puis, qui a dit : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! », lors de la « croisade
contre les Albigeois » ? Ben Laden ou Arnaud Amaury, Abbé de Citeaux et Légat
du Pape Innocent III ? Oui, n’oublions jamais ces horreurs, ces erreurs de notre
passé, à l’heure où nous montrons régulièrement du doigt le fanatisme de
certaines branches de l’Islam. Bien sûr, je ne peux ni ne veux nier le fanatisme
aveugle de certains musulmans, un fanatisme qui a aussi jadis condamné à mort
de grands penseurs ou mystiques de l’Islam comme Al-Hallaj (858-922), et surtout
jeté deux avions contre les tours jumelles du WTC ; mais, pour autant, à la suite du
Christ, je considère qu’avant de vouloir ôter la paille qui est dans l’œil de mon
frère, je dois d’abord ôter la poutre qui est dans le mien !
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas
la poutre qui est dans ton oeil ? » Jésus taxe d'hypocrite celui qui parle ainsi de
l’autre… des autres. L'hypocrite est ici celui qui fait semblant et, en effet, nous le
savons bien, il est plus facile de se pencher sur ce qui ne va pas chez les autres
que de faire le point de ce qui va pas en nous ou chez nous. De fait, cette notion
de jugement que nous méditons ce matin, voudrait une clairvoyance, une équité et
nous constatons tous qu'il est très facile de pointer les contradictions, les faiblesses
et même les erreurs, les petitesses. Pour être grand il y a deux solutions, grandir
effectivement ou rabaisser les autres. Et rabaisser les autres est bien plus facile,
mais l'enseignement du Christ nous pousse à devenir de plus en plus des enfants
de Dieu. Cet enseignement vise à laisser un salut grandir et se développer en
nous. Rabaisser les autres c'est en fait être petit, voir en l'autre un frère ou
quelqu'un qui nous est supérieur, c'est tout le sens de l'enseignement du Christ.
Oui il faut une dose d'aveuglement pour se croire supérieur aux autres, car, si nous
sommes différents les uns des autres, nous restons fondamentalement des
hommes et des femmes qui tentent de vivre en paix avec nous-mêmes, en paix
avec les autres. Et, avec ma longue expérience du dialogue interreligieux, je peux
témoigner que l’Imam de Chalon ou le porte parole de l’Association Franco-turque
de Villefranche… comme la majorité de nos concitoyens de confession islamiques,
souhaite autant vivre en citoyen respectueux des Lois de notre République, que
vous et moi !
Dans ces textes, Jésus ne nous fait donc pas « la morale » en affirmant qu'il
ne faut pas être plus sévère envers les autres que nous le sommes envers nous-
mêmes : il nous indique plutôt un chemin, une libération. Car, quand Jésus parle, il
est bien rare qu'il n'annonce pas en même temps une Bonne Nouvelle ! Quelle est
la Bonne Nouvelle de ce dimanche ? C'est quand le regard, la parole, l'attitude du
frère permet d'avoir un avenir, quand il nous aide à faire le point, à vivre
différemment. Ainsi, au-delà d’une simple morale disant qu'il n'est pas bon de juger
les autres... Jésus nous nous invite à laisser Dieu œuvrer en nous… jusqu’à « la
Nouvelle naissance ». Et là, au lieu de passer notre temps à nous juger les uns les
autres, un peu comme lorsque notre Eglise juge celle d’à côté, voire, celle dont elle
est partenaire… nous pouvons nous entraider les uns les autres, entre Eglises,