Les Papillomavirus humains (HPV) AGENTS ETHIOLOGIQUES DU CANCER DU COL UTERIN L’étude qui accompagne ce site web à été réalisée par M. Sébastien JOYEUX au Laboratoire DEFRANCE dans le cadre d’un stage étudiant pour l’obtention de la maîtrise de biologie cellulaire et physiologie appliquée mention neurosciences, de l’université de ROUEN HPV, éthiologie du cancer du col utérin ? Cancer du col utérin dans le monde Le cancer du col utérin est confirmé comme étant la première tumeur solide viro-induite par l’HPV. Il est placé au deuxième rang des cancers féminins dans le monde, après le cancer du sein. Dans le monde, 4 millions de femmes sont atteintes, on recense 400 000 nouveaux cas par an et plus de 200 000 femmes en décèdent. Le développement du dépistage par examen cytologique a permis une diminution drastique de la mortalité par cancer du col utérin en France. Par ailleurs, les limites du dépistage cytologique semblent pouvoir être améliorées par le recours à d’autres techniques, comme la recherche du portage du virus HPV oncogène sur le col. Le cancer du col utérin passe par plusieurs stades sur le plan anatomo-pathologique : les phases CIN, CIN 1, 2 puis 3, étant l’équivalent du cancer in situ qui va devenir ultérieurement un cancer infiltrant. Selon la classification cytologique de Bethesda, on appelle lésions de bas grade, les lésions CIN 1 dues à des HPV, et des lésions de haut grade, les lésions CIN 2 et CIN 3, considérées comme potentiellement maligne. Cependant, une infection à HPV ne signale pas nécessairement l’apparition d’une lésion cervicale. En effet, 60 à 80% des infections à HPV sont transitoires (la durée moyenne d’une infection à HPV est de 8 à 14 mois) ; de plus de nombreux CIN régressent spontanément. Néanmoins, les femmes avec un frottis normal et une infection persistance à HPV ont un risque multiplié par 100 à 200 de développer une lésion de haut grade par rapport aux femmes non infectées (Rozendaal et al., 1996). L’infection Deux types de condylomes ou papillomes peuvent être observés : les condylomes plans sont des papules surélevées blanchâtres tandis que les condylomes acuminés sont des tumeurs molles avec des digitations ou « crêtes de coq » qui peuvent devenir florides chez des patients immunodéprimés (infection par le VIH). Chez les femmes, les condylomes acuminés, parfois très discrets, siègent au niveau de l’anus, du vagin, du col utérin et de la vulve. Les condylomes plans siègent au niveau du col utérin, qui est congestif, et sont le plus souvent inapparents : ils sont mis en évidence par les tests au lugol ou à l’acide acétique. Chez l’homme, les lésions sont souvent très discrètes et siégent au niveau du gland et du méat : les condylomes doivent être détectés et traités pour éviter la réinfection du partenaire. Diagnostic L’infection peut être asymptomatique et découverte à l’occasion d’un frottis systématiques chez la femme : l’analyse histololgique révèle la présence de koïlocytes (kératinocytes infectés par le papillomavirus) et peut mettre en évidence des altérations cytologiques telles qu’une dysplasie ou un carcinome in situ. Une colposcopie est alors nécessaire pour rechercher un éventuel cancer débutant : elle permet d’identifier les lésions et d’en préciser l’importance et de pratiquer, si les lésions sont atypiques, des prélèvements biopsiques. Le typage des papillomavirus n’est pas de pratique courante actuellement mais leur détectin est possible grâce aux techniques d’hybridation moléculaire à l’aide de sondes génomiques radio-actives ou marqués par une enzyme : principe du test Digene® Hybrid Capture II® que le labiratoire DEFRANCE utilise. Traitement Il repose sur l’application locale de podophylotoxines pour les lésions externes. L’utilisation du laser CO2 peut être nécessaire pour les lésions cervico-vaginales ou externes plus importantes. La cryothérapie est indiquée dans les formes cutanées de petite taille. La surveillance génitale doit être accrue en cas d’infection à papillomavirus pour prévenir un cancer du col utérin, en particulier chez les patientes infectées par le VIH où le cancer du col est un critère de définition du Sida avéré. Caractérisation du virus du Papillome Humain Les papillomavirus humains sont composés d’une particule virale icosahédrique contenant une molécule d’ADN circulaire bicaténaire de 8 Kb enveloppés dans une capside protéique, très bien conservés au cours du temps et qui ont évolués avec leur hôte. On caractérise ces virus chez de nombreux animaux et notamment chez l’homme où on les retrouve au niveau de la peau impliquées dans les verrues plantaires et palmaires - (Papillomavirus cutanés), ou au niveau des muqueuses comme la sphère ano-génitale - impliquées dans les cancers du col utérin mais aussi dans les cancers du canal anal - (Papillomavirus muqueux). Ces derniers, les papillomavirus à tropisme muqueux se différencient en deux groupes : Ø Les HPV à bas risque A (type 6/11/42/43/44 ) préférentiellement associés aux lésions de bas grade. Ø Les HPV oncogènes à hauts risques B ( type 16/18/31/33/35/39/45/51/52/56/58/59/68 ) retrouvées dans les lésions de haut grade et les cancers, selon la répartition suivante (Fig.1) : Fig.1 : Répartition des différents types d’HPV dans les lésions de haut grade grade. Méthode de détection des HPV Table des matières Généralités Méthode utilisée Limites de la méthode Il faut rappeler que les HPV sont des virus non cultivables et ne peuvent être détectés que par des techniques de biologie moléculaire : hybridation in situ, Southern Blot, hybridation en phase liquide, PCR. Généralités. Le test utilisé pour la détection des Papillomavirus humains dans les prélèvements cervicaux ; sous le nom d’HYBRID CAPTURE® II HPV DNA ; utilise une technique de capture immunologique des produits d’hybridation moléculaire dans les cupules d’une microplaque, pour être ensuite révélés par amplification du signal et détection chimioluminescente. Il permet en outre la différenciation des HPV de risque faible (HPV A) et HPV de risque élevé (HPV B).Ce type d’essai est proposé par les laboratoires ABBOTT DIAGNOSTIC sous la référence 2F76-01, kit comprenant la totalité des réactifs, diluants et microplaque nécessaires à la réalisation de 96 tests. Méthode utilisée. Cette méthode est caractérisée par une procédure technique en 5 étapes, validée par le fabricant. 1. Dénaturation de l’échantillon. Le prélèvement au contact de la soude ( contenu dans le réactif de dénaturation) est incubé 45 minutes à 65°C afin de dénaturer les doubles brins d’ADN et présenter un seul brin cible pour l’étape d’hybridation. 2. Hybridation avec la sonde ARN. Un mélange de sondes ARN spécifiques cibles est ajouté dans le microtube et mélangé 2 à 3 minutes sur un agitateur puis l’ensemble est incubé 60 minutes à 65°C pour réaliser l’hybridation ADN:ARN. 3. Transfert et capture des hybrides. Les hybrides formés sont transférés dans une microplaque dont les cupules sont recouvertes d’anticorps spécifiques anti ADN:ARN. La capture des hybrides ADN:ARN se fait durant 60 minutes à température ambiante sous agitation. 4. Détection des hybrides et lavage. Les hybrides ADN:ARN immobilisés vont alors réagir avec la phosphatase alcaline liée aux anticorps antihybrides ADN:ARN durant 30 minutes à température ambiante. Un lavage de la microplaque est ensuite réalisé afin d’éliminer le conjugué en excès. 5. Révélation des hybrides par chimioluminescence. Le CDP-Star couplé à l’Emerald II ( substrat chimioluminescent) est ajouté dans les cupules et incubé 15 minutes à température ambiante. Ce substrat est clivé par la phosphatase alcaline liée ; il en résulte une émission de radiation lumineuse mesurée en RLU. La microplaque est lue par le luminométre DML 2000 puis interprétée par le système informatique DML 2000 et logiciels correspondants (Réf. ABBOTT : 03F70-03). Limites de la méthode Sensibilité analytique Les 18 types d’HPV sont détectables à un taux estimé de 1,09 ± 0,005 pg d’ADN HPV par mL d’échantillon. En méthode avec sondes combinées, une sensibilité équivalente a été trouvée : 0,95 ± 0,07 pg par mL d’échantillon. Reproductibilité La reproductibilité annoncée par le mode opératoire du fabricant découle d’une étude menée par 3 laboratoires indépendants. L’étude multicentrique portant sur la sonde B et le mélange A+B ainsi effectuée donne comme résultat une sensibilité de 99,9%, une spécificité de 99% et une concordance de 99,5% avec un Kappa de 0,95. Actualités et liens HPV et risque de cancer du col invasif : la présence d’ADN viral a une valeur prédictive. La présence d’ ADN de papillomavirus humain dans un frottis cervical est associée à un risque accru de développer ultérieurement un cancer du col invasif, rapporte une étude prospective castémoins réalisée par des chercheurs suédois et finnois. Dépêche Caducée – 24 novembre 1999 http://www.caducee.net/breves/breve.asp?idp=1&idp=157 Cancer du col : une susceptibilité génétique qui passe par le HPV. L’existence d’une composante familiale dans les cancers du col de l’utérus, très vraisemblablement d’origine génétique, et qui pourrait intervenir via la susceptibilité au HPV, est mise en évidence par une équipe suédoise. L’équipe suédoise a analysé les données recueillies dans les registres du cancer suédois entre 1958 et 1993. Au total, les résultats portent sur 71 533 femmes atteintes d’un cancer du col, 126 893 parentes, et plusieurs centaines de milliers de cas contrôles. Le Quotidien du médecin – juillet 1999. http://www.quotimed.com/ Première localisation chez l’homme d’un gène de prédisposition aux papillomavirus : un lien avec le Psoriasis ? L’unité des Papillomavirus (INSERM U 190) à l’Institut Pasteur a montré que les individus atteints d’épidermodysplasie verruciforme sont anormalement prédisposés aux infections par certains HPV. L’Unité vient de localiser le premier gène de prédisposition de cette infection. Un gène d’autant plus crucial à cerner qu’il pourrait également être impliqué dans la prédisposition au psoriasis, une maladie de la peau qui touche 2% de la population. Communiqué de presse de l’Institut Pasteur – Mars 1999. http://www.pasteur.fr/actu/presse/com/communiques/pvh5.html Cancer du col et du corps de l’utérus. Etude sur les différents aspects du cancer du col et du corps de l’utérus, elle débute par une constatation : L’hybridation moléculaire à l’aide de sondes virales clonées a pu mettre en évidence la présence de génome de HPV 16, HPV 18, HPV 33 dans une proportion élevée de carcinomes invasifs ; l’infection par certains virus du groupe des HPV est une condition nécessaire mais non suffisante. Article de M. BOLLA – 1995. http://www.sante.ujf-grenoble.fr/sante/corpmed/corpus/corpus/question/canc134.html Bibliographie utilisée Ø Bergeron C, Jeannel D, Poveda J.D, Cassonnet P, Orth G. Human papillomavirus testing in women with mild cytologic atypia. Obstetrics and Gynecology 2000; Vol 95, No.6, Part 1. Ø Bethesda. The 1988 Bethesda system for reporting cervical/vaginal cytologic diagnoses. JAMA 1989; 262 : 931-934. Ø Birembaut P, Clavel C, Bory J.P, Mougin C, Bettinger D, Lolerie V, Marie B, Chevalier M, LeclercBourdon C. Nouvelle stratégie de dépistage du cancer du col de l’utérus. Spectra biologie 2000 ; 19 (113) : 32-38. Ø Bosch F.X, Manos M.M, Muńoz N, Sherman M, Jansen A.M, Peto J, Schiffman M.H, Moreno V, Kurman R, Shah K.V, International Biological Study in Cervical Cancer Study Group. Prevalence of human papillomavirus in cervical cancer : a worldwide perspective. J. Natl. Cancer. Inst. 1995; 87: 796-802. 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