héréditaires en introduisant des gènes normaux dans l’organisme des patients, si possible à la place exacte du gène déficient : on prélève des cellules au patients, on y introduit le gène « thérapeutique » et on réintroduit les cellules manipulées dans l’organisme. La thérapie génique peut être efficace même si toutes les cellules ne sont pas « corrigées ». Un certain nombre de déficits immunitaires primitifs sont susceptibles d’être traités par cette méthode. On emploie des rétrovirus, comme vecteurs des gènes thérapeutiques, rétrovirus capables d’infecter des types cellulaires très variés, qui transforment leur ARN en ADN dans les cellules qu’ils infectent et insèrent cet ADN dans les chromosomes. Les cellules cibles sont ici, de préférence, les cellules de la moelle osseuse où se forme le sang. Jean-Pierre Geslin, professeur. 2 On peut classer ces déficits d’après : 1) leur moment d’apparition, 2) leur nature, 3) ou leur cause. 1) Moment d’apparition du déficit : a) Déficits primitifs b) Déficits acquis (= antérieur à la naissance). (= postérieur à la naissance). DICS. SIDA. Di George. Cytomégalovirus = C.M.V. Bruton. EBV. Syndrome d’hyper IgM. Lèpre lépromateuse). Déficits héréditaires en Hémopathies malignes (déficits variés). polynucléaires neutrophiles (P.N.). Déficits en fractions du complément. 2) Nature du déficit. a) Déficit cellulaire (diminution de l’activité et du nombre) : des T4 (SIDA, CMV, thiopurines : 6 mercaptopurine = Purinéthol et azathioprine = Imurel ). des LB (EBV, agents alkylants : cyclophosphamide = Endoxan et chlorambucil = Chloraminophène ). des macrophages (polio). des LB , des LT et des cellules phagocytaires : corticoïdes. Déficit en P.N. (granulomatose septique chronique, maladie de Chediak-Higashi, médicaments ...). b) Déficits humoraux : des fractions du complément. des anticorps. 3) Cause du déficit. a) Origine virale : HIV, CMV. b) Origine bactérienne : lèpre. c) Prolifération maligne : * LLC diminution des immunités humorales et cellulaires. * Kahler : IgG monoclonaux. * Waldenström : IgM monoclonaux. Hodgkin (un lymphome) : de l’immunité cellulaire surtout. d) Traitement immuno-suppresseur : * Sérums antilymphocytaires. * Substances immuno-suppressives. e) Cause génétique : Jean-Pierre Geslin, professeur. 3 I - LES DEFICITS IMMUNITAIRES PRIMITIFS : A) LES DEFICITS SPECIFIQUES OU « ENFANTS - BULLE » (DICS, SYNDROMES DE DI GEORGE ET DE BRUTON) : A1) LES DICS (= déficits immunitaires combinés sévères) ou SCID ou DIMG (= déficits immunitaires mixtes, graves) : Déficits visibles dès l’âge de 2 mois après la naissance (avant, les nourrissons sont partiellement protégés, de façon passive, par les anticorps d’origine maternelle). Infections graves et répétées du fait de l’absence totale d’immunité : • virales (rougeole, varicelle, CMV = cytomégalo- virus). • bactériennes (pyocyanique et colibacilles). • champignons (Candida albicans). • Protozoaires (Pneumocystis carinii). ⇒ Outre les symptômes spécifiques, on peut noter : des pneumopathies traînantes, des éruptions cutanées récidivantes et des diarrhées. ⇒ Les enfants doivent être placés dans une enceinte stérile... une « bulle » qui les mettra à l’abri des micro-organismes et ceci jusqu'à reconstitution complète de leur système immunitaire : ce sont les « Enfants bulle » sinon, mort généralement avant 6 ans (souvent plus tôt), malgré les traitements antiinfectieux. Attention aux vaccination par le BCG (vaccin bactérien vivant) : risque de BCGite. Antérieurement : risque avec la vaccine ou cow-pox (vaccin à virus vivant) avec risque de « vaccine généralisée ». Thymus atrophique, ganglions et rate déshabités. Enfant atteint de DICS X et contraint de rester isolé en chambre stérile en attente de greffe de moelle osseuse compatible ou de thérapie génique. Photo Florence Durand/Sipa press Jean-Pierre Geslin, professeur. 4 Analyse : • absence de rosettes E quand on met en présence des globules rouges de moutons à 4 ° Celsius et des lymphocytes du sang humain déficit en lymphocytes T pas d’immunité à médiation cellulaire. • des rosettes EAC (pour Erythrocyte-Anticorps-Com↑ Schémas : Bach et Lesavre. plément ) qui permettent de détecter certains lymphocytes B (mais tous les LB ne portent pas ce récepteurs et les monocytes et polynucléaires en sont pourvues) ici, LB. • une hypogammaglobulinémie franche (= des immunoglobulines) après disparition des anticorps maternels. Causes très variées mais maladies d’origine génétique récessive en général, certaines liées au chromosome X et d’autres autosomiques. Chez certains DICS liés à l’X, un groupe de récepteurs à diverses cytokines, normalement présent à la surface des cellules précurseurs des lymphocytes T et des cellules Natural Killer dans la moelle osseuse et le thymus « est inexistant ou bien inopérant ». De ce fait, ces cellules (CD 34+) ne reçoivent plus les messages nécessaires à leur différenciation. Plus précisément : une sous-unité de ces récepteurs est codée par le gène gamma c = γc et c’est cette sous-unité qui est commune aux récepteurs des interleukines 2, 4, 7, 9 et 15. Chez d’autres DICS liés à l’X, ce sont les lymphocytes B qui sont concernés. Les DICS non liés à l’X peuvent correspondre à des déficits en enzymes ou à des déficits en molécules de surface. Qu’ils soient liés à l’X ou non, les DICS peuvent être combinés à d’autres anomalies : c’est le cas : Du Syndrome de Wiskott et Aldrich ou WAS lié à l’X. Du syndrome d’Ataxie - Télangiectasie héréditaire ou AT = syndrome de Louis-Bar non lié à l’X. ATTENTION : dans un cas sur 2, il est possible de détecter des lymphocytes T circulants d'origine maternelle (microchimérisme). Jean-Pierre Geslin, professeur. 5 a) Déficits en enzymes : Absence d’une enzyme des hématies et des lymphocytes : l’ADA ( = Adénosine Désaminase Erythrocytaire) qui permet le passage : adénosine ADA inosine bases puriques accumulation de substrats situés en amont : désoxyadénosine, AMP, ADP, ATP et de leurs dérivés effet toxique sur les LB et surtout les LT dont les divisions se trouvent bloquées ( en nombre surtout des T lymphopénie ici profonde). La fonction des T et des B est diminuée (avec de la production d’Ig = hypogamma-globulinémie). On peut d’ailleurs obtenir le même effet en ajoutant un inhibiteur de l’ADA à des globules normaux. Présence d’anomalies osseuses (de la jonction chondrosternale et du pelvis) et neurologiques. Correspond à presque la moitié des DICS. (200 cas rapportés dont 20 actuels). Déficit en purine nucléotide phosphorylase ou PNP entraînant une accumulation d’un métabolite toxique : la déoxyguanosine triphosphate qui détruit les lymphocytes T en division le nombre des T progressivement et la fonction des B est compromise. Pas d’anomalies osseuses mais, dans 2/3 des cas, des atteintes neurologiques plus graves (tétra ou di parésie spastique des extrémités et retard mental). Stigmates d’auto-immunité dans 1/3 des (anticorps anti-nucléaires, anémie hémolytique auto-immune). Les taux d’acide urique sanguin et urinaire sont abaissés. Une 20 aine de cas décrits. Cause génétique : sur le bras long du chromosome 20. L’absence correspond à une Diagnostic anté-natal possible au 2ème trimestre sur le sang foetal anomalie d’un gène porté par le bras ou sur une culture de cellules amniotiques. Les parents sont long du chromosome 14. hétérozygotes avec une activité ADA proche de 50 %, sans anomalie immunologique. Fourniture de l’enzyme manquante sous forme d’une molécule de synthèse : le PEG-ADA en injections sous-cutanées (mélange d’adénosine désaminase et de polyéthylène glycol qui stabilise l’enzyme). Greffe de moelle osseuse d’un donneur compatible (afin d’éviter Greffe de moelle osseuse prélevée une réaction du greffon contre l’hôte). sur un donneur compatible (afin Thérapie génique sur les lymphocytes T extrait du sang ( Cf. d’éviter une réaction du greffon travaux de l’équipe américaine de Mickael Blaese et French contre l’hôte). Anderson, septembre 1990) : on fournit l’ADN codant l’enzyme. Les travaux sur l’animal L’ADN était introduit grâce à au rétrovirus de Maloney – virus responsable de leucémies chez la souris - mais qui ne contenait ici que 2 gènes permettent d’espérer la possibilité d’enveloppe et 2 gènes LTR (= Long Terminal Repeat) entre lesquels on d’une thérapie génique. insérait le gène ADA. Il s’ensuivit une production faible d’ADA avec des Ig et LT et mise à l’épreuve par vaccins… Mais les résultats obtenus était difficilement distinguables de ce qui revenait à la complémentarité médicamenteuse en ADA que les enfants continuaient de recevoir. L’injection de virus était réalisée 1 fois par mois car les lymphocytes T ont une durée de vie de quelques mois et car on ne savait pas introduire le gène dans les cellules souches de la moelle. ... Cela est devenu possible dès 1993 sur des cellules souches du singe rhésus ( cf. travaux de l’équipe du néerlandais Van Beusechem). Au bout d’1 an, les cellules réinjectées vivaient encore. ère 1 chez l’enfant Carly Todd à Londres en mars 1993. Résultat insuffisant. Méthode à perfectionner. Risque : activation d’un oncogène inactif (un inducteur de cancer) ou inactivation d’un anti-oncogène (un suppresseur de cancer) car le virus s’intègre dans les LT en une localisation aléatoire. Jean-Pierre Geslin, professeur. 6 b) Déficits liés à un défaut de molécules de surface : Déficit de maturation des LB ou des LT et des cellules NK. Syndrome des lymphocytes dénudés. Selon les cas, les lymphocytes B portent ou non des immunoglobulines de surface, mais on a toujours soit une agammaglobulinémie soit une hypoglobulinémie. 60 cas recensés, le 1er décrit par Jean-Louis Touraine en 1974. Les LT et les NK sont totalement absents (1 garçon sur 200 000 naissances). L’affection peut être liée au sexe ou autosomique récessive. Le nombre des lymphocytes B et T est normal dans 80 % des cas mais les lymphocytes CD4+ ne sont pas fonctionnels du fait d’un défaut dans la présentation des antigènes ... avec des conséquences sur l’activité des LB. Cause : pas de système HLA de classe 2 sur les lymphocytes (bien que les gènes du CMH soient normaux) pas de sélection positive des CD4+ dans le thymus et cellules présentatrices d’antigènes sans CMH de classe 2 pas de réponse contre les micro-organismes mort par infections dans les mois qui suivent la naissance. A noter qu’1 cas de famille présentant un déficit en CMH de classe 1 a été décrit. L’affection se transmet sur un mode autosomique récessif. Diagnostic réalisable dès le stade foetal (18ième semaine de grossesse) par prélèvement de sang dans le cordon. Greffe de moelle compatible ou de tissu fœtaux ou La greffe de moelle est moins efficace que pour thérapie génique. les autres DICS. Touraine sur David : injection, sous contrôle Alain Fischer et Marina Cavazzana-Calvo écho-graphique, dans le cordon ombilical de (INSERM) on traité, par thérapie génique, des cellules de foie foetal à la 28ème semaine de vie DICS X liés à l’absence d’un récepteur sur les intra-utérine (1989). précurseurs des LT et NK. (2 enfants ont fait l’objet d’une publication dans « Science » Les cellules provenaient des foies de 2 foetus de en 2000, 1 an après leur traitement). 7 et 8 semaines : le foie, entre les 8 et 12 èmes Après prélèvement sous anesthésie générale de 50 semaines de gestation, est le siège de à 70 ml de moelle osseuse, les cellules précurseurs l’hématopoïèse et de la lymphopoïèse. Avant la CD 34 + ont été isolées et cultivées 3 jours en 13ème semaine, il n’existe ni cellules T, ni présence de facteurs de croissance. Une copie développement thymique. normale du gène γc a été introduite en utilisant Sortie de la bulle en août 1990. Immunité un rétrovirus rendu inoffensif et mis en contact 3 cellulaire bonne mais Ig déficitaires injection fois en 3 jours avec les cellules précurseurs. de gamma-globulines toutes les 3 semaines. 3 à 4 jours plus tard, les cellules modifiées ont été réinjectées par voie intraveineuse. Les infections ont disparu, la réponse immunitaire aux vaccinations (DT Polio) a été normale. Les 2 premiers garçons traités, aux âges de 11 et 8 mois, ont quitté l’hôpital 3 mois après l’intervention. Leurs nombres de T et de NK sont normaux et stables. Aucun effet indésirable n’a été observé. Jean-Pierre Geslin, professeur. 7 c) Déficits combinés avec d’autres anomalies : Syndrome de Wiskott et Aldrich ou WAS. Syndrome d’Ataxie - Télangiectasie héréditaire ou AT = syndrome de Louis-Bar. 400 cas publiés. Déficit immunitaire avec des infections à répétition (otites et infections pulmonaires). Les nombres des LB et LT sont d’abord normaux mais les LT diminuent progressivement et la lymphopénie est profonde vers 6 ans. La fonction des LB est avec des IgM (mais IgG normales, IgA et IgE ) infections variées. La réponse vis-à-vis des antigènes polysaccharidiques est nulle. Déficit fonctionnel des LT. Thrombopénie précoce Déficit immunitaire cellulaire (le thymus est anormalement petit) et humoral à l’origine d’infections bactériennes notamment bronchopulmonaires (avec souvent une dilatation des bronches) et O.R.L. Le nombre des LT circulants est normal mais il existe un excès de LT immatures. des Ig A (dans 70 % des cas) souvent associé à un déficit en IgG (des sous-classes IgG2 et IgG4) et IgE mais IgM non modifiées. Ataxie cérébelleuse (une ataxie est un trouble de la (souvent néo-natale) avec nombre de plaquettes inférieur à 30 000 par mm3 avec thrombopathie hémorragies digestives, épistaxis et purpura. des cancers (lymphomes) et eczéma chronique inconstant. Transmission récessive liée au bras court du chromosome X. A ce niveau, le gène code pour une protéine dite WAST protein qui joue un rôle régulateur dans la fonction et le développement des LT et des plaquettes. L’évolution spontanée aboutit au décès avant 10 ans. Curable par greffe de moelle osseuse précoce. motricité lié à un défaut dans la coordination du jeu musculaire sans de la force musculaire) qui se révèle après l’âge de la marche. Télangiectasies (= dilatations sinueuses de capillaires cutanés, comme on en observe dans la couperose). Elles sont ici cutanées et conjonctivales et apparaissent vers 5 ans. des cancers (des lymphomes). La maladie est associée à un défaut de réparation de l’ADN, avec sensibilité accrue des chromosomes aux rayons X, des cassures et des translocations, en particulier au niveau des chromosomes7 et 14. Une dysgénésie gonadique. Transmission autosomique récessive. Le gène dit « ATM » est localisé sur le bras long du chromosome 11 et code pour une enzyme impliquée dans la transduction du signal de la mitose et dans le contrôle de l’apoptose. En 1997, on ne dispose pas encore d’un diagnostic anté-natal. Evolution fatale durant l’adolescence par infections ou hémopathies malignes. Les immunoglobulines réduisent les infections. Il n’y a pas de traitement efficace. Jean-Pierre Geslin, professeur. 8 A2) LE SYNDROME DE DI GEORGE : Un syndrome est un ensemble de symptômes qui caractérisent une malade. Chaque année, il naît 2000 enfants aux US.A. atteint de cette malformation congénitale. Heureusement 5 à 10 % seulement présentent un syndrome complet. Syndrome de Di George qui affecte 1 nouveau-né sur 4000. A signaler les malformations crânio-faciales : a) L’écartement des yeux (hypertélorisme). b) La forme des oreilles et leur implantation basse. c) Le raccourcissement du sillon naso-labial de la lèvre supérieure. Photographie extraite d’« immunologie » de Roitt, Brostoff et Male 1994 - De Boeck Université. Tétanie : contractures musculaires prédominant aux extrémités et affectant également le pharynx suffocation et convulsions sévères. • du Ca++ dans le plasma : 60 à 70 mg par litre au lieu de 100 ± 3 mg. Cette hypocalcémie s’exprime également au niveau du liquide interstitiel qui baigne les cellules et augmente l’excitabilité des fibres nerveuses contracture des muscles. • du phosphore dans le plasma : 60 à 70 mg par litre au lieu de 30-35 mg/l. S Y M Infections diverses surtout virales et fongiques ... en particulier une candidose : le muguet. P A noter l’absence de rosettes E (avec les globules rouges de mouton) qui signe T O l’absence de lymphocytes T et un déficit de l’immunité à médiation cellulaire. Les lymphocytes B sont en nombre variable (pas de lymphopénie en général) et il y a M une diminution de la diversité des immunoglobulines mais elles existent. E S Parfois anomalies cardiaques (tétralogie de Fallot) : voir page suivante. Jean-Pierre Geslin, professeur. 9 La tétralogie de Fallot est une « maladie bleue » (cyanose = coloration bleuâtre de la peau et dyspnée = difficulté respiratoire) se traduisant par : Schéma d’une « tétralogie de Fallot » extrait de l’encyclopédie Hachette « Médecine pour vous ». 1. un rétrécissement du tronc de l’artère pulmonaire 2. une du ventricule droit. 3. une communication entre les 2 ventricules 4. une aorte à cheval sur les 2 ventricules. Remarque : il existe des « Di George » partiels avec hypoparathyroïdie et déficit T partiel révélé par des infections (en particulier muguet). C A U S E S Une embryopathie des 3èmes et 4èmes poches et arcs branchiaux liée à une microdélétion du bras long du chromosome 22 (gène en position 22q11 identifié en 1999 par un chercheur de Dallas : Deepak Srivastava et qui code une protéase) et des facteurs extrinsèques (diabète ou alcoolisme de la mère, effets délétères de l’acide rétinoïque) : • absence de parathyroïdes (qui dérivent des parties dorsales des 3èmes et accessoirement des 4èmes poches branchiales) pas de parathormone hypercalcémiante agissant sur os (par stimulation des ostéoclastes), intestin (par du passage des entérocytes vers les espaces intercellulaires, l’action passant par une de la concentration en AMP cyclique) et rein (par des pertes) hypocalcémie. • absence congénitale de thymus (qui dérive des parties ventrales des 3èmes et accessoirement des 4èmes poches branchiales). Normalement, les ébauches apparaissent dès la 6ème semaine de la vie embryonnaire puis migrent ensuite et sont colonisées à la 8ème semaine par des cellules lymphocytaires d’origine d’abord hépatique puis médullaire Ici, la conséquence est un déficit en lymphocytes T de la production d’Ig (non pas en quantité mais en diversité). • anomalies cardiaques liées à l’embryopathie des poches branchiales. Tous ces tissus ont une même origine embryonnaire : les cellules de la crête neurale. Jean-Pierre Geslin, professeur. 10 T R A I T E M E N T S Diagnostic prénatal possible. Greffe de cellules thymiques ou hépatiques prélevées sur un foetus humain de moins de 13 semaines (ceci afin d’éviter une réaction du greffon contre l’hôte) en fait entre 8 et 12 semaines. L'équipe américaine de Dr Louise Market (Duke University) a greffé du thymus prélevé sur des bébés âgés de 2 à 35 jours subissant une intervention cardiaque (ce qui sous-tend une exérèse partielle du thymus qui à cet âge recouvre une bonne partie du cœur). L'équipe prélève un fragment de 2 à 10 grammes de thymus, le coupe en lamelle et le place en culture pendant 2 semaines de façon à détruire la plupart des cellules T matures. Les lamelles sont ensuite étalées côte à côte "comme du bacon dans une poêle" dans un muscle de la cuisse "le plus gros muscle dans ces petits corps". "Les vaisseaux musculaires se développent dans les lamelles du thymus et les nourrissent". On peut ainsi obtenir une guérison totale même pour les formes complètes. Une enfant greffée à 3 mois a aujourd'hui 6 ans et vit en "parfaite santé à son domicile". Cf. "New England Journal of Medecine" du 14 octobre 1999. Quelques améliorations par injection d’hormones thymiques (thymosine). Signalons l’existence chez la souris, d’une mutation dite « NUDE » dont les manifestations sont analogues au syndrome de « Di George ». Lorsque ces animaux sont monozygotes, ils deviennent incapables de rejeter une greffe incompatible, même xénogénique (peau humaine, peau de poulet ...). A noter que la synthèse d’anticorps reste possible vis-à-vis de certains antigènes. Jean-Pierre Geslin, professeur. 11 A3) LE SYNDROME DE BRUTON (ou agammaglobulinémie liée au sexe) : S Y M P T O M E S Ils apparaissent dès la disparition des immunoglobulines maternelles. Infections survenant à partir de l’âge de 6 mois, sévères et récidivantes, d’origine bactérienne essentiellement : otites, méningites, ostéomyélites, pleurésies, pneumonies, bronchites, infections cutanées. Elles sont liées à un déficit global et massif en toutes les immunoglobulines avec ganglions lymphatiques de petite taille et amygdales absentes. Il n’existe aucune anomalie des lymphocytes T. L’absence d’IgA sécrétoires, dont on connaît le rôle anti-infectieux local, implique des otites et des sinusites chroniques. (« Roitt » - 1985). Structure d’une IgA sécrétoire dont la fonction est de neutraliser les toxines Les IgA peuvent exister sous forme monomérique (qui domine dans le sérum humain), sous forme de dimère (présent dans les sécrétions : colostrum, mucus in-testinal ou bronchique, salive, larmes, liquide prostatique et sécrétions vaginales), de trimère ou même de polymère (sérum). Les IgA n’activent pas le complément. Les 2 composants des dimères (IgA sécrétoires) sont reliés par la chaîne J, glycoprotéine de 137 acides aminés (synthétisée par les lymphocytes B et les plasmocytes, qui a un effet stabilisateur et qui existe aussi dans les IgM) et par le composant sécrétoire (produit par les cellules épithéliales : intestin, voies biliaires bronches, glandes salivaires, lacrymales, mammaires et utérines, tubules rénaux et qui protège l’IgA de la protéolyse). C A U S E 1er déficit immunitaire connu (1952), c’est une maladie à transmission récessive liée au gène XLA (= X-linked agammaglobulinemia) ou Btk (Bruton tyrosine kinase) localisé sur le chromosome sexuel X et qui donc ne touche que le garçon. La protéine kinase codée par ce gène intervient dans la différenciation des lymphocytes pré-B. 1 cas sur 100 000 naissances. T R AI TE ME NT S Le diagnostic pré-natal est possible. γ globulines en injections périodiques (0,5 à 1 g par kg toutes les 3 semaines). Antibiotiques (non totalement efficaces) en cas de surinfection. Les γ globulines protègent l’enfant contre les infections générales mais l’absence d’IgA sécrétoires entraîne irrémédiablement des otites et des sinusites chroniques et surtout une dilatation des bronches conduisant à une insuffisance respiratoire chronique. Jean-Pierre Geslin, professeur. 12 A4) LE SYNDROME d’HYPER IgM : S Y M P T O M E S C A U S E TR AI TE ME N TS Quantité normale ou des IgM et absence des autres classes d’Ig : IgG, IgA et IgE infections (un peu moins sévères que dans la maladie de Bruton). Par contre les IgD sont présentes à taux normal ou augmenté. Le nombre des lymphocytes T est normal. On note une hyperplasie ganglionnaire, une fréquence élevée de neutropénies et de infections opportunistes à Pneumocystis et à Cryptosporidium. Parfois des anticorps anti-IgM et anti-plaquettes. Transmission liée au sexe, le gène responsable est localisé sur le bras long du chromosome X. Concerne un homme sur 500 000. Pour que les lymphocytes B passent d’une production d’IgM ou d’IgD à une production d’autres Ig, il faut que l’ADN du noyau subisse un remaniement préalable : la commutation isotypique ou « SWITCH ». Cette commutation nécessite un contact entre lymphocytes LB et LT. Les CPA (qui peuvent être des lymphocytes B) activent les LT4 et entraînent l’apparition d’une protéine-ligand (dénommée CD40L ... « L » pour « ligand » ou encore glycoprotéine gp 39) sur ces T4 et la production par ceux-ci d’interleukines 4 et 10 liaison possible du T4 avec le récepteur CD40 des lymphocytes B, LB qui sont simultanément activés pat IL4 et IL10 remaniement chromosomique dénommé « commutation » : le LB qui produisait jusqu’ici des IgM ou des IgD va synthétiser des IgG, des IgA ou des IgE. Sur 7 malades étudiés, 2 équipes, en France et en Allemagne, ont établi que le gène qui code la protéine-ligand des LT présente une mutation ou une délétion (cf. « Nature » du 11/02/1993) la commutation isotypique ne se produit pas. Le diagnostic anté-natal est possible. Les perfusions d’immunoglobulines à la dose de 0,5 à 1 g/kg toutes les 3 semaines diminuent les infections. On envisage de fournir une forme soluble de CD40L ou de corriger le déficit par thérapie génique ou encore de pratiquer des greffes médullaires. Jean-Pierre Geslin, professeur. 13 A5) DEFICITS SELECTIFS EN IMMUNOGLOBULINES : Déficits sélectifs en IgA : Déficits en sous-classes d’IgG : Incidence de 1/700. La concentration totale en Ig G est Plus des 2/3 des enfants n’ont pas de normale ou augmentée mais 1 ou symptômes. Les autres présentent des plusieurs classes sont absentes infections de la sphère ORL, des infections IgG3, IgG2 + IgG4). pulmonaires et digestives. Concerne des enfants qui Leur taux de maladies allergiques, de répondent mal aux antigènes maladies auto-immunes et de cancers est polysaccha-ridiques : élevé. pneumocoques, méningocoques et Le taux d’IgA sérique est fortement haemophilus. abaissé et des anticorps anti-IgA sont Ces enfants sont symptomatiques présents dans 50 % des cas. ou présentent des otites, des Chez 20 % existe un déficit en IgG2 pneumopathies, des sinusites et des associé. diarrhées. Les injections d’immunoglobulines sont Traitements : injections dangereuses (risque de réactions d’immunoglobulines et anaphylactiques). antibiothérapie. Jean-Pierre Geslin, professeur. 14 I - LES DEFICITS IMMUNITAIRES PRIMITIFS : B) LES DEFICITS NON SPECIFIQUES : 1) Déficits génétiques constitutionnels en polynucléaires neutrophiles. 1a) Informations préalables concernant le polynucléaire normal : Les P.N. représentent 60 à 70 % des globules blancs du sang. Leur taille se situe entre 12 et 14 µ de diamètre. Les formes matures présentent un noyau segmenté. Leur différenciation implique : les interleukines 1, 3, 6 et 8, le GM-CSF et le G-CSF. Ils se répartissent dans le sang en un pool marginal (fixé à l’endothélium des veinules post-capillaires et non décompté lors d’une analyse de sang) et un pool circulant (accessible à la numération sanguine). Ils quittent le sang par diapédèse au bout de Polynucléaire neutrophile 4 à 10 heures en adhérant aux cellules (coloré au May-Grunwald Giemsa) endothéliales par le biais de molécules : les Document du Dr. O. Gentilhomme du laboratoire sélectines et les β intégrines. Ils survivent 1 à d’hématologie de l’hôpital Herriot à Lyon. 2 jours dans les tissus avant d’être phagocytés par les macrophages. Ils possèdent des récepteurs pour le complément (CR1, CR3 et RC5a) et pour le fragment Fc des immunoglobulines. Ils constitue une 1ère ligne de défense, fixent et phagocytent les microbes extracellulaires (principalement les bactéries et les levures mais aussi les parasites comme le plasmodium) opsonisés par le complément ou les anticorps puis les détruisent (bactéricidie) quand les phagosomes fusionnent avec les lysosomes. Les granulations, faiblement colorées par les colorants acides (éosine) et basiques (bleu de méthylène, hématoxyline) sont de 3 types. On distingue des granulations primaires ou azurophiles (de couleur pourpre), des granulations secondaires et des péroxysomes. Granulations primaires = azurophiles : Granulations spécifiques = neutrophiles = secondaires. Elles apparaissent en 1er. Elles apparaissent ensuite. Taille : 0,5 à 0,8 microns. Nombre : 500. Forme allongée. Taille : 0,1 à 1 microns. Nombre : 600 à 700. Forme sphérique (0,2µ µ) ou en bâtonnet (0,1x1µ µ). Myélopéroxydase : Lactoferrine : En présence d’H2O2, d’iode, de brome ou de chlore, elle inhibe puis tue les virus, les bactéries, les champignons microscopiques (5 à 10 mn après la phagocytose). Capte le fer et le cuivre, ce qui a un effet bactériostatique. Enzymes hydrolytiques : Assurent la digestion des microbes. Lysosyme. Lysosyme : Enzyme qui dégrade la muréine des parois bactériennes (muréine = chaîne de sucres réunies par des ponts d’acides aminés). Granulations tertiaires ou vésicules sécrétoires. Phosphatase alcaline. Tétranectine. Gélatinase. Collagénase + gélatinase + cytochrome b 558. Jean-Pierre Geslin, professeur. 15 L’interleukine 8 est le plus puissant facteur attractant des P.N. Le P.N. synthétise de l’interleukine 1, de l’interleukine 8, du TNF, du TGF (Tumor Growth Factor) β et du PAF ainsi que du LTB4. Le GM-CSF, le G CSF et l’interleukine 1 prolongent la vie des P.N. en inhibant leur apoptose. 1b) Anomalies quantitatives Certaines neutropénies sont liées à des traitements médicamenteux mais il en existe des primitives. L’arrêt de la maturation des P.N. peut se faire à différents stades. 1c) Anomalies qualitatives Granulomatose septique chronique ou CGD : Maladie autosomique récessive ou liée au chromosome X correspondant en fait à un groupe de déficits touchant au moins 4 chromosomes. Il peut s’agir d’une anomalie affectant la NADP oxydase qui permet la réaction NADPH + 2O2 → NADP + + 2O -- + H+ Il peut s’agir d’une mutation dans le gène codant la sousunité alpha ou la sous-unité bêta du cytochrome membranaire B 558 qui est spécifique des phagocytes. Ce cytochrome agit comme une enzyme catalysant la réaction d’oxydation du NADPH. Des syndromes proches sont liés à un déficit en myéloperoxydase ou en phosphatase alcaline. La conséquence est une incapacité à produire l’anion superoxyde (O2 activé = O - -) et le peroxyde d’hydrogène (H2O2) qui sont bactéricides et levuricides et ceci sans que la phagocytose soit affectée. Le nb des P.N. est accru mais leurs fonctions sont . Par contre, l’immunité cellulaire et l’immunité humorale sont normales et le nombre de leucocytes est augmenté. Les infections, qui apparaissent souvent la 1ère année de la vie, sont essentiellement bactériennes (Staphylococcus aureus) et mycosiques (Aspergillus). Elles affectent la peau, les poumons et le tube digestif avec adénopathie, augmentation du volume de la rate et du foie. Le diagnostic utilise le NBT ou nitrobleu de tétrazolium, colorant jaune pâle qui est capté par les polynucléaires. En présence d’ions H+ (résultat de l’oxydation du NADPH), le NBT se réduit et il se forme un précipité violet à l’intérieur des polynucléaires. Cette réaction ne se produit pas chez les malades. Le traitement relève de la greffe de moelle. Traitement prophylactique par trimethoprimesulméthoxazole et antifongiques. Interféron gamma. Jean-Pierre Geslin, professeur. Maladie de Chediak-Higashi : On connaît un modèle animal chez le vison dont la fourrure devenue bicolore (foncée/argentée) sous l’effet de la maladie, est alors très recherchée. Chez l’homme, c’est une maladie à transmission autosomique récessive décrite pour la 1ère fois en 1952. Elle est liée à une anomalie membranaire des organites cellulaires inclusions géantes caractéristiques (lysosomes) à contours irréguliers apparaissant par fusion des granules azurophiles. Les fusions de lysosomes se retrouvent dans les cellules hépatiques, les glandes surrénales et les cellules de l’hypophyse antérieure. Les granulations spécifiques sont normales. de la bactéricidie et de la destruction des virus (fièvre, angines et rhinopharyngites à répétition), adénopathies, splénomégalie et hépatomégalie. Déficit partiel en myéloperoxydase. Sécrétions inadaptées en lymphokines et monokines, anomalie de la présentation des antigènes et disparition de l’activité NK. Hémorragies par anomalie plaquettaire. Hypopigmentation pouvant confiner à l’albinisme (œil, peau), cheveux très clairs, argentés, fins et soyeux. Traitement prophylactique et thérapeutique par antibiotiques + doses élevées d’acide ascorbique. La greffe de moelle est la seule véritable solution. 16 2) Déficits génétiques en complément : 2a) Informations préalables concernant le complément : La découverte de l’alexine ou complément est attribuée à Bordet (bien que Nuttal l’ait précédé ...). Il comprend une 20 aine de protéines plasmatiques groupées en 4 classes : • la voie classique déclenchée par la combinaison d’un antigène avec son anticorps spécifique et qui comprend C1q qui active C1r qui agit sur C1s qui clive C4 et C2. Il s’ensuit la perte de petits fragments (C4a et C2b) et la formation d’une C3 convertase constituée de C4b2a. • la voie alterne qui est initiée par le composant polysaccharidique de la Voie alterne : membrane cellulaire d’un micro-organisme Schéma extrait du « Roitt » - 1985. et comprend un facteur C3b préexistant qui se fixe sur le facteur B (qui est fonctionnellement l’homologue de C2). Le facteur D clive C3bB en 1 fragment Ba qui est perdu et un fragment Bb qui reste lié à C3b. Le complexe C3bBb est la C3 convertase de la voie alterne. Il se dissocie assez rapidement s’il n’est pas stabilisé par la properdine. • la voie effectrice commune qui débute par le clivage de C3, permettant la formation de la C5 convertase de la voie classique (ou C4b2a3b) et la C5 convertase de la voie alterne (ou C3bBb3b). Cette voie aboutit à la formation du complexe d’attaque membranaire ou CAM : le C5b fixe le C6 puis le C7 et le C8. Le complexe C5b678 catalyse la polymérisation de C9. • et le groupe des protéines régulatrices : citons le facteur H qui inhibe la formation des 2 enzymes pro-convertases : C4b2a (convertase classique) et C3bBd (convertase alterne) qui ont en charge de cliver C3 et la protectine = CD 59 qui empêche la fixation de C9. Document du professeurTranum-Jensenet et du docteur Bhadki. Complexe lytique inséré dans la membrane. Schéma extrait du « Roitt » - 1994. Jean-Pierre Geslin, professeur. 17 2b) Oedème angioneurotique héréditaire ou OAH (déficit en C1 inhibiteur = C1INH) : 2c) Déficits à l’origine d’un lupus érythémateux disséminé : C1q, C1r, C1s, C2 et C4 (caractères autosomiques récessifs). Peu d’infections mais maladie auto-immune du type lupus disséminé. Les infections latentes entraînent l’apparition de complexes immuns qui ne sont pas ici solubilisés du fait de l’absence d’un élément du complément. Le déficit en C2 est le plus Photographie extraite du « Roitt » - 1994. fréquent. Les 1ères manifestations débutent généralement ----------------------------------------après 10 ans. Crises d’oedème des extrémités, du tronc et de la 2d) Déficits en C3 mais aussi face. Ces oedèmes sont blancs non inflammatoires et en C5, C6, C7, C8 (caractères ne s’accompagne ni de prurit ni d’urticaire. autosomiques récessifs): Maladie à transmission autosomique dominante. Ils persistent de 24 à 48 heures. C3 : Infections bactériennes Lorsque l’oedème affecte l’intestin, il s’accompagne de douleurs abdominales intenses et de vomissements. répétées (à pyogènes) qui Lorsqu’il touche les voies respiratoires supérieures s’expliquent par le fait que le C3 avec formation d’un oedème laryngé, il existe un intervient dans l’opsonisation risque de mort par asphyxie. des bactéries pyogéniques. Le diagnostic est évoqué lorsqu’il existe une baisse C5, C6, C7, C8 : Infections à du C2 (qui n’existe que dans certaines formes) et du Neisseria gonorhaeae C4 (constante dans les différentes formes) lors des (gonocoques) et Neisseria crises d’oedème. Il est confirmé par le dosage du C1INH qui est à 20 % de la normale dans 85 % des meningitidis (méningocoque). cas. Dans 15 % des cas, le taux de C1NH est normal, Le déficit en C9 existe mais est c’est sa fonction qui est atteinte. Cause : déficit en C1 INH qui inhibe normalement la asymptomatique. voie classique du complément au niveau C1r et C1s mais 2e) Déficits en properdine (lié au aussi la coagulation (par inactivation du facteur 12 ou chromosome X) et en facteur facteur de Hageman, la production de bradykinine et de D ( ? ) : mêmes infections que kinine C2. dans les déficits en C5 à C8. Son absence entraîne une production de C3a et C5 a mais aussi de bradykinine et de kinine C2 qui accroissent la perméabilité vasculaire oedème. Traitements : * androgènes * antiplasmine (le plasminogène produit par le foie est à l’origine de la plasmine, la plasmine active le C1s et le C3 et intervient dans la fibrinolyse). * Des préparations de C1 inhibiteur sont disponibles. Jean-Pierre Geslin, professeur. 18 II - LES DEFICITS IMMUNITAIRES ACQUIS : A) LES DEFICITS LIES DES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX (à l’exclusion des traitements anti-cancéreux et immuno-suppresseurs) : La toxicité des médicaments est rare mais grave La surveillance de la numération doit être systématique lors de toute prescription médicamenteuse susceptible d’induire une toxicité. Nous ne traiterons que de l’atteinte d’origine médicamenteuse des polynucléaires (= des granuleux) envisageant successivement l’agranulocytose et l’aplasie médullaire. 1) Agranulocytose : L’agranulocytose médicamenteuse se définit comme un nombre de P.N. inférieur à 200 par mm3 suite à la prise durable d’un médicament ou à sa réintroduction récente. Elle régresse spontanément après arrêt du médicament responsable. La récupération se fait en 7 à 14 jours et est d’autant plus longue que l’atteinte médullaire est plus marquée. L’agranulocytose est plus fréquente dans le sexe féminin et chez les sujets porteurs de HLA B27 mais il existe de plus des susceptibilités individuelles. 2 grands mécanismes toxicité directe du médicament : sur les progéniteurs des P.N. Exemple : chlorpromazine. diagnostic Médicaments susceptibles d’induire une agranulocytose (liste non exhaustive) L’atteinte toxique est découverte : • dans 8 % des cas lors d’une numération formule sanguine systématique. • dans 20 % des cas devant une fièvre élevée. destruction immunologique : le médicament se comporte comme un haptène et un anticorps dirigé contre cet haptène détruit la cellule. Cet effet se produit sur les éléments de la moelle ou sur les éléments circulants. Exemple : amidopyrine. Début brutal par une fièvre associée à une angine ulcéro-nécrotique et des crampes et des arthralgies. Ces symptômes seraient dus à la libération de substances présentes dans les P.N. La numération montre moins de 200 granuleux par mm3 parfois associés à une anémie et une thrombopénie modérée. - Médicaments antibactériens - Psychotropes * Pénicilline (haute dose) * Sulfonamides et Céphalosporines * Chloramphénicol * Rifampicine et Isoniazide * Chlorpromazine * Clomipramine et Thioridiazine * Diazépam et Imipramine * Méprobamate et Promazine - Médicaments antimalariques - Antithyroïdiens * Pyriméthamine * Hydroxychloroquine et Quinine * Méthylthiouracile * Propylthiouracile et Carbimazole - Médicaments antiulcéreux - Hypoglycémiants * Cimétidine et Ranitidine - Anticonvulsivants * Chlorpropamide et Tolbutamide - Diurétiques * Phénytoïne, Primidone et Carbamazépine * Acétazolamine et Chlorothiazide * Spironolactone - Médicaments rhumatologiques * Allopurinol et Colchicine * Indométacine et Sels d'or * Fénoprofène et Phénylbutazone * D-pénicillamine * Noramidopyrine et Lévamisole Traitements - Médicaments cardio vasculaires : * Captopril, Disopyramide, Hydralazine, Pindolol, Propranolol et Ticlopidine D’après « Le concours médical » du 28/03/1992. Arrêter tous les médicaments suspects. Jean-Pierre Geslin, professeur. 19 Hospitaliser le patient pour une antibiothérapie. Informer le sujet du risque de récidive s’il y a réintroduction du médicament. La récupération est en général bonne mais une mortalité de 10 à 20 % subsiste malgré le traitement antibiotique immédiat. 2) Aplasie médullaire : Elle est 3 fois plus rare que l’agranulocytose soit 2 cas pour 1 million d’habitants. L’aplasie médullaire (aplasie = absence de fabrication) est une diminution de la production de la moelle osseuse concernant les 3 lignées avec neutrophiles inférieurs à 200 par mm3 et plaquettes inférieures à 30 000 par mm3. La profondeur de la granulopénie et de l’anémie conditionne le pronostic. Elle fait suite à la prise durable d’un médicament ou à sa réintroduction récente. Elle se révèle le plus souvent par un syndrome infectieux ou un syndrome hémorragique : purpura, épistaxis ou hémorragies des gencives. Plus rarement, l’anémie est au 1er plan. A l’analyse, elle est normocytaire et les réticulocytes sont inférieurs à 10 000 par mm3. Il existe, ici encore, des phénomènes de susceptibilité individuels. Le mécanisme est, dans la plupart des cas, inconnu. On sait néanmoins que le chloramphénicol inhibe la synthèse du DNA mitochondrial et bloque la production médullaire par ce biais. Sa toxicité peut être retardée et le médicament peut avoir été arrêté des semaines, voire des mois auparavant avant que l’aplasie ne s ‘exprime cliniquement. La ponction sternale, nécessaire à la confirmation du diagnostic, trouve une moelle pauvre. Médicaments susceptibles d’induire une agranulocytose (liste non exhaustive) - Agents anti-infectieux : - Anti-inflammatoires non stéroïdiens * Chloramphénicol (1) * Pyriméthamine (3) et Sulfonamides * Phénylbutazone (2) et Sels d'or (4) * Colchicine (5) et Indométacine - Anticonvulsivant : - Diurétiques Phénytoïne * Thiazidiques et Chlorothiazide - Médicaments antimalariques - Antithyroïdiens : * Chloroquine et Amodiaquine - Anticoagulant : Phénindione - Psychotropes * Chlorpromazine * Chlordiazépoxyde. * Méthylthiouracile et Propylthiouracile - Hypoglycémiant oral * Chlorpropamide D’après « Le concours médical » du 28/03/1992. Les n° indiquent l’ordre de fréquence. Traitements Arrêter tous les médicaments suspects. Hospitaliser le patient pour une antibiothérapie. Informer le sujet du risque de récidive s’il y a réintroduction du médicament. Le GM-CSF n’entraîne un accroissement des polynucléaires neutrophiles que si le nombre de P.N. est initialement supérieur à 20 par mm3. La greffe de moelle allogénique est parfois nécessaire en cas de nonrécupération. On connaît des cas d’évolution vers la leucémie aiguë. Jean-Pierre Geslin, professeur. 20 B) LES DEFICITS LIES A DES SYNDROMES PROLIFERATIF ET À LEURS TRAITEMENTS : IMMUNO- La grande majorité des déficits immunitaires acquis observés dans les pays développés sont la conséquence de traitements des cancers par radiothérapie et chimiothérapie. En phase aiguë : les infections, surtout bactériennes et fongiques, sont essentiellement liées à un déficit en polynucléaires neutrophiles. Sur le long terme, il s’agit plutôt d’infections virales et par des microorganismes opportunistes liés à un déficit en lymphocytes B. * LLC diminution des immunités humorales et cellulaires. * Kahler : IgG monoclonaux. * Waldenström : IgM monoclonaux. La maladie a été initialement décrite en 1944 par Ian Waldenström, elle affecte essentiellement les personnes âgées après 60 ans. Les symptômes (... quand ils existent) sont une asthénie associée à une adénopathie, une hépatomégalie et une splénomégalie. Il existe souvent une anémie modérée (hémoglobine de l’ordre de 11 grammes par litre) et une augmentation de la vitesse de sédimentation (V.S.) parfois supérieure à 100 mm dès la 1ère heure. La maladie correspond à une prolifération monoclonale (toutes les cellules expriment les mêmes marqueurs) de cellules d’aspect intermédiaire entre les lymphocytes et les plasmocytes (cellules lympho-plasmocytaires) siégeant au niveau de la moelle osseuse, des organes lymphoïdes, des ganglions, de la rate et du foie. Le myélogramme permet, en présence d’une infiltration lymphoplasmocytaire, de confirmer la maladie. Toutes ces cellules sécrètent une IgM décelable sous la forme d’un pic étroit à l’électrophorèse des protéines. Cette IgM peut être un auto-anticorps antihématies (c’est la maladie des « agglutinines froides »), un auto-anticorps antiIg (facteur rhumatoïde détectable par le test eu latex ou le Waaler-Rose) ou un auto-anticorps anti-myéline (à l’origine d’une neuropathie associée). Une surcharge protidique trop importante (hyperviscosité) avec ses risques de troubles visuels et auditifs et sa tendance ecchymotique cutanéo-muqueuse peut conduire à une plasmaphérèse. Contrairement au myélome, il n’existe pas de manifestations osseuses. Actuellement, le traitement n’est pas curateur. Il diminue l’expression de la maladie (en ralentissant la prolifération lympho-plasmocytaire) et peut la rendre inapparente, le patient retrouvant assez souvent son allant en 3 ou 6 mois. On utilise le chloraminophène à la dose de 2 à 3 comprimés par jour. * Hodgkin (un lymphome) : de l’immunité cellulaire surtout. Jean-Pierre Geslin, professeur. 21 Le GM-CSF (granulocyte Macrophage Colony Stimulating Factor) ou facteur de croissance granulo-monocytaire est une glycoprotéine qui stimule la prolifération et la différenciation des cellules souches hématopoïétiques en polynucléaires et en monocytes-macrophages. Il est maintenant produit par génie génétique sous le nom de Molgramostime et vendu sous le nom de « Leucomax » administré en I.V. ou en sous-cutané. Il est utilisé chez les cancéreux qui présentent une immunosuppression liée à une chimiothérapie à haute dose. On l’emploie également après une greffe autologue ou une greffe hétérologue de moelle. Par rapport aux témoins traités par placebo lymphomes nonHodkiniens tumeurs solides Durée de la neutropénie Durée de l’antibiothérapie Nombre d’épisodes de fièvre ? Durée d’hospitali -sation L’administration en I.V. ou en sous-cutané, après chimiothérapie ou greffes, de G-CSF, glycoprotéine également produit par génie génétique sous les noms de « Filgrastime » et « Lénograstime » et vendue sous les noms respectifs de « Neupogen »et « Granocyte »). Le G-CSF diminue de façon significative la durée de la neutropénie, du nombre d’épisodes fébriles, de la quantité d’antibiothérapie et de durée d’hospitalisation (mais ces 2 derniers points restent discutés) après chimiothérapie qu’il s’agisse d’un lymphome non Hodgkinien ou d’une tumeur solide (cancer pulmonaire par exemple). Jean-Pierre Geslin, professeur. 22 C) LES DEFICITS LIES À DES INFECTIONS : Il s’agit principalement de la rougeole (dans les pays en voie de développement) et du virus de l’immunodéficience humaine. SIDA ( des LT4). Cytomégalovirus = C.M.V. ( des LT4 et fonction des T8 suppresseurs). EBV ( des LB). Lèpre lépromateuse ( des T). Les différents types de lèpre, tous dus au bacille de Hansen, sont déterminés par l’état nutritionnel du sujet : • si l’état nutritionnel du sujet est bon, une réponse immunitaire à médiation cellulaire peut se mettre en place. Cette réponse, qui caractérise la lèpre tuberculoïde, est évaluable par la réaction cutanée à la lépromine. Présence de granulomes formés de cellules épithéliales et de lymphocytes. • lorsque le système immunitaire est défaillant du fait d’une dénutrition, apparaît la lèpre dite lépromateuse (sorte de forme généralisée). • la lèpre interpolaire est intermédiaire. Les granulomes sont ici responsables de la destruction des nerfs périphériques avec pour conséquence des insensibilisations et des amputations. Polio ( des macrophages). Jean-Pierre Geslin, professeur. 23 D) LES DEFICITS ASSOCIES A DES TROUBLES METABOLIQUES : MALNUTRITION. C’est une des causes essentielles des déficits immunitaires particulièrement dans le Tiers Monde et, chez les personnes âgées, dans les pays développés. Les anomalies concernent surtout les cellules T., le taux des anticorps étant souvent, au contraire, augmenté. On incrimine souvent les carences vitaminiques conséquence de la malnutrition. La leptine est également impliquée. On a remarqué que les souris génétiquement déficitaires en leptine (souris ob/ob) ou en récepteur de la leptine (souris db/db) étaient obèses mais de plus présentaient un déficit immunitaire avec réponse anormalement basse des cellules T. In vitro, à des doses comparables aux doses physiologiques, la leptine s’est révélée capable d’induire une prolifération des cellules T (plus au niveau des T « naïfs que des T à mémoire). D’autres travaux in vivo vont dans le même sens. Il semble que la leptine puisse faire basculer le profil immunitaire Th2 vers le profil Th1. Cf. travaux de Lord et collaborateurs publiés dans « Nature » du 27 août 1998. Le déficit en fer, comme sa surcharge induit chez le nourrisson, une diminution de la bactéricidie. DIABETE. Le diabète sucré est à l’origine d’infections récidivantes siégeant surtout au niveau de la peau et des voies urinaires. INSUFFISANCE RENALE. L’insuffisance rénale s’accompagne d’un déficit de l’immunité cellulaire (avec des L circulants de l’ordre de5 %) et d’un déficit de l’hypersensibilité retardée. Il y a activation des monocytes (avec de la production d’IL1, d’IL6 et de TNF alpha) et des lymphocytes T CD4+ mais un déficit en IL2 bloque la réaction immunitaire. Chez les malades ayant subi des transfusions, la bactéricidie des neutrophiles est fortement diminuée du fait d’une surcharge en fer. Pour toutes ces raisons : • on note un défaut de réponse lors de la vaccination contre l’hépatite B. • les hépatites B et C se chronicisent souvent. • les infections sont nombreuses et il existe une élévation de fréquence des septicémies (à point de départ cutané ou intestinal) et des péritonites. Jean-Pierre Geslin, professeur. 24