I. QU’EST-CE L’ETHIQUE ?
Roger Pol Droit [1] dit que :
« Il est partout question d’éthique. Jamais ce mot n’a été utilisé aussi souvent
qu’aujourd’hui. »
Mais pourquoi dit-il cela ?
Tout d'abord, il faut savoir que l'éthique est personnelle mais aussi complémentaire
et inséparable de la morale qui est une notion plutôt collective.
a) La morale et l’éthique
Pour certains penseurs, « morale » et « éthique » ont la même signification : le
premier terme provient du mot latin « mores » et le second du mot grec « éthos »
qui, tous les deux, signifient « mœurs ». Si les deux termes représentent le même
concept, ils différent sur le plan de leur usage et de l’époque d’utilisation.
À l’époque moderne, le terme « morale » serait donc servé aux valeurs
héritées du passé, de la tradition ou encore de la religion. Alors que le terme
«éthique » serait utilisé pour décrire la morale dans l’action et dans sa propre
évolution. Il s’appliquerait à des situations encore inconnues ou à des questions
nouvelles comme la bioéthique. De nos jours, le progrès scientifique et technique
crée des situations totalement inconnues des générations précédentes.
Pour d’autres penseurs, ces termes prennent des sens différents et ne sont pas
équivalents.
Une distinction s’impose alors entre ces deux concepts :
Morale
Ethique
Valeur ancienne (Antiquité, Moyen-Âge)
Règles normes commandements
Valeur plutôt sociétale
Opposition bien mal
Juge
Que dois-je faire ?
Tend vers la vérité
Collective
Rapport avec les autres et la société
Référence : Kant
Valeur nouvelle (XX° siècle)
Conseils recommandations
Valeur plutôt individuelle
Distinction bon mauvais
Guide
Comment vivre ?
Tend vers le bonheur
Personnelle
Rapport avec soi-même
Référence : Aristote
LA MORALE se réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui permettent
de différencier le bien du mal, le juste de l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable, et
auxquels il faudrait se conformer.
L'ÉTHIQUE, quant à elle, n’est pas seulement un ensemble de valeurs et de
principes. Il s’agit d’une réflexion argumentée en vue du bien agir. Elle propose de
s’interroger sur les valeurs et les principes moraux qui guident nos actions, dans le
but d’agir conformément à ceux-ci.
Le principal piège est de dire qu’on a une éthique alors qu’on ne sait même
pas ce que veut dire exactement ce mot. Si le comportement lié à l’éthique est
effectivement individuel (personnel), il ne faut cependant pas oublier que le concept
de base, c’est-à-dire la définition de l’éthique, est une notion philosophique et
sociologique assez ancienne, qui a un sens.
b) Remarque
Une illustration de ce qu’est l’éthique peut être donnée par la situation
suivante :
« Je peux me demander quel est le meilleur trajet d’autobus pour me rendre
rapidement à mon rendez-vous, ou quel repas commander sur le menu du
restaurant. Ces problèmes sont simplement pratiques. Pour qu’un problème soit
moral ou éthique, il doit mettre en jeu des idéaux qui donnent du sens à notre vie
ou des règles qu’on se sent obligés de respecter. »
Commission canadienne de l’éthique en science et en technologie
II. A QUOI SERT L’ETHIQUE ?
Mais qu’est-ce que concrètement l’éthique ? Pourquoi en a-t-on besoin ?
Dans nos relations avec les autres, nous échangeons des points de vue, nous
accomplissons des actes. L’éthique peut nous guider, elle nous fait réfléchir : « j’agis
au nom de quoi ? » et « pourquoi je le fais ? ». Elle nous questionne sur ce qui doit
être fait et ce qu’il faudrait éviter.
Avoir un comportement éthique aide à faire le bien et à se rapprocher du bonheur.
L’éthique n’est pas innée, elle s'acquiert au fil du temps par l’éducation et
l’expérience ; elle fait appel à la logique et la cohérence des choix. Dire quelque chose
et faire le contraire de ce que l’on a dit n’est pas éthique, cela s’apparente au
mensonge et détruit la confiance entre les personnes.
Dans la vie quotidienne, dans nos activités, nous devons parfois prendre des
décisions difficiles. L’éthique peut alors nous aider à définir notre conduite.
La Commission canadienne de l’éthique en science et en technologie donne
l’exemple suivant :
« Le médecin de Madame Lebrun diagnostique un cancer terminal chez sa patiente
qu’il connaît depuis longtemps. Compte tenu de l’état dépressif de celle-ci, il estime
qu’elle ne supporterait pas de se savoir atteinte de cette maladie. Son devoir
d’informer sa patiente de son état entre en conflit avec celui de ne pas détruire ce qui
lui reste d’espoir dans la vie. Doit-il lui dire la vérité ou lui cacher sa condition ? »
On peut dans ce cas parler de dilemme éthique lorsque plusieurs valeurs
entrent en opposition.
III. LA PRATIQUE DE L’ETHIQUE
L’éthique est une notion à la fois relative et subjective. Mais elle est essentielle
et prend d’ailleurs une place de plus en plus importante dans le monde du travail.
Elle est directement liée aux valeurs et au comportement de l’être humain en
société. Ainsi, une personne qui fait preuve d’éthique dans son travail va assumer ses
responsabilités, respecter ses collègues et être capable de sacrifier son intérêt
personnel au bénéfice des autres.
Le concept d’éthique étant a priori assez complexe, son application pourrait
être considérée comme une contrainte. Or, pour des personnes aux mêmes
compétences et statut social, la référence à l’éthique est perçue de manière très
différente : le problème de la contrainte est donc lui aussi subjectif.
Si l’éthique peut paraître floue et difficile à appréhender, il n’en demeure pas
moins que de nos jours, l’éthique prend une place de plus en plus importante et les
dirigeants d’entreprises et de laboratoires sont attentifs à ce que leurs salariés ne
perturbent pas l’activité de l’entreprise par des comportements (gestes, paroles...)
inadaptés.
L’éthique s'est développée fortement dans les entreprises car elle régit entre
autres les rapports entre les individus. La finalité est d’obtenir des relations saines et
de confiance entre les salariés d'une part, et entre les salariés et la direction d'autre
part. Ainsi avoir sa propre éthique est cessaire, sinon souhaitable, et les
employeurs sont attentifs à l’attitude de tous leurs salariés travaillant seuls ou en
équipe.
Comment peut-on améliorer sa propre éthique ?
Démarche sur soi-même :
Tout d’abord, il faut savoir si le problème auquel on est confronté nous concerne, ou
bien si on se sent concerné par celui-ci.
Puis, en utilisant ses connaissances sur l’éthique, se questionner sur soi-même :
- Est-ce que ma décision est juste et adaptée à la situation ?
- Quelles seront les conséquences de ma décision ou de mon action ?
- Est-ce que j’agis utilement et correctement pour moi et mon entourage ?
- Est-ce que je respecte les autres en agissant ainsi ?
Dans certains cas :
- Dois-je prendre une décision contraire à l’opinion générale ?
Maintenant, voyons en détails ce qui constitue l’éthique et comment elle
intervient au quotidien chez les ingénieurs en entreprise.
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